Message d'origine
Dans Rogue One : A Star Wars Story, nous découvrons la Rébellion sous un nouveau jour, moins unie, avec des membres plus nuancés. Pourtant, le combat reste le même : celui de la liberté contre l'oppression, de la démocratie contre la tyrannie, du Bien contre le Mal.
Nous découvrons dans le film de nombreux Rebelles inédits, tels que Cassian Andor, l'amiral Raddus, les généraux Merrick ou Draven... Quelle histoire se cache derrière leurs parcours ? Derrière ceux de leurs homologues de l'Univers Étendu Legends ? Des héros de la série animée Rebels ? Comment se sont-ils joints à la lutte menée par Mon Mothma et Bail Organa contre le despote Palpatine ? Quels espoirs, quels drames les ont-ils conduits à prendre les armes et à se mettre en danger en défiant l'Empire ?
Sur SWU, nous nous sommes posé la question... Et c'est à vous d'y répondre ! Alors, Rogue One, tout est paré ?
Nous découvrons dans le film de nombreux Rebelles inédits, tels que Cassian Andor, l'amiral Raddus, les généraux Merrick ou Draven... Quelle histoire se cache derrière leurs parcours ? Derrière ceux de leurs homologues de l'Univers Étendu Legends ? Des héros de la série animée Rebels ? Comment se sont-ils joints à la lutte menée par Mon Mothma et Bail Organa contre le despote Palpatine ? Quels espoirs, quels drames les ont-ils conduits à prendre les armes et à se mettre en danger en défiant l'Empire ?
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Edit : Les challengers de la partie "Une société fondée sur l'Ordre et la sécurité" !
Loucass824
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Une Seconde Chance
Une société fondée sur l’ordre et la sécurité
Sa jambe ne pouvait s’empêcher de tressauter, assis dans le siège inconfortable de la navette atterrissant sur le hangar privé du Centre des Orientations Impérial. La seule chose qu’il pouvait se permettre, avant de maintenir sa contenance une fois à l’intérieur de la base. La secousse indiquant la fin de l’atterrissage lui prit la gorge, poussant ses membres à s’étirer avant de se lever. Il se présenta devant l’ouverture de la navette, réajustant les plis de son uniforme blanc comme neige.
— Bienvenue capitaine, lui déclara l’intendant de la base alors que ses bottes touchaient enfin le sol.
Droit comme un i, présentable. Cette station semble plutôt bien tenue, songea Jocle Partagaz.
— Le rapport préliminaire a-t-il été confirmé ? demanda-t-il.
— La suspecte correspond en effet à vos protocoles d’alertes établis il y a trois ans monsieur, lui affirma-t-il. Je vous y conduit, ajouta-t-il d’un geste de la main.
— Parfait. En route.
Les affirmations se succédaient les unes après les autres, mais Jocle Partagaz ne croyait que ce qu’il voyait de ses propres yeux. Ses convictions balayaient les obstacles sur son chemin, mais très tôt, il avait appris des leçons douloureuses. Le comportement de son père à son égard lui montrait qu’il fallait se montrer plus certain que les autres pour demeurer crédible.
— Vous savez, nous étions tous surpris de recevoir la visite d’un officier tel que vous monsieur, reprit l’intendant alors qu’il l’escortait à travers cette base.
— Vous n’avez pas l’habitude du travail bien fait caporal ?
— Ce n’est pas ce que je voulais dire monsieur, se défendit-il. Mais que vous vous montriez toujours concerné après ces années… Votre père ét-
— Je me trouve bien au fait de qui est mon père caporal, l’interrompit-il.
Une intervention possédant le don de le calmer. Il fallait que Jocle se trouve affublé de ce genre de sous officier friand de commérage. Faisant montre de déférence au sujet de son paternel. Tentant d’en apprendre davantage au sujet du grand major Partagaz et de son leadership au sein du BSI. Chaque sous-officier ne pouvait s’empêcher de le ramener à son père. Faire preuve d’implication en l’occurrence, en délaissant ses enquêtes et autres assignements en cours, pour se pencher de nouveau sur cette affaire datant ses débuts… Et pourtant, ils ne reconnaissaient que le fils d’un père prétendument irréprochable dans son travail.
Jocle leur montrerait. Leur rappellerait à tous que ce qui s’était produit en ce fameux jour relevait d’une terrible injustice. Son père sera forcé d’admettre de s’être fourvoyé, en laissant ses opérateurs le railler à la vue de tous. Si la corpo en charge de ce complexe, PsychoTech Industries, avait anéanti ses données, laissant l’escouade dépêchée sur place disparue en opération, que pouvait-il bien y faire ? Ce n’était pas de son fait ! Et pourtant… Incapacité à remplir ses obligations. Peu importe ses états de services exemplaires depuis ce jour, cette évaluation demeurait gravé sur son dossier. Et le regard des autres, se croyant supérieurs…
Cette Dedra Meero, qui pouvait bien se permettre ce qu’elle voulait. Se donnant de grandes manières, hautaine, alors qu’elle n’avait jamais rien accompli pour mériter pareil statut. Son père lui passant ses irrévérences, ses manques de respect répétés pour l’institution, pour se mettre en avant. Cette pauvre conne mérite ce qu’il lui arrive… Une justice existait après tout. Jocle pourrait montrer la voie par son travail, plutôt que par le second moyen qu’il avait imaginé. Se rapprocher d’elle, la séduire, pour saboter son travail. Et l’humilier pour cela, devant son père. Pour que le grand major Partagaz saisisse qu’il s’était trompé, à la préférer à son propre fils. Mais Jocle n’avait pas besoin de s’abaisser à cela. La déchéance de Dedra ne suffisait pas. Son père devait apprendre la leçon. Il la méritait…
— Vous comptez me donner ce datapad caporal ? s’impatienta-t-il devant le silence ponctué par les bottes résonnant dans ces couloirs froids.
— Oui, bien sûr monsieur. Désolé, ajouta-t-il en lui tendant le rapport.
Ses yeux balayant chaque détail ne lui apprirent rien de plus. Quelques informations supplémentaires, comparé à ce qu’on lui avait envoyé lors de la capture de cette femme figurait, mais pas de quoi lui apporter ce qu’il lui faisait défaut. La rencontre avec la fameuse gangrène du BSI. Non seulement mettre la main sur cette dangereuse criminelle, mais obtenir des réponses concernant cette vieille affaire. La notification tombait à pic. Preuve qu’il faisait son travail consciencieusement, chacun de ses dossiers comportait un signal d’alerte personnalisé en cas de nouvelles informations.
Jocle avait arrangé sa venue dans le Centre des Orientations Impérial, soi-disant pour un séminaire dans le cadre du choix d’affectation des futures recrues. La couverture parfaite pour justifier son déplacement, ses pas arpentant la structure dissimulée sous cette installation publique. Les couloirs réduits à leur seule fonction utilitaire ne le dérangeaient pas. Jocle ne comptait pas parmi ces amateurs d’apparats, peu fréquents, mais déjà trop nombreux.
L’aile réservée aux cellules se présageait déjà. Le simple rappel du motif de sa présence lui avait rendu ce trajet plus court. Un double effet capital. Pour se rappeler pourquoi il agissait ainsi, avec une minutie étudiée. L’intendant ouvrit la porte pour se retrouver de l’autre côté de la cellule, séparés par du transparacier teinté. L’interrogatoire durait depuis plusieurs jours. Mais elle semblait plutôt alerte…
— Que pouvez-vous me dire personnellement à son sujet ?
— Très peu de choses en dehors des rapports monsieur. Elle se montre extrêmement tenace, résistant à tout ce que nous avons pu tenter. Les protocoles habituels manquant d’efficacité, nous sommes parfois revenus à des moyens plus… Conventionnels dirons-nous.
Sa courte observation lui avait déjà révélé cela. Jocle ne s’étonnait pas que pareil terroriste soit une femme, ayant déjà eu maille à partir avec une blonde des plus tenaces. Mais comme la précédente, le retour des choses se produirait.
— Très bien. Faites-moi entrer, je ne veux pas perdre un instant.
