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Moi, Droïd
Fiche | Ah, ces humains… | Vendetta | Le piège se referme
Le piège se referme
 
J’avançai tranquillement dans le long couloir sombre, en direction de la lumière, scrutant avec attention les alentours. J’avais beau chercher, je ne voyais pas quelles chances les impériaux avaient de me piéger. Je ne trouvais pas d’élément qui aurait pu réellement me mettre en danger. A moins peut-être que ce soit Darth Vader en personne, le seul être de la galaxie qui m’aie déjà mis en échec, qui m’attende au bout de ce couloir.
J’arrivai enfin au bout, et débouchai sur une immense pièce faiblement éclairée. Dans la pénombre, je distinguai des murs tapissés de tentures, des colonnes luxueuses, des lustres antiques, bref une pièce qui correspondait bien aux goûts luxueux de Pakir Venko. Rien qui ne ressemblait au piège prévu par les humains. Ils avaient dû se tromper, ce qui était plutôt banal pour leur espèce.
Accélérant un peu la vitesse de mes répulseurs, je me mis à parcourir la grande salle, observant également les balcons au-dessus de moi, les grandes tables de banquet, la scène pour les artistes. En fait, mon but était de trouver la sortie, qui mènerait probablement aux appartements du gouverneur. Dommage que Monsieur Marvic ne m’aie pas suivi : il devait être en train de chercher en vain une éventuelle autre issue, tandis que moi j’allais trouver notre cible en quelques instants.
Au terme de brèves recherches, je compris mieux l’architecture de la salle, de forme ovale. J’étais arrivé par un bout, la sortie devait être de l’autre côté. Il était tout de même bizarre qu’une telle salle de fête ne soit doté que de deux entrées. Quoiqu’il en soit, je me dirigeai vers l’autre côté, tout en tout en vérifiant la charge de mes blasters en faisant un diagnostic interne.
Il y avait tout de même un problème : j’avais prévu que me laisser piéger laisserait plus de marge de manœuvre à Monsieur Marvic, mais il allait finalement avoir à agir sans que je n’attire l’attention sur moi.

Alors que j’approchai du bout de la pièce, je me rendis compte, dans l’obscurité, que la porte de sortie était bloquée par une immense forme noire immobile. Je m’en approchai, quand dans un éclair toutes les lumières de la pièce s’allumèrent en même temps. Je vis alors la salle dans toute sa splendeur, mais surtout je vis… le fameux piège.
La forme noire était repliée sur elle-même, et s’agita soudain, se dépliant souplement. Près de dix mètres de haut, cinq de large. Quatre pattes de type arachnoïde. Une demi-douzaine de bras articulés. Une gigantesque tête ovale avec des senseurs répartis tout autour. Une capacité de détection et de déplacement haute-vitesse. Une résistance digne d’un TB-TT. Une autonomie totale.
Ca c’était ce que je devinai du premier coup d’œil, mais je me doutai que le mieux restait à venir. Le gigantesque droïd destructeur se déployait, me dominant de nombreux mètres, comme un AT-ST dominerait un ewok avant de l’écraser. Sa coque noire était impeccablement polie, et quelques fils saillaient de ses articulations hydrauliques. Tous les senseurs optiques se braquèrent vers moi.

Une fois le déploiement terminé, le silence régna quelques instants dans l’immense pièce. Ainsi il y avait bel et bien un piège. Enfin, plutôt une occasion de s’amuser pour moi. Le droïd, que j’appellerai affectueusement Gros Lard, fit un pas vers moi. Une de ses pattes s’étendit et retomba à terre, faisant trembler le sol. Ceci ne m’affecta point, doté comme je l’étais de répulseurs. Si ce rigolo pensait m’impressionner, il était plutôt mal barré. Il commença à avancer de nouveau, mais je l’interrompis.
– Salut. Puis-je vous demander le nom de votre concepteur ? En effet, comme ça je serai sûr de ne jamais mettre le pied chez lui.
Gros Lard m’observa, faisant pivoter un de ses senseurs avec un air perplexe. Il commença à avancer de nouveau, mais je n’en avais pas fini.
– Cela doit être pénible d’avoir une tête comme la vôtre. J’imagine que c’est un humain qui a conçuvotre design, un droïd ne serait jamais tombé aussi bas.
Il s’arrêta à nouveau, ne comprenant visiblement pas pourquoi je lui disais tout cela.
– Croyez moi mon cher, vous avez toute ma compassion.
Cela n’avait pas l’air de beaucoup l’émouvoir, car il fit un nouveau pas.
– J’espère que vous savez avancer plus vite que ça, sinon vous aurez du mal à m’empêcher de franchir cette porte.

