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Chapitre 11 : Réactions en chaîne
 
Qui-Gon Jinn et son apprenti Anakin Skywalker se tassaient depuis près de cinq heures dans des sièges durs et inconfortables tandis que les délégués des trente régions prédominantes de la planète revoyaient un par un tous les articles du traité qui devait les unir sous l’égide de la République. Les discussions étaient très courtoises et amicales, mais horriblement techniques et tout simplement assommantes, même pour un Jedi. Qui-Gon jeta un œil sur son padawan qui essayait de ne pas piquer du nez tout en perfectionnant sa mine faussement intéressée malgré sa somnolence, et retint un petit gloussement amusé.
-Maître Jinn, l’interpella le délégué Mimaen. L’article 43b du chapitre 6 dans la seconde édition peut-il être reconnu par l’Ordre Jedi?
Le maître tourna rapidement quelques pages et survola une nouvelle fois le passage concerné.
-Eh bien je ne vois là qu’un problème mineur : le vote doit être effectué à huis clos. Le reste de la procédure ne devrait pas poser de difficulté.
Le délégué hocha la tête et se retourna vers un de ses confrères.
-Vous voyez donc, cher ami, que l’approche devait être réévaluée, illustra-t-il.
-Mais qu’en est-il de la répartition des ARCP ? intervint le représentant Feingh.
Et la discussion interminable reprit, permettant à Qui-Gon de s’enfoncer une nouvelle fois dans son siège et de laisser vagabonder son esprit qui choisissait inlassablement de l’assaillir de souvenirs lointains. Il se revoyait vingt cinq ans plus tôt, un apprenti toujours à ses côtés, mais l’image d’Anakin fondit et se transforma en une autre personne. Ses cheveux n’étaient plus d’un blond éclatant, mais au contraire très foncés, et ses yeux avaient pris une couleur bleu nuit et un air supérieur.
- Tu devrais être plus attentif, Xanatos, le réprimanda-t-il doucement alors qu’il levait la main pour appuyer sur le bouton d’appel de la maison.
- Oui, maître, se força à répondre son élève.
Ils n’attendirent que quelques instants avant que la porte d’entrée ne s’ouvre et qu’ils soient chaleureusement accueillis par la maîtresse de maison.
- Qui-Gon ! s’exclama Eanel Kenobi avec un sourire radieux.
Ils s’embrassèrent rapidement et Xanatos s’inclina avec toute la déférence qui lui était possible.
- Entrez, je vous en prie, les invita la jeune femme.
Les deux Jedi la suivirent jusque dans le salon et s’installèrent confortablement.
- Nous ne pensions pas que vous arriveriez si tôt, leur dit-elle en se dirigeant vers le couloir. Theran est parti faire une course, il ne devrait plus tarder. En attendant…
Elle disparut dans la pièce du fond, puis revint quelques minutes plus tard, un petit amas de couvertures chaudes dans les bras. Tandis qu’elle s’approchait de Qui-Gon, une minuscule main se fraya un chemin entre les différentes couches de tissu et agrippa une mèche de cheveux cuivrés de sa mère.
- Voilà quelqu’un qui mourait d’envie de te revoir depuis que nous lui avons dit que tu venais, finit-elle.
Qui-Gon se releva lentement de son fauteuil avec un air émerveillé et attendri à la fois qui agaça prodigieusement son apprenti.
- Eho, bonjour là-dedans, sourit le grand maître Jedi en soulevant un pan de couverture.
Le frêle petit garçon cessa de sucer son pouce et tourna ses gigantesque yeux bleus vers lui. Un sourire absolument irrésistible s’étala sur le visage joufflu de porcelaine et le petit Obi-Wan émit un rire cristallin en tendant les bras vers Qui-Gon, qui ne sut refuser une telle invitation et le prit dans ses bras. Il tint une main dans son dos afin de lui faire face et lui parla d’un ton faussement austère.
- Dis-moi, jeune homme, tu ne donnes pas trop de soucis à tes parents, j’espère ?
