8BBY
Système Inconnu, Bordure Extérieure
De l’inquiétude… et elle ne vient pas que de moi.
Il percevait une vive tension dans le cockpit, comme si les émotions positives de l’équipage avaient disparu. Ils auraient dû fêter cette nouvelle avancée dans leur course. Pourtant, personne n’avait encore osé parler. Ils touchaient certainement au but, mais ils avaient déjà perdu beaucoup. Sa sœur jumelle, il ne l’oubliait pas, travaillait pour l’Empire et se demandait certainement quelle démarche adopter. Néanmoins, il voyait les expressions crispées de ses compagnons et cela n’augurait rien de bon. Il décida de briser le silence :
— Vant, ouvre un canal avec le Croc.
Assise dans le siège de copilote, au grand dam de Lien, elle était toujours absorbée par l’intrigante planète devant eux. Il lui donna un léger coup de coude. Elle sursauta et s’exécuta avant de froncer les sourcils.
Mauvais signe.
— Bizarre, murmura-t-elle.
— Quelque chose ne va pas ? demanda Lien en se penchant entre eux, l’air inquiet.
Cassandra tapota quelques boutons, mais avait toujours cet air frustré que Jaden avait déjà vu dans un miroir.
— Je ne capte aucun signe de Seshek…
Génial.
— Ni du Faucon, termina-t-elle.
Cela étonna le contrebandier. Solo s’était vanté de nombreuses fois de la vitesse de son appareil et, bien que le Corellien était du genre vantard, il doutait qu’il ait eu menti sur son cargo. Zoomer sifflota derrière eux et il grinça des dents.
— Comment ça « On est tout seuls. » ?
L’unité R2 insista. Jaden vérifia son radar et ne détecta rien d’autre que l’immense sphère en face d’eux. Il en profita pour lancer un premier scan, mais l’absence des deux autres vaisseaux l’inquiétait. Ils étaient partis en même temps et chaque seconde qui passait faisait diminuer les chances que les autres soient simplement en retard.
— Ils ont peut-être eu un problème d’hyperdrive, suggéra le Sullustéen.
Les deux ? En même temps ?
— Peut-être, se contenta-t-il de dire peu convaincu.
— Plus nous attendons, plus nous avons de chance de nous faire rattraper par l’Empire.
L’Alderaanien sourit face à l’ironie de la remarque de Cassandra. Il la surveillait avec intérêt afin de diminuer les chances que cela n’arrive trop vite. Néanmoins, elle avait raison, qu’elle les trahisse ou non, il ne s’agissait que d’une question d’heures avant que leur adversaire ne débarque.
— C’est donc la planète que nous cherchons ? C’est Malachor ? les interrogea Lien en sullustéen pour changer de sujet.
La voix du petit non-humain trahissait une certaine crainte, mais aussi une forte excitation qu’il n’arrivait pas à masquer. Il pensait que leur objectif final était devant eux. Jaden, lui, en était un peu moins convaincu. Il tapota son écran pour analyser le scan du monde inconnu.
— Atmosphère respirable, composition des sols principalement minérale, aucune source d’eau et aucun signe de vie. La nébulosité m’a l’air particulièrement instable et… électrique, informa-t-il les autres.
Il contempla la planète et son regard fu attiré vers une zone où semblait s’être formé un immense orage. Son scanner ne pouvait pas analyser ce qui se trouvait à cet endroit précis.
Pourquoi ai-je l’impression que c’est là que nous devons aller ?
Il s’empara des commandes de son YT-2400 et dirigea le cargo vers l’unique monde du système avec une confiance forcée.
— Seshek et Solo nous rattraperont, se contenta-t-il d’annoncer.
Aucun des deux autres ne le contredit. Ils étaient sans doute aussi impatients que lui d’enfin en finir. Le Rebelle se rapprocha irrémédiablement de la planète. Aucun autre appareil n’était encore apparu sur ses écrans.
Et s’il était arrivé quelque chose au vieux…
Il fit de son mieux pour masquer ses émotions et se convaincre que son instinct le trompait, mais en vain. Un pressentiment étrange l’envahissait petit à petit alors qu’ils se rapprochaient de ce monde vert, bien que dénué de forme de vie organique. Leurs alliés de fortune n’étaient pas là, ils étaient poursuivis par l’Empire, l’un de ses passagers était une Impériale et, pour ne rien arranger, il n’avait pas la moindre idée d’où il se trouvait.