L’accès s’écarta devant ses pas, pénétrant enfin dans cette pièce. Difficile d’imaginer le traitement subit. Jocle s’était attendu à un air ambiant nauséabond, odeur peu plaisante se collant dans ses narines dans ce genre d’instant. S’y habituer ne servait à rien, il devait sortir prendre l’air bien souvent pour que cela ne se transforme pas en démangeaisons tenaces dans sa gorge. Les hématomes se révélaient peu nombreux, ses cheveux et son visage témoignant d’une extrême fatigue, mais guère plus. Peu affectée par le manque de sommeil, mais elle résiste. Qu’à-t-elle subit dans ce complexe à l’époque ? Les outils de rétentions bardaient son corps au complet. Rien de plus légitime, le rapport faisait mention de sa résistance, ayant tué deux autres gardes durant son incarcération ici. Une femme aux multiples talents, tranchant avec son identité civile.
— Capitaine Jocle Partagaz, annonça-t-il sans vraiment l’intéresser. Avez-vous la moindre idée derrière ma présence ici ?
Elle leva la tête avec une mollesse propre à son état, passant un court regard sur son visage. Pas vilaine pour une rebelle, même dans ces circonstances…
— Vous êtes ici pour envoyer un message à papounet ? cracha-t-elle.
Le bruit de la couture de ses gants manqua d’éclater sous la pression écrasante ses doigts. Je comprends le traitement qu’elle a reçu… Et à quel point elle se trouve au fait de choses… Elle va me parler, avec ce que j’ai pour moi. Et elle va payer. Mais avant cela… J’ai besoin de savoir.
— C’est étonnant le nombre de choses que vous savez à propos d’autrui, Mhoxa. Ou devrais-je dire madame Vin…
Elle plissa tout juste les yeux avec un naturel intriguant.
— Vous vous surprenez à l’écoute de votre nom ? Zaniah Vin, 38 ans anciennement employée chez Rivia Applications. Mariée, une fille…
— Vous pouvez déblatérer tant que vous voulez, votre petit jeu ne prendra pas, se défendit-elle.
— Je me trouve simplement ici pour obtenir des informations.
— Ca ne changera rien. Peu importe si je vous dévoile tout ce que je sais. Votre Empire à prouvé son impuissance. Il s’effrite déjà, ce n’est qu’une question de temps avant qu’il ne s’effondre, peu importe que je sois là pour le voir ou non.
Elle doit en effet disposer de nombres d’éléments… L’Axe est quelqu’un de très précautionneux, mais j’en tirerais des informations. Mais cela n’importe pas. J’ai besoin d’autre chose… Je l’ai pris au dépourvu en dévoilant son nom. Et la maîtrise sur les traits de ce joli minois ne suffit pas à dissimuler les tics en dévoilant les détails supplémentaires. Se pourrait-il que… Jocle pianota sur son datapad, activant l’holo-écran contre le mur.
— Vous devriez vous reconnaitre malgré les années passées, déclara-t-il devant l’affichage du dossier de la prisonnière.
— Vous… Vous ne savez plus quoi inventer, bredouilla-t-elle après une étude plus longue qu’attendu.
— Vous avez été victime d’un grave accident de speeder, révéla-t-il avant de relire la mention sur le dossier. Votre propre négligence vous a couté votre mari et votre fille, ainsi que vos jambes, votre bras gauche, parmi d’autres choses.
— Vous mentez ! vociféra-t-elle avant de grimacer sous l’effet d’une profonde douleur inattendue.
— Il ne s’agit pas d’une falsification. Ces données sont ressorties suite à la prise de vos données biométriques. Renforcées par un prélèvement d’épiderme pour authentifier les analyses.
Elle secouait vainement la tête, entravée qu’elle se trouvait. Cette idiote pensait réellement que je me déplacerais pour une manœuvre de mensonge digne d’un amateur ? Ces Rebelles n’était qu- Non… Il y a autre chose. Elle est perdue. Pour la première fois, véritablement, après tout ce qu’elle a subit… Elle souffrait, cherchant à se prendre la tête à deux mains.
— J’ai besoin de connaitre l’étendue vos liens avec PsychoTech Industries, reprit-il. Le fruit de votre collaboration avec eux, et ce qu’il s’est produit dans ce complexe.
— Je n’ai rien à voir avec tout ça, répondit-elle d’une voix tremblante.
Son dossier mentionnait son habilité à éviter les pièges. Jocle voyait clair dans cette tentative de dévier le sujet digne d’un enfant maladroit. Attiser la pitié aussi grossièrement. J’ai la main sur elle.
— Soyez attentive je vous prie, lui demanda-t-il en lançant l’holovid du dossier.
L’enregistrement de la clinique était daté. Jocle voyait Vin se contempler elle-même, installée dans un lit classique, un représentant de PsychoTech Industries assis auprès d’elle.
— Je suis au courant de tout madame Vin, déclarait le représentant corpo. Votre accident est une terrible tragédie, pouvant arriver à n’importe qui. Vous conduisiez, certes, mais ce n’est pas votre faute.
Vin ne répondait pas, son mutisme s’imposant sur son visage embué de larmes. Reflet troublant de son état ici, dans cette pièce, en face de lui.
— La clinique prend en charge les prothèses adéquates, reprit-il. Vous ne devriez pas les refuser.
— Vous avez quelqu’un dans votre vie ? protesta-t-elle bouleversée par des émotions contradictoires. Vous avec un enfant ? Alors vous ne pouvez pas comprendre, annonça-t-elle devant l’absence de réponse du type. Tout ce que vous croyez m’offrir ne fera jamais partir cette souffrance…
Le corpo jouait ses cartes à la perfection. Il se rapprocha d’elle plus encore, posant sa main sur le seul membre encore valide de Vin.
— Vous ne devez pas gâcher votre vie, vous êtes encore jeune. Vous pouvez encore vous montrer utile, je vous l’assure. Ma compagnie développe un moyen pouvant vous faire reprendre votre vie comme avant. Vous n’aurez plus aucun souvenir de cette tragédie, et du rôle que vous y avez joué. Vos malheurs seront effacés, je vous l’assure.
Il venait d’accaparer son attention avec brio. Ces corpos ne valaient guère mieux que les Rebelles. Même s’ils vivaient pour l’anarchie, au moins ces terroristes croyaient en quelque chose, un idéal, une vraie foi. Mais amadouer des pauvres gens innocents, pour leur promettre monts et merveilles, tout cela pour le profit ou des recherches contraires à l’éthique… Jocle devait obtenir le fin mot de cette histoire. Peu importe que PsychoTech Industries se trouve désormais fermé. Que ce genre de protocoles n’existe plus jamais.
Vin sanglotait, le regard perdu sur le corpo dégainant un datapad.
— Il s’agit de protocoles néanmoins risqués, et j-
La main valide de Vin se précipita en direction du datapad dans un sursaut salutaire, l’interrompant pour apposer son consentement. Sans même avoir lu les termes. Sans même que le corpo aille au bout de son misérable discours. L’enregistrement se terminait sur le corpo lui annonçant qu’elle avait fait le bon choix.
Son premier visionnage durant son trajet jusqu’ici l’avait empêché de se reposer, de trouver un semblant de calme. Le revoir une nouvelle fois faisait passer ce même fourmillement dans son bras gauche. Du dégout mêlé à de l’injustice. Ces gens ne méritaient pas d’être utilisés de cette manière. Jocle se trouvait affecté sur un secteur différent désormais. Mais il ne pouvait laisser cela demeurer impuni. Son attention se reporta sur la prisonnière. La main droite du capitaine saisit la gauche pour stopper ce qui l’animait. Cette odieuse femme avait assassiné des centaines de membres du BSI. Saboté nombres d’opérations. Une rebelle détestable. Mais les crispations sur son visage humide lui démangeaient la gorge.
Une femme détruite. Recevant une promesse de reconstruction illusoire. Qui a, semble-t-il, miraculeusement fonctionné, en témoignait son amnésie partielle jusqu’ici. Pour tout reperdre en faisant face à ses actes. Elle aurait mérité qu’on l’exécute sans délais plutôt que de subir ce châtiment. Jocle n’avait jamais voulu cela. La vie ne nous réserve pas ce qu’il y a de meilleur pour nous. Dans sa cruauté, son père dispensait son lot de perles de sagesses… Jocle venait de lui laisser suffisamment de temps pour accuser le coup.
