Par pure flemme, je ne fais ici qu'un copier-coller de la critique de deux chroniques rédigées par Kano, "La Lame de La Justice" d'une part, "Opposition" d'autre part. La Lame de la Justice Attention, cette critique contient du spoiler.
Attention, cette critique contient du Dark Cador.
Oui, donc, cédant à ma vanité et mon goût immodéré pour la critique (laquelle, comme chacun sait, est plus facile que l'art visé), je livre ici mon point de vue sur La Lame de la Justice, conformément à une promesse faite au sieur Kano dans un métro parisien alors que je nettoyais avec ma langue la poussière qui s'était infiltrée sur ses chaussures.
Il y a toujours un stade où la critique devient délicate. Ce niveau auquel émettre son point de vue sur une oeuvre est... oui, bon, je vire cette présentation bien relou, et je passe à l'essentiel. En fait, j'voulions simplement dire qu'il était difficile de juger La Lame de la Justice selon les critères habituels. Des oeuvres comme Le Jedi Perdu, Le retour de Thrawn, Le Prix du Sang sortent également du cadre traditionnel, ce qui débouche sur cette question 'achement angoissante : faut-il élever le niveau d'exigence ? Ou se contenter de crier au chef d'oeuvre d'imagination ? Mais passons sur ces vagues considérations. Il est déjà 15 h à Paris, il fait beau, il fait chaud, donc, ne perdons pas de temps.
La Lame de la Justice constitue une espèce d'aboutissement de l'oeuvre de Kano, dont on ne peut qu'espérer qu'elle est loin d'être achevée. Elle révèle un style particulier, celui de la mâturité. Intrigue, qualité d'écriture, imagination et ingéniosité sont les maîtres mots de cette chronique décidément inventive, aussi magnifique que bouleversante. On ne peut évidemment tout dire de cet ouvrage : il est tant d'éléments à souligner qu'un commentaire ne pourrait que s'étendre sur des pages et des pages. Je me bornerai donc à fixer le cadre général, d'une part en évoquant plus précisément le personnage central de cette histoire (1), d'autre part en m'extasiant (pas d'ironie) sur l'ambiance tragique élaborée par le diabolique Kano (2)...
1) Trois épisodes de la vie d'un Jedi
Le protagoniste essentiel de cette chronique est un Jedi, et pas n'importe lequel, puisqu'il s'agit du Maître de Kano, évoqué dans Le Jedi Perdu, Maran Cahru. L'on découvrira ici comment ce noble combattant est devenu un apôtre de la non-violence, épargnant la vie plutôt que de la prendre. Comment un enfant jedi innocent deviendra un assassin aveuglé par la haine avant de se mettre en quête d'une impossible rédemption.
Ce n'est pas une biographie, plutôt trois flashes photographiques successifs à des instants particuliers et décisifs, trois tournants, en d'autres termes. Trois chocs.
Le premier, l'extermination de ses maîtres et amis, l'évasion sur fond de massacre abominable, une fuite éperdue, traduisant la nécessité pour Maran d'oublier qu'il est un enfant Jedi.
Second épisode : la révélation. Grâce à Xizor, Cahru réalise qu'il s'est trompé de bout en bout, que sa rage vengeresse n'a fait que le mettre au service d'individus sans scrupules.
Troisième épisode : la maîtrise de la Force. Maran, revenu de ses erreurs, cherche à s'accomplir dans une philosophie non-violente et dans la formation qu'il délivre au jeune Kano. Mais le destin ne le lâchera pas : la rédemption de Cahru, l'ancien assassin, passera par l'expiation.
L'on est d'emblée tenté d'établir un parallèle avec la formation de Luke Skywalker. Là où ce dernier *découvre* dans
ANH qu'il possède un potentiel Jedi, Maran *doit* l'ignorer. Là où Luke découvre la véritable identité de son père dans TESB, Maran prend conscience qu'il a été utilisé par le Mal : l'un et l'autre auront un passé sombre à assumer. Et là où Luke finit par devenir Chevalier Jedi en tuant le Côté obscur qui règne chez Vador, Maran se sacrifiera pour Kano.
C'est bien à un "roman d'apprentissage" que le lecteur a affaire. Peu à peu, du fait d'une terrible et tragique destinée, Maran Cahru finira par découvrir la véritable nature de la Force, parviendra à découvrir la bonté et la générosité qu'il n'avait fait que refouler, en somme s'accomplira en tant que Maître Jedi, un Maître autrement plus sage que Kyp Durron. La trame de la chronique est à cet égard révélatrice : au cours des deux premiers épisodes, Maran subit davantage les événements qu'il ne les suscite. C'est un "objet", non un "sujet". *On* le fait évader, un Maître Jedi (Medi Trabe) qu'il "suit docilement" lui prend la main pour calmer sa peur... Des années plus tard, il croit maîtriser son destin par le meurtre et le terrorisme anti-impérial, mais il n'en est rien : s'il s'est formé aux mille et une tactiques de l'assassin parfait, c'est par instint de survie. Il est possédé par la haine, la volonté de vengeance. Il est également manipulé par un ponte du Soleil Noir.
En bref, il ne contrôle rien. Il faudra attendre la révélation du deuxième épisode pour le voir s'accomlir dans le chapitre suivant. A ce stade, il sera Maître Jedi. Il sera tué par Kahn, mais il aura *choisi* sa mort. Et il laissera un élève perpétuer ses valeurs. Il aura conquis son indépendance. Et la mâturité nécessaire pour former un élève. Et quel élève, puisqu'il s'agira de Kano.