Planète de poussière et de cendres… Je n’ai pas l’impression qu’il s’agit bel et bien de Malachor, mais je ne pense pas avoir le choix.
Toujours orienté vers la zone orageuse, il contrôla certains réglages du tableau de bord. Personne, pas même Zoomer, ne disait mot. Il aimait le silence, mais celui-ci commençait à le peser. Un sentiment d’inquiétude s’insinuait en lui. Il sentait sa bouche s’assécher et ses mains se crisper sur les commandes, rendant ses jointures douloureuses. Le crystal autour de son cou était presque glacé et il semblait en émaner un profond sentiment de peur.
— J’ai un mauvais pressentiment, grogna sa sœur à ses côtés.
Zoomer bipa de manière approbative et lui-même était loin d’être rassuré, mais ils ne pouvaient pas faire demi-tour.
— Moi aussi, mais nous ne…
La douleur lui vrilla la tête comme si quelqu’un avait décidé d’y installer un vibro-lame et de la tourner. Il entendit sa sœur pousser un cri que seul couvrait son propre hurlement de douleur. Il faillit lâcher les commandes, mais maintint sa trajectoire.
Par tous les...
— Jaden ! Ryl ! s’exprima Lien effaré.
Le Sullustéen ne semblait pas avoir été affecté par la même crise qui les avait frappés Cassandra et lui et le jeune homme crû tout d’abord qu’il réagissait à leur état actuel. Ce n’était pas le cas. Malgré sa vision troublée et la vibration qui lui agitait le cerveau, il put distinguer ce qui se déroulait par-delà la verrière.
— Qu’est-ce que c’est que ce truc encore ? grinça sa sœur en serrant toujours les dents.
Il ne trouva pas de réponse logique à lui donner. En face d’eux, l’orage avait non seulement gagné en intensité, mais s’était aussi rapproché d’eux.
— C’est une tempête électromagnétique ! s’exclama Lien.
Zoomer hulula un flot d’insultes impressionnant. Ce qui se déroulait devant leurs yeux était tout bonnement impossible. Un simple orage ne pouvait pas se transformer en tempête électromagnétique et pourtant cela venait de se passer et en l’espace de quelques secondes seulement.
Blast !
— Jaden, elle arrive droit sur nous ! le prévint Lien Tib en hurlant dans ses oreilles.
— Je sais.
— Alors, arrête de foncer dessus ! renchérit sa sœur.
Elle avait raison. Il vira de bord et le phénomène accéléra.
— Tu te moques de moi ! cracha-t-il.
Cela devint une évidence, ils allaient essuyer la tempête de plein fouet et les effets n’allaient pas être agréables. Il serra les dents si fort qu’il eut peur de les briser et se prépara au contact. Des éclairs bleutés jaillirent de plusieurs zones du vaisseau et il plongea volontairement vers la surface.
Quitte à griller autant se rapprocher au maximum de l’objectif.
Une odeur de brûlé s’infiltra dans ses narines et un éclair bleuté frappa sa main lui faisant lâcher les commandes, puis le système électrique du vaisseau lâcha.
Génial. Juste, génial.
Pour ne rien arranger, le cargo n’arrêta pas sa descente. Il s’était déjà trop rapproché de la planète verte et le Rebelle était attiré par l’attraction du monde inconnu.
Moi et mes idées à la…
Il devait réagir. Il bondit de son fauteuil et se dirigea vers un panneau de commande à l’arrière du cockpit avant de l’ouvrir. Une décharge lui secoua le bras et il jura. De nombreux câbles avaient grillé, mais il constata que la majorité était encore en état. Cela signifiait qu’il y avait encore une chance, s’ils arrivaient à réparer.
Zoomer !
Il se tourna vers l’astromécano vert et blanc, espérant qu’il était encore en état de marche malgré leur passage au milieu de la zone électromagnétique surnaturelle. Un juron en binaire le rassura avant qu’il ne puisse poser son regard sur lui. Ce petit droïde était définitivement increvable.
