Battlefront - Twilight Company
Auteur Alexander FreedC'est un roman schizophrène que nous propose Alexander Freed. Ne voulant pas attendre la traduction française, je me suis jeté sur la version originale en espérant un récit guerrier, viril, dégoulinant, qui sent sous les aisselles comme un film de Steven Seagal. Je n'ai pas eu Steven Seagal et heureusement me direz-vous vu le bonhomme, mais j'ai eu une œuvre schizophrène avec des idées intéressantes, mais aussi des ratés qui empêchent d'adhérer complètement au récit.
La grande force du roman, c'est le style de l'auteur. Je ne sais pas si vous avez déjà eu l'occasion d'écouter des reporters de guerre, mais quand ils vous parlent d'un conflit, on vibre au rythme des paroles, même sans être pro-militaire. On vit cette guerre de l'intérieur et elle est très loin de l'image que renvoi les films si on fait exception de Rogue One. C'est une œuvre violente dans le propos. On sait que la guerre c'est sale et qu'en dehors de quelques héros publics, il y a des milliers de personnes qui eux participent à l'effort de guerre dans le plus pur anonymat et qui sont tout aussi glorieux que les héros mis en avant. Le vocabulaire employé pourrait en rebuter plus d'un, c'est technique, mais personnellement ça m'a fait rentrer dans le roman plus facilement, car j'avais l'impression d'écouter les rapports de missions de plusieurs personnes et d'être acteur du récit, ce qui pour une adaptation d'un jeu vidéo est limite logique.
Les personnages sont nombreux, mais tous ne sont pas aussi approfondis qu'ils le devraient. C'est à la fois positif et négatif. D'un côté cela rejoint l'idée que le gros des forces d'un camp comme de l'autre se constitue principalement d'anonymes, je dirais même vulgairement de chair à canon même si pour employé cette expression, c'est avoir une piètre opinion du corps militaire. Maintenant nous sommes dans un roman et il faut que les personnages possèdent une histoire, des sentiments, un quelque chose qui fait qu'on s'intéresse à eux. Les personnages principaux correspondent aux archétypes sans véritablement en sortir et si j'avais une réelle déception, ce serait en ce qui concerne le personnage du Stormtrooper. On nous montre des évènements de son point de vue et c'est vraiment intéressant, malheureusement ce n'est pas assez développé et j'ai eu l'impression que la fin de ses apparitions coïncidaient avec la fin d'un DLC, chose frustrante quand on veut jouer/en savoir plus et qu'il faut limite attendre un autre DLC/autre roman. Les personnages ont du charisme, mais il manque un quelque chose pour qu'on adhère à l'intégralité de l'escouade. Le romancier a quand même pensé aux bourrins en proposant le personnage du Besalisk, en lisant ses faits d'armes, j'avais l'impression de voir mon cousin en train de jouer au tout premier Battlefront. C'est un bon point pour ceux qui pourraient en douter.
Le gros problème que j'ai eu aussi avec le roman, c'est le pourcentage ridicule de victoire de l'Empire face à l'Alliance Rebelle. On parle de la machinerie Impériale en marche, à savoir des milliers de soldats, des types qui pour certains sont des vétérans, qui possèdent un arsenal à faire pâlir un marchand d'armes de Canto Bight et pourtant de tout le roman, la seule vraie victoire de l'Empire se fait grâce à un élément extérieur à cette armée, c'est limite à se demander comment l'Empire domine la galaxie d'une pratiquement une vingtaine d'années. Par contre, en parlant de batailles ou même d'activités "militaires", le romancier ne nous épargne rien, même si cela peut ternir l'image de l'Alliance. Maintenant d'un côté j'ai envie de dire, c'est une guerre et on sait qu'un camp, même considéré comme le camp du bien, peut employer des méthodes peu orthodoxes pour atteindre son objectif. Rogue One nous le montrait via l'excellent personnage incarné par Diego Luna, Cassian Andor.
Le romancier a un très bon style, mais sa manière de raconter son histoire correspond bien plus à une série de nouvelles, qu'un véritable roman. L'histoire est trop vague, éparpillés, un peu comme dans un jeu vidéo et par moment on aimerait qu'il recentre ses idées pour proposer un véritable récit et non des historiettes, qui même si elles sont intéressantes font défaut au format proposé. Il propose un récit qui fait un poil trop adaptation d'un jeu, jusque dans le format et ses missions successives, alors qu'on aimerait avoir plus. Maintenant on adhère ou non bien entendu à cette façon d'adapter un autre format via une histoire originale et j'avoue que par moment, étant complètement impliqué dans ma lecture, ce défaut devenait limite secondaire.
Alexander Freed se fait plaisir et même s'il rate par moment le coche, exploite quand même son support sous un angle différent auquel on pouvait s'attendre. Il ne tombe pas dans les facilités d'un roman
SW en incluant des personnages que nous connaissons tous, si on fait exceptions des caméos de Han par exemple, Nien Nunb ou même Mas Amedda indirectement. Je vous mentirai si je ne disais pas avoir aimé C'est une lecture casse-croûte, ce n'est pas très raffiné, mais par certains aspects on se fait plaisir et même s'il manque un quelque chose, on ne va pas faire la fine bouche. N'ayant pas encore Battlefront 2, le roman m'a donné envie en tout cas de me replonger dans le premier et je pense faire cela dans la semaine.
Note: 70%Musique accompagnant la lecture: Rogue One: A Star Wars Story par Michael Giacchino et
The Empire Strikes Back, par John Williams, titres sélectionnés:
- "Jedha City Ambush"
- "Confrontation on Eadu"
- "AT-ACT Assault"
- "The Imperial Suite"
- "Rebels at Bay"
- "The Battle in the Snow"