— Je comprends ce que cela implique pour vous madame Vin, reprit-il avec une contenance retrouvée. Votre coopération peut vous garantir une option de sortie. Non seulement en dévoilant les informations que vous détenez, mais si vous acceptez de témoigner de ce que vous avez subit aux mains de PychoTech Industries, nous pourrions éviter d’en arriver aux mesures les plus extrêmes.
Mesures les plus extrêmes… Non mais tu t’entends ? Comment présenter les choses d’une autre manière de toute façon… Les contours d’un marché se profilaient dans son esprit. Un témoignage à charge, pour édicter de nouvelles lois concernant les corpos. Des tests, pour déterminer à quel point elle avait été privée de ses souvenirs. S’il devait peser dans la situation pour qu’elle soit transférée dans des unités de soutien psychiatrique adaptées, il le ferait. Ce ne serait pas la première fois qu’il s’investirait dans une affaire, pour faire pencher la balance d’un côté ou de l’autre. Pour une fois qu’une rebelle méritait une seconde chance…
— Je… Il y a bien une chose dont je me souviens à présent, lui annonça-t-elle, toujours en larmes en rejoignant son regard. Quelque chose qui conviendra…
Un sursaut inconnu éleva la poitrine de la prisonnière. Jocle laissa ses pas l’approcher d’elle.
— Quelque chose qui va me permettre de les rejoindre, précisa-t-elle.
Trois bips heurtèrent ses oreilles, avant qu’un sourire triste ne se dessine sur son visage. Jocle Partagaz sentit un souffle ardent lui jaillir au visage. Avant de dégringoler dans un tourbillon obscur.
Branchez-vous sur l’holonet Luthen, c’est important, lui avait-elle dit. Il s’en contrefichait bien ! Mhoxa ne donnait plus signe de vie depuis plus d’une semaine. Comment imaginer qu’elle puisse périr alors qu’elle se contentait de s’infiltrer pour des informations cette fois ? Capturée ? Elle se montrait pourtant du genre à prendre des précautions, sans compter qu- Ses pensées s’interrompirent devant le bandeau d’information. Attentat rebelle. Le Centre pour les Orientations Impérial touché.
— Nous ne possédons toujours pas d’informations supplémentaires, déclarait la présentatrice Twi’lek. La suspecte dénommée Zaniah Vin s’était introduite avec pour but de viser les adolescents se rendant dans ce centre décidant de leur avenir prometteur au sein de l’Empire. Le bilan fait toujours état de dix personnes confirmées ayant perdu la vie, dont le capitaine Jocle Partagaz, fils du major Partagaz. Le capitaine était prévu pour une conférence portant sur les métiers de l’ordre. Orateur attendu, il s’est toujours montré impliqué pour la promotion de nos valeurs. L’ensemble de la rédaction ainsi que moi-même présentons nos plus sincères condoléances à sa famille et ses proches, qu’ils puissent continuer la lutte contre les horreurs commises par ces terroristes rebelles.
Le fil du discours de cette Twi’lek devint un bruit lointain, inaudible. Zaniah Vin… Ou Mhoxa, quel qu’était son nom. Sa photo ne laissait guère de place au doute. C’était elle. De son fait. Comment et pourquoi avait-elle commis cet attentat à la bombe, cela, Luthen l’ignorait. Mais ce Centre pour les Orientations Impérial ne constituait qu’une façade. Luthen avait appris à lire entre les lignes de la propagande de l’Empire depuis bien longtemps.
Mhoxa a du se faire prendre. Et plutôt que d’avouer ou se compromettre, elle a trouvé un autre moyen. Comment ? Peu importe. Luthen laissa ses pas excités le précipiter dans son arrière boutique, s’assurant de se trouver seul. Sa réjouissance s’étira sur ses lèvres, ses bras se levant vers les cieux, avant que ses jambes ne se balancent. Un pas de plus. Un pas de plus…
— Bienvenue capitaine, lui déclara l’intendant de la base alors que ses bottes touchaient enfin le sol.
Droit comme un i, présentable. Cette station semble plutôt bien tenue, songea Jocle Partagaz.
— Le rapport préliminaire a-t-il été confirmé ? demanda-t-il.
— La suspecte correspond en effet à vos protocoles d’alertes établis il y a trois ans monsieur, lui affirma-t-il. Je vous y conduit, ajouta-t-il d’un geste de la main.
— Parfait. En route.
Les affirmations se succédaient les unes après les autres, mais Jocle Partagaz ne croyait que ce qu’il voyait de ses propres yeux. Ses convictions balayaient les obstacles sur son chemin, mais très tôt, il avait appris des leçons douloureuses. Le comportement de son père à son égard lui montrait qu’il fallait se montrer plus certain que les autres pour demeurer crédible.
— Vous savez, nous étions tous surpris de recevoir la visite d’un officier tel que vous monsieur, reprit l’intendant alors qu’il l’escortait à travers cette base.
— Vous n’avez pas l’habitude du travail bien fait caporal ?
— Ce n’est pas ce que je voulais dire monsieur, se défendit-il. Mais que vous vous montriez toujours concerné après ces années… Votre père ét-
— Je me trouve bien au fait de qui est mon père caporal, l’interrompit-il.
Une intervention possédant le don de le calmer. Il fallait que Jocle se trouve affublé de ce genre de sous officier friand de commérage. Faisant montre de déférence au sujet de son paternel. Tentant d’en apprendre davantage au sujet du grand major Partagaz et de son leadership au sein du BSI. Chaque sous-officier ne pouvait s’empêcher de le ramener à son père. Faire preuve d’implication en l’occurrence, en délaissant ses enquêtes et autres assignements en cours, pour se pencher de nouveau sur cette affaire datant ses débuts… Et pourtant, ils ne reconnaissaient que le fils d’un père prétendument irréprochable dans son travail.
Jocle leur montrerait. Leur rappellerait à tous que ce qui s’était produit en ce fameux jour relevait d’une terrible injustice. Son père sera forcé d’admettre de s’être fourvoyé, en laissant ses opérateurs le railler à la vue de tous. Si la corpo en charge de ce complexe, PsychoTech Industries, avait anéanti ses données, laissant l’escouade dépêchée sur place disparue en opération, que pouvait-il bien y faire ? Ce n’était pas de son fait ! Et pourtant… Incapacité à remplir ses obligations. Peu importe ses états de services exemplaires depuis ce jour, cette évaluation demeurait gravé sur son dossier. Et le regard des autres, se croyant supérieurs…
Cette Dedra Meero, qui pouvait bien se permettre ce qu’elle voulait. Se donnant de grandes manières, hautaine, alors qu’elle n’avait jamais rien accompli pour mériter pareil statut. Son père lui passant ses irrévérences, ses manques de respect répétés pour l’institution, pour se mettre en avant. Cette pauvre conne mérite ce qu’il lui arrive… Une justice existait après tout. Jocle pourrait montrer la voie par son travail, plutôt que par le second moyen qu’il avait imaginé. Se rapprocher d’elle, la séduire, pour saboter son travail. Et l’humilier pour cela, devant son père. Pour que le grand major Partagaz saisisse qu’il s’était trompé, à la préférer à son propre fils. Mais Jocle n’avait pas besoin de s’abaisser à cela. La déchéance de Dedra ne suffisait pas. Son père devait apprendre la leçon. Il la méritait…
— Vous comptez me donner ce datapad caporal ? s’impatienta-t-il devant le silence ponctué par les bottes résonnant dans ces couloirs froids.
— Oui, bien sûr monsieur. Désolé, ajouta-t-il en lui tendant le rapport.
Ses yeux balayant chaque détail ne lui apprirent rien de plus. Quelques informations supplémentaires, comparé à ce qu’on lui avait envoyé lors de la capture de cette femme figurait, mais pas de quoi lui apporter ce qu’il lui faisait défaut. La rencontre avec la fameuse gangrène du BSI. Non seulement mettre la main sur cette dangereuse criminelle, mais obtenir des réponses concernant cette vieille affaire. La notification tombait à pic. Preuve qu’il faisait son travail consciencieusement, chacun de ses dossiers comportait un signal d’alerte personnalisé en cas de nouvelles informations.
