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Chapitre 2 : Une journée de révélations
 
Qui-Gon ne se trompait pas. La navette sénatoriale était en effet arrivée, et le jeune chevalier Jedi escortait en ce moment même les deux visiteurs de qualité jusque dans l’un des riches salons du palais. A leur passage, chaque garde les saluait et lançait des ¨bonjour !¨ enthousiastes. Le souvenir de ce qu’il avait accompli pour eux était encore vivace dans leurs esprits. C’est lui qui avait terrassé le Sith qui menaçait les Naboo et c’est cet acte de bravoure qui lui avait d’ailleurs permis d’accéder au titre de chevalier.
Le jeune homme introduisit le Chancelier et la Grande Conseillère dans une grande pièce aux colonnes de marbre rosé, très richement décorée. Il traversa l’espace recouvert de moquette épaisse, rouge à motifs bleus, pour aller chercher des boissons dans un grand bar de bois sculpté après avoir prié ses compagnons de marque de s’asseoir dans l’un des somptueux fauteuils de velours. Il servit d’abord Palpatine, puis apporta un autre verre à Lay Jooles. La main du Jedi vacilla insensiblement au moment où elle le prit, le gratifiant d’un sourire. Il ne comprenait pas ce qui lui arrivait, pourquoi il n’arrivait plus à se contrôler. Il l’observa, mais quand il vit que son regard s’était fait un peu trop insistant et qu’il commençait à intriguer la jeune femme, il se racla la gorge.
-La reine devrait vous recevoir dans quelques minutes, je vous demanderai donc la permission de me retirer. Il faut que je reconduise Jar Jar Binks à Otoh Gunga.
-Bien entendu ! sourit Palpatine, découvrant ses dents blanches.
Lay hocha la tête, puis regarda Obi-Wan s’éloigner.
-Excellence, commença Palpatine d’une voix suave. Je dois dire que je suis assez intrigué : vous ne m’avez toujours pas donné la raison de votre rencontre avec la reine Amidala…
-Vraiment ? coupa la jeune femme sur le même ton faussement aimable. Voilà qui est étrange.
-J’avais pourtant espéré qu’en vous accompagnant vous m’auriez dévoilé les mystères de cette affaire, insista-t-il.
La Grande Conseillère lança un regard défiant au Chancelier Suprême, mais plus elle fixait ses yeux, plus un sentiment étrange qui la mettait mal à l’aise montait en elle. De la peur mêlée à de la colère. Non, c’était encore plus fort que cela. Cette sensation désagréable l’effraya, et elle détourna vivement le visage.
La porte de la pièce s’ouvrit en un faible chuintement. Un homme à la barbe blanche et d’apparence respectable entra.
-Ah ! Gouverneur Bibble ! s’exclama Palpatine en se levant.
-Votre Grandeur, salua le vieil homme. Son Altesse royale est disposée à vous recevoir.
A ces mots, il invita ses deux hôtes à le suivre.

~*~


Pendant ce temps, Obi-Wan Kenobi se dirigeait vers un bongo amarré sur la rive du fleuve, Jar Jar Binks sur ses talons. Ils mirent pied dans l’appareil que le jeune homme activa en un clin d’œil. Il déclencha l’immersion, et les deux compagnons plongèrent dans les profondeurs des eaux tièdes.
-Hmm… Tissa Biwan Jedi…, tenta Jar Jar.
-Qu’est-ce que tu veux ? fit Obi-Wan d’un ton déjà exaspéré.
-Euh…, continua timidement le Gungan. Pourquoi tissa toujours envoyer missa boulasse ?
Jar Jar fut soudain soulagé. Cela faisait des mois qu’il mourait d’envie de poser cette question au jeune Jedi.
-Mais je ne t’envoie pas b… Je ne te rejette pas, soupira Obi-Wan. Seulement il faut avouer que nos centres d’intérêt sont légèrement différents, et ta maladresse peut parfois être…
Il chercha ses mots pour ne pas blesser le Gungan.
-… gênante, dit-il enfin.
-Aoh…, fit la créature aux grandes oreilles en baissant les yeux.
Obi-Wan se mordit la lèvre et ajouta :
-Mais je t’apprécie quand même, le consola-t-il avec douceur.