Il sembla que Gros Lard prit ceci comme un signal. En un éclair, des blasters intégrés jaillirent de ses bras et avant-bras, une bonne dizaine au total. Je restai bien tranquillement face à lui.
– Je ne connais qu’une personne qui dégaine aussi vite, fis-je doucement. Dommage pour vous, vous venez de le croiser.
Un rugissement électronique jaillit de Gros Lard, et il fit feu. A toute vitesse, je partis en arrière à l’aide de mes répulseurs, tandis qu’une rafale de lasers pulvérisait l’endroit où je me trouvais une seconde plus tôt.
ENFIN !!! Après tout cet ennui, on me procurait le divertissement dont j’avais tant besoin ! Euphorique, je dégainai mes quatre blasters et inondai de tirs la tête de Gros Lard. De son côté, il continuai à mitrailler, et je continuai à foncer pour éviter.
Mes propres tirs ricochèrent sans dégâts contre sa carlingue et décimèrent encore un peu plus les tapisseries murales. Gros Lard se dressa avec fierté.
– Ca va être encore plus drôle que je ne le pensais…
Une rafale pulvérisa le sol tout autour de moi, et je m’efforçai de m’écarter de la zone dangereuse. Par chance, la précision du tir de Gros Lard n’était pas brillante. Enfin, en apparence. Cela s’appliquait à ses rafales, mais il ajusta lentement un de ses blasters et tira très précisément là où je me trouvais juste avant de bondir sur le côté.
Le tir m’avait surpris, et je me retrouvai affalé à terre. Il me fallut une seconde pour me remettre sur pied et éviter un nouveau tir. Les choses se corsaient, mais j’étais loin de m’en plaindre. La fête continua quand Gros Lard procéda à ses tirs précis avec plusieurs de ses blasters. Vif comme un twi’lek dont on aurait insulté la famille, je fonçai me mettre à couvert derrière une colonne. Gros Lard occupait à présent le centre de la pièce, et avait dégagé l’accès à la porte de sortie.
Soudain, une salve à pleine puissance fit voler en éclats la colonne qui me servait d’abri, et des morceaux de pierre esquintèrent ma carlingue.
– Hé Gros Lard, c’est pas parce que t’as une sale gueule qu’il faut infliger la même chose aux autres !
La réponse ne se fit pas attendre, sous la forme d’un mitraillage en bonne et due forme de la pièce. Je me réfugiai derrière une colonne, puis derrière la suivante, et Gros Lard ne sembla pas se rendre compte que je m’approchai de la sortie.

Comment ça « Ai-je réussi à fuir ?!? », regardez moi bien en face Monsieur Pa’aja, et dites moi si j’ai une tête à fuir ! Non, je prenais enfin mon pied (si je puis me permettre), je n’allais pas laisser ce cher Gros Lard tout seul ! Ecoutez plutôt la suite…

J’entendis soudain le crissement de gigantesques mécanismes. Risquant un regard derrière la colonne, je vis que la partie centrale de Gros Lard s’ouvrait lentement, révélant… un canon à concussion. Pas le même genre que ceux de Monsieur Marvic, juste quatre fois plus gros ! Une vraie merveille !
Le premier coup partit, faisant exploser un mur près de moi. Je ne fus pas touché, mais le souffle de l’explosion de la sphère bleutée me fit décoller du sol. J’en profitai, ajoutait la puissance de mes répulseurs, et m’élevai majestueusement avec la grâce qui était mienne vers le plafond, pour retomber sur l’un des balcons.
Gros Lard me repéra rapidement, tandis que je l’arrosai de tirs de blasters. J’espérai qu’atteindre sa tête aurait un effet, mais je me trompai (profitez-en, ça m’arrive rarement). Les tirs ricochèrent à nouveau. Changeant de tactique, j’activai mon zoom intégré, et tirai. Le tir atteignit précisément la chaîne centrale du lourd lustre agamarien qui surplombait Gros Lard. Le gigantesque droïd encaissa le choc et fut déstabilisé une seconde. Je profitai de cette courte inattention pour me propulser au maximum.
Là vous allez rire, savourez cet instant où la mesquinerie humaine vous fera vous moquer de moi. Mon saut fut déplorable et, au lieu d’atterrir comme prévu sur la tête de Gros Lard, je m’étalai lamentablement à terre, ma coque grinça en frottant contre le sol de pierre. Ben oui, ça arrive même aux meilleurs.
Heureusement que Gros Lard aussi avait des ennuis, cela me permit de me remettre d’aplomb. Gros Lard finissait de se débarrasser des lourds morceaux de verre massif qui avaient rayé sa coque noire, et me tournait le dos. Je fis une nouvelle tentative, testant la résistance de son dos. Peine perdue, mes tirs ricochaient encore et toujours, avec des éclairs. Et je compris.
Ce guignol avait un bouclier déflecteur ! Ma seule chance était de désactiver cette protection pour l’atteindre lui. Fonçant comme un shistavanen à l’heure du repas, je me plaçai sous Gros Lard, entre ses quatre pattes. Au-dessus de moi se trouvait la petite trappe qui servait aux mécaniciens pour programmer la bête. Une rafale de laser fit sauter la plaque, révélant des fils mis à nu.
Et là je dois avouer que jamais je ne me suis autant amusé. Gros Lard commençait à bouger, et n’allait pas tarder à me repérer. J’avais réussi l’exploit de me placer à son point faible, où il ne pouvait m’atteindre (en fin de compte ma chute avait été bénéfique, ça vous en bouche un coin hein !). J’activai la ventouse de mon bras supérieur droit pour m’agripper au droïd, qui fit un mouvement brusque. Je restai en place, et put atteindre le système de programmation que j’avais découvert avec un autre de mes bras. La suite va vous plaire…