— Zoomer, j’ai besoin que tu…
L’unité R2 le coupa avant qu’il ne termine sa phrase en débitant une série de trille, sifflements et vrombissements pour lui expliquer son plan. Un plan qui, il devait l’avouer, était bien plus détaillé que le sien.
— Euh… Très bien, fais comme ça.
Sans se préoccuper de lui, le droïde sortit à toute vitesse pour se diriger vers l’arrière du vaisseau. Parfois, il oubliait que cette insupportable boîte de conserve était un mécanicien et il se tourna vers les deux dernières personnes présentes.
— Lien, va lui donner un coup de main et répare-moi les boucliers en priorité.
— Vu la situation, je devrais peut-être m’occuper des commandes.
Le jeune vaurien le foudroya du regard et l’autre ne mit pas longtemps à bondir.
— Bouclier, compris !
Il sortit du cockpit et Jaden se vissa à nouveau dans son siège aux côtés de sa sœur. Celle-ci était concentrée sur les divers systèmes inactifs du cargo. Il la regarda un instant, Malgré la situation dans laquelle ils se trouvaient et ses doutes sur elle, il ne pouvait s’empêcher d’éprouver un sentiment de joie à l’idée de se trouver à ses côtés.
— Si tu voulais qu’on ait un moment tous les deux, il y a des moyens moins critiques que de foncer droit dans une tempête électromagnétique.
Il ne put retenir un sourire avant d’être interrompu par une alarme qui n’augurait rien de bon et débita quelques injures qui auraient pu faire rougir un Hutt. Il savait très bien ce que cela signifiait et il se concentra pour enfouir l’appréhension qu’il commençait à ressentir. Ils n’allaient pas tarder à entrer dans l’atmosphère et, sans bouclier, cela risquait de s’avérer très douloureux. Le seul point positif était qu’ils ne se trouvaient plus au cœur de l’orage.
Je crois qu’abandonner Liana et Dina a été ma seule bonne décision de la journée. Au moins, elles sont en sécurité là où elles sont.
Cette pensée le rassura un peu alors que la couverture nuageuse sombre de la planète se faisait de plus en plus détaillée face à lui.
— Jaden ! Tu m’entends ?
Les mots avaient été prononcés en sullustéen et provenaient du système de communications.
— Lien ! Tu as pu réparer les boucliers ? espéra l’humain.
— Pas encore. J’ai pu rerouter quelques branchements pour pouvoir vous tenir au courant en attendant.
Super. Au moins, on mourra en pouvant discuter.
— Je ne veux pas critiquer tes choix de priorités, mais tu sais aussi bien que moi ce que les lumières rouges et l’alarme signifient, grogna-t-il plus agressivement qu’il ne l’avait escompté.
— Zoomer est dessus, le rassura Tib.
— Eh bien dis-lui d’accélérer !
Un flot de sons plus ou moins variés lui répondit en arrière-plan, mais il ne put en saisir toute la diversité en raison de la mauvaise transmission.
— Il te dit que tu peux aller…
— Je m’en contrefiche ! Donnez-moi des boucliers et des moteurs et il pourra me traiter de tout ce qu’il veut après !
Il coupa la transmission pour se reconcentrer sur la planète dont ils se rapprochaient. Il pouvait presque voir un compte-à-rebours s’afficher devant lui à mesure qu’ils tombaient, totalement hors de contrôle.
— Je commence à me demander comment tu as pu survivre aussi longtemps, marmonna Cassandra en s’acharnant sur un circuit de transmission qui refusait de se réactiver.
Cessant de s’acharner sur les commandes, le contrebandier se leva et déploya ses efforts sur une partie du système qui venait de se rallumer.
— Je peux t’assurer que ce n’est pas toujours comme ça.
— Vraiment ?
Il soupira, mais finit par lâcher un petit ricanement, ce qui le surprit étant donné la situation dans laquelle ils se trouvaient.
— Enfin, presque, avoua-t-il.
L’écran indiquant l’intégrité du vaisseau s’illumina à nouveau et clignota en rouge avant de passer en bleu. Les boucliers venaient de se réactiver.
Nabot, je t’adore !
— Le petit a réactivé les boucliers ! annonça la voix de Lien Tib dans le système de communications.
— Les moteurs, Lien !
