Voilà l'arrivée du cinquième chapitre. Jaden et Liana avaient précédemment quitté Jedha avec leur cargaison de cristaux Kyber et s'étaient rapidement retrouvés dans l'espace à bord d'un
désactivé, alors que des Impériaux se rapprochaient.
Chapitre 5 : Zoomer
9BBY
Orbite de Jedha, Système de NaJedhaLe
Rebelle Rouge, cargo corellien léger de type YT-2400, flottait dans l’espace environnant la lune de Jedha. Aucune lumière n’était émise depuis l’appareil et seules quelques lignes rouges peintes sur la coque permettaient à l’appareil de se détacher de la noirceur de l’espace. À son bord, les deux pilotes avaient fini par se lever de leur siège afin de trouver un moyen de relancer les moteurs. L’humain d’un mètre soixante-quinze à la veste noire était afféré dans la grande salle des machines, un bâton lumineux à la main, alors que sa copilote cherchait si un court-circuit s’était produit près des tableaux électriques dans la zone centrale du vaisseau. Bien sûr, leurs recherches n’allaient les mener à rien, car ils ne connaissaient pas le cargo et ses subtilités. Ils ne connaissaient même pas son membre d’équipage le plus fidèle.
Des imbéciles qui pensent pouvoir voler aussi facilement notre vaisseau. Je ne vais pas les laisser faire.Tapi dans l’obscurité, le responsable de la panne générale, dont étaient victimes les deux voleurs, observait la scène. Son unique œil suivait l’intrus aux cheveux bruns qui analysait chaque partie du réacteur afin de le faire repartir.
Il n’y arrivera pas. Je me suis arrangé pour que le vaisseau soit bloqué. Mes alliés viendront ensuite me chercher et ces deux impertinents subiront les tortures les plus atroces.Cette seule pensée réjouit le membre de l’Aube Écarlate. Il ne mesurait pas plus d’un mètre et neuf centimètres et on le sous-estimait donc très souvent. Pour cette même raison, il était toutefois capable de passer incognito lorsqu’on avait besoin de lui, mais n’était pour autant jamais devenu un membre à part entière de l’organisation. À son retour à la base, il ne demanderait pas de récompense autre qu’être enfin reconnu par les personnes pour qui il travaillait.
L’humain cherchait toujours la raison de la panne, lorsque la Togruta d’un mètre soixante-quatre entra à son tour dans la pièce d’un pas silencieux qu’aucun être vivant n’aurait été capable d’entendre.
— J’ai contrôlé tous les circuits électriques et je n’ai rien pu trouver d’anormal. Le problème ne vient pas de là, déclara-t-elle à l’autre d’un ton qui ne laissait pourtant pas poindre d’inquiétude.
Celui qui mesurait onze centimètres de plus qu’elle se passa la main dans les cheveux. Lui, était déjà très légèrement plus troublé, ce qui plaisait grandement au saboteur
Vous êtes fichu !Ne pouvant plus retenir son enthousiasme, il se redressa légèrement et toucha une caisse derrière laquelle il était caché. Un bruit métallique se répercuta dans toute la pièce.
Idiot !L’humain à la peau très légèrement brunie et la Togruta à la peau rouge décorée de motifs blancs se retournèrent en même temps dans sa direction. L’homme s’avança en premier. Il ne pouvait pas l’avoir vu dans la pénombre.
— Eh, toi ! Espèce de sale petite ordure !
Il l’avait vu et n’était maintenant qu’à deux mètres quarante-deux de lui. Il fallait s’échapper. L’homme ne s’était pas arrêté. Il déplaça l’une des caisses avec vigueur.
— Sors de là qu’on s’explique, ordonna l’homme d’un mètre soixante-quinze en essayant de l’attraper.
Pour se défendre, le saboteur sortit une petite pique électrique qu’il avait dissimulée jusque là et la pointa sur son agresseur. Le courant traversa le corps organique de l’humain qui s’écroula en arrière. Sans hésiter, le petit être se mit en appui sur ses trois membres inférieurs et s’élança en direction de la sortie de la salle des machines. La Togruta aux lekkus bleus et blancs se plaça devant lui pour le stopper, mais il ne ralentit pas. Il la heurta de plein fouet et elle tomba sur le côté. Le tripode faillit faire de même, mais réussit à garder son équilibre. Il effectua un virage serré à gauche, passa devant une pièce de stockage, puis devant les quartiers de l’équipage.