Il me fallut à peine deux minutes de manipulations expertes pour parvenir à mes fins. En tamps normal ce genre de bidouillages demandait un temps conséquent, mais le fait d’être entièrement interfacés me permit de faire tout cela en un temps record. Gros Lard s’agitait de plus en plus, furieux d’avoir un intrus qui farfouillait dans sa programmation interne. Encore quelques efforts…
Et soudain, un mouvement brusque me fit lâcher prise et mon bras se décrocha du ventre de Gros Lard. Je tombai à terre et rebondis violemment, avant de glisser sur le sol pour m’arrêter dans un bruit sourd contre une colonne. Ma peinture allait avoir besoin d’un coup de neuf… Mais j’avais atteint mes objectifs au dernier moment.
Gros Lard s’approcha de moi, tous blasters prêts à tirer, me tenant en joue. Toutes les colonnes s’étaient effondrées, entraînant dans leur chute la plupart des balcons. La pièce n’avait plus rien à voir avec son état initial. Je réalisai soudainement que Gros Lard avait créé ce chaos seulement pour m’atteindre ! Ce droïd faisait dix fois ma taille, mais cela ne m’empêchait pas de le tenir en respect. Tout le monde n’a pas la chance d’avoir eu une conception aussi géniale que la mienne.
L’énorme droïd était prêt à tirer, parfaitement impassible. J’entendis les lasers se charger pour le coup final, quand soudain je levai une main.
– Stop.
Gros Lard me regarda fixement.
– Mon pauvre type, ta vie doit être bien triste. Ca ne te dirait pas de changer un peu ?
La tête du droïd se tourna sur le côté avec un air perplexe. Et moi, aux anges, j’activai mon émetteur musical interne. Un des gadgets préférés de Monsieur Marvic, qui me permettait de lui passer ses morceaux préférés à tout moment.
– Musique maestro !
Une musique orchestrale jaillit de mes haut-parleurs. Ce morceau était en fait la traditionnelle Marche Impériale, mais revue et corrigée par mes soins. J’avais accentué le rythme, rajouté des effets. J’avais la certitude que, si ce thème n’avait pas une aussi forte signification, ma version aurait fait un tube dans toute la galaxie.
La musique emplit toute la pièce, et les voyants de Gros Lard clignotèrent un moment. Puis il leva les bras et les tapa l’un contre l’autre en cadence. Il fit une série de pas chassés vers la gauche, puis vers la droite.
Et enfin il se lança. Bras à gauche, à droite, furent les premiers mouvements d’une superbe chorégraphie. Gros Lard avança vers moi en faisant bouger son gros corps sur le rythme endiablé de la musique. Il croisa ses deux pattes avant, puis ses deux arrière, et inversement, tandis que ses épaules mécaniques ondulaient et que ses mains claquaient. Il enchaîna sur un tour sur lui-même en s’appuyant sur une seule patte, se laissa tomber sur son dos courbé et tourna dans cette position, avant de se redresser pour lever les bras et faire claquer ses pattes métalliques sur la pierre abîmée du sol.
Il se lança ensuite dans une série de mouvements saccadés, que les humains aimaient pratiquer en dansant, pensant imiter le mouvement des droïds (qu’ils sont bêtes ces humains).
Je le regardai avec satisfaction, constatant que mes notions de programmation étaient vraiment au point, tant et si bien que Gros Lard était à présent prêt à tout pour s’amuser, et pour me satisfaire.