Jocle avait arrangé sa venue dans le Centre des Orientations Impérial, soi-disant pour un séminaire dans le cadre du choix d’affectation des futures recrues. La couverture parfaite pour justifier son déplacement, ses pas arpentant la structure dissimulée sous cette installation publique. Les couloirs réduits à leur seule fonction utilitaire ne le dérangeaient pas. Jocle ne comptait pas parmi ces amateurs d’apparats, peu fréquents, mais déjà trop nombreux.
L’aile réservée aux cellules se présageait déjà. Le simple rappel du motif de sa présence lui avait rendu ce trajet plus court. Un double effet capital. Pour se rappeler pourquoi il agissait ainsi, avec une minutie étudiée. L’intendant ouvrit la porte pour se retrouver de l’autre côté de la cellule, séparés par du transparacier teinté. L’interrogatoire durait depuis plusieurs jours. Mais elle semblait plutôt alerte…
— Que pouvez-vous me dire personnellement à son sujet ?
— Très peu de choses en dehors des rapports monsieur. Elle se montre extrêmement tenace, résistant à tout ce que nous avons pu tenter. Les protocoles habituels manquant d’efficacité, nous sommes parfois revenus à des moyens plus… Conventionnels dirons-nous.
Sa courte observation lui avait déjà révélé cela. Jocle ne s’étonnait pas que pareil terroriste soit une femme, ayant déjà eu maille à partir avec une blonde des plus tenaces. Mais comme la précédente, le retour des choses se produirait.
— Très bien. Faites-moi entrer, je ne veux pas perdre un instant.
L’accès s’écarta devant ses pas, pénétrant enfin dans cette pièce. Difficile d’imaginer le traitement subit. Jocle s’était attendu à un air ambiant nauséabond, odeur peu plaisante se collant dans ses narines dans ce genre d’instant. S’y habituer ne servait à rien, il devait sortir prendre l’air bien souvent pour que cela ne se transforme pas en démangeaisons tenaces dans sa gorge. Les hématomes se révélaient peu nombreux, ses cheveux et son visage témoignant d’une extrême fatigue, mais guère plus. Peu affectée par le manque de sommeil, mais elle résiste. Qu’à-t-elle subit dans ce complexe à l’époque ? Les outils de rétentions bardaient son corps au complet. Rien de plus légitime, le rapport faisait mention de sa résistance, ayant tué deux autres gardes durant son incarcération ici. Une femme aux multiples talents, tranchant avec son identité civile.
— Capitaine Jocle Partagaz, annonça-t-il sans vraiment l’intéresser. Avez-vous la moindre idée derrière ma présence ici ?
Elle leva la tête avec une mollesse propre à son état, passant un court regard sur son visage. Pas vilaine pour une rebelle, même dans ces circonstances…
— Vous êtes ici pour envoyer un message à papounet ? cracha-t-elle.
Le bruit de la couture de ses gants manqua d’éclater sous la pression écrasante ses doigts. Je comprends le traitement qu’elle a reçu… Et à quel point elle se trouve au fait de choses… Elle va me parler, avec ce que j’ai pour moi. Et elle va payer. Mais avant cela… J’ai besoin de savoir.
— C’est étonnant le nombre de choses que vous savez à propos d’autrui, Mhoxa. Ou devrais-je dire madame Vin…
Elle plissa tout juste les yeux avec un naturel intriguant.
— Vous vous surprenez à l’écoute de votre nom ? Zaniah Vin, 38 ans anciennement employée chez Rivia Applications. Mariée, une fille…
— Vous pouvez déblatérer tant que vous voulez, votre petit jeu ne prendra pas, se défendit-elle.
— Je me trouve simplement ici pour obtenir des informations.
— Ca ne changera rien. Peu importe si je vous dévoile tout ce que je sais. Votre Empire à prouvé son impuissance. Il s’effrite déjà, ce n’est qu’une question de temps avant qu’il ne s’effondre, peu importe que je sois là pour le voir ou non.
Elle doit en effet disposer de nombres d’éléments… L’Axe est quelqu’un de très précautionneux, mais j’en tirerais des informations. Mais cela n’importe pas. J’ai besoin d’autre chose… Je l’ai pris au dépourvu en dévoilant son nom. Et la maîtrise sur les traits de ce joli minois ne suffit pas à dissimuler les tics en dévoilant les détails supplémentaires. Se pourrait-il que… Jocle pianota sur son datapad, activant l’holo-écran contre le mur.
— Vous devriez vous reconnaitre malgré les années passées, déclara-t-il devant l’affichage du dossier de la prisonnière.
— Vous… Vous ne savez plus quoi inventer, bredouilla-t-elle après une étude plus longue qu’attendu.
— Vous avez été victime d’un grave accident de speeder, révéla-t-il avant de relire la mention sur le dossier. Votre propre négligence vous a couté votre mari et votre fille, ainsi que vos jambes, votre bras gauche, parmi d’autres choses.
— Vous mentez ! vociféra-t-elle avant de grimacer sous l’effet d’une profonde douleur inattendue.
— Il ne s’agit pas d’une falsification. Ces données sont ressorties suite à la prise de vos données biométriques. Renforcées par un prélèvement d’épiderme pour authentifier les analyses.
Elle secouait vainement la tête, entravée qu’elle se trouvait. Cette idiote pensait réellement que je me déplacerais pour une manœuvre de mensonge digne d’un amateur ? Ces Rebelles n’était qu- Non… Il y a autre chose. Elle est perdue. Pour la première fois, véritablement, après tout ce qu’elle a subit… Elle souffrait, cherchant à se prendre la tête à deux mains.
— J’ai besoin de connaitre l’étendue vos liens avec PsychoTech Industries, reprit-il. Le fruit de votre collaboration avec eux, et ce qu’il s’est produit dans ce complexe.
— Je n’ai rien à voir avec tout ça, répondit-elle d’une voix tremblante.
Son dossier mentionnait son habilité à éviter les pièges. Jocle voyait clair dans cette tentative de dévier le sujet digne d’un enfant maladroit. Attiser la pitié aussi grossièrement. J’ai la main sur elle.
— Soyez attentive je vous prie, lui demanda-t-il en lançant l’holovid du dossier.
L’enregistrement de la clinique était daté. Jocle voyait Vin se contempler elle-même, installée dans un lit classique, un représentant de PsychoTech Industries assis auprès d’elle.
— Je suis au courant de tout madame Vin, déclarait le représentant corpo. Votre accident est une terrible tragédie, pouvant arriver à n’importe qui. Vous conduisiez, certes, mais ce n’est pas votre faute.
Vin ne répondait pas, son mutisme s’imposant sur son visage embué de larmes. Reflet troublant de son état ici, dans cette pièce, en face de lui.
— La clinique prend en charge les prothèses adéquates, reprit-il. Vous ne devriez pas les refuser.
— Vous avez quelqu’un dans votre vie ? protesta-t-elle bouleversée par des émotions contradictoires. Vous avec un enfant ? Alors vous ne pouvez pas comprendre, annonça-t-elle devant l’absence de réponse du type. Tout ce que vous croyez m’offrir ne fera jamais partir cette souffrance…
Le corpo jouait ses cartes à la perfection. Il se rapprocha d’elle plus encore, posant sa main sur le seul membre encore valide de Vin.
— Vous ne devez pas gâcher votre vie, vous êtes encore jeune. Vous pouvez encore vous montrer utile, je vous l’assure. Ma compagnie développe un moyen pouvant vous faire reprendre votre vie comme avant. Vous n’aurez plus aucun souvenir de cette tragédie, et du rôle que vous y avez joué. Vos malheurs seront effacés, je vous l’assure.
Il venait d’accaparer son attention avec brio. Ces corpos ne valaient guère mieux que les Rebelles. Même s’ils vivaient pour l’anarchie, au moins ces terroristes croyaient en quelque chose, un idéal, une vraie foi. Mais amadouer des pauvres gens innocents, pour leur promettre monts et merveilles, tout cela pour le profit ou des recherches contraires à l’éthique… Jocle devait obtenir le fin mot de cette histoire. Peu importe que PsychoTech Industries se trouve désormais fermé. Que ce genre de protocoles n’existe plus jamais.
Vin sanglotait, le regard perdu sur le corpo dégainant un datapad.
