Les cendres de Jedha (Star Wars #38 à 43), par Kieron Gillen et Salvador Larroca
La planète Jedha est agonisante. Elle a survécu au tir d'essai du super-laser de l’Étoile de la Mort, mais l'Empire continue de l'exploiter encore et encore, prêt à retirer jusqu'au dernier cristal kyber. Les héros de la Rébellion se rendent donc sur place afin de soutenir les survivants des Partisans de Saw Gerrera dans leur lutte, l'occasion pour Luke d'en apprendre davantage sur l'équipe Rogue One et sur leur sacrifice. La situation empire cependant lorsque l'Empire fait appel aux connaissances de la reine Trios de Shu-Torun afin d'augmenter au maximum son rendement d'extraction...
La série
Star Wars se renouvelle puisqu'on change de scénariste : exit Jason Aaron et place à Kieron Gillen, qui a à son actif la première série
Darth Vader et les deux premiers arcs d'
Aphra. Et le changement de scénariste est réel, il est palpable, tangible, on le sent à chacune des pages de ce récit ambitieux, qui aspire à lancer une véritable intrigue sur le long cours, ce qui faisait cruellement défaut à la série depuis trop longtemps. Il en est même curieux que Marvel n'en ait pas profité pour relauncher la série.
Pour son premier arc donc, Kieron Gillen se lance dans les conséquences de
Rogue One. Le film a cartonné, et il est temps donc pour nous montrer l'opinion qu'un homme tel que Luke peut avoir d'eux (on appréciera le fait que Leia, elle, n'a pas besoin qu'on lui en parle). Ce n'est bien évidemment pas la seule chose appréciable tout au long de ces six numéros plutôt remplis, puisqu'on retrouve plusieurs seconds rôles de
Rogue One, notamment Benthic qui commence à collectionner les apparitions, mais aussi par le lieu de l'intrigue : Jedha.
Je m'attarde un peu sur Jedha : je n'ai pas du tout adhéré à la description qui en est faite, notamment lorsqu'on observe la planète depuis l'espace. Le tir d'essai de l’Étoile de la Mort était censé détruire Jedha City, et il l'a fait. Là, c'est la planète entière qui a dégusté, et méchamment. Doit-on en déduire que Scarif se retrouve donc dans le même état ?
Mais ce n'est qu'un point de détail. Pour le reste, c'est avec plaisir qu'on retrouve la Reine Trios de Shu-Torun, Gillen n'ayant pas oublié ses précédentes créations, dans un rôle qui lui va à la perfection et qui annonce encore bien des rebondissements la concernant. Vu que le personnage est très intéressant, aucun reproche à y faire ! Le commandant impérial Kanchar est également intéressant car il allie une discipline et une rigueur impériale de fer et un défi physique de taille. Lui aussi est sans aucun doute amené à revenir... et pour peu qu'on rajoute les SCAR (absents ici) dans l'équation, on se retrouverait avec un beau groupe d'adversaires pour nos héros !
Les cendres de Jedha est également l'occasion de jouer sur la dynamique de notre groupe de rebelles préféré, notamment sur le rôle qu'occupe Han Solo au sein de l'Alliance Rebelle. Le voilà obligé, afin d'empêcher que tout le monde finisse par mourir en prenant de mauvaises décisions, de prendre les commandes d'un groupe de combat. Non seulement ce passage est totalement raccord avec le film Solo, justement, mais on commence à voir se dessiner le Général Solo du
Retour du Jedi. Encore un bon point de la part de Gillen.
Le scénario n'est cependant pas sans défauts. S'il est rythmé et dynamique, certaines scènes sont un peu inutiles et donnent l'impression de n'être là que pour gagner du temps. Je pense notamment, mais pas uniquement, à toutes celles impliquant Luke et le disciple des Whills au milieu de l'arc ; on a envie, comme Leia, de le secouer et de le ramener à la réalité ! Un autre défaut est le manque de clarté de certaines actions : régulièrement, il m'est arrivé de me demander si je n'avais pas loupé un dialogue, une phrase d'explications, quelque chose qui me permettrait de mieux comprendre l'ensemble. Cela vient-il du scénario de Gillen ou des dessins de Larroca, je ne saurais le dire.
Les dessins, justement. On retrouve avec plaisir, ou non, l'inusable Salvador Larroca avec ses visages photo-réalistes qui habillent des vêtements dessinés. J'ai tout de même trouvé le dessinateur espagnol nettement plus inspiré que dans les précédents numéros, peut-être parce qu'il retrouve son compère de la première série
Darth Vader, peut-être parce qu'il peut créer davantage de personnages, peut-être également parce qu'il retrouve Trios. En tout cas, j'ai trouvé l'ensemble nettement plus digeste que dans l'arc précédent !
Bilan satisfaisant pour ce premier arc de Kieron Gillen donc. Tout n'est pas parfait, bien sûr, mais on sent une reprise en main du scénario avec ces
Cendres de Jedha. Vivement la suite pour s'assurer que c'est bien le cas !
Note : 70%