Mais la joie fut de courte durée. Alors que Gros Lard dansait encore avec bonheur sur la musique, une troupe d’humains surgit par une porte dissimulée. L’équipe avait certainement dû surveiller tout notre affrontement, et la situation actuelle ne devait guère les satisfaire. Des stormtroopers investirent la pièce, et un technicien brandit une télécommande, permettant certainement de contrôler Gros Lard. Malheureusement pour lui, un double tir de blaster dans le ventre le dissuada. Un autre technicien se rua vers le danseur fou, dans l’espoir d’atteindre ses circuits comme moi. Mon tir l’atteignit à la tempe, grillant instantanément son pauvre cerveau de misérable humain.
Bien sûr, les soldats ouvrirent le feu et je fonçai m’abriter derrière une des pattes de Gros Lard. Les soldats de choc ouvrirent impitoyablement le feu sur mon collègue, ce qui ne lui plut guère. Mon excursion dans ses circuits avait changé certaines de ses notions de base, et il n’eut aucun remords à balayer la formation ennemie d’une rafale efficace (je précise qu’il a du mérite de tirer tout en dansant).
Je vis un de ses bras me soulevait de terre, et je craignis le pire. Mais Gros Lard me posa bien gentiment sur son cou, et il avança vers les impériaux restants. La musique touchait à sa fin, et j’avais du mal à rester accroché lors de ses mouvements. Un nouveau régiment de soldats apparut par la porte de sortie qui se referma aussitôt solidement, et Gros Lard… sauta en l’air. Je me cramponnai désespérément, tandis que ma monture effectuait un saut de l’ange pour marquer la fin de la musique.
Il retomba sur les impériaux dans un bruit de tôle froissée, et d’os brisés. En même temps, sa tête percuta la porte qui s’était refermée derrière les renforts. La porte vola en éclats sous le choc, tandis que j’étais désarçonné. Je volai en avant, passai par la nouvelle ouverture, avant de toucher le sol. Je repliais mes bras pour rouler et amortir ma chute, mais ne fit que percuter une nouvelle porte, en bois massif et luxueux. La porte fut défoncée sous le choc (décidément je n’arrêtai pas), et je déboulai dans une nouvelle pièce, alors que les alarmes se déclenchaient dans le palais.

