Ça y est, je l'ai enfin vu.
Sentiments mitigés. C'est pour moi l'épisode le plus faible de cette postlogie (le meilleur était à mes yeux
TLJ devant
TFA), mais, mais, mais... je n'ai pas passé un mauvais moment et il y a plein de bonnes choses et de bonnes idées.
On va commencer par le positif.
► contrairement à ce que j'ai pu lire ici et là, je ne trouve pas que ce film soit une négation, ni même une correction de
TLJ. De la même manière que
TLJ avait "subverti" les attentes après
TFA,
TROS ne va pas forcément là on l'attendait, mais il ne rentre pas en contradiction avec l'épisode précédent. La question des origines de Rey n'était pas complètement réglée donc les choses restaient ouvertes. Les arcs des personnages sont respectés : Finn en résistant désormais pleinement impliqué ; Poe est bien un leader et j'ai trouvé intéressant qu'Abrams agite de nouveau chez lui le spectre de l'échec pendant la grande bataille spatiale finale (où Poe en vient à s'excuser auprès de ses troupes) ; Rose, ex-petite main de la Résistance, fait partie de l'état-major ; Kylo Ren est un boss du PO faible et méprisé qui ne tient ses troupes que par la violence et la crainte qu'il suscite ; Hux exprime toute sa rancoeur (et Finn aussi quand il le shoot à la cuisse au lieu du bras) et sa déchéance depuis
TFA est vraiment jubilatoire (j'ai adoré toutes les scènes où il apparaît dans
TROS, notamment celle où Kylo Ren lui demande de fermer sa gueule, de la même manière que le faisait son père avec C3PO dans
ESB) ; et Rey a choisi la voie des Jedi, avec deux éléments que je trouve intéressants dans ce film : sa noirceur refait surface alors qu'elle devient de plus en plus puissante ; elle se fait battre par Kylo Ren au moment où elle a l'esprit troublé par l'apparition de son double maléfique. On est là aussi en cohérence avec ce que
TFA et
TLJ ont établi lorsque Kylo Ren perd parce qu'il a l'esprit perturbé.
► les acteurs et leurs personnages sont convaincants et humainement touchants. C'est incarné. On ressent leurs amitiés, leur amour, les tensions, leurs doutes, ça passe super bien. Mention à Adam Driver qui incarne par son langage corporel, ses expressions, le Ben Solo retrouvé. On a quasiment l'impression de voir un autre personnage et c'est franchement bluffant.
► l'humour qui reste présent, notamment avec C3PO, Babu Frik ou... Hux (ma victime préférée
). La scène du peloton d'exécution où Hux s'incruste est géniale, dans l'esprit de ce que Johnson a fait dans
TLJ.
► la gestion du personnage de Leïa est très réussie malgré les contraintes que l'on sait. Je trouve sa mort très belle, faisant un peu écho, en miroir inversé, à celle de Padmé dans
ROTS.
► le retour de Palpatine passe bien. Le fait de démarrer là-dessus dès le crawl est astucieux. Je n'ai aucun souci avec le fait que le film ne s'attarde pas à le justifier. On voit quand même qu'on a affaire à une sorte de zombie, bien amoché, voire mutilé, qui se meut grâce à un bras mécanisé. Son explosion dans l'Etoile de la Mort ne l'a quand même pas laissé indemme. Seul l'esprit fonctionne encore mais son corps est mort. A la vision du film, Palpatine et sa flotte de croiseurs m'ont évoqué des sortes de metastases. Son trône évoque un crabe, le cancer. Palpatine est le cancer de cette galaxie qui pompe la vie, l'énergie de ses hôtes.
► globalement, je trouve que l'histoire fonctionne bien et la conclusion satisfaisante. On est clairement dans le parcours arcéhtypal de l'héroïne de conte théorisé par Maureen Murdock (j'y reviendrai en détail prochainement).
► j'ai trouvé les images splendides et les nouvelles planètes plutôt jolies, notamment Kijimi dont j'ai franchement aimé l'esthétique (et j'ai aimé qu'on nous montre encore une fois la répression et la violence que subissent les populations civiles). On reste pleinement dans le registre du conte (la première séquence avec Kylo Ren et cellle avec le serpent géant semblent sortir des Nibelungen). La bataille finale complètement baroque évoque une sorte d'Armageddon galactique, l'affrontement ultime des forces du bien et du mal.
Dans le négatif, je trouve qu'il y a des soucis de narration et de construction.► la première demi-heure est beaucoup trop dense. Il se passe trop de choses. Abrams aurait gagné à alléger tout ça en dégageant des scènes qui ne servent à rien (les sauts multiples du Faucon en hyperespace, la poursuite avec les Stormtroopers volants qui n'apportent rien). Il aurait été intéressant de se poser un peu, notamment sur Pasaana, dans ce festival, et de traiter un peu plus en profondeur la rencontre avec Lando qui est un peu expédiée.
► globalement, j'ai trouvé les scènes d'action souvent illisibles, notamment la bataille finale où on a du mal à saisir les objectifs, où je n'ai pas compris grand chose de ce qui se passait, si ce n'est que c'était un gros bordel.
► la scène de Luke en Force Ghost sur Ahch-To n'est pas inintéressante, mais super kitsch. Elle m'a aussi conforté dans l'idée que le Luke dépressif et acariâtre de
TLJ est un personnage bien plus intéressant que le Luke débonnaire en mode Gandalf (Hamill ne joue pas très bien en plus dans cette scène). Johnson a eu mille fois raisons dans son orientation scénaristique (je tiens à préciser que je considère absolument pas la petite phrase de Luke sur le respect dû au sabre laser comme un désaveu de
TLJ, car Luke admettait déjà son erreur à la fin de
TLJ).
► les Chevaliers de Ren étaient un gros pétards mouillé. On les imaginait anciens disciples de Luke, donc doués de la Force. C'était finalement les pitbulls casqués de Kylo Ren qui tiennent dans ce film le rôle d'un Boba Fett. Moralité : comme pour Phasma, des concepts visuels cools ne suffisent pas à faire de bons personnages.
Je mettrai donc un 3/5.
PS : mes gamins qui commençaient à être très distants avec Star Wars ont adoré. Notamment ma fille de 12 ans qui ne voulait même pas aller le voir au ciné à la base. Là, c'est limite son Star Wars préféré après les films de l'OT.
Modifié en dernier par DRIII le Dim 22 Déc 2019 - 0:34, modifié 3 fois.