Il ne fit pas attention à la plainte du Sullustéen sur son absence de remerciement et se rassit dans le siège du pilote. Il tapota quelques touches afin d’être sûr que l’énergie des boucliers était bien répartie afin de limiter les dégâts lors de leur inévitable entrée dans l’atmosphère.
— Tu te rappelles quand on jouait aux pilotes interstellaires en étant petits ? demanda-t-il à sa sœur. Ouvre les volets.
Elle s’exécuta avant de lui répondre :
— Je vois où tu veux en venir. Tu penses qu’on surjouait le côté dramatique du crash ?
Il eut un léger rire inquiet.
— Définitivement, confirma-t-il.
Le vaisseau entra dans la couverture nuageuse et il vit le bouclier commencer à rougir devant lui. Ils étaient rentrés dans l’atmosphère de la planète et il avait déjà fait tout ce qui était possible pour ralentir, mais sans moteur cela allait lui compliquer la tâche.
— Zoomer, tu en es où avec la propulsion ?!
Il n’y eut aucune réponse. Il pouvait maintenant voir un relief vert sombre et noir se détacher au travers des nuages gris.
— Zoomer ?!
Ni l’astromécano, ni le Sullustéen ne répondirent. Il pouvait maintenant distinguer des montagnes ressemblant à des pics d’obsidienne s’élever au milieu d’un sol ressemblant à des champs d’émeraudes.
— Zoomer, c’est maintenant ou jamais !
Cette fois, c’était Cassandra qui avait perdu son calme. Jaden pouvait maintenant clairement voir les caractéristiques de la planète. Il s’agissait d’un désert de sable d’un vert brillant parcouru de monts noirs glacé. En d’autres circonstances, il aurait pu trouver ce paysage joli. Il serra les dents. Il n’allait pas mourir ici. Il ne pouvait pas mourir ici et il pensa à Liana et à Dina et à sa décision de les avoir laissées en arrière. Il avait encore des choses à leur dire. Sa sœur lui attrapa le poignet et le monde autour de lui sembla reprendre une certaine contenance. Ils allaient s’en tirer. Un signal indiquant la mise en fonction des moteurs subluminiques s’afficha sur le tableau de bord. Il exulta :
— C’est parti !
Il tira sur les manettes de commande de l’YT-2400 aussi fort qu’il le pouvait. Le vaisseau se rapprocha d’une montagne, mais l’avant de l’appareil commença à se redresser. Il sentit la coque frôler la roche et les boucliers tenir bon avant que le Rebelle ne monte en chandelle quasiment intact. Le jeune homme ne put retenir un cri de joie et la pression de la main de sa sœur sur son bras se renforça. Elle souriait, rassurée elle aussi. Lien et Zoomer débarquèrent dans le cockpit interrompant ce moment de complicité.
— Désolé, annonça le Sullustéen essoufflé, les communications du vaisseau ont lâché. On essaie d’attendre que la tempête se calme ?
L’euphorie de Jaden venait de s’estomper. Il ne voulait pas y croire, mais cette tempête n’était pas naturelle. Malgré son scepticisme sur le sujet, il avait été témoin de trop d’événement inexplicables au cours des derniers mois : Le Kyber qui agissait comme un être vivant, Maul, la folie de Pazzi, la tueuse au sabre-laser, le datacron et maintenant cette planète. Quelque chose d’imprévisible entourait le secret des coordonnées de Malachor, quelque chose qui le dépassait, mais il avait toujours repoussé ses limites. Il savait ce qu’il devait faire et entreprit un demi-tour, droit sur la zone orageuse.
— Euh, Jaden, on devrait peut-être essayer d’éviter ce secteur, s’inquiéta Lien.
— Le temple dont nous a parlé Liana est là-bas, se limita-t-il à répondre.
— Comment tu le sais ?
La voix de sa sœur ne refermait aucune critique, ni doute, comme si elle comprenait.
— Je le sens.
Une force étrange l’attirait vers la tempête et des émotions de crainte émanaient de plus en plus fortement de son pendentif pendant que le cargo se rapprochait de son objectif. Quelque chose inquiétait le cristal et cela l’encourageait dans son sentiment.
— Tu… le sens ? l’interrogea Lien interloqué.