Quand je me relevai, je détectai deux individus, et dégainai mes blasters machinalement pour les mettre en joue. J’observai le premier homme : assez vieux, l’humain était coincé dans un fauteuil à répulseurs, comme celui de Jey K. Je reconnus le gouverneur Pakir Venko, dont Arc avait brillamment fauché les jambes. Il avait l’air terrifié.
Ce que je vis en premier chez le second humain, ce fut ses deux Blastechs. L’un visait Venko, l’autre m’avait visé dès mon arrivée. Ce ne fut que quand il baissa son arme que je le reconnus enfin.
– Salut Edo, fit Monsieur Marvic. Te voilà enfin !
– J’ai trouvé un compagnon de jeu en chemin, fis-je.
Ma stratégie avait donc fonctionné : pendant que les impériaux s’occupaient de moi (et de Gros Lard) et que je semai la panique, Monsieur Marvic avait profité de la confusion ambiante pour atteindre Venko, certainement guidé par Djayd Napar et Jey K et au nez et à la barbe des impériaux. Néanmoins, il faudrait peu de temps avant que des soldats ne comprennent et viennent s’occuper de nous. A mon tour, je cessai de viser Monsieur Marvic, pour braquer mes quatre blasters sur Pakir Venko.
– A vous l’honneur, Monsieur Marvic. A moins que m’on ne partage…
Venko tressaillit quand je rechargeai un de mes blasters. Dans son fauteuil, il était encore plus pitoyable que lors de notre dernière rencontre. Lorsqu’il avait lâchement assassiné Madame Mystra…
– Calme-toi Edo, m’intima Monsieur Marvic. Je m’en occupe.
– Ne me faites pas de mal ! implora Venko.
– Ah oui, grogna Monsieur Marvic. Et toi, qu’as-tu fait à ma femme ?
– C’était un accident !
– Et ça c’est un accident ! hurla Monsieur Marvic en tirant dans le bras de Venko.
Le gouverneur brailla de douleur.
– Une chance que Son Altesse ait une pièce insonorisée ! railla Monsieur Marvic. Tu vas payer, Venko. Pour Mystra, l’innocente femme que j’aimais, et pour tout le peuple de Derra IV !
– Je vous en supplie, pleurnicha l’impérial. Pitié… Je ferai tout ce que vous voulez !
– Bien, fit Monsieur Marvic. Ramène-moi Mystra.
– Mais je ne peux pas ! protesta Venko.
Monsieur Marvic atteignit l’autre bras de Venko, qui pleura comme un gamin en se tordant de douleur.
– Monsieur Marvic, je peux jouer moi aussi ?
– Tais-toi Edo, reste en dehors de ça. Vous aussi.
Je devinai que ces derniers mots étaient destinés à nos complices reliés par micro, et qui devaient tenter de raisonner Monsieur Marvic. Je ne me vexai pas de ses paroles, sachant ce qu’il devait ressentir face à l’assassin de Madame Mystra.
– Je vais te donner une chance de rédemption Venko : donne-moi le code de ton coffre.
– Non ! Pas ça !
– C’est ma seule proposition. Tu as cinq secondes. Cinq.
– S’il vous plait…
– Quatre.
– Vous ne pouvez pas faire ça.
– Trois.
– Par pitié !
– Deux.
– Non !
– Un.
– Arrêtez !
Monsieur Marvic fixa l’impérial en levant un sourcil.
– C’est d’accord, souffla Venko, à bout et pleurnichant. Je vous le donne.
– Ne me faites pas attendre.
– Mais ne prenez pas tout ! J’ai une fille, je veux qu’elle ne manque de rien !
– Et vous espérez que je vous laisserai votre fortune pour elle ! demanda Monsieur Marvic. Alors que vous savez comme moi que l’Empire vous dédommagera ! Ou est-elle ? Qui est sa mère ?
– Elle est morte.
– Je parie que vous l’avez tuée comme Mystra !
Venko ne répondit pas. Il avança avec son fauteuil à répulseurs, suivi par Monsieur Marvic. Ils atteignirent une pièce adjacente où dormait une toute petite humaine d’à peine deux ans. Le système d’insonorisation de la suite du gouverneur lui avait permis de continuer son paisible sommeil. Venko, s’approcha et prit l’enfant dans ses bras (avec un grognement á chaque mouvement de ses membres blessés par les blasters de Monsieur Marvic), toujours tenu en joue par Monsieur Marvic et moi-même.
– Le code à présent, demanda Monsieur Marvic. Et je vous laisserai de quoi gâter cette petite, même si vous avoir comme père ne sera jamais rattrapable.
– 84423, fit Venko en soupirant.
– Edo ?
– Oui Monsieur Marvic.
Je me hâtai de rejoindre le coffre encastré dans un mur, et y entrai le code donné. Le battant coulissa sans encombres, pour laisser la place à une plaque thermique à forme de paume humaine. Une seconde protection…
– On ne bouge plus ! retentit la voix de Venko dans l’autre pièce.
Je m’y précipitai et vit Monsieur Marvic, toujours prêt à tirer, et Venko, qui tenait entre ses mains le cou de l’enfant.
– Vous pensiez peut-être vous en tire comme ça ! Reculez, où je fais sauter la tête de la mioche !
– Venko, vous êtes tombé encore plus bas que je ne le pensais.
Je captai un coup d’œil furtif de Venko en ma direction, un signal implicite. Je fis feu dans la seconde, mais pas sur Venko. J’atteignis le stabilisateur de son fauteuil, qui décolla soudain du sol. Pris par surprise, l’impérial en lâcha l’enfant.
Deux choses se passèrent simultanément.: Monsieur Marvic plongea à terre juste à temps pour rattraper le bébé, tandis que le siège de Venko allait percuter un mur. Tout cela en un clin d’œil, et seules mes capacités sur-développées me permirent de tout comprendre.
Pendant que Monsieur Marvic se relevait en douceur et s’assurait que le bébé (qui s’était réveillé tout de même et pleurait) n’avait rien, moi je me jetai sur Venko, tombé à terre et tout étourdi. La première chose qu’il vit en rouvrant les yeux fut les canons de mes quatre blasters.
J’eus un instant la tentation de faire sauter la cervelle de cette ordure, de carboniser la moindre parcelle de son visage, de lui faire couler chaque goutte de son sang. J’avais vu ce type abattre lâchement la femme qui avait toujours été si gentille avec moi, et le voilà qui avait osé se protéger avec le corps d’une enfant ! Cet homme ne méritait pas mon respect (encore moins que les autres humains, c’est dire). Je retins ma pulsion quand Monsieur Marvic posa sa main sur mon dôme.
– Tiens, Edo.
Il me tendit le bébé, que je pris délicatement entre mes bras de métal. Elle s’était rendormie, et semblait bien loin de toutes les horreurs commises par son père.
Monsieur Marvic prit un de mes blasters et le plaça sur la tempe de Venko. Je m’éloignai pour épargner ce spectacle à la petite au cas où elle se réveille. Mais moi je regardai, ma haine étant aussi forte que celle de Monsieur Marvic.
Venko, immobilisé à terre, continuait de couiner lamentablement, honteux plus que jamais.
– Tu as tué Mystra, fit Monsieur Marvic sur un ton dur. Tu as opprimé le peuple de Derra IV. Tu as servi Palpatine. Et tu as voulu tuer un enfant.
– Epargnez-moi, tenta l’impérial
– Comment s’appelle-t-elle ? demanda Monsieur Marvic d’une voix sans émotion.
– Alera, bafouilla Venko. Alera Venko.
– Alera Sanaka, corrigea Monsieur Marvic.
Il tira sans plus de cérémonie, carbonisant le crâne de gouverneur. Celui-ci s’effondra sans un bruit, ce dont je lui fus reconnaissant.

