Voilà voilà la deuxième partie de la trilogie "Wookie" est fin prête. Je signale juste qu'un des personnages de mon ancienne fic, Whills, est présent quelques secondes dans la fic. Donc bonne lecture et bonne chance à Lowie pour la dernière partie
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WOOKIES II : « Gloire sans honneur, et valeur sans victoire »
Les derniers lueurs de la bataille s’évanouirent loin dans les cieux, tandis que peu à peu le jour descendait dans le matin. Un léger voile de vapeur noir s’élevait au-dessus du champ de bataille, et les carcasses des droids séparatistes jonchaient le sable, les batteries encore chaudes. Les légions clones se rassemblaient en bas du QG où, immobile, plongé dans un profond silence, le maître Jedi Yoda observait Kashyyyk, belle, impassible, victorieuse.
Il entendit la rumeur des tirs clones résonner au-delà du village wookie, et se courba un peu plus sur son bâton gimer, avant de plonger dans la Force.
Sa vision se perdit d’abord sur Coruscant, près du Sénat, où les ombres s’étendaient sur un tapis d’étoile, et il sentit soudain son cœur céder à la souffrance. Un cri déchira le silence, et, un instant, la Force sembla basculer dans la plus vive des douleurs. Yoda manqua de tomber sur le sol, mais prit appui sur son bâton, avant de sentir la nuit envelopper son cœur…
Une minute s’écoula, lentement, alors que la Galaxie baignait dans le froid et la menace. Quelques brumes tombaient sur Kashyyyk, alors qu’une pluie drue s’abattait sur le QG et la plage.
La respiration haletante de Yoda s’arrêta net. Des éclairs bombardèrent son esprit, ses yeux brûlèrent dans leurs orbites, et son sang se glaça aussitôt.
Sur Felucia, une belle twi’lek succombait à la trahison des clones.
Sur Mygeeto, une longue silhouette blanchâtre chutait lourdement sur un pont, sous les tirs alliés.
Sur Cato Neimodia, le cockpit d’un valeureux Jedi s’enflammait avant de s’écraser sur la cité…
Une belle Jedi ne parvint pas à éviter les tirs de ses troupes, et sa motojet explosa sur les parois rocheuses de Saleucami…
Et, partout dans la Galaxie, la Force hurlait de perdre ses disciples, et comme des étoiles s’éteignant dans le ciel, les Jedi mourraient.
Une voix réveilla Yoda de sa stupeur. Il reconnut sans mal celle de son vieil ami, Whills, à des années lumières de lui, et peu à peu, son timbre se fit plus distinct…
- Le monde a changé, Yoda… fit Whills.
Yoda, les yeux humides de larmes, se pencha un peu plus sur son bâton et répondit à son appel.
- Une erreur, j’ai fait. Mon vieil ami, au-dessus de mes yeux la menace planait, et les lever je n’ai pas su…
- La Pierre de Karrun’Hal n’a pas pu me révéler l’ampleur du désastre… Nous étions aveugle Yoda, mais il n’est pas trop tard pour ouvrir les yeux…
Le minuscule maître Jedi entendit des voix derrière lui, et malgré les alarmes de ses instincts, il n’y prêta pas attention.
Mille questions se bousculaient dans son esprit… Qui ? Pourquoi ? Comment ? Et il sentit la nuit environner le QG de Kashyyyk, alors que quelques bribes d’images envenimaient son sang… Le Temple Jedi brûlait…
- Voyez, mon ami, voyez que l’Ordre Jedi sombre dans les ténèbres… Mais vous devez faire quelque chose… Les Sith ont changé, leurs méthodes ne sont plus les mêmes… Il était impossible de rivaliser…
Alors que le Commandant Gree et un éclaireur clone s’approchait de Yoda, la voix de Whills sembla se perdre dans les longs couloirs de la Force… Il n’est pas trop tard…
Et le blaster de Gree se pointa sur la minuscule boule verte…
Deux casques de clones ricochèrent sur le sol. L’écho de la voix de Whills s’évanouit dans la Force.
Tarfull et Chewbacca s’avancèrent vers Yoda et le maître Jedi grimpa la montagne de muscles et de poils qu’était ce dernier.
- Ma navette, au plus vite il me faut rejoindre. Traîner, nous ne devons pas.
Leurs pas se fit plus rapide alors que la nuit s’engouffrait lentement au-delà des mers, s’immisçant dans le sable et les ruines de la bataille.
Tout était silencieux, paisible. Le calme avant la tempête. L’obscurité accueillit une menaçante lumière, au-dessus du village wookie, et quelques tirs clones zébrèrent les cieux, puis plus rien.
Amoindri, las et désespéré, Yoda s’enferma dans un long silence, tandis que Chewbacca courrait dans la jungle, son ami Tarfull à ses côtés. Ils parlèrent un peu en leur langue, pendant leur course, de leurs inquiétudes et des autres Jedi sur Kashyyyk.
La forêt était muette, outre le bruit de leurs pas sur les feuilles et les branchages, et alors que la nuit ne s’était jamais fait plus profonde, Yoda émit un petit cri discret.