Un large sourire illumina le visage de Jar Jar. Il s’effaça tout aussi rapidement lorsqu’il aperçut à l’extérieur un énorme poisson Opee.
-Biwan ! Missa vu un Opee ! Gros, gros Opee ! hurla-t-il.
-Oui, j’ai vu, fit calmement Obi-Wan, les sourcils froncés. Pas de panique. Nous avons installé dans les bongos un système de sonar qui éloigne les Opee.
Il agrémenta ses paroles d’une démonstration. Après quelques manœuvres, un son très aigu se répandit autour du petit transport. Le gros prédateur fit des va-et-vient pendant plusieurs minutes, sans jamais les attaquer, et abandonna rapidement. Jar Jar ne manqua pas d’exprimer son soulagement.
-Aah !… Missa encore eu chocottes bleues ! Bleues, bleues ! Voussa Jedi avez jamais peur, hein ? fit-il à Obi-Wan.
Celui-ci, pour une fois, prit le temps de lui expliquer.
-Eh bien vois-tu, la peur, on nous l’apprend dès le début de notre formation, mène à ce que nous appelons le côté obscur de la Force. Le mal, en quelque sorte. Mais nous sommes humains, et il nous arrive de ressentir la peur. Nous la maîtrisons et la canalisons pour en faire une énergie bénéfique. Il en est de même pour les autres émotions négatives telles que la colère, l’envie ou l’impatience.
-Balaise, fit simplement le Gungan.
-C’est une question de discipline, précisa Obi-Wan.
Le bongo bifurqua derrière un gros rocher et poursuivit sa course dans les eaux sombres du ¨noyau planète¨.

~*~


-Voilà, fit le gouverneur. Nous sommes arrivés à la salle du trône. La reine vous attend.
-Merci beaucoup, gouverneur, sourit Lay.
Puis elle entra, suivie du Chancelier Suprême. La salle du trône était immense, avec de hautes baies vitrées donnant sur la grand-place de Theed. La reine Amidala siégeait au milieu de deux de ses dames de compagnie, le capitaine Panaka derrière elle. On pouvait lire la fatigue sur son beau visage harmonieux ; elle avait les traits tirés mais gardait son allure royale, la tête bien haute et le regard déterminé.
Palpatine s’avança puis s’inclina devant elle.
-Votre Altesse, puis-je vous présenter la Grande Conseillère de Panescan Lay Jooles.
Cette dernière la salua respectueusement.
-J’ai déjà entendu parler de vous, Grande Conseillère, vos hauts agissements accomplis sur votre planète natale ont fait écho jusqu’ici. C’est un plaisir de vous recevoir dans notre province.
-Je vous remercie infiniment d’accepter une entrevue avec moi. Je sais que vous avez beaucoup de soucis en ce moment, et sachez que malgré la distance qui nous sépare, nous sommes prêts à vous apporter tout notre soutien.
La reine Amidala inclina la tête en signe de reconnaissance.
-Puis-je connaître la raison de votre visite ?
-Eh bien, Altesse, ce qui m’envoie exige la plus grande discrétion, et j’aimerais en conséquent m’entretenir en privé avec vous, répondit Lay Jooles, lançant un bref coup d’œil vers Palpatine.
La reine eut un petit sourire entendu.
-Chancelier Palpatine, auriez-vous l’amabilité de nous laisser ?
-C’est-à-dire, Majesté…, objecta celui-ci, interdit. Je…
Il s’interrompit, constatant qu’il était vain de résister. Il prit donc congé, escorté par le capitaine Panaka.
-Je vous écoute, poursuivit la souveraine.
Le visage de la Conseillère s’assombrit soudain.
-Votre Altesse, si je suis venue jusqu’ici, c’est pour vous faire part d’inquiétudes que nous nourrissons sur Panescan.
-Des inquiétudes ? A quel sujet ? demanda Amidala.
Lay hésita un instant.
-Je vous assure que vous pouvez parler ici ouvertement. Mes suivantes sont absolument dignes de confiance, affirma la reine.
-Oui, je sais, Votre Majesté. Le fait est que je suis sur le point de porter des accusations très graves, mais je pense que vous plus que quiconque devez être mise au courant.
La jeune femme prit une profonde inspiration et continua.
-Nous n’avons hélas pas assez de temps pour me permettre de tourner les choses de façon plus enrobée et moins crue, je vais donc aller droit au but. Je crains que le Chancelier Suprême ne vaille pas mieux que son prédécesseur.