Je vais semer ces imbéciles ! Ils ne m’auront pas !Une décharge électrique le frappa et un fort voltage le parcourut intégralement. Il s’écroula sur le sol et son œil lui permit de voir le sol se rapprocher de lui. Il le heurta avec un grand fracas, mais ne ressentit aucune douleur.
— Joli tir Liana, déclara une voix derrière lui.
Des mains le redressèrent sur ses pieds et il se retourna immédiatement en déployant sa pique électrique dans la direction des vauriens, mais ils étaient trop loin. Tous deux pointaient une arme dans sa direction.
— Tu réutilises ce machin sur moi et je te démembre avant de balancer tes restes dans l’espace, le menaça l’homme.
Ne trouvant pas d’alternative, il rangea sa pique.
— Je ne me rendrai jamais ! Vous périrez pour avoir voulu vous attaquer à nous, balança-t-il avec vigueur en y ajoutant un flot d’insultes dans une langue qui n’était pas du basic.
L’humain qui maniait un DL-18 non conforme aux normes galactiques se tourna vers sa coéquipière en haussant un sourcil.
— Il doit avoir un problème. Il se considère comme un membre de l’Aube, traduisit-elle.
— Ben voyons !
—Ensuite il nous a dit que nous pouvions nous…
L’autre l’interrompit.
—Oui, j’avais cru saisir la signification de cette partie-là.
Ils ne me prennent pas au sérieux eux non plus.— Mes partenaires vont venir me chercher et vous regretterez d’avoir levé la main sur moi, annonça-t-il en se redressant sur ses membres inférieurs.
Il ne les lâchait pas de son œil bleu foncé dans le but de renforcer sa détermination.
— Il pense que l’Aube va venir le récupérer, expliqua la Togruta qui se faisait appeler Liana.
— Et il est au courant pour les Impériaux ?
Les Impériaux ? Il n’avait jamais été question d’Impériaux.— Je crois qu’il a dû se griller quelque chose. En tout cas, il m’a l’air un peu bizarre comparé à ses semblables.
— Mais il peut remettre les moteurs en route ?
Ils discutent comme si je n’étais pas là.— Eh ! Vous allez m’expliquer ce qu’il se passe ? Qu’est-ce que c’est que cette histoire d’Impériaux ? demanda-t-il d’une voix aigüe.
La Togruta se pencha vers lui, tout en faisant attention à rester à une assez grande distance.
— Voilà le topo : On avait l’intention de partir de Jedha sans faire de vagues, sauf qu’on a un petit peu énervé l’Empire dans la manœuvre et des soldats s’apprêtent à aborder ce vaisseau.
— Parfait ! Vous croupirez au fond d’une geôle pour le reste de votre vie. Je ne demande pas mieux, répondit le cyclope.
— Sauf que s’ils nous arrêtent, ils vont trouver la cargaison de cristaux Kyber et, vu l’immense symbole que ta maîtresse a fait peindre sur la carlingue, tu penses qu’ils mettront longtemps à faire le lien avec les activités de l’Aube Écarlate sur Jedha ?
Oh.— Je n’avais pas vu ça sous cet angle, avoua-t-il.
La jeune Togruta baissa les yeux sur son encolure.
— Voilà ce qu’on va faire R2. Je peux t’appeler R2 ? demanda-t-elle après avoir lu son matricule.
— Zoomer ! J’ai un nom, R2 ou R2-T5 ce n’est qu’une inscription ! s’emporta le petit droïde astromech.
— Très bien Zoomer, tu vas remettre les fonctions du
Rebelle en marche, qu’on puisse échapper à l’Empire. On pourra ensuite négocier sur la meilleure façon d’organiser les choses après coup.
Si j’accepte, je trahis potentiellement mes partenaires et rien ne me dit que ces deux-là ne vont pas me la faire à l’envers une fois à l’abri. D’un autre côté, si je nous laisse dans cette situation, les Impériaux saisiront le vaisseau, s’empareront de la cargaison, feront le lien avec l’organisation et ce sera de ma faute. En plus, je suis sûr d’être reformaté et forcé à les servir après ça.Cette seule pensée suffit à faire se retourner ses circuits dans ses entrailles mécaniques.
— J’accepte, pour le moment, grinça l’astromech.
La Togruta se releva avec un léger sourire et fit face à son ami.
— Parfait. On peut retourner au poste de pilotage et se préparer à se sortir de là.
L’humain, rengaina son blaster avec une légère hésitation, mais ne le lâcha pas immédiatement.
