Voici ma critique de Rogue One. Afin d'être le plus précis et objectif possible, j'ai analysé le film sous trois angles distincts. En tant que blockbuster, en tant que film de guerre et en tant que film
SW.
MAis avant, deux points de polémiques. Je n'ai pas payé ma place, j'ai eu une invit gratos.
Depuis juin j'ai affirmé que les reshoots été importants et que la com officielle était un tissu de mensonges. L'analyse des bandes annonces et du film, le confirme.
" Le courage c'est de rechercher la vérité et de la dire, c'est de ne pas subir la loi du mensonge triomphant qui passe et de ne pas faire écho, de notre âme, de notre bouche et de nos mains aux applaudissements imbéciles et aux huées fanatiques."
Rogue One, un blockbuster
Une belle réussite. Un des meilleur film du genre de 2016. Le film possède une narration limpide et un rythme qui va crescendo. Ni rushé, ni sur courant alternatif, le film se déroule en laissant assez de temps au spectateur pour saisir les enjeux, profiter des décors tout en allant à l'essentiel de son histoire.
Les décors sont magnifiques et instillent au film une ambiance propre. Ils donnent l'impression d'être vraiment dans une autre galaxie. Et toute la direction artistique va dans le même sens, à la fois inventive et s'insérant dans l'univers visuel déjà connu.
Les batailles spatiales sont à la fois lisibles et foisonnantes. Cette dualité est très difficile à obtenir et ici, elle contribue parfaitement à rendre le final très agréable à suivre.
Enfin, le film comporte de nombreux plans de pur cinéma. C'est à dire des plans où l'image parle bien plus que des lignes de dialogues. Le croiseur au dessus de Jedah city, l’éclipse, Vador, la plage, Cassian dans l'obscurité. Les blockbuster ne proposent habituellement pas autant de plans où la symbolique et la narration se mélangent aussi profondément.
Amateurs de blockbuster, capables de passer outre les facilités scénaristiques et les clichés contemporains, ce film vous ravira.
Rogue One, un film de guerre
Afin d'être indulgent, le film sera vu en tant que film de guerre et en tant que film de guerre dans un univers de fantasy.
Dans la définition du genre, le film de guerre est un film qui n'est jamais neutre. La guerre est un support pour parler de sujet politiques, humains. Il est l'illustration d'une thématique que les personnages font vire.
Et sur ce plan là, le film est absolument raté. La faute à des structures du genre et à des personnages laissé à l'abandon. Pourquoi ? Car le film ne veut pas adopter aucune profondeur. A défaut, les personnages sont laissés à leurs questionnements individuels. Il n'y a pas de vraie thématique commune permettant de dépasser les questions individuelles. C'est d'autant plus grave que le film veut aborder bien des thèmes inhérents à l'oppression, l'affrontement armé. Mais le traitement ne les aborde que comme des prétexte à enchaîner des péripéties.
Les personnages sont donc plus utilitaires qu'autre chose et l'on peine à s'attacher à eux. Ils peinent à nous faire ressentir de l'empathie pour eux.
Les deux exemples les plus probants sont Gallen Erso et Krennic. Le premier n'a aucune scène pour exister, et le second est un paillasson sur qui tous les personnages du film viennent s'essuyer les pieds (la famille Erso au complet, Vador, Tarkin, Cassian).
Cette faillite de l'antagoniste est une faute impardonnable pour un film de guerre.
Et au passage, pour porter la thématique de Cassian, Mads Lors de la Mostra de Venise 2009. Données clés. Nom de naissance, Mads Mikkelsen aurait été bien plus approprié (plus âgé, plus la gueule de l'emploi) que pour un Gallen Erso où n'importe quel acteur lambda aurait suffi, vu le rôle sous exploité.
Enfin, les structures d'un film de guerre sont très mal traitées. Le commandement est montrée sous l'angle d'une incurie politique. Ainsi, en voulant laisser le sort entier entre les mains des protagonistes, on affadit la nature du conflit, on fait perdre de vue la logique d'ensemble. La guerre n'a plus de raison. Et tout aussi insensée que soit une guerre, elle peut toujours être expliquée par la raison. Tout comme la folie est décrite par la psychiatrie.
Dès lors, le film déroule une guerre/affrontement/bataille sans stratégie, les protagonistes se jetant dans l'action sans aucune préparation, sans plan.
Sans de telle structures, le film rate son objectif d'exister dans le genre.
En revanche, le film, par sa réalisation caméra à l'épaule très lisible (ce qui est là aussi assez rare), utilise à bon escient toute la grammaire visuelle des films d'actions guerrier voire des meilleurs films de guerre connus.
Dans sa forme, le film propose une mise en scène remarquable d'une guerre dans univers de fantasy. Dit autrement, une fois lancé dans l'action, dans les batailles, le film flirte avec les clichés mais éviter de tomber dedans et propose des séquences visuelles qui vous prennent aux tripes.
Le bilan est donc mitigé. D'un coté dans le genre le film échoue, mais en tant que produit dérivé du genre, il est très réussi.
Rogue One, un film Star Wars
C'est ici que le film possède sa plus grande faiblesse. Comme dit avant, le film arrive sur la forme, à proposer un approfondissement de l'univers, tout en sachant ne pas reproduire le type de mise en scène utilisé jusqu'alors, sur le fond, il y a une grande rupture.
Rogue One veut proposer une actualisation de l'univers, en montrant du « gris », en voulant mettre de la nuance. Pourquoi pas, mais le traitement n'est pas à la hauteur et surtout, il ne fait qu'éroder les structures de la saga, au lieu de les renforcer.
L'Empire est montré comme un monceau d'incapables. Aucune stratégie, mou dans sa réaction (le passage sur Kafrene) et gros bourrin capable de tuer ses propres troupes.
La Résistance est composé de brute sans principes (la mission de Cassian, quelle idiotie juste là pour faire dans l'avilissement de la rébellion) et commandé à moitié par des pleutres.
Autant d'éléments attestant la volonté faire un film actuel avec les clichés inhérents à notre époque et non pas un film dans l'univers de Star Wars.
Cette injection de clichés déjà trop vus, fait perdre de vue l'essence de la saga, son message positif mais pas niais, lumineux mais pas sans noirceur.
La fin du film se voulant un combat pour l'espoir est si mal amené qu'il passe pour un prétexte afin de se raccrocher aux branches, après tout un film passé à montrer le contraire tant aucun personnage ne suit un idéal.
Dans la saga, on se bat pour quelque chose, dans RO on se bat contre quelque chose.
Enfin, si les personnages connus sont bien traités, la présence à ce moment là, d'un vaisseau diplomatique dans un vaisseau amiral lors d'une attaque d'une planète ennemi, c'est stupide. A vouloir flatter les fans à tout prix et au détriment de l'univers, on en arrive à de telles bêtises.
Si vous pouvez passez outre ces contre sens, le film vous sera un Star Wars agréable. Sinon, vous allez détester cette histoire, à cause de ses simplismes sapant les principes de la saga.
Et pour donner le point de vu d'un ami qui a vu le film :
« Ce film possède tous les ingrédient pour faire un grand Star Wars, mais le traitement n'est pas à la hauteur et le ratage n'en est que plus grand. »
« Il n’y point de plus cruelle tyrannie que celle que l’on exerce à l’ombre des lois et sous les couleurs de la justice. »