Mon libraire a été sympa : il a bien voulu me sortir du carton un exemplaire de
Princesse Leia. Du coup, un pavé en guise de critique !
Princesse Leia : l'héritage d'Aldorande, par Mark Waid et Terry Dodson
Si la Rébellion a remporté une grande victoire en détruisant l’Étoile Noire, les pertes sont lourdes. La Princesse Leia, notamment, pleure les millions d'habitants d'ALDERAAN, son monde natal détruit par la station de combat, se reprochant d'autant plus leur mort qu'elle s'en considère responsable. Lassé de passer pour une jeune femme froide qu'il faut protéger, elle décide de quitter Yavin IV en compagnie d'une autre Alderaanienne, Evaan, pour rassembler les survivants éparpillés partout dans la galaxie. Ce qu'elle n'avait pas prévu, c'est qu'il lui faudrait se battre pour imposer sa légitimité de nouvelle reine !
Début 2015, Marvel lance deux nouvelles séries régulières,
Star Wars et
Dark Vador et, dans la foulée, une première mini-série, celle qui nous intéresse ici :
Princesse Leia. Les cinq épisodes qui la constituent sont réalisés par une équipe créative connue et reconnue : Mark Waid a notamment fait ses preuves en signant de longs
runs sur des séries DC comme
JLA ou
The Flash, alors que Terry Dodson est célèbre pour ses dessins... arrondis, dirons-nous, et qui présente la particularité d'avoir signé l'adaptation en comics du roman
La Bataille des Jedi pour Dark Horse il y a près de 20 ans ! Sur le papier, l'équipe a de quoi séduire. Malheureusement, le résultat final est largement en-dessous des attentes des lecteurs.
L'idée de départ est bonne : Leia présente tout les symptômes de la culpabilité du survivant et, ne trouvant pas sa place dans l'Alliance Rebelle de l'après Un nouvel espoir, se met en tête de rassembler les survivants de sa planète natale avant que l'Empire n'exerce sur eux des représailles. Mais c'est dans l’exécution que cela pêche : Leia, au début de l'arc, est tout bonnement méconnaissable. Elle est extrêmement froide et hautaine envers ses camarades rebelles, ce qui choque par rapport à l'image que, sans doute, les spectateurs du film avaient dû se faire d'elle. Son discours après la cérémonie de remise des médailles est à ce titre édifiant, et vient ternir l'image de ce moment festif et du sourire éclatant qu'elle arbore à la fin de l'
Episode IV...
Et cela va continuer pendant toute la mini-série, qui déroule d'ailleurs un rythme d'une monotonie absolue. Le premier numéro lance l'intrigue, les trois suivants voient Leia visiter autant d'enclaves de survivants différentes avant que le dernier ne résolve le tout en deux coups de cuillères à pots. Les raccourcis sont légions, R2-D2 est trop fort puisqu'il est impliqué dans tous les coups gagnants de Leia (ou non, d'ailleurs, comme à la fin), la caractérisation de la Princesse est faite à la truelle – qui peut croire qu'elle se livrerait pour une Alderaanienne, d'autant plus traîtresse à sa cause ? Sommes-nous censés là reconnaître la Leia des films, la guerrière dans l'âme, celle qui refuse d'abandonner ?
Et donc au fil de l'arc, on rencontre différents personnages, mais qui sont très peu approfondis : la seule qui surnage là-dedans, c'est Evaan, l'acolyte/garde du corps de Leia, flanquée de l'indémodable veste jaune fluo (qu'elle a du piquer à Luke, à moins que ça ne fasse partie des tenues de base de la Rébellion) mais là encore, dès les premières interactions avec la Princesse, on se doute fortement de comment ça va finir. Et c'est le cas, sans subtilité, avec très peu de background, l'apparition en
guest d'un personnage secondaire du
Retour du Jedi n'est fondé sur rien d'autre que « hey, je t'appelle à l'aide, ça tombe bien que tu sois connu dis-donc ! »... Et des éléments comme ça, il y a en a des tas qui font que le scénario de cette mini est vraiment plat, c'est dommage !
Aux dessins, pour le coup, Terry Dodson ne livre pas une prestation déshonorante. Certes, les visages féminins se ressemblent tous, j'admets que les designs des vaisseaux sont parfois à revoir et oui, par moment, la colorisation claire dénote franchement avec ce que l'on a l'habitude de voir dans les films. Mais à titre personnel, je trouve que le dessinateur fournit un travail bien plus convaincant que ce que Salavdor Larroca peut faire sur les derniers numéros publiés en VF de la série
Dark Vador. Après, il faut bien reconnaître qu'on est loin d'une réussite totale, et à titre personnel, je préfère de loin le travail d'artistes comme Stuart Immonen ou même pour du non Star Wars, comme Ivan Reis ou Ed McGuiness.
Un constat amer s'impose donc à la lecture de cette mini-série : l'idée de départ est bonne, les quelques clins d'oeil sont sympathiques, l'idée de confier à Leia le rôle titre bienvenue. Mais l’exécution pêche à de trop nombreux endroits pour nous livrer autre chose qu'un comics quelconque, sitôt lu, sitôt oublié. Tout rentre soigneusement dans l'ordre à la fin de la mini-série, au point qu'on en vient à se dire qu'un one-shot spécial, qui analysait vraiment Leia après la destruction d'Alderaan, aurait eu plus de pertinence que ça.
Un beau gâchis, en somme.
Note : 40%
Un mot sur l'édition VF : l'ouvrage est beau, chaque numéro est précédée par sa couverture, mais les bonus sont un peu maigres : une seule page sur la constitution de la couverture du troisième épisode ! De plus, j'aurais apprécié que les crédits soient en bleus, et à la fin de l'arc et non pas en guise d'introduction !
Et pour finir, deux petites questions pour les lecteurs VO :
- le sous-titre « L'héritage d'Aldorande » (qui n'apparaît pas sur la couverture, mais sur la tranche et à l'intérieur de l'album) est une création 100% Panini, ou c'est le nom d'un des épisodes de la mini ?
- Il n'y avait pas de double page avec écrit « Star Wars – Princesse Leia » (comme pour les séries régulières au début de leur premier numéro), juste après le texte déroulant ?