AS (ça veut dire Ante Scriptum
) : je précise à toutes fins utiles que j’ai ouvert un nouveau topic parce que, 99 fois sur 100, je ne peux pas ouvrir le topic déjà existant (la faute sans doute aux pièces jointes)… Du coup, si vous voulez rapatrier mon post dans le 1er topic, merci de faire le « ménage », de façon à ce que je puisse y accéder et ainsi profiter des réactions des autres forumers et, éventuellement, leur répondre…
Ca fait maintenant deux semaines que j’ai fini
Republic Commando : Triple Zero et il est grand temps que j’essaye de dire ce que j’en pense. Et, à vrai dire, j’en pense rien de bien ordonné. C’est plutôt une suite de réflexions, parfois liées entre elles et parfois non… Par avance toutes mes excuses.
Le fond de l’histoire :Des terroristes font péter des (grosses) bombes sur Coruscant, tuant ainsi (principalement) de nombreux clones en transit sur la planète-capitale. Kal Skirata, Mandalorien, ex-instructeur de commandos de la République (parmi lesquels 3 des 4 membres de l’escouade Omega – escouade vue dans le précédent roman) et d’une escouade d’ARC (les
Null, encore plus teigneux et instables que la série Alpha), actuellement conseiller dans les renseignements militaires, prend très mal la chose : il n’aime pas que l’on tue ses p’tits gars. C’est un grand sentimental dès qu’il s’agit de clones. Du coup, il réussit à convaincre certaines huiles (parmi lesquelles le Général Jedi Zey, en charge des unités commandos) de monter une cellule anti-terroriste sans existence officielle pour régler le problème et pallier à l’absence de résultats des forces de sécurité planétaires, dépassées par les évènements… Il prend avec lui l’escouade Omega, l’escouade Delta, le Mandalorien Walon Vau (qui a formé Delta), un
Null (Ordo) et deux jeunes généraux Jedi (dont Etain Tur-Mukan, elle aussi vue dans le 1er roman).
La messe est dite : les terroristes vont pleurer leur mère !
A partir de là, on reprend la recette utilisée dans
Hard Contact/
Contact Zéro avec des clones qui ont le sens de l’humour (du moins une certaine forme de sens de l’humour) et les répliques qui vont avec… Cela ne les empêche toutefois pas de continuer à se poser des questions sur leur condition et ce, avec d’autant plus d’acuité et de cynisme qu’ils ont déjà une année de conflit derrière eux. Quant à Etain Tur-Mukan, toute Jedi qu’elle est maintenant, elle continue elle aussi de s’interroger sur le rôle des Jedi dans ce conflit, sur la façon dont la République et les Jedi traitent les clones, sur sa place dans cet Ordre, sur ce qu’il est moralement défendable ou pas de faire en temps de guerre et surtout sur ce qu’elle éprouve pour Darman, un des clones d’Omega.
Sinon, entre deux interrogations, le lecteur plongera de nouveau dans le quotidien des commandos (je cherche, je trouve, et je fais tout péter) avec toujours le même amour de l’auteur pour le matos et les armes.
La recette est toutefois enrichie de nouveaux ingrédients…
D’abord le personnage principal : Kal Skirata. Avec lui, on sent que Karen Traviss s’est fait plaisir et qu’elle a créé là « son » archétype du Mandalorien (je reviendrais plus tard sur ce « son »). Et ce personnage ne laisse aucun des autres indifférents… Et il en va de même pour le lecteur…
Ensuite les autres clones présents : l’escouade Delta et les ARC Null. Avec ces nouveaux clones et même avec d’autres, plus secondaires, Traviss continue de développer (à l’excès ?) sur la spécificité de chaque clone (qu’il s’agisse des « classes » – fantassins, pilotes, commandos, ARC – ou des individus) et sur les antagonismes qui peuvent (parfois) exister entre eux.
Ensuite, il y a, de manière générale, tout le background militaire et surtout mandalorien.Les références à la culture
Mando sont légion et le vocabulaire employé par les personnages fourmille non seulement de mots mandaloriens mais aussi d’acronymes et d’argot militaire (un glossaire est même fourni à la fin du roman et il est pleinement justifié)
Enfin, il y a le cadre : Coruscant ! Les clones interviennent sur la planète-capitale et ce sera notamment l’occasion pour eux d’être confrontés aux « autres », ceux qui ont une vie, ceux qui peuvent s’aimer, ceux qui ne combattent pas…
Le ressenti :Pour moi,
RC : TZ est un hymne aux Mandaloriens, doublé d’une sorte de mix SW-sien entre
Rainbow Six de Tom Clancy, d’
Appleseed de Masamune Shirow, du
Maître de Guerre de Clint Eastwood, l’ombre de Jack Bauer planant sur le tout !