Comme ayant compris la plaisanterie, Obi-Wan gloussa encore joyeusement puis posa les deux mains de chaque côté du visage de Jinn. Son sourire disparut et son regard se fit bien plus sérieux que le Jedi n’en aurait attendu d’un enfant de son âge.
- ‘ui-Gon…, prononça-t-il avec soin.
- Oui, Obi-Wan, je suis Qui-Gon, répondit-il, un peu troublé.
- Toi… ami, continua le bébé sans jamais lâcher le maître. Comme nuage.
Jinn tourna des yeux interrogateurs vers Eanel, qui lui expliqua :
- C’est une histoire que je lui lis en ce moment, où un nuage est le meilleur ami d’une petite fille, et reste son compagnon éternel à travers toutes les épreuves. Tu dois être bien spécial à ses yeux pour qu’il fasse une telle analogie, sourit-elle.
Qui-Gon ouvrit de grands yeux stupéfaits et reporta son attention sur le petit bonhomme qui s’amusait avec ses longs cheveux foncés et s’était mis à faire des bulles avec la bouche, son humeur posée et grave complètement oubliée.
- Eh bien jeune Obi-Wan, je ne sais pas quoi dire, s’émerveillait encore le Jedi.
Xanatos leva les yeux au ciel. Etait-il obligé d’écouter de pareilles niaiseries ? Obi-Wan releva alors brusquement la tête et s’exclama :
- Papa !
Qui-Gon sursauta et retint son souffle. Venait-il de… ? L’avait-il… ? Ses doutes furent balayés par le bruit de la porte d’entrée et l’arrivée de Theran Kenobi.
- Papa ! réitéra gaiement Obi-Wan en tendant les bras vers le nouveau venu.
Le jeune homme sourit et planta un baiser sur le front de son fils avant de se tourner vers Qui-Gon et de le saluer d’une tape amicale dans le dos.
- Bonjour, Qui-Gon. Vous avez fait bon voyage ?
- Un peu long, mais agréable, répondit le maître.
- Xanatos, fit Theran en inclinant la tête en direction du padawan qui s’était levé.
- Chevalier Kenobi…
Qui-Gon baissa les yeux vers le bébé qui se tortillait dans ses bras pour essayer d’attraper un pan de la tunique claire de son père dont les yeux bleu-vert semblaient un peu trop soucieux à son goût.
- Padawan, appela Jinn. Viens par ici.
Lorsque son apprenti fut à ses côtés, il rajusta sa prise sur Obi-Wan avant de le lui déposer dans les bras sans crier gare.
- Occupe-toi un peu de lui, sourit le maître face au visage déconfit de l’adolescent. Je dois parler au chevalier Kenobi.
- Mais…, voulut protester son élève, tenant le petit garçon à bout de bras.
Obi-Wan se figea soudain et regarda pensivement le garçon aux cheveux noirs, qui fronça les sourcils. Ses yeux clairs s’agrandirent comme des agates brillantes et sa lèvre inférieure commença à trembloter, puis il émit de petits gémissements qui augmentèrent progressivement en volume, attirant l’attention des autres personnes présentes. Eanel s’approcha et le prit tendrement dans ses bras.
- Eh bien, eh bien, que t’arrive-t-il ? le consola-t-elle.
Xanatos lança un regard ahuri à son maître.
- Je vous jure que je n’ai rien fait ! chercha-t-il à se défendre inutilement.
- Ne t’en fais pas, le rassura Eanel avec un sourire. Il doit être temps de changer sa couche. Pourquoi ne viendrais-tu pas m’aider ?
- Je suis un Jedi, madame, rétorqua le padawan avec une once de condescendance. Pas une nounou.
- Eh bien justement, montre-moi que tu es à même de t’adapter à toute situation !
Xanatos se retourna vers Qui-Gon, à la recherche de soutien, mais celui-ci l’encouragea à suivre la jeune femme d’un hochement de tête. L’apprenti grommela quelque chose d’incompréhensible et quitta la pièce à contre-cœur. Theran regarda l’apprenti s’éloigner avec une moue incrédule.