La suite se passa très vite. Le choc du fauteuil contre le mur avait fini par attirer l’attention, et Jey K prévint Monsieur Marvic que des soldats arrivaient en nombre. Sans un mot, Monsieur Marvic souleva le corps de Venko et l’amena près du coffre. Dans un geste brusque, il plaça la paume encore chaude du cadavre sur la plaque de contrôle, qui s’ouvrit enfin. Monsieur Marvic repoussa le corps sans ménagement, et ouvrit son sac à dos. Il y fourra les innombrables sacs de crédits impériaux que Venko avait conservés, et abandonna les œuvres d’art, trop encombrantes.
Dehors, j’entendis des détonations. Mais qui pouvait bien s’opposer aux impériaux ? Je sortis de la pièce, retournai dans le couloir où je retrouvai la porte défoncée par Gros Lard. Monsieur Marvic me suivit, et reprit l’enfant dans ses bras. Je constatai alors que Gros Lard savait mieux se servir de ses armes que je ne le pensais, décimant brillamment les soldats qui auraient dû nous tomber dessus. La nouvelle programmation que j’avais élaborée faisait des soldats impériaux ses ennemis jurés : j’avais téléchargé tous les uniformes impériaux dans ses données, et il faisait feu dès qu’il en voyait un. Même chose pour les engins. Il ne s’intéressa donc pas à Monsieur Marvic, s’acharnant sur les impériaux. Si ils avaient su qu’il leur aurait suffi de se déshabiller pour survivre…
Le chaos ambiant empira avec un bruit familier de répulseurs, appartenant à l’Arc de Cristal, qui survolait le bâtiment et encaissait les tirs de défense. Gros Lard parut s’en rendre compte, et déploya son canon ventral. Le plafond vola en éclats lorsqu’il tira, et je pus voir la gracieuse forme d’Arc. Le vaisseau passa par l’ouverture et descendit dans la grande salle, à l’abri des tirs défensifs. Il se posa habilement derrière la forme protectrice de Gros Lard.
Je suivis Monsieur Marvic qui fonçait entre les pattes de Gros Lard. Il rejoignit le vaisseau, mais je m’attardais un instant auprès de Gros Lard, profitant d’une pénurie momentanée d’impériaux à abattre. Le gros droïd pencha sa tête vers moi, et ouvrit un port au dessus de ses senseurs. Il m’invitait à me brancher à son système, et je m’empressai d’accepter. Les brefs propos que nous échangeâmes ressemblèrent à peu près à ça.
– A une autre fois Gros Lard.
– Salut Nabot.
– Tâche de continuer à t’amuser !
– C’est ce que je fais là ! Allez, fiche le camp, je les garde pour moi !
En quelques secondes, j’envoyai un fichier de données vers mon collègue. Il émit un rugissement électronique de plaisir et… activa son propre système audio pour diffuser la Marche Impériale (version Edo bien sûr), à un volume qui faisait trembler les murs déjà bien abîmés. Il se mit à danser jovialement, alors que d’autres impériaux venaient à l’abattoir. Et quand je pense qu’il aurait suffi de commander à distance le droïd… Mais les techniciens avaient tous été tués, et de toute façon il était certainement déjà trop tard.