Si vous n’aimez pas ça, passez votre chemin…
A noter que, contrairement à
Hard Contact/
Contact Zéro,
RC : TZ appelle définitivement une suite… Celle-ci pourra être « directe » ou non.
J’entends par là qu’un 3ème roman estampillé
RC aurait parfaitement sa place pour conclure les « intrigues » laissées en cours (ATTENTION : gros spoilers sur la fin du roman)
(Skirata et les Null mettront-ils la main sur Ko Sai, l’ingénieur Kaminoan qui a fui sa planète et qui serait, peut-être, susceptible de rallonger l’espérance de vie des clones ? Que va-t-il advenir de l’enfant d’Etain et de Darman ? Les Gurlanins obtiendront-ils enfin gain de cause ? Atin et Vau en ont-ils fini l’un avec l’autre ? Etain et Bardan Bard’ika Jusik ont-ils encore leur place dans l’Ordre Jedi ? La première à cause de sa relation avec Darman et de leur enfant ; le second parce qu’il se sent définitivement plus proche des Mandaloriens et des clones que de ses pairs Jedi…) mais aussi tout ce qui n’a pas pu être abordé dans celui-ci et qui mériterait de l’être, à savoir la confrontation entre Skirata et ses clones et Spar et ses nouveaux supercommandos mandaloriens ainsi que la réaction d’Omega (et surtout de Darman) et des Null à l’Ordre 66. S’agissant de ce dernier point, Luceno a certes déjà abordé ce point dans
Rise of Darth Vader mais de manière trop rapide à mon goût, compte tenu des développements possibles. N’oublions pas que les commandos de la République ont appris à réfléchir avant d’agir et que les Null ont même appris à désobéir !…
Maintenant, la saga
LotF pourrait très bien servir de suite indirecte. Après tout Boba Fett est de la partie et Traviss pourrait en profiter pour faire le point sur ses intrigues laissées en plan 60 ans auparavant (accessoirement, je verrais très bien le strill de Vau faire son retour). D’un autre côté, il y aurait là un risque de « polluer » l’intrigue principale de ce cycle avec les histoires perso de
Ma’am Traviss…
Après ces remarques d’ordre général (et relativement objectives), vous trouverez ci-dessous quelques-unes de mes réflexions plus subjectives sur ce roman et sur le travail de Karen Traviss.
1ère remarque :Fans de
24 (ou de
24 heures (chrono)) et des méthodes expéditives du personnage de Kiefer Sutherland, vous allez être servis !… Imaginez une douzaine de Jack Bauer lâchés sur Coruscant et chargés de débarrasser la planète d’une cellule de terroristes et ce, par tous les moyens jugés nécessaires ! Assasinats, torture, tirs pour tuer sans sommation, pas de prisonniers ni de témoins, les clones ne font pas dans la dentelle ; encadrés par leurs mentors mandaloriens (enfin, surtout par Skirata) et soutenus par leurs deux (très) jeunes généraux Jedi, ils ne se posent pas de questions sur leur boulot… Et c’est d’ailleurs où le bât blesse un (gros) peu : j’ai parfois eu l’impression que Traviss épousait un peu trop (facilement) certaines des idées sous-entendues par Bush : c’est bien joli les principes, mais ça empêche d’être efficace. Que Vau (le tortionnaire attitré), Skirata (celui qui dirige la cellule officieuse) et les clones envisagent la torture sans broncher, ça ne me gêne pas outre-mesure, mais que les 2 Jedi (aussi jeunes soient-ils) se formalisent si peu à ce sujet
(Etain ira mêmejusqu’à pratiquer la torture mentale via la Force ; elle le fait sans y prendre de plaisir, alors le CO reste à distance) me laisse un goût très très amer dans la bouche. Dommage que l’auteur ne se soit pas davantage attardé sur le questionnement des Jedi vis-à-vis de la torture, parce que, dans le contexte actuel, je ne suis pas sûr que cela véhicule un message très sain vis-à-vis de lecteurs qui peuvent parfois manquer de recul et/ou de sens critique. Il aurait pu aussi être utile de montrer que
les renseignements collectés grâce à la torture ne sont pas toujours utiles et/ou exacts ; or dans ce roman, quand les gens parlent, c’est pour dire la vérité et des choses importantes. C’est d’ailleurs étonnant de voir cela dans un produit
Lucasien…
Ce point-là a plombé une bonne partie de mon plaisir…
2ème remarque :Ma’am Traviss a sa vision des
Mando’ade (c-a-d des Mandaloriens) et tant pis si ça ne colle pas à ce qui a été écrit par d’autres avant elle… Pourquoi ? Parce que nombre de ses idées vont à l’encontre de l’article de synthèse (et de (re)collage de morceaux d’
UE) écrit par Abel G. Pena (spécialiste du genre) dans l’
Insider #80 :
History of the Mandalorians. Pour faire court, Pena explique (ou laisse entendre) dans son article que :
1/ Le conflit qui a opposé Mereel et ses supercommandos à Viszla et ses
Death Watch une trentaine d’année avant Geonosis était une vraie « guerre civile ». Tous les Mandaloriens (au sens large du terme) y sont passés sauf quelques
Death Watch et surtout Fett, LE dernier
true Mandalorian (Dan Wallace sera toutefois moins catégorique dans
the New Essential Chronology où il écrit que Jango est « l’un des derniers Mandaloriens »).