-Que voulez-vous dire ? fit la reine, surprise.
-Premièrement, il se trouve que depuis son élection, aucun réel progrès n’a pu être observé au Sénat, et je dirais même que les choses se sont aggravées. Toutes les affaires qui vous retiennent sur votre planète ne vous laissent pas un instant de répit pour vous permettre de vous intéresser à ce qui se passe dans le reste de la République, je conçois très bien que vous n’ayez rien remarqué. Hélas la situation se dégrade, les sénateurs sont en désaccord, de petits groupes de pression ont de plus en plus de pouvoir.
-Grande Conseillère, sachez que ramener l’ordre dans un Sénat rongé par la corruption n’est pas chose aisée, et le Chancelier Palpatine a besoin de temps pour mener sa tâche à bien, coupa la souveraine.
-Bien sûr, c’est évident. Et je ne m’en serais pas souciée outre mesure si je n’avais moi-même surpris une communication entre le Chancelier et le vice-roi de la Fédération du Commerce.
-Mais cela n’a rien d’anormal. Où voulez-vous en venir ?
-Votre Altesse, je l’ai très distinctement entendu réprimander le Neimoidien, mais pas dans le sens où vous le souhaiteriez. Il a eu l’air de lui faire comprendre que son échec dans l’invasion de Naboo avait modifié ses plans.
-Entendu ? Cela signifie que vous ne l’avez pas vu.
Voyant ce que la reine sous-entendait, Lay serra les dents et chercha les mots exacts qui lui feraient comprendre ce qu’elle voulait dire. Elle se pencha légèrement en avant et regarda son interlocutrice dans les yeux d’un air grave, puis poursuivit en pesant chacune de ses paroles.
-Majesté, j’ai vu le Chancelier Suprême Palpatine entrer dans ses appartements. Je me trouvais là car j’attendais pour m’entretenir avec lui. Peu de temps après, il était en conversation avec le vice-roi. J’ai parfaitement reconnu sa voix.
-Mais pourquoi aurait-il agi ainsi sachant que vous étiez là ?
-Je ne pense pas qu’il m’ait vue en arrivant. Il y avait du monde et je me trouvais à l’autre bout du couloir. De plus, il parlait avec un représentant de Mon Calamari. Puis je me suis retrouvée seule à attendre, et je me suis approchée. La personne qui venait de sortir de ses quartiers avait oublié de refermer la porte ; Palpatine se trouvait dans l’antichambre, à côté. Mais au moment où j’ai atteint le seuil de ses appartements, il a coupé brusquement sa communication avec Nute Gunray. Comme s’il avait senti ma présence, ajouta la jeune femme avec un petit rire ironique. Ce que je suis toutefois parvenue à entendre laisse peu de doute sur la relation que l’actuel Chancelier entretenait avec la Fédération pendant le blocus que subissait Naboo.
L’atmosphère fut alourdie d’un long silence. La reine Amidala se leva et s’avança vers la grande baie vitrée. Elle observa la ville qui s’étendait sous ses yeux. A la vue de son visage contrarié, Lay s’approcha d’elle.
-Je suis désolée pour le trouble que je vous cause. Je me rends bien compte que vous avez déjà été très éprouvée. Je devais malgré tout vous dire ce que je savais. Ce ne sont toujours que des soupçons, mais je pense qu’il serait sage de ne pas accorder trop vite sa confiance.
La reine se retourna alors et toisa la Conseillère.
-Mais le Chancelier Palpatine m’a beaucoup soutenue durant le blocus. Je viens juste de faire votre connaissance ; malgré votre réputation, duquel d’entre vous dois-je me méfier ?
La jeune femme tressaillit, bien qu’ayant attendu cet argument. Elle ne se départit pourtant pas de son calme et reprit :
-Oui, c’est à vous de décider. Je n’ai aucune preuve à vous soumettre pour appuyer mes dires, et je ne vous reprocherai pas le fait de ne pas vous fier à moi, mais essayez de rester prudente, votre Altesse.
-Et vous auriez fait tout ce chemin pour me mettre en garde ? douta la reine.
