Aphra (Doctor Aphra #01 à 06), par Kieron Gillen et Kev Walker
L'archéologue Aphra a simulé sa mort auprès de Dark Vador et parcourt désormais la galaxie en compagnie des deux droïdes B-T et 0-0-0, ainsi que du chasseur de primes wookiee Krssantan le Noir à la recherche de nouveaux moyens de s'enrichir. Mais lorsque son doctorat est suspendu et que son père est de retour dans sa vie, toujours à la recherche de la mystérieuse secte Jedi de l'Ordu Aspectu, Aphra n'a d'autre choix que de l'aider, au risque d'attirer une nouvelle fois l'attention de l'Empire sur elle !
ENFIN ! Enfin une série régulière lancée sur la base d'un personnage entièrement inédit, en l'occurrence Aphra, l'anti-héroïne bien connue des lecteurs de la précédente série
Dark Vador de Kieron Gillen. Un personnage absent des films, à qui tout peut arriver, accompagné d'une galerie de seconds rôles tout aussi inédits et à qui, pour eux aussi, tout peut arriver. Rien qu'avec cette description, le titre met l'eau à la bouche de part les nombreuses possibilités qui s'ouvrent devant le lecteur. Et Kieron Gillen ne va pas hésiter à les exploiter.
Et il va commencer en explorant le passé de son héroïne. Aphra se voit donc dotée d'un père, d'un passé, de quelques éléments glissés ici et là qui nous en apprennent plus sur elle et sur la manière dont elle a été élevée. Le père d'Aphra s'avère finalement être un personnage naïf et parfois gaffeur, presque un équivalent d'un Henry Jones Senior là où Aphra serait Indiana Jones. La relation entre le père et la fille est très intéressante, bien développée, à la fois pudique et évoluant au cours de l'arc. C'est là l'une des réussites de cet arc, mais ce n'est pas la seule, loin s'en faut.
Vous trouviez que le nouvel Univers était plein de son mystère sur son passé, et se focalisait un peu trop sur la période entre
Un nouvel espoir et
l'Empire contre-attaque ? Alors, avec Aphra, vous serez servi. Déjà parce que, dès le numéro trois ou quatre, les événements de
Rogue One, notamment ceux de Jedha, sont cités par Aphra lors d'une scène avec son père. C'est déjà suffisamment rare pour être souligné : à peine sorti, le film se voit être utilisé dans les comics, un échauffement par rapport à ce que Gillen va faire quand il reprendra les rênes de la série mère
Star Wars. Mais l'auteur explore également le passé, notamment avec l'Ordu Aspectu, l'occasion d'une série de pages où chaque personnage y va de sa théorie sur ce qu'était cette mystérieuse organisation, une série de pages très réussie qui font qu'au final, chacun est libre d'y voir ce qu'il veut !
Enfin, Gillen n'en oublie pas pour autant l'avenir de sa série, en plaçant de très nombreuses pistes pour la suite de la série : la dernière page bien sûr, l'introduction du Capitaine Tolvan, mais aussi, peut-être, l'amorce d'un changement d'état d'esprit pour les deux droïdes psychopathes qui n'hésitent désormais plus à abandonner Aphra à une mort certaine, un changement certain d'état d'esprit par rapport au début de l'arc !
Aux dessins, c'est Kev Walker qui s'illustre. Pour un lancement de série Star Wars, c'est finalement un choix assez risqué, Walker étant loin d'être une « tête d'affiche » du milieu (ce n'est pas un Jim Lee ou un Bryan Hitch, pour ne citer qu'eux!). Et pourtant… pourtant le dessinateur est parfait pour la série. Il y a ne patte Walker, une touche, quelque chose à mi-chemin entre le comic-book et le franco-belge qui fait qu'on a d'autant plus de plaisir à suivre cette histoire. Les personnages sont très expressifs sans pour autant être caricaturaux, les décors sont soignés et variés (on passe par plusieurs ambiances et arrières-plans différents) sans aucun souci. Pour moi, Kev Walker est une révélation, j'ai déjà hâte de le retrouver sur le prochain arc de la série !
Cette première aventure de la série
Aphra est donc une nette réussite. Personnages attachants et pour certains nouveaux, intrigue sans temps morts explorant le passé de la galaxie, illustrations et décors superbes, rien à redire. Espérons que la suite sera du même niveau !
Note : 90 %
(Oui, j'ai abusé du même smiley mais, en même temps, quand c'est approprié, pourquoi s'en priver ?)