2/ La culture mandalorienne n’a survécu (suite à la mort de Fett) que grâce à un ARC schizophrène. Alpha-02 (ou Spar) a fui Kamino avec la tête pleine des souvenirs de son « père » pour se rendre sur Mandalore où il a recruté 200 hommes des forces de police locales ainsi que les
Death Watch survivants. Il a transformé tout ce petit monde en supercommandos mandaloriens et s’est jeté avec eux dans la guerre, aux côtés des Séparatistes. Seuls survivront Spar (encore un peu plus abîmé de la tête), Tobbi Dala et Fenn Shysa (tous deux vus dans les comics de l’ère Marvel). C’est Shysa qui décidera, des années plus tard, de reformer (une énième fois) les Mandaloriens ; et ce sont ces Mandaloriens-là que Boba Fett finira par commander dans le
NOJ et, a priori, dans
LotF aussi.
3/ Le code d’honneur des supercommandos date
seulement d’une quarantaine d’années avant la Guerre des Clones : entre les guerres mandaloriennes et l’avènement de Jaster Mereel comme Mandalore, les Mandaloriens n’ont été
que des mercenaires amoraux et assoifés de sang.
Or, que nous dit
Ma’am Traviss ?
1/ 10 ans avant Geonosis, les Mandaloriens allaient apparemment très bien, merci de poser la question… En effet, Jango a recruté (notamment) 75 Mandaloriens pour former les commandos de la République ; ce sont les fameux
Cuy’val Dar (c-a-d « ceux qui n’existent plus »), ceux qui ont accepté de passer pour morts auprès de leurs proches… et des autres Mandaloriens. Bref, ça ne colle pas trop avec la situation décrite par Pena…
2/ 1 an après Geonosis, les Mandaloriens semblent aller toujours très bien et je ne parle pas ici des hommes de Spar.
RC : TZ nous montre Kal Skirata et Walon Vau, deux
Cuy’Val Dar pour qui la culture
Mando semble bien vivante, tout comme leur peuple d’ailleurs. Nulle part, il n’est écrit, ou même suggéré, qu’ils sont les derniers de leur « race » et que le futur des Mandaloriens reposerait uniquement sur Spar et ses hommes, bien au contraire… En effet, non seulement le cas Spar n’est jamais abordé (même s’il est sûrement encore trop tôt dans la chronologie
CW pour entendre parler de lui) mais en plus (ATTENTION : gros spoiler sur la fin de
RC : TZ)
Jango est bien parti pour être « grand-père » : Darman va être papa (la maman étant bien entendu Etain) et le garçon à naître aura comme « parrain » Kal’buir (« papa Kal », surnom donné à Skirata par les ARC Null) ! Du coup, je me demande comment
Ma’am Traviss va se débrouiller dans
LotF… Acceptera-t-elle que les Mandaloriens de Fett ne soient pas « les siens » ; les opposera-t-elle aux fidèles de la « voie Skirata » ? Ou bien réussira-t-elle l’exploit de tout concilier, quitte à confirmer sa réécriture de l’article de Pena ?…
3/ Même si les Mandaloriens que l’on voit dans
RC : TZ sont prêts à faire « ce qu’il faut quand il le faut » (Skirata y voyant une nécessité, Vau un plaisir), Traviss nous dépeint (principalement dans l’article issu lui aussi de l’
Insider et traduit dans le
LucasFilm Mag 58 :
les Mandaloriens : peuple et culture) les Mandaloriens comme étant un peuple nomade de guerriers professionnels mais avec un code moral assez complexe et relativement strict. A la lecture de cet article, très explicite sur le fait que cette culture est pluri-millénaire, j’ai souvent du mal à se faire juxtaposer l’image d’un Mandalorien vu par Pena (qui essaie de lier ensemble tout ce qui a pu être écrit sur ces guerriers) et celle d’un Mandalorien vu par Traviss (qui ressemble parfois à un délire de fan). Et
RC : TZ se repose énormément (en matière de background) sur cette histoire de culture
Mando… A titre d’exemple sur ce qui me pose problème en matière de culture
Mando, le fait que Skirata transmette sa culture et ses valeurs aux clones pour qu’ils aient une « âme » et ne disparaissent pas dans le néant à leur mort. Personnellement, je trouve que ça ne correspond pas du tout à ce que l’on a pu voir/lire sur les Mandaloriens (même si j’admets bien volontiers que l’
UE ne nous a jamais donné l’occasion auparavant de les voir
de l’intérieur).