— Je t’ai à l’œil la conserve, lui signala-t-il avant de lui tourner le dos et de partir pour le cockpit.
Zoomer lui balança un flot d’insultes.
— Ces mots là j’arrive à les comprendre, nabot !
C’était le but.Le petit mécano se plaça sur ses trois pieds et roula vers la salle des machines. Il s’approcha d’un terminal et un bras extensible sortit de sa carcasse métallique blanche et vert foncé pour s’y connecter. Il analysa le flux de données et ordonna au vaisseau de remettre le courant. Un instant plus tard, les lumières s’allumèrent et le cargo émit, à nouveau, son doux ronronnement. Le pilote ne mit pas longtemps à le réaliser, car l’appareil accéléra presque aussitôt envoyant l’unité R2 valser à l’autre bout de la pièce.
Sale fils de Hutt !En bipant activement, Zoomer se releva et voulut rejoindre le cockpit pour dire deux mots au responsable de ce brusque départ, qui était très sûrement l’humain. Il sortit de la salle des machines et faillit être heurté par Liana, qui sauta par-dessus lui pour l’éviter.
— Désolée Zoomer !
Il tourna son dôme coloré de vert et la vit monter l’échelle qui menait aux quadrilasers supérieurs. C’était donc bien l’homme qui pilotait. Le vaisseau fut secoué et, cette fois, l’astromech magnétisa ses roues pour éviter d’être renversé. Il eut raison, car le cargo corellien fit une nouvelle embardée.
— Liana, tu as l’intention de me débarrasser de ces chasseurs Tie aujourd’hui ?
C’était la voix de l’humain, qui venait du cockpit.
— Jaden, laisse-moi me concentrer. C’est qu’ils sont rapides ces machins, répondit la Togruta d’une voix tendue.
On est attaqués par des chasseurs impériaux.Zoomer roula jusqu’à un terminal et put enfin se mettre au courant de la situation. Les boucliers avaient encaissé quelques coups, mais ils tenaient encore bon. Peut-être que celui qui se nommait Jaden n’était pas un si mauvais pilote après tout. Le vaisseau trembla fortement.
Ou peut-être que si.
Zoomer repéra le problème. Deux chasseurs, des modèles standards à deux canons jumelés, tournaient autour du
Rebelle Rouge. Un peu plus loin, un transporteur de troupes semblait avoir abandonné l’idée d’arraisonner le cargo. Sa connexion lui permit également de réécouter la conversation que Jaden avait eu avec un certain capitaine Dante de l’
Imperturbable après le redémarrage du système électrique. Vu les réponses que lui avait donné le voleur de vaisseau, il n’était pas étonnant qu’ils soient sous le feu de l’ennemi. Le droïde commençait à s’emparer des commandes de la tourelle inférieure, lorsqu’une voix féminine poussa un cri de victoire.
— J’en ai eu un Jad ! J’espère que tu as vu ça !
Il restait encore un chasseur à abattre et Zoomer n’allait pas le laisser à un être qui avait été conçu bien après lui. Il se saisit des commandes des quadrilasers et commença à calculer les diverses trajectoires du pilote impérial. Les tirs de Liana étaient infructueux. Il calculait toujours. Le chasseur ouvrit à nouveau le feu et le vaisseau trembla. Les boucliers étaient bientôt hors-services. Le chasseur Tie fit demi-tour pour tenter une attaque pas dessous pensant sûrement que les défenses étaient inactives à cet emplacement. C’était une grossière erreur. L’astromech avait fini ses calculs et la tourelle inférieure ouvrit le feu. L’appareil ennemi disparut des radars.
— Bien joué Liana !
— Euh, ce coup-là ce n’était pas moi, rectifia la jeune alien.
Le petit droïde émit un trille de victoire, lorsque les scanners du vaisseau, auquel il était toujours connecté, détectèrent l’arrivée de six nouveaux chasseurs.
— C’est le moment ou jamais bande d’idiots ! siffla-t-il.
Comme si, Jaden avait compris ses paroles, il sentit une légère accélération, puis tout se stabilisa. Le
Rebelle Rouge venait de passer en hyperespace échappant ainsi aux Impériaux. Zoomer se déconnecta du terminal et vit Liana descendre l’échelle. Arrivée à un mètre douze du sol, elle sauta avec grâce et atterrit avec douceur sur le sol. Un sourire aux lèvres, elle lui décocha un clin d’œil avant de se diriger vers le cockpit. Perplexe, l’unité R2 resta planté là ne sachant pas trop comment réagir.