— Il s’agit de protocoles néanmoins risqués, et j-
La main valide de Vin se précipita en direction du datapad dans un sursaut salutaire, l’interrompant pour apposer son consentement. Sans même avoir lu les termes. Sans même que le corpo aille au bout de son misérable discours. L’enregistrement se terminait sur le corpo lui annonçant qu’elle avait fait le bon choix.
Son premier visionnage durant son trajet jusqu’ici l’avait empêché de se reposer, de trouver un semblant de calme. Le revoir une nouvelle fois faisait passer ce même fourmillement dans son bras gauche. Du dégout mêlé à de l’injustice. Ces gens ne méritaient pas d’être utilisés de cette manière. Jocle se trouvait affecté sur un secteur différent désormais. Mais il ne pouvait laisser cela demeurer impuni. Son attention se reporta sur la prisonnière. La main droite du capitaine saisit la gauche pour stopper ce qui l’animait. Cette odieuse femme avait assassiné des centaines de membres du BSI. Saboté nombres d’opérations. Une rebelle détestable. Mais les crispations sur son visage humide lui démangeaient la gorge.
Une femme détruite. Recevant une promesse de reconstruction illusoire. Qui a, semble-t-il, miraculeusement fonctionné, en témoignait son amnésie partielle jusqu’ici. Pour tout reperdre en faisant face à ses actes. Elle aurait mérité qu’on l’exécute sans délais plutôt que de subir ce châtiment. Jocle n’avait jamais voulu cela. La vie ne nous réserve pas ce qu’il y a de meilleur pour nous. Dans sa cruauté, son père dispensait son lot de perles de sagesses… Jocle venait de lui laisser suffisamment de temps pour accuser le coup.
— Je comprends ce que cela implique pour vous madame Vin, reprit-il avec une contenance retrouvée. Votre coopération peut vous garantir une option de sortie. Non seulement en dévoilant les informations que vous détenez, mais si vous acceptez de témoigner de ce que vous avez subit aux mains de PychoTech Industries, nous pourrions éviter d’en arriver aux mesures les plus extrêmes.
Mesures les plus extrêmes… Non mais tu t’entends ? Comment présenter les choses d’une autre manière de toute façon… Les contours d’un marché se profilaient dans son esprit. Un témoignage à charge, pour édicter de nouvelles lois concernant les corpos. Des tests, pour déterminer à quel point elle avait été privée de ses souvenirs. S’il devait peser dans la situation pour qu’elle soit transférée dans des unités de soutien psychiatrique adaptées, il le ferait. Ce ne serait pas la première fois qu’il s’investirait dans une affaire, pour faire pencher la balance d’un côté ou de l’autre. Pour une fois qu’une rebelle méritait une seconde chance…
— Je… Il y a bien une chose dont je me souviens à présent, lui annonça-t-elle, toujours en larmes en rejoignant son regard. Quelque chose qui conviendra…
Un sursaut inconnu éleva la poitrine de la prisonnière. Jocle laissa ses pas l’approcher d’elle.
— Quelque chose qui va me permettre de les rejoindre, précisa-t-elle.
Trois bips heurtèrent ses oreilles, avant qu’un sourire triste ne se dessine sur son visage. Jocle Partagaz sentit un souffle ardent lui jaillir au visage. Avant de dégringoler dans un tourbillon obscur.
*****
Branchez-vous sur l’holonet Luthen, c’est important, lui avait-elle dit. Il s’en contrefichait bien ! Mhoxa ne donnait plus signe de vie depuis plus d’une semaine. Comment imaginer qu’elle puisse périr alors qu’elle se contentait de s’infiltrer pour des informations cette fois ? Capturée ? Elle se montrait pourtant du genre à prendre des précautions, sans compter qu- Ses pensées s’interrompirent devant le bandeau d’information. Attentat rebelle. Le Centre pour les Orientations Impérial touché.
— Nous ne possédons toujours pas d’informations supplémentaires, déclarait la présentatrice Twi’lek. La suspecte dénommée Zaniah Vin s’était introduite avec pour but de viser les adolescents se rendant dans ce centre décidant de leur avenir prometteur au sein de l’Empire. Le bilan fait toujours état de dix personnes confirmées ayant perdu la vie, dont le capitaine Jocle Partagaz, fils du major Partagaz. Le capitaine était prévu pour une conférence portant sur les métiers de l’ordre. Orateur attendu, il s’est toujours montré impliqué pour la promotion de nos valeurs. L’ensemble de la rédaction ainsi que moi-même présentons nos plus sincères condoléances à sa famille et ses proches, qu’ils puissent continuer la lutte contre les horreurs commises par ces terroristes rebelles.
Le fil du discours de cette Twi’lek devint un bruit lointain, inaudible. Zaniah Vin… Ou Mhoxa, quel qu’était son nom. Sa photo ne laissait guère de place au doute. C’était elle. De son fait. Comment et pourquoi avait-elle commis cet attentat à la bombe, cela, Luthen l’ignorait. Mais ce Centre pour les Orientations Impérial ne constituait qu’une façade. Luthen avait appris à lire entre les lignes de la propagande de l’Empire depuis bien longtemps.
Mhoxa a du se faire prendre. Et plutôt que d’avouer ou se compromettre, elle a trouvé un autre moyen. Comment ? Peu importe. Luthen laissa ses pas excités le précipiter dans son arrière boutique, s’assurant de se trouver seul. Sa réjouissance s’étira sur ses lèvres, ses bras se levant vers les cieux, avant que ses jambes ne se balancent. Un pas de plus. Un pas de plus…
mat-vador
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Pour l’ordre et la sécurité
Le choix
Mondes du Noyau, Corellia, planète Coronet, quelques mois après la Bataille de Yavin IV
Garnison Impériale, salle d’interrogatoire
- Tu vas parler, ordure de terroriste ?
La paume gantée de l’officier du Bureau de Sécurité Impériale vola jusqu’à la figure de Esgila Tissan, enchaînée sur une table de torture, dressée à la verticale à hauteur du visage de son bourreau. L’impact de la gifle lui fit cracher du sang, qui éclaboussa l’uniforme blanc de l’officier, sous les yeux de Eryan Tissan, le père d’Esgila.
Celui-ci aurait voulu se détourner de ce spectacle, ne supportant guère ces méthodes abjectes mais néanmoins nécessaires pour assurer la pérennité de l’Empire en laquelle il croyait si fort. Contrairement à sa fille qui avait pris la décision peu avisée de rejoindre la Rébellion.
Il avait toujours cru en une autorité forte, capable de faire appliquer des lois dures mais justes. Il se souvenait très bien du chaos et de l’anarchie de la Guerre des Clones, des ravages du mouvement séparatiste qui avaient mis en évidence les faiblesses d’une République impuissante et corrompue. Voilà qui l’avait fait rallier à l’Empire, même s’il avait éprouvé quelques doutes à la suite de la Purge Jedi et de la destruction d’une partie de sa famille.
Son père Xilam n’avait jamais digéré la mort de son oncle Dalmon et de ses enfants. Il croyait dur comme duracier à la propagande terroriste qui rejetait la faute de ce massacre familial sur l’Empire.
- Où est Garm Bel Iblis ? Quels sont ses effectifs, sa force de frappe spatiale ? Où se trouve sa base ?
Devant le mutisme de la rebelle capturée, le major Dremor du BSI activa la table et l’électricité parcourut le corps de la corellienne, lui faisant pousser des hennissements étouffés. Puis le droïde sphérique s’approcha en flottant avec ses seringues pour lui injecter de la douleur supplémentaire. Son père la vit ruer violemment sur ses liens.
Oui, elle était une rebelle anarchiste mais elle partageait le même sang que lui.
- Major, laissez-moi lui parler. Seul.
Eryan Tissan soutint le regard contrarié de l’officier qui n’appréciait pas de se voir interrompre son passe-temps. Le corellien n’éprouvait que de l’antipathie pour ce genre d’individu qui ne représentait pas le meilleur côté de l’Empire. Même si son travail était nécessaire.
- Elle finira par avouer.
- Je vous crois, fit froidement Eryan. Mais nous pouvons gagner du temps si vous me laissez essayer.
Dremor demeura impassible tout en se demandant si ce n’était pas une bonne idée de faire une pause. Après tout, l’interrogatoire durait depuis une heure.
- Je vais rendre mon rapport. Dans dix minutes, le Seigneur Vador se chargera lui-même de cette affaire.