- Etonnant qu’il ne se soit pas rebellé un peu plus…, trouva-t-il.
Qui-Gon ravala un grognement de contrariété.
- Je sais que tu as une piètre opinion de lui, mais j’apprécierais que tu gardes tes réflexions pour toi, fit-il.
- Non, non, corrigea le jeune homme en croisant les bras. Pour une fois ce n’était pas un reproche. Je ne comprendrais que trop bien son refus. Je dois dire que changer les couches n’est pas non plus ma tasse de thé…
Constatant que sa remarque n’avait pas allégé l’atmosphère, il se détourna de Qui-Gon et s’avança vers la porte fenêtre qui donnait sur le jardin.
- Il est vrai que l’avenir de Xanatos en tant que Jedi me paraît incertain depuis toujours, je… fais un blocage sur lui. Je t’ai prévenu, tu as fait ton choix et tu as décidé de l’entraîner. Je n’ai rien à ajouter et je respecte ta décision. J’espère juste que je me trompe dans mon jugement.
- Peu importe, nous ne sommes pas là pour ça, répondit Qui-Gon d’un ton qui exprimait clairement son souhait de changer de sujet.
Il ne voulait pas revenir sur les discussions qu’il avait eues avec Theran ou même le conseil, qui paraissait être une fois de plus du même avis que le jeune chevalier. Il se tourna vers son ami et fronça les sourcils en apercevant l’expression tourmentée de son visage dans le reflet de la vitre. Ses yeux bleu-vert semblaient perdus et ses lèvres pincées lui donnaient un air affligé.
- Tu vas bien ? finit-il par lui demander.
Le reflet de Theran Kenobi cligna des yeux plusieurs fois et inspira. Il allait parler, mais au dernier moment dut changer d’avis et secoua la tête. Qui-Gon alla le rejoindre derrière la porte et attendit quelques secondes avant de reprendre la parole.
- Des nouvelles de l’équipe envoyée par le conseil ?
- Non, répondit Theran. Je pense qu’ils sont arrivés mais ils ne m’ont pas contacté. Le temple n’a pas eu de nouvelles ?
- Aucune idée, je n’ai parlé à aucun membre du conseil avant de partir.
Le jeune homme hocha la tête d’un air absent.
- Theran ? Que s’est-il passé ?
- Rien, réagit le chevalier, un peu trop vite.
- Tu en es sûr ?
Kenobi leva les yeux vers Jinn, son meilleur ami depuis ses débuts au temple, et se mordit la langue, ne sachant que faire. Qui-Gon s’apprêtait à le pousser à lui révéler ce qui le contrariait tant lorsqu’un énorme vacarme retentit dans la rue. Il y eut un bruit de tôle raclant la pierre des murs, puis un fort grincement de métal, et tout redevint silencieux. Le land speeder gris qui était entré en collision avec celui de Roen Istesna - garé dans la rue, comme d’habitude - n’avait pas encore totalement fini sa course que les deux Jedi se ruaient déjà vers son conducteur, un jeune homme d’environ dix-huit ans vêtu d’un habit de couleur crème.
- Par tous les…, commença à vociférer Roen en sortant de chez elle.
Elle s’interrompit lorsque son regard se posa sur la victime de l’accident et les deux hommes qui se trouvaient déjà à ses côtés.
- Je vais appeler des secours, lança-t-elle à Theran avant de retourner dans sa maison.
Pendant ce temps, le chevalier avait sauté à l’arrière du speeder afin de se rendre compte de l’état de l’apprenti Jedi, et Qui-Gon décrochait la ceinture de sécurité qui s’était coincée. La respiration du blessé était rapide et saccadée, ses paupières serrées par la douleur. Lorsqu’il sentit les mains de Theran sur ses tempes et les ondes réparatrices qu’il faisait affluer, le jeune Jedi ouvrit des yeux fiévreux et posa son regard sur Qui-Gon, qui s’efforçait de maintenir une certaine pression sur une de ses nombreuses blessures.