La boucle est donc bouclée. Medi Trabe prenait la main de Maran enfant pour le rassurer alors que les troupiers de Vador investissaient leur vaisseau. Des années plus tard, c'est Maran qui forme l'"héritier" (si l'on peut dire) de Medi Trabe sur Yavin-4 - la controverse sur la Force l'"opposant" à Kano constituant un passage clef, tant de cette chronique que de l'oeuvre de l'auteur.
L'enfant est devenu adulte. Il a réussi à surmonter les méfaits du destin. Il mourra, mais comme chacun sait, il n'y a pas de mort, il n'y a que la Force. "Et il sut combien c'était vrai..."
2) Triste monde tragique
Un profond sentiment de tristesse et de compassion pourra saisir le lecteur découvrant cette chronique - des sentiments qu'hélas j'ai eu à laisser tomber, mais... euh... bref.
Tout commence par une scène d'atrocité, des Jedi stupidement massacrés par des chasseurs de primes mandatés par Palpatine. Vador fait une apparition, mais efficace car réduite à sa plus simple expression. Le "traître" jedi n'a pas de place ici, autrement que sous les traits du tueur, de l'homme de main de l'Empereur, le Dark Vador barbouze haut-placé de l'Episode IV.
Le chapitre est d'autant plus poignant que l'ordre de Palpatine concerne également les enfants Jedi, lesquels seront passés par les armes, suivant une description somme toute pudique donc respectueuse (?), laissant la place à l'imagination, ce qui ne fait qu'accroître notre désarroi. Mais la destinée de Cahru ne s'arrête pas là. Le Jedi assoiffé de justice sera en définitive possédé par le Soleil Noir et par ses sentiments. Avant de connaître un destin expiatoire sous les coups de cette raclure de Kahn. Le pseudonyme retenu par le jeune Cahru, "Justice", résonne telle une ironie sinistre : ce symbole de sa déchéance passée, Cahru l'abandonnera au profit de son propre nom dans le troisième épisode, et ne sera réutilisé que par Kahn pour mieux rappeler à quel point le Maître avait versé dans le Côté obscur.
L'on retrouve la tristesse insondable qui se dégage, de manière générale, des oeuvres de Kano. Une tristesse alimentée par un refus assumé de tout manichéisme. Les personnages secondaires sont en effet tous présentés sous des traits qui, à des degrés divers, forcent la sympathie. Kano, bien sûr, notamment par le biais de sa relation manquée avec la ravissante Melee. Mais aussi Xizor, le Parrain détestable du Soleil Noir, chef sanguinaire mais qui pourtant se laissera aller à de l'admiration envers Maran Cahru et jouera, contre toute attente, un rôle décisif dans l'évolution positive du personnage. La réutilisation du célèbre Falleen est parfaitement conforme à l'esprit
SW et contribue à la réhabilitation de ce Vilain trop rapidement disparu.
Teydo fait également son grand retour, du moins nous fait un prologue à son intervention dans Le Jedi Perdu, toujours fidèle à lui-même, à la fois drôle et touchant. Un personnage si important, en fait, qu'il aura à prononcer la dernière réplique de la chronique.
Medi Trabe, Luke Skywalker, font également leur apparition. L'on assiste en outre à l'évolution du Groupe Kénobi, notamment l'inclusion du fascinant Ka'tar le Noghri-qui-bute-plus-vite-que-son-ombre. En bref, l'
UE officiel est fort bien réutilisé et complété, tandis que l'univers kanoéen se consolide et n'en acquiert que davantage de cohérence. Le jeu des références, extrêmement nombreuses et variées, fait plaisir à voir.
Des personnages excellement décrits, donc, de même que les lieux. Et bien sûr, les scènes d'action, lesquelles enfoncent largement celles du Jedi Perdu et révèlent l'amélioration continue du style d'écritre de Kano. Mais l'on concèdera qu'au regard d'un combattant tel que Cahru, il fallait bien bétonner ces passages ! Le combat opposant Guri à "Justice" est un morceau d'anthologie parfaitement maîtrisé. L'affrontement entre Kahn et Cahru des années plus tard est l'un des plus émouvants duels de Jedi qu'il m'ait été donné de lire,
UE officiel inclus - je me suis cru à nouveau dans l'ambiance de L'Ombre du Chasseur...
L'auteur, pour ne rien arranger, est tout aussi à l'aise dans les scènes plus tranquilles. La discussion philosophique entre Maran et Kano vers la fin de la chronique est un modèle du genre - bon, d'accord, je dis ça sans avoir lu Traitor...
Et l'humour, me direz-vous si vous êtes parvenus à endurer mon style abominablement relou ? Eh bien, l'humour fait parfois de petites percées (grâce à Kano, le personnage veux-je dire, qui sait bien profiter de la Force, au moins ). Mais il ne saurait prendre le pas sur l'émotion, laquelle s'impose grâce ou en dépit d'un rythme ô combien haletant.
EN BREF
Un récit soutenu, maîtrisé, délicat à cerner en totalité tant il regorge d'idées scénaristiques, narratives et stylistiques. Du pur Kano, mais du Kano amélioré, du Kano qui... évolue, qui passe du stade FF au stade "roman". J'ai peut-être été à côté de la plaque dans ma critique, mais ce que vous lisez là est ce que j'ai ressenti. Gasp. Le fait que je nourrisse une jalousie maladive devant tant de talent devrait constituer la cerise sur le gâteau, non ?