Les mots du major résonnaient comme une menace. Sans doute était-ce l’effet voulu, car un frisson désagréable parcourut l’échine de Eryan.
- Merci major.
L’officier désactiva le droïde puis sortit de la pièce. Eryan se précipita vers sa fille, tout à coup fébrile pour s’enquérir de son état. En effet, le sang coulait de ses plaies, en particulier de son visage. À cause des sévices subis, sa paupière gauche gonflée obstruait son œil tandis qu’un liquide poisseux écarlate filtrait de ses lèvres tuméfiées.
- Esgi ?
- Bas les pattes ! Rugit l’orgueilleuse corellienne qui se redressa comme une panthère des sables pour lui cracher à la figure.
Il s’épongea avec un morceau de tissu qu’il rangea dans la poche de son pantalon.
- Esgila, je n’ai jamais demandé à ce que tu subisses ça. Coopère et je demanderai à ce que tu reviennes avec moi, dans la famille. Ton petit frère Diken sera ravi de te revoir, tu sais. Donne la localisation de Garm Bel Iblis au major et ce sera fini. Tu ne dois rien à cet homme parce qu’il n’a pas levé le petit doigt pour te sortir de là.
Alors Esgila le considéra avec dignité.
- Si tu savais seulement ce que signifie la liberté…
- Je crois en l’autorité légitime, en l’ordre et à la paix, répliqua-t-il d’un ton à nouveau passionné. Toi et tes amis rebelles, vous menacez tout ce que nous tentons de rebâtir depuis la Guerre des Clones.
- Ouais, papa. L’ordre et la paix, c’est au nom de tout ça que vous avez détruit Alderaan, lança-t-elle avec amertume.
Eryan éleva la voix, agacé.
- Ce qui s’est passé sur Alderaan…
Il baissa la tête, sentant de nouveau le poids d’une culpabilité peser sur ses épaules.
- Ce qui s’est passé sur Alderaan, n’aurait pas du arriver. Mais les rebelles ne peuvent s’en prendre qu’à eux-mêmes, vous avez forcé l’Empire à riposter à vos actes de sabotage et de terrorisme ! Vous avez déclenché cette guerre !
- Vous avez détruit des centaines de millions de vies ! Ils étaient innocents et nous ferons entendre leurs cris ! S’anima Esgila.
- Alderaan était un nid de rebelles, ils ont mérité leur sort.
- Ils étaient désarmés, ils n’ont pas eu la moindre chance de se défendre. Des familles entières, des enfants… comment arrives-tu à dormir en ayant cela sur la conscience ? Comment pourrais-tu le supporter si j’étais morte avec eux ?
Eryan détourna le regard. Était-il perturbé par les blessures qui lui avaient été infligées par son bourreau ou par la vérité qui perçait dans ses mots ?
- Et toi, Esgila, tu arrives à dormir la nuit ? Répondit-il doucement.
La jeune femme soupira. Eryan était soulagé d’avoir affaire à sa fille pendant un instant, et non pas à une rebelle fanatique qu’il détestait par-dessus tout.
- Pas vraiment. Nous tentons de limiter les pertes civiles autant que nous le pouvons mais c’est parfois impossible. Certains d’entre nous ont une telle haine de l’Empire qu’ils sont prêts à s’abaisser à votre niveau. Tout ce que j’espère, papa, c’est que cette guerre prendra fin le plus rapidement possible.
Eryan reprit espoir en entendant ces paroles salvatrices.
- Moi aussi, je le souhaite. Il te suffit de donner au major Dremor ce qu’il veut, d’accord ?
Il regretta son conseil lorsque les prunelles de sa fille exprimèrent de la distance. Le gouffre se creusa de nouveau entre deux convictions irréconciliables.
- Tu sais très bien que je ne peux pas faire ça, papa.
- Je ne comprends pas, Esgi. Tu es prête à souffrir pour ce Garm Bel Iblis, cet aventurier criminel qui ne doit même pas se soucier de toi ?
- Je suis prête à mourir pour la Rébellion, tout comme toi pour l’Empire.
- Souviens-toi que nous sommes une famille, Esgila. Je refuse de te voir mourir sans réagir, je ne suis pas aussi insensible que tu le crois !
La jeune corellienne déclara :
- Je me souviens du serment que j’ai fait à l’Ancien.
Elle faisait allusion aux derniers instants de son grand-père Xilam qui les avait tous deux exhorté à se rappeler qu’ils demeuraient des Tissan. Malgré leurs différents politiques et idéologiques qui les avait éloignés.
Eryan avait fait la paix avec son père, ils s’étaient pardonnés mutuellement avant que Xilam ne se prépare pour son dernier voyage.
- Nous sommes une famille, Esgila. Si tu aimais ton grand-père comme je l’ai aimé, respecte sa dernière volonté et reviens à la maison avec moi. Tu pourrais te marier avec Lovuin, avoir des enfants avec lui. Des enfants qui porteraient notre nom.
Elle regarda la main qu’elle lui tendait mais ses enfants ne grandiraient que dans une galaxie libérée de la tyrannie.
- Je partage le sang de Dalmon Tissan, Litia Tissan, Glev Tissan.
Elle récita la mémoire de ceux que l’Empire avait massacrés au château familial détruit et laissé à l’abandon depuis ce jour funeste.
- Et le sang de Oreste Tissan.
- Je t’interdis de prononcer ce nom devant moi !
Surprise par son éclat de colère, elle répliqua avec insolence :
- Pourquoi ? Tu as peur de son ombre ?
- Il est maudit. C’est à cause de cette stupide insurrection de Dathomir que je dois prouver ma loyauté à l’Empire chaque jour. Tu n’imagines pas à quel point c’est usant.
Il regrettait que Esgila soit née trop tard. Ainsi elle aurait vu de ses propres yeux les ravages du séparatisme et des rébellions pendant la Guerre des Clones. Elle ne pouvait pas le comprendre, se mettre à sa place.
- Tu dois te donner beaucoup de mal, fit-elle d’un ton grinçant.
À cet instant, un nouveau venu entra dans la cellule. Une respiration mécanique résonna dans le dos de Eryan qui se figea de crainte. Sans même se retourner, il se sentait oppressé par la nouvelle ombre qui grandissait derrière lui et menaçait de l’envelopper. Il croisa le regard de sa fille qui abandonna sa posture nonchalante pour se raidir.
Dark Vador allait s’occuper de la suite de l’interrogatoire.
- Je t’en prie, Esgila, la supplia-t-il une dernière fois.
- Je n’aimerais pas être à ta place, papa.
Elle fixa la sinistre et imposante silhouette en armure noire pressurisée intégrale qui s’était rangée à côté du corellien. La voix éraillée de baryton qui souffla à travers le vocodeur lui parvint :
- Esgila Tissan, vous allez me révéler où se trouve Garm Bel Iblis.
Eryan constata que sa fille surmonta sa peur pour le défier. Il était fier qu’elle possède en elle la force des Tissan. Il regrettait seulement qu’elle ait choisi le mauvais camp.
FIN
Le choix
Mondes du Noyau, Corellia, planète Coronet, quelques mois après la Bataille de Yavin IV
Garnison Impériale, salle d’interrogatoire
- Tu vas parler, ordure de terroriste ?
La paume gantée de l’officier du Bureau de Sécurité Impériale vola jusqu’à la figure de Esgila Tissan, enchaînée sur une table de torture, dressée à la verticale à hauteur du visage de son bourreau. L’impact de la gifle lui fit cracher du sang, qui éclaboussa l’uniforme blanc de l’officier, sous les yeux de Eryan Tissan, le père d’Esgila.
Celui-ci aurait voulu se détourner de ce spectacle, ne supportant guère ces méthodes abjectes mais néanmoins nécessaires pour assurer la pérennité de l’Empire en laquelle il croyait si fort. Contrairement à sa fille qui avait pris la décision peu avisée de rejoindre la Rébellion.
Il avait toujours cru en une autorité forte, capable de faire appliquer des lois dures mais justes. Il se souvenait très bien du chaos et de l’anarchie de la Guerre des Clones, des ravages du mouvement séparatiste qui avaient mis en évidence les faiblesses d’une République impuissante et corrompue. Voilà qui l’avait fait rallier à l’Empire, même s’il avait éprouvé quelques doutes à la suite de la Purge Jedi et de la destruction d’une partie de sa famille.