- M… maître Jinn ? croassa-t-il.
Qui-Gon leva la tête vers lui. Il se souvenait avoir croisé le garçon dans les halls du temple mais ne connaissait pas son nom.
- C’est moi. Vous faites partie de l’équipe envoyée par le conseil…
L’apprenti hocha rapidement la tête et siffla entre ses dents sous l’effet d’une vague de douleur.
- Je suis le padawan Luedle… Mon maître… S.. Sair Vo… Vorissé est…
Il ne parvint pas à finir sa phrase, un sanglot lui serrant la gorge.
- La créature l’a… tué…, dit-il enfin.
Theran, tout en continuant de prodiguer ses ondes de Force, lança un regard troublé à son ami.
- Vous l’avez vue ? interrogea-t-il.
- Oui, affirma Luedle, qui éprouvait de plus en plus de difficulté à garder les yeux ouverts. Aux ruines… Il n’y a pas de dou…te… C’est bien un Omyn…
- Mais je suis moi-même allé aux ruines et je n’ai rien vu, ne comprenait pas le chevalier.
- Il se… cachait… sans doute, répondit Luedle en prenant une inspiration tremblotante.
Il tendit une main ensanglantée vers Qui-Gon, qui la lui serra doucement.
- J’ai essayé…, gémit l’apprenti. Oh Force j’ai… fait ce que j’…ai pu !… Nous… avons éch…oué…
Il hoqueta une fois et sa main se crispa dans celle de Qui-Gon, puis tout son corps se détendit complètement.
- Non ! cria Theran en redoublant d’efforts.
Il ferma les yeux et envoya tout ce qu’il put, transféra même de sa propre énergie vers le garçon pour qui il ne pouvait déjà plus rien, jusqu’à ce que ses forces vacillent et ne menacent de l’abandonner. Qui-Gon s’était approché de lui et lui agrippa les bras, l’obligeant à rompre le contact.
- Theran. Theran ça suffit, lui dit-il avec fermeté. Il ne fait plus qu’un avec la Force maintenant.
Le jeune chevalier se dégagea violemment des mains de Qui-Gon et baissa la tête.
- Un gosse… Ce n’était qu’un gosse, Qui, souffla-t-il.
- Je sais, répondit Jinn en passant une main dans le dos de son compagnon.
Kenobi rouvrit les yeux, et Qui-Gon fut choqué par ce qu’il y vit. Une froide dureté qui rendit leur exceptionnelle clarté plus glaciale, et une détermination implacable.

Avec le recul, Qui-Gon se rendait compte à présent que c’est à ce moment-là que tout avait changé, que Theran avait pris sa décision et avait par là-même fixé sa destinée.
La mort du jeune padawan Luedle avait été le déclencheur d’événements en chaîne dont il n’avait pas suspecté l’ampleur à l’époque. Il se souvenait maintenant du drame dans sa totalité, le fait que l’apprenti avait su qu’il lui restait peu de temps, et qu’il l’avait utilisé pour prévenir le seul Jedi qui habitait sur la planète où il avait été envoyé avec son maître, dont on retrouva le corps quasi-intact dans les ruines de la forêt de grystil.
Qui-Gon se souvenait aussi que seulement quelques minutes après le tragique décès, il avait eu cette conversation avec son meilleur ami, où il avait accepté de retourner sur Coruscant avec Xanatos afin de demander au conseil l’autorisation d’intervenir. Il avait pourtant senti la trop grande témérité de Theran lors de cet échange, il l’avait remarquée, mais il avait préféré l’ignorer, ne la considérant pas à sa juste valeur. Si les choses avaient pu être différentes, jamais il ne serait reparti, laissant le jeune chevalier encore peu aguerri face à une chose contre laquelle il n’était pas capable de se mesurer.
