Ltf a écrit:On peut imaginer ce qu'on veut, en tout cas le fait qu'il lui ai raconté des histoires ne fait pas partie du film.
Je n'imagine rien, dans le cas présent : à ce moment précis de l'intrigue, Obi-Wan a été terrassé par Dooku et inconscient. Il ne peut donc pas voir ce qui se trame quand Anakin décide d'en découdre à lui tout seul. Je doute qu'Anakin se soit targué devant Obi-Wan, par la suite, d'avoir décapité Dooku alors qu'il était désarmé et déjà amputé des deux mains. Obi-Wan n'aurait certainement pas apprécié ce fait d'arme, et on peut fort bien imaginer que Anakin ai été sévèrement jugé par le Conseil Jedi, qui ne tolère certainement pas le meurtre d'un ennemi désarmé, même s'il s'agit d'un Sith. La fin ne justifie certainement pas les moyens dans l'univers de
SW. J'insiste d'autant plus sur ce point que Anakin a sévèrement manqué de jugement : il aurait pu (il aurait du) laisser la vie sauve à Dooku, afin de l'interroger et découvrir l'identité du Deuxième Seigneur Sith que les Jedi recherchent : Dooku aurait pu coopérer en échange d'une remise de peine, et Palpatine aurait pu être démasqué à temps avant la fin de la Guerre. Même si Obi-Wan félicite à terme Anakin d'avoir "tué le compte Dooku", il ne connait manifestement pas les détails : Anakin lui a-t-il avoué son meurtre en l'état ? Je ne pense pas. D'autant plus que Obi-Wan est pas mal moralisateur, et Anakin n'a certainement pas envie d'avoir sur le dos une énième leçon de morale : tout cela avec l'assentiment du public, qui estime que Anakin a eu raison de se venger >> Anakin et le public ne font qu'un bien souvent dans ces situations
ltf a écrit:On n'a pas du voir la même scène
Moi je vois un Anakin hésitant et confus à éliminer son adversaire à genoux. Il dit même qu'il ne "devrait pas" le faire il me semble et il décapite le comte Dokku qu'après que le chancelier suprême ai du lui répéter de le faire d'un ton strict ! Et après ça il montre qu'il n'est pas fier de son acte. Et il faudrait aussi contextualiser les choses, la galaxie est en guerre, Maitre Windu à agit pareil dans une situation similaire, même les Jedi sont revenus sur certains de leur principe en demandant à l'un des leurs d'espionner par exemple.
Bien sur que Anakin est confus, il reste encore humain. Mais cela n'est pas incompatible avec l'idée de violence intérieure, bien au contraire ! Anakin est tiraillé entre sa volonté de rester Jedi et de vouloir se faire justice lui-même : Palpatine ne le force à rien (il fait d'ailleurs semblant d'être retenu prisonnier sur sa chaise), il ne fait que l'encourager à appliquer la loi du Talion, ce qu'il sait pertinemment être le désir secret d'Anakin. Vouloir contextualiser les choses ici m'apparait comme un piège intellectuel dans lequel le Chancelier lui-même souhaite que le public tombe : la fin justifie-t-elle les moyens ? Ce n'est pas parce que la Galaxie est en Guerre qu'on peut se livrer à des actes de violence gratuite. Bien évidemment, la Guerre déploie toujours le mauvais côté des hommes, l'histoire nous le prouve : La WWII, finalement, n'est qu'un prétexte à envahir l'Europe et exterminer les populations "ennemies" du régime fasciste. La Guerre en Syrie n'est finalement qu'un prétexte pour Bachar el-Assad pour éliminer l'opposition démocratique au régime en lui collant l'étiquette de terroriste. En bref, le public soutient inconsciemment l'entreprise de destruction de Palpatine et trouve des circonstances atténuantes aux agissements d'Anakin. La réalité cependant, c'est que les actes d'Anakin l'ont conduit sur la route de l'Enfer et d'une mort symbolique. C'est le discours de la prélogie et de la saga. Pas le mien
Ltf a écrit:Je n'aime pas cette idée de "pas" vers le côté obscur. Car cela voudrait dire qu'Anakin est devenu plus ténébreux après avoir commis ces actes, or ce n'est pas le sentiment que j'ai en regardant les films. Anakin n'est pas plus mauvais après avoir commis ces actes et il n'est pas moins bon qu'il ne l'était avant. C'est juste que la colère et la haine l'ont poussé à faire les mauvais choix à un moment, mais le fait qu'il en parle en pleurs (après le massacre du village) et regrets (après la décapitation) montre que ces actes ne l'ont pas rendu encore plus mauvais par la suite. A la limite,la seule incidence qu'ils ont sur son passage vers le côté obscur, c'est que c'est que ça a été une faiblesse qu'a exploité Sidious pour le faire basculer.