-C’est la première raison de ma visite, confirma la Conseillère. Mais il est vrai que ce n’était pas entièrement désintéressé. Le Chancelier Suprême a réduit le nombre de délégués de Panescan au Sénat. Il ne reste plus qu’un seul représentant de notre planète sur Coruscant, et il est inutile de vous dire que s’il nous avait totalement rayés du Sénat galactique, cela n’aurait pas fait une grande différence. Ce changement fait partie d’un programme qui vise à augmenter le pouvoir des métropoles importantes au détriment des provinces plus éloignées. Il va sans dire que le tour de Naboo ne tardera pas. C’est pourquoi j’espérais pouvoir compter sur votre voix pour soutenir le mouvement contre cette réforme. Je ne vous demande pas de vous décider tout de suite, mais au moins d’écouter les autres délégués qui ont rallié notre cause.
-Cela exigerait que je me rende sur Coruscant, déduisit la reine.
-Eh bien, oui, concéda Lay Jooles.
Amidala se mordit la langue, jeta un bref coup d’œil vers ses dames de compagnie puis regarda à nouveau la jeune Conseillère.
-Je suis désolée, dit-elle enfin.
Une profonde déception s’afficha sur le visage de Lay, mais elle se ressaisit très vite, et la reine ne put s’empêcher d’éprouver de la sympathie. Elle ne savait pas pourquoi, mais elle ne doutait pas des bonnes intentions de la jeune femme.
-Je comprends, fit Lay. Vous avez d’autres impératifs et il est bien normal que vous vous y teniez. Je vous remercie de m’avoir accordé un peu de votre temps et l’essentiel est que vous savez maintenant ce que j’étais venue vous apprendre.
-Merci à vous, Grande Conseillère. Et soyez assurée que dès que j’en aurai l’opportunité, je reprendrai contact avec vous et me rendrai sur Coruscant.
Lay Jooles s’inclina et quitta la salle du trône.

~*~


La nuit était depuis longtemps tombée sur Theed qui dormait paisiblement, illuminée d’un beau clair de lune, mais la déléguée Panescienne n’arrivait pas à trouver le sommeil et errait dans les jardins silencieux du palais, laissant glisser sa main sur un petit balcon de pierre qui surplombait les eaux calmes du fleuve. Elle s’arrêta et s’y accouda, regardant le reflet ondulant de la lune au-dessous d’elle.
-Vous ne dormez pas encore, votre Grandeur ?
La jeune femme sursauta, reconnaissant la voix qui venait de l’interpeller, et se retourna vivement.
-Oh, je suis désolé de vous avoir fait peur, s’excusa Obi-Wan. Je…je vais vous laisser.
Il esquissa une révérence et commença à s’éloigner.
-Non, attendez. Restez, je vous en prie, lui dit la Conseillère en allant à sa rencontre. Vous ne me dérangez pas le moins du monde.
Le jeune homme se retourna et la regarda avec douceur.
-Très bien, sourit-il. Vous tenir compagnie sera un plaisir.
-Je vois que vous avez bien reconduit Jar Jar Binks, dit-elle poliment.
-Oui, cela lui fera du bien de retrouver sa ville natale, répondit Obi-Wan d’un air détaché.
Puis ils marchèrent côte à côte pendant un moment, sans dire un mot, et s’arrêtèrent finalement au bord de l’eau. Obi-Wan tourna la tête et observa la jeune femme. Le visage de celle-ci semblait quelque peu contrarié, même si elle faisait manifestement des efforts afin de ne rien laisser paraître.
-Votre Grandeur, puis-je vous demander si vous allez bien ? Vous me semblez tourmentée.
-Oh, je vais très bien, s’empressa-t-elle de répondre.
Le chevalier ne la quittant pas des yeux un seul instant, un petit sourire commença à se dessiner aux coins des lèvres de Lay Jooles.
-On ne vous la fait pas, hein ? fit-elle d’un ton mi-ennuyé, mi-amusé.
-Votre entretien avec la reine s’est mal déroulé ?
-Non, je ne dirais pas cela, mais ça n’a pas été une totale satisfaction. C’était pourtant prévisible, je ne comprends pas pourquoi cela m’affecte autant.
-Vous aviez simplement espoir, raisonna le Jedi.
-Vous avez sans doute raison.
Elle s’assit sur un banc de pierre proche et regarda un oiseau nocturne s’envoler au loin.