Theran s’était retrouvé seul, avec une bien trop lourde responsabilité sur ses épaules, et Qui-Gon n’avait pas été là pour lui. S’il était parfaitement conscient que sa mort n’était pas de sa faute, il était persuadé qu’il aurait pu l’aider de manière plus efficace.
Si seulement il avait été là quand il le fallait.
Si seulement il n’était pas parti.

~*~


“Cette attente n’en finit plus. Cela fait maintenant une semaine que Qui-Gon est reparti et je n’ai toujours aucune nouvelle. Je n’en peux plus de passer mes journées avec l’espoir d’avoir un message sur l’holocom, j’ai perdu toute concentration, je ne suis même plus capable de méditer. Ces… visions me viennent sans arrêt ; au début ce n’était que durant la nuit, mais à présent… Elles m’obsèdent même la journée. Je ressens continuellement cette présence abjecte, sa monstruosité encore plus ignoble que je n’aurais jamais pu imaginer, je l’entends presque murmurer à mes oreilles. Ca en devient étourdissant. Et quand j’arrive à m’extirper de ces cauchemars éveillés, je vois Eanel et Obi-Wan… Force, Obi-Wan, si fragile, si innocent… Chacun de ses rires heureux me transperce de part en part, littéralement douloureux à entendre, me rappelant instantanément ce que je risque de perdre si je n’agis pas rapidement. Tout ce temps qui passe semble me retirer toute chance d’empêcher cette vision de s’accomplir. Cette angoisse insupportable me déchire de l’intérieur et la seule chose que je pourrais faire pour l’apaiser serait de passer à l’action.
Le conseil n’acceptera pas de se ranger de mon côté cette fois, maintenant que j’ai besoin de leur soutien plus que jamais. Je le sais parfaitement. Mais alors pourquoi quelque chose me dit que je devrais continuer de patienter jusqu’à ce que Qui-Gon m’appelle ? Alors même qu’une autre partie de moi s’époumone à me dire que si le conseil prend une décision en ma faveur, ce ne sera que trop tard…
Je ne peux plus me permettre de douter. La vie qui m’importe le plus en ce monde est menacée et je ne resterai pas les bras croisés à attendre tranquillement que tout ce à quoi je tiens me soit arraché. Je ne peux pas l’admettre. Je suis conscient du risque énorme que je prends, du danger qui m’attend assurément. Deux Jedi ont déjà été défaits avec aisance et je sais ce que cela implique. Mais je n’ai pas le choix, je ne peux me débarrasser de cette image atroce… De l’absence de vie dans ce visage… De ce funeste rire victorieux… Non c’est terminé. Plus de passivité. Malgré la quasi-impossibilité de réussir, je dois au moins essayer. C’est mon devoir de père et de mari que de protéger ceux que j’aime et qui dépendent de moi.
Je n’arrive pas à en parler à Eanel. Elle ne sait pas pour mes visions. Inutile de l’inquiéter. Et pourtant… s’il m’arrive quelque chose… Je dois lui faire confiance et espérer qu’elle saura surmonter ce qui sera sans nul doute une terrible épreuve. Je ne pensais pas pouvoir un jour ressentir des émotions si contradictoires, et pourtant... Est-ce… une trahison, que d’intervenir pour le bien des siens sans les consulter ? Qui-Gon saurait m’apporter ces réponses. Tout comme Yoda, qui a toujours été là pour me conseiller et me guider. Mais si je le contactais et que je lui exposais mon problème, je suis sûr qu’il arriverait à me dissuader et je ne le veux pas.
J’irai aux ruines demain, c’est décidé. J’espère pouvoir en revenir et m’excuser auprès d’Eanel pour lui avoir dissimulé cette histoire. Mais si la créature a raison de moi, je laisserai un message à l’intention de Qui-Gon uniquement, où je lui donnerai des instructions. Il faudra qu’il prenne le relais et qu’il emmène Obi-Wan loin d’ici, loin de toute menace, qu’il le ramène au temple. Là-bas je sais qu’un maître finira par le former, si je ne suis pas là pour le faire. Je regretterai infiniment de ne pas être là pour lui, de ne pas l’accompagner de façon plus active sur le chemin de la vie mais je suis convaincu de faire ce qui est juste. Depuis quelques mois je ne contrôle plus la Force aussi bien qu’avant, mais en ce qui concerne ces événements, sa volonté m’est particulièrement claire.