Zoomer ajouta une série de bips peu convaincus quant à l’instinct du pilote du vaisseau.
— La tempête, elle n’est pas naturelle, avoua-t-il. C’est comme si…
— Comme si elle protégeait quelque chose, termina sa jumelle.
Elle sait. Elle le sent aussi.
Cassandra et lui étaient liés par une force qu’il n’aurait su décrire. Cela avait été le cas depuis leur naissance et ils avaient rétabli l’essentiel de cette connexion. Ils étaient maintenant proche de l’orage et il pouvait clairement voir les intenses lumières zébrer le paysage devant eux.
— Jaden, on a eu de la chance de pouvoir réparer le Rebelle une fois, insista Tib. Il suffirait d’un impact et on est cuit.
Il n’écouta pas l’avertissement du Sullustéen. Cela n’arriverait pas, il le savait. Il se ferma à ce qui se passait autour de lui ne se focalisant que sur la présence de sa sœur à ses côtés, sur les commandes du cargo corellien et ce qui se trouvait devant lui. Il eut l’impression de se fondre dans le vaisseau, de ne faire plus qu’un avec lui. Il se fia à son instinct lorsque Zoomer hurla et que Lien poussa l’un de ses rares jurons dans sa langue natal. Lorsque l’éclair frappa, il l’avait déjà anticipé et fait un tonneau pour l’éviter, puis un autre pour échapper à un second trait d’électricité. Virevoltant entre les stries aussi mortelles que lumineuses, il traversa l’orage. Jamais il n’avait piloté comme cela auparavant, jamais il n’en avait été capable, mais il n’était pas seul. Il avait la sensation étrange que sa sœur pilotait avec lui, comme lorsqu’ils étaient enfants, comme il le faisait avec Liana. Une chose indescriptible dans l’atmosphère qui l’entourait semblait lui donner une énergie nouvelle. C’est alors que les vibrations du Kyber s’accentuèrent et il le vit. Il était là, entre les hautes montagnes aux arrêtes coupantes, dans une conformation semblable à celle que Liana, Dina et Neeva avaient vue chez Pazzi : Le temple et ses deux statues. Ils l’avaient trouvé. Ils avaient vaincu la tempête et un calme absolu régnait à présent autour d’eux.
— C’est… incroyable, murmura Lien. Terrifiant, mais incroyable.
Oui, c’était incroyablement terrifiant. Jaden ignorait ce qui les attendait à l’intérieur, mais il posa le vaisseau le plus près possible de l’entrée du temple. Le cargo atterrit en douceur et il coupa le système d’alimentation. Il ne voulait plus perdre de temps et se leva immédiatement avant de se retourner. Il dégaina brusquement son DL-18. Les yeux de sa sœur, toujours assise dans le siège du copilote, s’écarquillèrent. Il pressa la détente et un bruit sec retentit lorsque le halo bleu l’enroba. Lien se leva, surpris.
Voilà comment j’ai survécu aussi longtemps.
— C’est une espionne impériale, expliqua-t-il brièvement. Attache-là.
Une ombre passa dans le regard du Sullustéen. Le contrebandier avait compris depuis quelques temps la haine qu’il vouait aux Impériaux malgré le fait que le petit non-humain tentait de le cacher. Il l’avait très vite cerné. C’était ce qui l’avait maintenu en vie toutes ces années. Anticiper les réactions et le comportement des gens qu’il fréquentait, les voir venir bien assez tôt, et il excellait à cet exercice. Tib ne perdit pas de temps et accrocha une paire de menottes au poignet gauche de celle qu’il appelait Ryl Vant et au fauteuil du copilote. Elle était peut-être sa sœur, mais elle était aussi une ennemie. Il ne l’avait pas oublié et il ne pouvait laisser ses sentiments prendre le pas sur sa mission et ses chances de survie.
— On ne va pas laisser l’Empire mettre la main sur Malachor, annonça-t-il déterminé en rengainant.
Il ouvrit la porte du cockpit.
— Ni personne d’autre, annonça une voix qu’il n’aurait pas crû pouvoir être celle de Lien.
Il entendit le bruit caractéristique du rayon paralysant avant qu’un monde d’obscurité ne l’entoure. Ça, en revanche, il ne l’avait pas vu venir.