Obi-Wan & Anakin – Réceptifs et Hermétiques, par Charles Soule et Marco Checchetto
Cela fait trois ans qu'Anakin Skywalker est devenu le padawan d'Obi-Wan Kenobi mais déjà, le jeune homme doute de sa place au sein de l'Ordre Jedi... aussi a-t-il pris la décision de le quitter, afin d'explorer la galaxie et se forger ses propres opinions. Mais avant cela, Maître et apprenti partent pour Carnélion IV, une planète isolée qui a récemment demandé de l'aide aux Jedi. Ravagée par une guerre opposant deux factions rivales, Carnélion IV pourrait bien être la dernière mission Jedi d'Anakin Skywalker, ou bien la première d'un lien revigoré entre Obi-Wan et lui. Si, bien sûr, les manigances de Palpatine ne s'en mêlent pas...
Enfin ! Après un an et demi d'exploitation de l'univers trilogique – la seule exception concédée étant la série régulière mais annulée
Kanan – voilà que Marvel se décide d'enfin exploiter Anakin Skywalker, Obi-Wan Kenobi, le Chancelier Palpatine et l'Ordre Jedi, qui plus est dans une période qui, même à l'époque de l'
UE Legends, était peu développée : les dix ans séparant
La Menace Fantôme de
l'Attaque des Clones ! Voilà un programme alléchant !
Du moins en théorie.
Car en pratique, c'est pas encore ça. Le scénario est signé Charles Soule, qui commence à s'installer durablement sur la licence entre cette mini, une précédente consacrée à Lando et la série régulière
Poe Dameron. Le hic, c'est que le scénario, ici, est connu et archi-connu : prenez n'importe quel roman jeunesse de la série
Les Apprentis Jedi, et vous y êtes : une planète paumée, qui n'a guère entendu parler des Jedi, deux factions en guerre pour des raisons foireuses (Charles Soule, ici, « simplifie » encore plus les choses... puisqu'on ignore pourquoi le conflit existe!), une intervention, des doutes du plus jeune Jedi qui se demande s'il ne faudrait pas les aider, le Maître, lui, se contentant d'arborer une confiance en soi et des phrases du style « faisons confiance à la Force pour y voir plus clair ». J'exagère à peine. Les rebondissements en deviennent presque prévisibles.
Alors oui, le petit plus sympathique, ce sont les flash-backs, chaque numéro nous rapprochant de la situation que vivent Anakin et Obi-Wan au début de l'arc. C'est dans ces flash-backs que le scénariste nous livre les scènes les plus intéressants : Anakin qui affronte Dark Maul (enfin, d'un certain point de vue... même si, là encore, le concept rappelle une idée de
Jedi Quest) et surtout, Anakin qui accompagne Palpatine dans les bas-fonds de Coruscant. Superbe Palpatine, d'ailleurs, Soule a trouvé sa voix, on a l'impression d'être devant le film et d'entendre Ian McDirmid ou son doubleur VF s'exprimer.
Toutefois, les flash-backs devraient être la cerise sur le gâteau du scénario, pas les miettes que l'on cherche pour contenter notre faim.
Tenez, un autre exemple : dès les premières pages, on apprend qu'Anakin a décidé de quitter l'Ordre. Sauf que le sujet n'est plus du tout abordé, mentionné, jusqu'aux dernières pages, où la décision finale du jeune homme est prise, comme ça, sans raisons. C'est vraiment limite...
Aux dessins, on retrouve Marco Checchetto, en grande forme depuis sa demi-prestation dans
les Ruines de l'Empire. Ce qui saute immédiatement aux yeux, c'est bien évidemment la beauté de l'album, les décors, les couleurs, l'ambiance steampunk, les ambiances qui varient entre les décors naturels de Carnélion IV et les environnements de Coruscant... Alors oui, lorsqu'on démarre la lecture, on ne peut qu'être subjugué par le talent du dessinateur italien. Après, à la longue, pour moi, ça se complique.
Ça se complique parce qu'au fur et à mesure, les environnements qui donnent une furieuse impression de peinture numérique finissent par lasser, un peu comme le film
La Belle et la Bête (version Christophe Gans) que j'ai vu il y a quelques jours, tiens : c'est beau... mais c'est froid. Il manque quelque chose. Une mise en scène plus détaillée ? Des décors qui font plus « vrais » ? Un découpage plus dynamique ? J'ai du mal à mettre le doigt dessus. Mais tout n'est pas parfait. Je préfère largement un Larraz sur
Kanan ou un Immonen sur
Star Wars.
Entre un scénario pas mal vide, quelques flash-backs intéressants et des dessins certes beaux mais qui manquent d'âme, le bilan n'est pas forcément positif. Dommage. Les personnages méritaient mieux... et ce n'est sans doute pas demain la veille qu'on aura une suite. Pourtant, une ou deux pistes glissées ici et là pourraient être intéressantes.
Note : 55% (allez, pour faire mon Lain : 30/50 pour les dessins, 25/50 pour l'histoire – et je suis sympa)
Sinon, le sous-titre de la mini reprend le nom des deux factions rivales de la planète... mais on ignore à quoi cela fait référence. « Réceptifs » à quoi ? « Hermétiques » à quoi ?