Son père Xilam n’avait jamais digéré la mort de son oncle Dalmon et de ses enfants. Il croyait dur comme duracier à la propagande terroriste qui rejetait la faute de ce massacre familial sur l’Empire.
- Où est Garm Bel Iblis ? Quels sont ses effectifs, sa force de frappe spatiale ? Où se trouve sa base ?
Devant le mutisme de la rebelle capturée, le major Dremor du BSI activa la table et l’électricité parcourut le corps de la corellienne, lui faisant pousser des hennissements étouffés. Puis le droïde sphérique s’approcha en flottant avec ses seringues pour lui injecter de la douleur supplémentaire. Son père la vit ruer violemment sur ses liens.
Oui, elle était une rebelle anarchiste mais elle partageait le même sang que lui.
- Major, laissez-moi lui parler. Seul.
Eryan Tissan soutint le regard contrarié de l’officier qui n’appréciait pas de se voir interrompre son passe-temps. Le corellien n’éprouvait que de l’antipathie pour ce genre d’individu qui ne représentait pas le meilleur côté de l’Empire. Même si son travail était nécessaire.
- Elle finira par avouer.
- Je vous crois, fit froidement Eryan. Mais nous pouvons gagner du temps si vous me laissez essayer.
Dremor demeura impassible tout en se demandant si ce n’était pas une bonne idée de faire une pause. Après tout, l’interrogatoire durait depuis une heure.
- Je vais rendre mon rapport. Dans dix minutes, le Seigneur Vador se chargera lui-même de cette affaire.
Les mots du major résonnaient comme une menace. Sans doute était-ce l’effet voulu, car un frisson désagréable parcourut l’échine de Eryan.
- Merci major.
L’officier désactiva le droïde puis sortit de la pièce. Eryan se précipita vers sa fille, tout à coup fébrile pour s’enquérir de son état. En effet, le sang coulait de ses plaies, en particulier de son visage. À cause des sévices subis, sa paupière gauche gonflée obstruait son œil tandis qu’un liquide poisseux écarlate filtrait de ses lèvres tuméfiées.
- Esgi ?
- Bas les pattes ! Rugit l’orgueilleuse corellienne qui se redressa comme une panthère des sables pour lui cracher à la figure.
Il s’épongea avec un morceau de tissu qu’il rangea dans la poche de son pantalon.
- Esgila, je n’ai jamais demandé à ce que tu subisses ça. Coopère et je demanderai à ce que tu reviennes avec moi, dans la famille. Ton petit frère Diken sera ravi de te revoir, tu sais. Donne la localisation de Garm Bel Iblis au major et ce sera fini. Tu ne dois rien à cet homme parce qu’il n’a pas levé le petit doigt pour te sortir de là.
Alors Esgila le considéra avec dignité.
- Si tu savais seulement ce que signifie la liberté…
- Je crois en l’autorité légitime, en l’ordre et à la paix, répliqua-t-il d’un ton à nouveau passionné. Toi et tes amis rebelles, vous menacez tout ce que nous tentons de rebâtir depuis la Guerre des Clones.
- Ouais, papa. L’ordre et la paix, c’est au nom de tout ça que vous avez détruit Alderaan, lança-t-elle avec amertume.
Eryan éleva la voix, agacé.
- Ce qui s’est passé sur Alderaan…
Il baissa la tête, sentant de nouveau le poids d’une culpabilité peser sur ses épaules.
- Ce qui s’est passé sur Alderaan, n’aurait pas du arriver. Mais les rebelles ne peuvent s’en prendre qu’à eux-mêmes, vous avez forcé l’Empire à riposter à vos actes de sabotage et de terrorisme ! Vous avez déclenché cette guerre !
- Vous avez détruit des centaines de millions de vies ! Ils étaient innocents et nous ferons entendre leurs cris ! S’anima Esgila.
- Alderaan était un nid de rebelles, ils ont mérité leur sort.
- Ils étaient désarmés, ils n’ont pas eu la moindre chance de se défendre. Des familles entières, des enfants… comment arrives-tu à dormir en ayant cela sur la conscience ? Comment pourrais-tu le supporter si j’étais morte avec eux ?
Eryan détourna le regard. Était-il perturbé par les blessures qui lui avaient été infligées par son bourreau ou par la vérité qui perçait dans ses mots ?
- Et toi, Esgila, tu arrives à dormir la nuit ? Répondit-il doucement.
La jeune femme soupira. Eryan était soulagé d’avoir affaire à sa fille pendant un instant, et non pas à une rebelle fanatique qu’il détestait par-dessus tout.
- Pas vraiment. Nous tentons de limiter les pertes civiles autant que nous le pouvons mais c’est parfois impossible. Certains d’entre nous ont une telle haine de l’Empire qu’ils sont prêts à s’abaisser à votre niveau. Tout ce que j’espère, papa, c’est que cette guerre prendra fin le plus rapidement possible.
Eryan reprit espoir en entendant ces paroles salvatrices.
- Moi aussi, je le souhaite. Il te suffit de donner au major Dremor ce qu’il veut, d’accord ?
Il regretta son conseil lorsque les prunelles de sa fille exprimèrent de la distance. Le gouffre se creusa de nouveau entre deux convictions irréconciliables.
- Tu sais très bien que je ne peux pas faire ça, papa.
- Je ne comprends pas, Esgi. Tu es prête à souffrir pour ce Garm Bel Iblis, cet aventurier criminel qui ne doit même pas se soucier de toi ?
- Je suis prête à mourir pour la Rébellion, tout comme toi pour l’Empire.
- Souviens-toi que nous sommes une famille, Esgila. Je refuse de te voir mourir sans réagir, je ne suis pas aussi insensible que tu le crois !
La jeune corellienne déclara :
- Je me souviens du serment que j’ai fait à l’Ancien.
Elle faisait allusion aux derniers instants de son grand-père Xilam qui les avait tous deux exhorté à se rappeler qu’ils demeuraient des Tissan. Malgré leurs différents politiques et idéologiques qui les avait éloignés.
Eryan avait fait la paix avec son père, ils s’étaient pardonnés mutuellement avant que Xilam ne se prépare pour son dernier voyage.
- Nous sommes une famille, Esgila. Si tu aimais ton grand-père comme je l’ai aimé, respecte sa dernière volonté et reviens à la maison avec moi. Tu pourrais te marier avec Lovuin, avoir des enfants avec lui. Des enfants qui porteraient notre nom.
Elle regarda la main qu’elle lui tendait mais ses enfants ne grandiraient que dans une galaxie libérée de la tyrannie.
- Je partage le sang de Dalmon Tissan, Litia Tissan, Glev Tissan.
Elle récita la mémoire de ceux que l’Empire avait massacrés au château familial détruit et laissé à l’abandon depuis ce jour funeste.
- Et le sang de Oreste Tissan.
- Je t’interdis de prononcer ce nom devant moi !
Surprise par son éclat de colère, elle répliqua avec insolence :
- Pourquoi ? Tu as peur de son ombre ?
- Il est maudit. C’est à cause de cette stupide insurrection de Dathomir que je dois prouver ma loyauté à l’Empire chaque jour. Tu n’imagines pas à quel point c’est usant.
Il regrettait que Esgila soit née trop tard. Ainsi elle aurait vu de ses propres yeux les ravages du séparatisme et des rébellions pendant la Guerre des Clones. Elle ne pouvait pas le comprendre, se mettre à sa place.
- Tu dois te donner beaucoup de mal, fit-elle d’un ton grinçant.
À cet instant, un nouveau venu entra dans la cellule. Une respiration mécanique résonna dans le dos de Eryan qui se figea de crainte. Sans même se retourner, il se sentait oppressé par la nouvelle ombre qui grandissait derrière lui et menaçait de l’envelopper. Il croisa le regard de sa fille qui abandonna sa posture nonchalante pour se raidir.
Dark Vador allait s’occuper de la suite de l’interrogatoire.
- Je t’en prie, Esgila, la supplia-t-il une dernière fois.
- Je n’aimerais pas être à ta place, papa.
Elle fixa la sinistre et imposante silhouette en armure noire pressurisée intégrale qui s’était rangée à côté du corellien. La voix éraillée de baryton qui souffla à travers le vocodeur lui parvint :
- Esgila Tissan, vous allez me révéler où se trouve Garm Bel Iblis.
