DRIII a écrit:Blue a écrit:Luke n'est pas n'importe qui, tout comme un Bouddha ou Jésus ne sont pas n'importe qui. Ce sont des figures spirituelles tutélaires, des personnages exceptionnels (et par là, exemplaires) qui comportent en eux quelque chose de divin qui transcende la médiocrité de notre condition. Nier cette dimension spirituelle c'est, je crois, une manière très moderne et désabusée de regarder la dignité morale d'un sage ou d'un prêtre (les jedis sont un peu les deux).
Je suis en désaccord fondamental là-dessus. Luke, c'est un personnage auquel le spectateur s'identifie dans l'OT. Il est "nous" en quelque sorte. Ses réactions sont humaines. C'est en cela que la moralité de son parcours, l'éthique de ses choix, vaut leçon pour nous, qu'on peut en tirer quelque chose.
Le spectateur qui s'identifie au héros n'a pas à s'identifier à un dieu, un demi-dieu ou un messie.
Il y a déjà suffisamment de dogmes religieux pour qu'on ait besoin de s'en créer un nouveau à travers le cinéma et la fiction. Luke a un parcours similaire à Bilbo ou Frodo chez Tolkien. Ni l'un ni l'autre ne sont des dieux même si Tolkien leur offre l'éternité.
Oui je sais, on a toujours été en désaccord là-dessus, sans qu'aucun des deux soit en mesure de convaincre l'autre. Le désaccord tient à une chose toute simple : je n'ai pas ton âge (ce n'est pas une attaque, c'est un fait objectif), et quand toi tu as interprété
SW dans l'ordre d'apparition des films IV, V, VI, I, II, III, moi j'ai interprété
SW dans l'ordre chronologique de la saga : I, II, III, IV, V, VI. Ce que je veux dire par là, c'est que les personnes qui ont d'abord connu l'OT sont, de manière générale, restées assez insensibles aux modifications profondes que la prélogie instaure sur la signification globale de la saga. Il y a un holisme dans
SW que les fans de la première heure ont tendance à trop minorer. Ce décalage se repère sur plein de points très différents (la place accordée à la prophétie, "dont on s'est très bien passés pendant 30 ans" alors qu'en fait elle est
devenue cruciale, etc). Je ne veux pas du tout faire valoir la supériorité d'une interprétation sur l'autre car, au fond, l'une comme l'autre sont fonction de la priorité herméneutique accordée aux épisodes. À ce niveau-là, elles ont la même logique argumentative.
Pour ma part, il a toujours été impossible d'interpréter
SW VI sans
SW I, II, III. Je sais bien que
SW VI a été fait avant, sans même que Lucas soit bien au clair sur ce qu'il ferait ensuite dans la prélogie. Il n'en reste pas moins que, selon moi, on ne peut pas faire comme si les épisodes I, II, III n'étaient qu'une adjonction externe sans impact sur l'économie sémantique globale de l’œuvre. Au contraire, ils achèvent sa signification en lui donnant sa pleine ampleur. Je vais faire mon Clemenceau :
SW c'est comme la révolution, c'est un bloc, et on passe à côté si on minore la prélo' pour n'en retenir que la partie qu'on préfère (ici, l'OT) et les interprétations qui datent de cette époque.
Après, indépendamment de ça, je continue de trouver qu'en soi, de façon autonome, l'épisode VI interdit l'interprétation que tu défends. Luke c'est tout sauf Monsieur Michu. C'est le fils de Vador. C'est un jedi. Et dans la galaxie, (dans l'OT), il n'y en a qu'un seul (Leïa a le don, mais elle n'est pas formée, et des autres jedis, dans les films, il n'est rien dit, Obi et Yoda étant tous les deux morts.
Mais ce débat est vain, nous le savons tous deux.