Chewie et Tarfull s’arrêtèrent aussitôt.
- Des amis, dans le besoin, sont.
La main du maître Jedi erra un instant dans les airs, avant que la Force ne lui impose une décision : l’Est. Les deux wookies acquiescèrent, et Chewie fit comprendre à Yoda de bien s’accrocher.
Pour la première fois depuis longtemps, un léger sourire se dessina sur les lèvre du Jedi. Il jeta un œil aux arbres, en haut, et en quelques secondes, il volait de lianes en lianes, esclaves des pirouettes et cabrioles de Chewie…
Deux lames émeraudes dansaient dans la nuit zébrée de tirs de lasers. Elles déchiquetaient métal, chair et os, et un armada de clones n’eut pas à répondre de la valeur des Jedi…
Rarrogorocka et Drewbacca éteignirent leurs sabres lasers, et observèrent d’un œil hautain l’étendue de cadavres clones qui les entouraient. Ils se frayèrent un chemin entre leurs victimes, et accueillirent Yoda, Tarfull et Chewbacca dans la clairière.
Rocka grogna qu’ils avaient essuyé une rébellion clone.
- Dans toute la galaxie, les clones se rebellent, annonça Yoda.
Drewie approuva, et s’assit sur un tronc d’arbre mort, tentant de reprendre son souffle. La bataille l’avait lessivé.
Maître Yoda descendit de l’épaule de Chewbacca et marcha un peu dans la clairière. Les rumeurs de la bataille résonnèrent dans la clairière. Dans la Force, il sentit la vie de plusieurs wookies s’envoler, comme si une bourrasque les emportait loin de la vie.
- Pour mes erreurs, le peuple wookie, paye… Les aider je ne peux, à Coruscant je dois aller. Maître Drewbacca, Maître Rocka, une aide vous devrez apporter à votre peuple, tandis que Tarfull et Chewbacca, à la navette m’emporteront.
Sa voix se fit plus lointaine, comme vide et oubliée dans sa gorge…
- Si une chance, encore, nous avons…
* * *
Ils se quittèrent au milieu des bois. Yoda, Tarfull et Chewie coururent vers le nord, et les rumeurs de la guerre se firent plus insistante auprès des wookies. Rocka et Drewie virent la silhouette de leurs amis disparaître dans la nuit, grimpèrent à un arbre wroshyrs, et se baladèrent entre les lianes, vers le lagon, et la bataille.
Un clan de wookies se rassemblait sous les parois rocheuses : un brouillard de tristesse et de fatigue se lisait dans leurs yeux, et beaucoup envoyèrent leurs femmes et leurs enfants dans la Forêt. Ils bandaient leurs arcs, apprêtèrent leurs arbalètes, préparaient la bataille sans conviction, si ce n’est celle de l’honneur et la fierté.
Rocka et Drewie joignirent leurs forces à celles, amoindries, de la rébellion wookie, et l’heure du combat s’avança quand le bruit mécanique des pas d’un TB-TT s’approcha de leur cachette. Les derniers préparatifs se fixèrent, et le groupe se scinda en deux. Au loin, des clones beuglèrent leurs ordres infâmes : « Pas de survivant ! Soyez sans pitié contre ses bêtes ».
L’ironie de la scène acheva de plonger les wookies dans cette ambiance malsaine de trahison et de terreur… Les lèvres de leurs alliés criaient qu’aucun d’eux n’allait survivre, et les flammes qui se levaient de leur village finirent de les convaincre : les wookies étaient au crépuscule de leur civilisation.
Le vent fouettait leurs pas et caressa leur longue tignasses de poils. La nuit les emportait dans un gouffre noir et terrifiant, et leur sang glacé ne circulait plus dans leurs veines. Immobile, fragile, il attendait de couler sous les assauts des clones.
Un cor sonna. Des cris wookies s’élevèrent. Les premiers tirs retentirent et résonnèrent sur la plage.
Rocka se fraya un chemin dans le tumulte et l’horreur de la bataille. D’un seul geste, il activa son sabre et disséqua un clone, puis jeta un œil rapide derrière lui. Les wookies tombaient un à un sur la plage, et leur petit groupe de résistants sembla très vite étouffé par les assauts clones.
Drewie préféra user de ses vieux bâtons Ten Shu, longues lames de bois invincibles, qu’il fit tourner au-dessus de lui, avant d’abattre deux clones à ses côtés. Il plongea dans la Force, se retourna, et fit exploser le cœur de deux ennemis à ses trousses. Il entendit avec satisfaction le bruit retentissant dans leur poitrine. Il rompit la colonne vertébrale de trois autres clones, d’un seul mouvement, entendant la marche mécanique d’un TB-TT s’avancer vers lui, ponctuant sa route de missiles et lasers…
Rocka se joignit à lui et tous deux s’élancèrent vers la machine. Ils grimpèrent à ses jambes, et Drewie donna un coup brut de Ten Shu à la poitrine du pilote, lui coupant net le souffle. Rocka prit place sur le siège, et mena la machine vers les clones… Drewie bondit sur le sable, et profita d’une jolie pirouette pour décimer la moitié d’une troupe, et l’autre moitié succomba dans les airs à sa maîtrise de la Force.