Ce journal… si je ne rentre pas demain, je pense qu’Eanel le lira, avec l’espoir de trouver des explications. Il n’y en aura hélas aucune, car moi-même je ne peux justifier mon impatience et ce que me dicte mon instinct. Elle pourra peut-être se rendre compte à quel point je l’aime et réaliser que quoi qu’il arrive je serai toujours à ses côtés, même si elle ne peut pas me voir. Qu’il lui suffira d’ouvrir ses sens pour me sentir là, tout près… Toujours.
Peut-être même qu’un jour, qui sait, quand il sera assez grand, Obi-Wan lira ces quelques pages et aura appris à connaître son père. J’espère qu’il aura la force de me comprendre et… de me pardonner ?
Etrangement, je n’éprouve aucune peur. Du regret peut-être, de la confusion, mais je n’ai pas peur. Je ferai ce que j’ai à faire et je ne reculerai pas. Ne partons pas défaitiste, j’ai envisagé le pire, mais je suis sûr que demain soir nous pourrons reprendre notre vie comme avant, et tout ne sera plus qu’un mauvais souvenir.
Que la Force soit avec nous…”


Obi-Wan était arrivé en bas de la page et se redressa soudain dans son siège, le souffle court, le cœur battant, la gorge serrée. Il posa un doigt légèrement tremblant sur la touche qui le ferait passer à la page suivante, et appuya. Puis avec une extrême lenteur il releva les yeux vers l’écran, craignant ce qu’il y trouverait.
Rien. Juste de la lumière bleutée. Aucun texte. Le journal avait touché à sa fin. Ne pouvant se résoudre à l’éteindre, pris par l’idée saugrenue qu’un tel geste signifierait tirer un trait sur ce qu’il y avait lu, il reposa simplement le bloc toujours allumé sur la table. Il ne réalisait que trop bien qu’il venait de lire les derniers mots de son père, ses dernières pensées avant de partir combattre un adversaire qui avait fini par triompher. Voilà, il les avait eues, ces réponses qu’il cherchait. Il connaissait la vérité à présent, et souhaitait presque ne pas y avoir été confronté. Il n’y avait désormais plus le moindre doute : Theran Kenobi avait été tué par un Omyn, et ce Omyn se trouvait encore dans les bois de Seliph, seulement à une heure en speeder depuis Vestenda. Ce même ennemi avait réussi à le joindre à plusieurs reprises dans le but très clair de l’attirer jusqu’à lui. Après le père, il voulait le fils.
Obi-Wan serra les dents et hocha la tête. Il ne se lancerait pas tête baissée dans le piège qui lui était tendu, mais il ne commettrait pas l’erreur de négliger cette menace, et se préparerait en conséquence afin d’être à même de riposter si la nécessité s’en faisait sentir. Il possédait déjà toute la connaissance dont il avait besoin, était au courant des points faibles des Omyns et savait également que le meilleur moyen de ne pas se faire atteindre par une telle créature qui affectionnait la Force plus encore qu’un Jedi était de se couper totalement de cette même énergie. Cette méthode de combat allait à l’encontre de sa nature, mais le jeune chevalier réalisait qu’il s’agissait là de son meilleur atout. Dès ce soir, il commencerait son entraînement sans la Force, réapprendrait tous les mouvements, toutes les techniques de combat et de défense sans le soutien et la sérénité que lui apportait constamment cette puissance qui pulsait en harmonie tout autour de lui.
Si les circonstances l’exigeaient, cette chose qui avait assassiné son père trouverait un adversaire de taille, il en fit le serment.

~*~