Sinon on pourrait dire que Luke a aussi fait un pas vers le côté obscur en attaquant son père avec colère et agressivité et en plus coupant sa main. Pourtant après avoir repris ses esprits il n'a jamais été autant Jedi, bah pour Anakin c'est pareil à mes yeux.
Anakin, en tant que porte parole de l'humanité, a toujours été faible et enclin à laisser aller ses sentiments. La colère et la frustration font parti de son quotidien, comme cela peut-être le cas pour n'importe lequel d'entre nous. C'est comme cela qu'il faut voir les choses à mon sens, et moins comme une "succession de paliers mysthiques" qui feraient d'Anakin une personne irrémédiablement mauvaise à chaque étape vers le Côté Obscur. Padme lui parle d'ailleurs, non pas avec le langage Jedi rigoriste, mais comme à un homme qui perd le contrôle à un moment donné de sa vie >> "La colère est un sentiment humain" ; "Il y a des choses contre lesquelles on ne peut rien" ; "Tu es trop exigeant envers toi même". Padme voit la colère d'Anakin à travers ses yeux à elle, et relativise la culpabilité d'Anakin qui se met une pression trop forte sur le dos. On pourrait d'ailleurs traduire les choses ainsi :
Anakin >> "J'ai fait une grosse connerie, le Conseil Jedi va me virer. Mais merde à la fin, keske je pouvais faire d'autre, aussi ? Ma mère a été lynchée par une bande de sauvage, j'allais quand même pas la laisser crever comme un bout d'bois moisi dans la forêt ! Ils font chier aussi, les Jedis, a m'interdire de voir ma famille !"
Padme >> "Tu as fait ce qu'il fallait pour ta maman, en tant que fils. Tu ne pouvais pas faire mieux et personne ne peut te reprocher d'avoir péter un plomb. C'est tout à fait naturel. Laisse aller tes sentiments, ne les refoule pas, ils sont la marque d'un être humain. Et en tant qu'être humain, tu ne peux pas t'empêcher de ressentir de la colère pour ce qui est arrivé."
Anakin (tout comme le public qui prend assez facilement parti) est tiraillé constamment entre l'ordre et le chaos, entre la volonté de servir et de désobéir. Qui serait assez odieux pour affirmer que Anakin n'avait pas à massacrer les Tuskens ? Qui est assez fou pour dire qu'il n'a jamais eu envie de voir Anakin se venger de Dooku ? Tout ceci est parfaitement "naturel", et répond à des sentiments humains qui n'ont rien à voir avec la Justice. Le problème, c'est le choix : vais-je accepter de me faire justice moi-même, au risque de devenir un monstre, ou vais-je décider d'en appeler au
surmoi ? Au final, dans la prélogie, nous avons tous le sentiment que Anakin est "contraint" de se tourner vers le Côté Obscur, qu'il n'avait pas le choix. Alors qu'il l'a toujours eu, malgré ses visions ! Mais le déroulement des événements nous pousse à nous en remettre nous public, tout comme Anakin, aux vertus supposées du Côté Obscur, qui promet à Anakin l'éradication de la culpabilité et l'érection de la Justice individuelle comme principe moral.
Je lis en ce moment même un excellent bouquin que je vous recommande à tous : "Dark Vador, au risque de la psychanalyse". Le livre nous décrit finalement comment Anakin a "accepté" d'être réduit à l'état d'embryon débile (dans le sens détraqué, pas déficient intellectuellement), avec un complexe d’œdipe prégnant et obsessionnel qui le conduit à être désespérément dépendant d'une figure tutélaire comme Palpatine : n'oublions pas que Anakin a grandi sans père, et que la Mère a rempli des fonctions doubles durant des années, avec plus ou moins de succès : elle n'a pas été capable de consoler son fils sur le départ, car elle était elle-même dans un état de traumatisme avancé (Anakin le ressent par ailleurs et cela participe de son trouble affectif et le renforce).