Eryan constata que sa fille surmonta sa peur pour le défier. Il était fier qu’elle possède en elle la force des Tissan. Il regrettait seulement qu’elle ait choisi le mauvais camp.
FIN
Jagen Eripsa
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Aveuglement volontaire
[spoiler]Dès que les portes s’ouvrirent devant lui, le bruit des conversations s’imposa aux oreilles du pilote. Il n’était pas à bord depuis longtemps, certes, mais il n’avait jamais connu le mess des pilotes de l’Accuser, destroyer de classe Impériale Mk.II, si bondé et si bruyant.
Casque sous le bras – le vaisseau était en vitesse subluminique, une alerte pouvait survenir à n’importe quel moment –, il s’approcha du comptoir. Le barman portait un uniforme simple sans galons, aussi noir que les combinaisons de vol des pilotes rassemblés là.
— Une Lomin blonde, commanda le jeune homme.
Il ne lui fallut que quelques secondes pour recevoir sa pinte de bière – sans alcool, évidemment ; il était en service. Il siffla la mousse et regarda aux alentours pour repérer un groupe avec lequel discuter. Il lui sembla reconnaître la haute taille et les cheveux crépus de Daven, son ailier ; il le rejoignit en quelques pas.
— Quoi de neuf ? demanda-t-il en s’installent autour de la table haute.
Il y avait deux autres pilotes de TIE, qui selon leurs insignes appartenaient à un escadron de bombardiers, ainsi qu’un autre homme qui portait une combinaison plus classique et n’était donc sans doute pas affectés aux escadres d’élite.
— Tu tombes bien, le salua Daven. On était en train de parler des dernières infos. Tu vas voir, ça manque pas de piquant.
— C’est quoi ? Des infos sur la maîtresse du capitaine ?
Cela fit rire les deux pilotes de bombardiers ; l’autre gars semblait moins amusé.
— J’ai du mal à imaginer à quoi elle pourrait ressembler, ricana son ailier. Mais je doute qu’elle existe.
Le jeune pilote ne pouvait le contredire. Le capitaine Piett était un homme plutôt rigide, un officier aussi strict et ambitieux qu’efficace – pas vraiment le genre de type porté sur la bagatelle.
— Non, reprit Daven. C’est au sujet des Rebelles.
Son interlocuteur fronça les sourcils. Les rumeurs au sujet de la Rébellion se faisaient de plus en plus pressantes ces derniers mois. Dans les rangs impériaux, le sujet était discuté avec inquiétude. Certains vétérans se souvenaient avant tout des combats qu’ils avaient subis une vingtaine d’années plus tôt, à l’époque de la Guerre des Clones. Il avait fallu de longs combats, même après la fin officielle du conflit et la proclamation de l’Empire, pour mettre un terme aux soulèvements séparatistes. Cela faisait une décennie à peine que la galaxie avait réellement retrouvé un semblant de paix, et beaucoup souhaitaient que cela perdure.
— Que s’est-il passé ?
— Ils ont attaqué des installations de haute sécurité dans le système Horuz, expliqua l’un des pilotes de bombardiers. On m’a parlé d’une attaque menée par cinq cents chasseurs et un transporteur séparatiste retapé. Du gros calibre en somme.
— Les Rebelles se renforcent, constata son homologue.
— Ce ne sont plus de simples rebelles, contra le troisième homme. J’effectuais une livraison à la base Ubiqtorate de Tangrene, il y a quelques semaines ; un gars là-bas m’a confié que les différentes factions rebelles se sont unies. C’est une alliance, à présent. Et il paraît qu’ils ont de gros moyens.
— J’ai entendu ces rumeurs, moi aussi, confirma Daven. On m’a dit que c’étaient des groupes de dissidents corelliens qui s’étaient ralliés à une sénatrice renégate de Chandrila.
— Ouais, c’est ce qu’il paraît, lâcha le pilote de transporteur. Et qu’ils auraient aussi des foutus Aldéraniens avec eux, cracha-t-il avec une grimace.
Daven eut un sourire désolé pour son ailier, qui prit l’insulte avec flegme.
Il y était habitué.
Planète pacifiste, Aldérande n’était pas très bien vue au sein des forces armées impériales. Lui-même partageait en partie les convictions de son peuple ; c’était d’ailleurs, paradoxalement, l’une des raisons qui l’avaient poussé à s’engager au sein de la Flotte. Il était persuadé qu’avec le temps, et la présence en son sein d’éléments sains tels que lui, l’Empire saurait devenir le régime de paix et de prospérité qu’il promettait d’être.
Le jeune pilote avait néanmoins conscience que son point de vue n’était pas partagé par tous ses concitoyens. Sur Aldérande, les causes rebelles étaient bien vues par certains, et cela commençait déjà à se savoir au sein de l’Empire. Il craignait de se retrouver une fois de plus pointé du doigt, comme il l’avait parfois été au cours de sa formation à l’académie de Prefsbelt IV.
— Peu importe que la Rébellion devienne plus forte, assura le premier pilote de bombardier. Que pèse-t-elle face à nous ? Sérieusement, je doute qu’ils aient un seul vaisseau aussi puissant que l’Accuser… Et ce n’est qu’un destroyer au sein d’une flotte qui en compte des milliers. Sans compter les vaisseaux de commandement encore plus puissants et d’autres prototypes dont j’ai entendu parler.
Il but une gorgée de sa boisson avant de reprendre :
— D’ailleurs, la preuve, c’est qu’on n’a quasiment pas perdu de pilotes lors de cette attaque alors que les Rebelles ont été exterminés.
— Sérieusement ? s’étonna l’Aldéranien. Je croyais qu’ils avaient des chasseurs lourds…
Il avait eu vent de l’acquisition par certains groupes de dissidents de vaisseaux datant de la Guerre des Clones, mais aussi d’appareils plus récents sortis des usines d’Incom. Tous étaient équipés de ces boucliers dont étaient privés les pilotes des chasseurs TIE. Cela avait d’ailleurs provoqué des débats au sein de certains escadrons, entre les partisans de la vitesse pure et de la maniabilité, et ceux d’une sécurité accrue qui faisaient valoir les risques encourus face à des engins de cette qualité.
— Tous morts, confirma le pilote de bombardiers. Tous ! Le pote qui m’a filé l’info m’a dit qu’il était devenu double As. En une bataille ! Un vrai massacre !
— Faut croire que les Rebelles sont tellement désespérés qu’ils mettent n’importe qui aux commandes de leurs chasseurs, lâcha son homologue. Si leur taux de perte est encore pire que celui de nos rookiees…
— Et le vaisseau sép ? demanda le pilote de transporteur. Qu’est-il devenu ?
— Je n’ai pas l’info. J’imagine qu’un ou deux destroyers lui ont réglé son compte…
L’Aldéranien allait poser une autre question quand son comlink sonna. Il vérifia le nom qui s’affichait et sourit en voyant que c’était un appel personnel.
— Désolé, les gars, dit-il après avoir avalé le reste de sa bière Lomin, j’ai une affaire à régler. Je vais au centre de comms.
— Fais gaffe à ce qu’un Rebelle ne te tende pas une embuscade en chemin ! plaisanta Daven.
Le jeune pilote rit avec les autres un bref instant, puis quitta le mess à grands pas, gagné par l’impatience.
Il lui fallut quelques minutes pour réquisitionner l’une des cabines privées, puis quelques manipulations avant de pouvoir afficher la liaison. L’hologramme qui apparut était bien plus large que d’ordinaire, car il affichait une bonne dizaine de personnes. Il les reconnus tous : ses parents, son frère, ses deux sœurs, ses grands-parents… Et surtout sa fiancée, Nyiestra, la femme qu’il allait épouser dans quelques mois, une fois sa première année de service actif achevée. Il avait hâte d’y être.
— Joyeux anniversaire ! lui lancèrent-ils tous avec entrain.
Tycho Celchu ne put s’empêcher de rire avec eux. Il avait vingt-et-un ans aujourd’hui, et en cet instant, tous les soucis autour de la lutte de l’Empire et de la Rébellion lui semblaient complètement lointains, parfaitement négligeables.
Comme il se trompait…