-Obi-Wan ? dit-elle au bout d’un certain temps.
-Votre Grandeur ?
La jeune conseillère eut un petit rire.
-Non, je vous en prie, appelez-moi Lay. Il commence à se faire trop tard pour ce genre de politesses superflues.
-Bien, Lay, obéit docilement le chevalier.
-Pourquoi n’êtes-vous jamais revenu sur Panescan ? demanda-t-elle soudain.
-Y revenir ? Mais je n’y suis jamais allé, ne comprit pas le jeune homme.
Elle fronça les sourcils et fit une moue incrédule.
-Vous ne venez pas de Panescan ?
-Non, répondit-il, intrigué.
-Dans ce cas, veuillez excuser ma méprise. Mais alors d’où venez-vous, si ce n’est pas trop indiscret ?
Obi-Wan baissa les yeux, mais la jeune femme ne put déchiffrer son expression. Il releva la tête et lui répondit calmement.
-Je ne sais pas d’où je viens. Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours vécu au temple Jedi. Je sais que mon père est mort, et Maître Yoda m’a recueilli. Ensuite Qui-Gon Jinn m’a enseigné ce qu’il savait des chemins de la Force.
-Tiens… C’est surprenant. Et vous n’avez jamais cherché à savoir ?
-Si, quelques fois je me suis posé la question, mais ni Yoda ni Qui-Gon n’ont jamais pu y répondre. Un Jedi ne doit pas vivre dans le passé, mais se concentrer sur le moment présent.
-Vous dites cela comme une leçon apprise par cœur, lui dit-elle tristement.
-C’est un peu le cas, admit-il. Mais qu’est-ce qui vous a fait croire que je venais de Panescan ?
-Eh bien il y a un jeune Jedi de notre planète, il a votre âge, correspond à votre physique, et il s’appelle Kenobi… Il est possible que quelqu’un d’autre dans cette galaxie porte le même nom que vous, mais le fait qu’il soit chevalier Jedi est tout de même une grosse coïncidence…
-Mais… en êtes-vous sûre ? Que ce Jedi s’appelle Kenobi ?
-Absolument. Je le sais parce que nous étions voisins, étant enfants. Theran Kenobi est en effet décédé, mais sa femme, elle, est toujours en vie…
Obi-Wan s’assit à côté d’elle, troublé.
-Pourquoi m’aurait-on caché la vérité ?
Il secoua la tête et se concentra sur la Force pour éviter de se noyer dans un flot de pensées et d’émotions embrouillées. Il en eut le plus grand mal du monde.
-J’aurais donc encore une mère ? Pendant tout ce temps…
Au visage décomposé d’Obi-Wan, la jeune femme se leva.
-Je suis désolée. Je vous raconte cela, soudainement, comme si vous n’aviez pas assez d’ennuis comme cela.
Elle grimaça, agacée par son manque de tact, puis finit par se rasseoir.
-Pardonnez-moi.
Le jeune homme était encore un peu perdu.
-Je… Est-ce que Qui-Gon savait ?
Elle hésita.
-Je l’ignore, c’est possible.
-Pourquoi m’aurait-il menti pendant toutes ces années ?
-Je ne sais pas. Mais Obi-Wan, ce n’est peut-être pas de vous qu’il s’agit, lui rappela-t-elle. Si j’étais vous, je redemanderais à Qui-Gon Jinn. Voire à votre maître Yoda.
Il hocha la tête.
-Oui.
-Je suis navrée. Je n’aurais peut-être pas dû.
Il se tourna vers elle et lui sourit doucement.
-Vous n’avez rien fait de mal, la rassura-t-il.
-Je l’espère.
Obi-Wan put alors sentir l’étrange attachement qu’elle avait pour lui. Une tendresse qu’il semblait partager, mais qui se rapprochait plus d’une amitié qu’il ne comprenait pas. Elle se décala doucement vers lui et plaça sa tête sur son épaule pour regarder s’écouler l’eau devant eux. Il hésita une seconde, puis s’inclina également vers elle, sa tempe reposant sur les cheveux dorés de la jeune femme.

~*~


Eirtaé entra dans la pièce et avança jusqu’à côté du fauteuil où était assise la reine Amidala. Elle se pencha vers elle et lui murmura quelques mots à l’oreille. La souveraine hocha la tête et l’autorisa à prendre congé.