Rocka grogna à quelques wookies de suivre son TB-TT, et, dans l’horreur de la guerre, il trouva son pilotage amusant et distrayant. Il écrasa quelques clones, usa de tous les charmes de sa machine : lasers, missiles, canons à ions, bombes à protons…
Mais la ténacité, et la force, des wookies céda au nombre et aux moyens des clones. Bientôt, tard dans la nuit, le silence pesa sur la plaine et l’écho des derniers tirs résonna longtemps sur la plage. Les derniers wookies agonisant ne perdirent rien de leur valeur, et tentèrent, mourants, ensanglantés, de participer encore à la protection de leur peuple.
Quelques clones balayèrent le secteur et tirèrent sur les moindres mouvements qu’ils détectaient. Bientôt, il ne resta plus que deux wookies sur la plage.
Drewie et Rocka s’observèrent, et dégainèrent leur sabre laser, tandis que les clones affluaient autour d’eux.
- Pas d’histoire, sales bêtes, cracha l’un d’eux. On a des ordres, nous !
Son blaster visa le crâne de Drewie. Mais il n’eut pas le temps de presser la gâchette : une lame verte cisailla son bras avec une précision chirurgicale.
Les deux lames vertes tournoyèrent dans les rangs clones, mais à chaque clones vaincus, des dizaines d’autres semblèrent se mêler au combat.
La tempête de laser fit reculer les deux wookies jusqu’à l’entrée de la forêt. Le massacre continua, alors que des clones vociféraient inlassablement des « Tuez-les ! Vite ! » …
Un tir frôla la jambe de Drewie, mais un autre le pénétra en pleine poitrine, et son souffle fut coupé. Il sentit un coup brûler son bras et son épaule, et il lâcha son sabre. Il recula de quelques pas, respirant avec difficulté, aveuglé par la souffrance.
Les parades de Rocka filtraient toujours les tirs clones, mais peu à peu, ses forces diminuaient, suffoquant sous la tempête de lasers…
Soudain, le jeune wookie sentit son corps se soulever dans les airs, et, dans les bras de Drewie, il chuta lourdement sur du bois dur, au milieu d’un arbre wroshyr. Cachés par les feuillages et les branches qui les blindaient de tous tirs, les wookies profitèrent du calme pour reprendre leur souffle. Ils entendaient, vingt mètres sous eux, les clones vociférer leurs ordres infâmes. Quelques uns semblaient escalader l’arbre à la recherche des fugitifs.
- Ils sont trop nombreux, fit Rocka dans sa langue, pansant ses blessures à l’aide d’une feuille de tilleul.
Drewie dégaina ses Ten Shu et sentit ses muscles se contracter. Il devina alors cette impression d’impuissance, si proche de l’inévitable, de l’inéluctable. La nuit s’engouffra peu à peu dans son corps, s’immisça dans ses veines comme un venin lent mais indomptable. La peur, le doute, l’horreur embrumèrent ses pensées, et il refusal’inacceptable.
Il allait mourir, là, et les quelques secondes qui le séparaient de sa mort commencèrent à s’échapper de ses forces…
Il observa un moment Rocka, qui reprenait son souffle à l’ombre des feuillages. La lueur de la lune les éclaira un instant, le temps d’un regard, d’une impression, et la douleur sembla s’évacuer alors de leur pensées.
- Rocka… fit Drewie. Pars, maintenant, c’est la meilleure chose à faire.
Rocka fit quelques pas vers lui mais il leva la main, et avec le peu de force qu’il lui restait, il expliqua que plus rien ne pouvait l’enlever à une mort certaine. Pas d’échappatoire possible, mais une option : Rocka pouvait s’en tirer.
La diversion commença. Drewie était à peine sortit des feuillages, en visu des clones, qu’un déluge de tirs s’abattit sur lui. Il retomba sur le sol, liquida quelques clones, sentant avec souffrance les tirs le transpercer de tous côtés.
Le temps sembla s’arrêter un moment, comme si rien de tout ça n’était réel. Drewie s’accorda un dernier regard à Kashyyyk la belle, à sa vie, à ses bourreaux qui ne cessèrent pas le feu.
L’agonie. Puis, la délivrance, le sommeil. Aucune douleur. Plus de souffrance. Aveugle. Sourd. Mort.
Son corps ne fit plus qu’un avec la Force, à tout jamais, et il voyagea longtemps dans la nuit, l’obscurité. Rocka parvint à s’enfuir, mais c’est une autre histoire. Celle de milliers de Jedi s’achevait là, partout dans la galaxie, de la mains des clones, ou des Sith. Mais c’est une autre histoire. L’Ordre Jedi avait disparu, loin de la guerre, en attente de jours meilleurs.
Mais c’est une autre histoire.