Avec un dernier geste d’adieu, je me ruai à mon tour pour gravir la rampe d’accès de l’Arc de Cristal. Dès ma montée à bord, l’engin bondit hors du bâtiment, et je rejoignis Monsieur Marvic qui était aux commandes, et qui avait sanglé l’enfant sur le siège du copilote. La petite Alera avait droit à son premier voyage en vaisseau, et pas n’importe lequel.
Je ne songeai même pas à utiliser les tourelles, sachant que nous devions décamper au plus vite et que se battre n’était pas approprié. J’entendais encore la musique à plein volume émise par Gros Lard, ainsi qu’un bruit témoin de l’utilisation de son canon à concussion. A ce rythme là, il ne resterait bientôt plus rien de la forteresse impériale, pas préparée à une attaque interne, encore moins par une machine de guerre du niveau de Gros Lard. J’enviai ce gros droïd qui devait être en train de s’amuser comme un ewok dans une boîte de nuit.
Des chasseurs Tie décollaient de la forteresse, mais au beau milieu de la confusion générale ils avaient pris du retard, et ne rattraperaient certainement pas l’Arc de Cristal. Quelques tirs de batteries de turbolasers atteignirent notre bouclier déflecteur et le vaisseau trembla sous l’impact. Je me précipitai vers Alera afin de la protéger de mon mieux, et essayait également de me tenir moi-même pour ne pas tomber.
Quand nous n’entendîmes plus le bruit de la musique, j’estimai que nous étions tirés d’affaire.

Djayd Napar et Jey K nous attendaient à notre sortie du vaisseau, en bas de la rampe d’accès. Je sortis le premier, suivi par Monsieur Marvic qui tenait la petite dans ses bras.
– Alors Edo, me lança Djayd pendant que Jey K congratulait Monsieur Marvic, content de tes nouvelles fonctionnalités ?
Je me lançai dans un discours sur l’intérêt des améliorations qu’elle m’avait fournies, mais je vous en épargnerai les détails. La jeune femme inspecta, désolée, les dégâts que j’avais subis, avant de plaisanter sur ma bravoure digne de celle d’un Chevalier Jedi. Puis vint le moment des reproches pour ma déconnexion dans la grande salle, mais je la calmai en lui parlant de Gros Lard, une merveille de technologie dont le design était à refaire. Elle apprécia l’anecdote de la Marche Impériale, et me demande de lui passer au plus vite les enregistrements holo que j’avais fait des prouesses de Gros Lard.
Quand nous rejoignîmes les deux hommes, Jey K était en train de regarder Alera de façon soupçonneuse.
– Comment ça « voilà ma fille » ?!? demanda Jey K.
– C’est la vérité, rétorqua calmement Monsieur Marvic.
– Mais vous n’avez jamais eu de fille ! s’exclama Napar.
– Maintenant j’en ai une, fit mon maître.
Jey K fit une moue perplexe, tandis que Djayd Napar regardait l’enfant avec émerveillement et le prenait dans ses bras.
– J’en veux un ! clama-t-elle en saisissant le bras de Jey K.
– On est censés être juste des collègues… maugréa l’humain.
– Allons, dit Monsieur Marvic en riant, je ne suis pas aveugle ! Fais plaisir à Djayd, ça te permettra de créer autre chose que des machines !
Je constatai alors que des larmes coulaient sur les joues de Monsieur Marvic. Les autres s’en aperçurent aussi et le silence se fit. Monsieur Marvic eut un sourire gêné.
– J’aurais tellement voulu que Mystra partage ça avec moi…
Jey K posa une main amicale sur l’épaule de son ami, avant de l’étreindre. Monsieur Marvic émit quelques sanglots, avant de se retourner vers Alera, blottie dans les bras de Djayd. Il reprit sa fille dans ses bras, et Jey K enlaçait l’humaine. Il lui murmura quelques mots à l’oreille, oubliant que mes senseurs les percevraient…
– On fait ça ce soir, chuchota-t-il et déclenchant un cri de joie de Djayd.

Seul à n’être câliné par personne, je m’écartai un peu de ces effusions de joie ou de chagrin. Mais Monsieur Marvic me rattrapa.
– Edo… Mystra est partie, mais Alera est sa fille. On est d’accord ? Cela reste entre Jey K, Djayd, toi et moi.
Comprenant où il voulait en venir, j’acquiesçai docilement, puis jetait un coup d’œil à la mignonne frimousse du bébé.
– Je n’ai pas su protéger Madame Mystra, fis-je doucement. Mais je veillerai sur Mademoiselle Alera. Toujours.
– Je le sais, répondit Monsieur Marvic, les yeux mouillés. Je n’ai même pas eu à te le demander. Merci. Merci pour tout.
A cet instant, et malgré la perte de Madame Mystra, je me sentais le droïd le plus heureux de la galaxie. Tout d’abord, parce que je suis le meilleur. Et parce que je suis plus qu’un droïd. Je suis plus qu’Edo : je suis Edo Sanaka.