-Rien d’alarmant, j’espère ?
Amidala tourna son regard vers le Chancelier Suprême.
-Non, répondit-elle. Des nouvelles d’un émissaire que j’avais envoyé.
-Ah, comprit Palpatine.
Il alla s’asseoir en face d’elle et lui sourit de la façon à la fois humble et hypocrite dont lui seul avait le secret.
-Comment se passent les choses sur Naboo ? s’enquit-il.
-Aussi bien que les circonstances le permettent, répondit la reine. La reconstruction prend du temps et coûte très cher. Nous sommes obligés de lever de nouveaux impôts sans pour autant accabler le peuple, ce qui n’est pas aisé. Seul l’avenir nous dira si la vie pourra reprendre son cours comme avant le boycott.
Elle marqua un temps et haussa les sourcils.
-Mais parlez-moi de vous. Tout se passe comme vous le souhaitez ?
-Oh, eh bien je dois avouer que ma tâche est très ardue, mais je fais de mon mieux, répondit modestement Palpatine. J’avais sous-estimé la férocité des adversaires de l’ancien chancelier Valorum. Il est très difficile de lutter contre eux lorsque de leur côté ils parviennent à répandre des rumeurs sur mon compte parmi mes alliés…
La curiosité de la souveraine fut piquée au vif.
-Des rumeurs ?
-Oui, en effet. Il y en a plusieurs, les plus extravagantes allant même jusqu’à affirmer que je suis un démoniaque seigneur Sith à mes heures perdues.
Amidala ne put s’empêcher de sourire.
-Mais celles-ci m’amusent plus qu’autre chose, rit le Chancelier. Certaines sont toutefois plus gênantes, car crédibles. La dernière en date concernerait un projet d’élimination des plus petites planètes du système au Sénat.
-Est-elle fondée ? tenta de demander la reine d’un air innocent.
-Bien sûr que non, votre Altesse, réagit immédiatement Palpatine. Il y a certes un plan de redistribution des emplois dans le cabinet, mais tout sera discuté au Sénat devant toutes les parties concernées. Venant moi-même de Naboo, je n’aurais aucune raison de vouloir supprimer cette voix…
-C’est évident, répondit machinalement Amidala.
-Il est si facile de détourner la vérité et de semer le doute.
Il inspira et prit un ton plus léger.
-Et cette conversation avec la Grande Conseillère de Panescan ?
-Intéressante.
-Cette chère enfant…
-Vous la connaissez ? fit la reine, surprise.
-Depuis son enfance. Je dois vous dire qu’elle est arrivée récemment au pouvoir, et elle est encore bien inexpérimentée. Mais je l’ai accompagnée ici pour lui fournir mon soutien, en outre. Donc tout s’est bien passé ?
Amidala regarda franchement Palpatine droit dans les yeux et réfléchit. Lay Jooles n’avait pas l’air d’une jeune femme capricieuse ou déraisonnable, et la reine doutait que ses propos à l’encontre du Chancelier Suprême pouvaient avoir une origine antérieure à son élection, ou une raison personnelle. Si elle le connaissait depuis si longtemps, peut-être savait-elle de quoi elle parlait. Mais là encore, Amidala ne savait pas si elle pouvait vraiment se fier à elle, et avec tout ce qui se passait sur Naboo, elle n’avait pas le temps d’enquêter elle-même. La prudence restait tout de même de rigueur.
-Tout s’est bien passé, dit enfin la reine.
-Vous pensez la revoir ? osa encore demander le Chancelier.
-Non. Pas avant un certain temps en tout cas.
-Oh, fit-il de façon ingénue.
Il laissa s’écouler un certain temps dans un silence respectueux avant de jeter un œil distrait à son chrono.
-Ciel, il est horriblement tard ! s’exclama-t-il. Vous auriez dû me mettre à la porte il y a bien longtemps, plaisanta-t-il.
Il se leva et s’approcha du confortable fauteuil où était assise la reine, toujours aussi droite.
-Permettez-moi de prendre congé.
Elle hocha la tête et le regarda partir d’un air froid et pensif. Les faux-semblants et le jeu d’acteur du Chancelier n’avaient de cesse de la troubler. Elle se rendit alors compte que les paroles de la Grande Conseillère avaient réussi à semer le doute et la méfiance dans son esprit.

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