Bien entendu, il est toujours possible, en faisant preuve de souplesse intellectuelle et de bonne volonté, de concilier ces deux visions antinomiques. Le problème, c’est que je n’arrête pas de me demander si j’ai envie de faire preuve de cette souplesse et de cette bonne volonté. Traviss me donne l’impression de ne pas avoir tenu compte du travail de Pena. Ce dernier n’a certes écrit
qu’un article mais à une époque où LucasBooks veille un max à la continuité entre les différents supports, je trouve étonnant que Traviss ait eu à ce point les coudées franches pour écrire ce qu’elle voulait, sans vraiment se soucier de ce qui existait, surtout que l’article de Pena était tout sauf une antiquité couverte par la poussière…
En fait, à travers ses 2 romans
Republic Command et ses articles, j’ai l’impression que Traviss ne participe pas à une œuvre collective, à savoir l’
UE mais que, au contraire, elle s’en approprie certaines parties : les clones et surtout les Mandaloriens. Certains pourront arguer (peut-être à juste titre d’ailleurs) que Zahn procède également de la sorte mais je ne peux m’empêcher de penser (à tort ou à raison) que le fait qu’il soit l’un des fondateurs de l’
UE lui donne d’une certaine manière ce droit.
Du coup, cette impression (qui ne s’est pas dissipée au long de ma lecture de
RC : TZ) fait que je n’ai sans doute pas autant apprécié ce roman que j’aurais dû.
3ème remarque :Kal Skirata. Vous mettez une dose de Jack Bauer, deux doses de John Clark (le personnage de Tom Clancy) et trois doses du personnage de Clint Eastwood dans
le Maître de Guerre, vous secouez le tout et vous assaisonnez avec un soupçon de patte folle… Boudiou, on peut dire qu’elle l’a bichonné ce personnage,
Ma’am Traviss ! Tout le monde l’adore, tout le monde voit en lui le père qu’ils n’a jamais eu (clones comme Jedi) ; il a le cœur sur la main quand il s’agit de ses « gosses » mais c’est bel et bien une main de fer (et sans gant de velours) ; ne vous attaquez pas à « ses » clones parce que là, vous vous ferez un ennemi comme on n’en fait plus !… Ce type n’aime et ne fait confiance à personne (en dehors de ses clones) : les Séparatistes veulent tuer « ses » clones, la République s’en sert comme de la chair à canon, les Jedi si prompts à la morale ne s’embarrassent pas avec les principes en acceptant de commander ce qui n’est, finalement, qu’une armée d’esclaves sans avenir… En fait, plus j’ai avancé dans le roman, plus je me suis dit que Traviss avait tendance à trop en faire avec ce personnage, surtout en multipliant à outrance les moments où Skirata plaint (intérieurement ou non) ses p’tits gars ; on frise parfois la caricature ! J’en suis même venu à penser que Traviss n’avait écrit son 1er roman que pour préparer l’entrée en scène de Skirata ! Le « pire » dans tout cela, c’est que le personnage, bien que (très) souvent irritant, n’en demeure pas moins attachant. On tient vraiment là un personnage assez unique dans l’univers SW-sien... Que le lecteur puisse être « attiré » par ce personnage (et son côté ambigü), c’est une chose, mais que des Jedi en viennent à oublier tout esprit critique dès qu’il s’agit de lui, c’est excessif…Traviss aurait dû, à mon sens, le travailler avec un peu plus de subtilité et de nuance, tant dans son développement que dans l’effet qu’il a sur les autres personnages…
En final, ma conclusion sera de dire que, malgré les réserves indiquées ci-dessus, j’ai quand même bien aimé ce roman. J’ai beaucoup ri, je me suis attaché aux personnages, j’ai appréhendé la confrontation finale, me demandant qui allait survivre (ATTENTION : gros spoiler sur la fin du roman)
alors que, finalement, tout le monde s’en sort, offrant ainsi une sorte de happy end plutôt déplacée selon moi… J’ai aussi adoré l’immersion dans ce monde particulier des commandos, eux-mêmes baignés dans la culture mandalorienne, et je crois que certains mots resteront longtemps ancrés en moi !
Fierfek !
Ce roman, une fois mis dans la balance du
j’aime/j’aime pas, penche donc du bon côté pour moi. Mais il est loin d’emporter une adhésion totale de ma part… Son propos sur la torture me gêne beaucoup trop pour cela… Sans cela et le côté « individualiste » de l’auteur vis-à-vis de l’
UE, je me serais beaucoup mieux accommodé du côté excessif de Skirata.
Allez,
Ner Vode lisez ce roman en VO et faites-vous votre propre opinion…