Cette fois, nous étions venus à cet endroit deux fois dans l’année. Monsieur Marvic avait récupéré la dépouille de Madame Mystra laissée chez Jey K, et à présent deux stèles ornaient le sol de cette plaine de Pantolomin. Une plaine que Monsieur Marvic et moi étions certainement les seuls à connaître, tant elle était isolée en pleine nature.
La première stèle avait été dressée depuis longtemps, et portait ces mots en basic : « Medi Trabe, Chevalier Jedi. Mon ami, puisse la Force te guider pour l’éternité ». La seconde était toute neuve, taillée et gravée par Monsieur Marvic lui même après qu’il eu enseveli le corps de sa femme. Elle portait aussi quelques mots : » Mystra Sanaka, notre bien-aimée femme, mère et maîtresse ». Et trois noms figuraient pour signer ces mots : Marvic, Alera, et… Edo.
La nouvelle venait de tomber et se répandait dans toute la galaxie : l’Empereur était mort, et Darth Vader avec lui. Mon existence aurait perdu son sens si je n’avais pas à veiller sur Mademoiselle Sanaka. Je regrettai cependant de ne pas avoir été celui qui avait abattu le Seigneur Noir de Sith. Mais on murmurait que ce monstre aurait été responsable de la mort de Palpatine. Monsieur Marvic parlait peu de tout cela, et je me demandais si au fond de lui il ne pardonnait pas à Vader. Quant à moi, je restai sur l’idée fondée que ce monstre aurait dû périr sous mes tirs. Quoiqu’il en soit, Darth Vader et Pakir Venko étaient morts, Medi Trabe et Madame Mystra vengés. Pour moi comme pour Monsieur Marvic, l’époque des comptes à régler était terminée. J’avais à présent de nouvelles tâches à accomplir. M’occuper de Mademoiselle Alera serait certainement tout à fait différent…
Monsieur Marvic resta un moment à se recueillir devant les tombes de ces deux êtres qui avaient été si chers à ses yeux. Puis il se leva et posa une main sur ma tête, comme il l’aurait posé sur l’épaule d’un ami.
– Il faut voir un point positif, mon cher Edo, fit-il d’une voix émue.
– Quoi donc ?
– Nous viendrons ici deux fois par an !


Voilà toute l’histoire, Monsieur Pa’aja. J’ai perdu Madame Mystra, puis Monsieur Marvic, récemment Monsieur Kano, et à présent je faillis à ma promesse : Mademoiselle Alera a disparu, loin de ma protection.
J’ignore pourquoi vous avez voulu connaître cette histoire, mais je suis ravi que vous m’aidiez à retrouver Mademoiselle Alera. J’espère qu’elle va bien.
Avec ces Yuuzhan Vong qui infestent la galaxie, je suis peu rassuré. Sans parler du comportement de ces monstres envers les gens de mon espèce ! Cela me fait froid dans le dos… Mais j’oublie que vous autres Jedi êtes également peu appréciés…

Monsieur Marvic a gardé une partie de la fortune de Venko, et il en reste encore un paquet malgré les dépenses faites pour mes améliorations (ce maudit biberon intégré…) et celles d’Arc (qui a enfin eu sa nouvelle couche de peinture). Il a laissé le reste à Jey K, qui s’est occupé de le redistribuer au peuple de Derra IV. De toute façon, l’Empereur est mort peu après cette histoire, et Derra IV a été libérée par la Rébellion, avec l’aide non négligeable de ce cher Gros Lard, dont le tableau de chasse compte un nombre d’impériaux que même moi je lui envie.
A propos, avez-vous entendu parler du célèbre spectacle musical que Gros Lard (qui a choisi ce nom comme nom de scène !) a monté avec l’aide d’un droïd de protocole émancipé ? Monsieur Marvic et moi avons eu l’occasion d’assister à une représentation, et ça en valait la peine !
Je peux vous assurer que nos retrouvailles dans les loges ont été spectaculaires (surtout quand des fidèles impériaux rescapés de Derra IV ont fait une prise d’otage pour se venger de Gros Lard), mais ça c’est une autre histoire !