Maul – Prisonnier, de Joe Schreiber
Dark Maul a été envoyé par son Maître, Dark Sidious, dans la prison spatiale Engrenage 7, dirigée d'une main de maître par la directrice Sadiki Blirr qui n'hésite pas à organiser des combats de détenus, combats dont les bookmakers de toute la galaxie raffolent ! L'objectif de Maul est de localiser un marchand d'armes, Iram Radique, réputé se cacher dans la prison mais que personne n'a jamais vu ! Si la mission de Maul est risquée – son Maître lui ayant interdit de faire usage de la Force – elle l'est tout autant pour Sidious lui-même, qui risque de se retrouver en opposition avec son propre mentor, Dark Plagueis !
Troisième roman de Joe Schreiber sur la licence,
Maul – Prisonnier est le premier à franchir nos frontières, en attendant les deux premiers qui débarqueront respectivement en avril et juin prochains. Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'avec cet auteur, les chapitres sont courts : ils font une poignée de pages, et ne se focalisent que sur un personnage à la fois : autrement dit, après un chapitre sur Maul, on peut avoir droit à un sur Blirr, puis un sur certains détenus, puis à nouveau Maul, etc. Le problème, c'est que cela casse très nettement le rythme des scènes, qui sont par conséquent très courtes et empêchent l'implication du lecteur. Ajoutons à cela un vocabulaire et un style pas forcément très développés (nous sommes très loin d'un JJM, d'un Denning ou d'une Traviss dans la qualité d'écriture), et on obtient un auteur qui se lit certes bien, mais pour les qualités narratives, on repassera.
Toujours est-il qu'en dépit de ces défauts d'écriture, on peut pardonner la chose si l'histoire suit derrière. Le problème... c'est que ce n'est pas tellement le cas ! Passé le premier duel de Maul – qui fait plus office de fan-service qu'autre chose, en plus de ne servir à rien du tout – le Zabrak suit un certain nombre de péripéties, allant d'un point A à un point B, rendant divers services à des détenus pour progresser dans sa mission, une mission dont je me demande encore concrètement à quoi elle sert (je suis sérieux : si quelqu'un a compris l'enchaînement du plan de Maul et son but final, je suis preneur!!!
). Certaines ficelles sont visibles très vite (notamment celle concernant Dakarai, le frère de Sadiki, dont on devine très vite le rôle réel dans l'histoire), et c'est vraiment dommage.
La gestion des personnages est également problématique, à commencer par Maul. Je regrette une fois de plus l'absence quasi-totale de développement du personnage qui ne veut qu'obéir à son Maître, et c'est tout. Je veux bien dans un film, mais dans un roman, c'est un peu léger tout de même, surtout lorsqu'on le compare avec l'excellent
L'ombre du chasseur !
Le Sith donne un peu trop l'impression de subir les événements à mon goût... tout comme le fait qu'il ne doit pas utiliser la Force, d'accord, mais en allant sur Engrenage 7, ses « prestations » vont être visibles par tous les parieurs et les bookmakers de la galaxie, c'est très risqué pour un plan de Sidious dont on se demande là encore la finalité ! Que vient faire le Bando Gora là-dedans ? Que vient faire le dernier personnage à être introduit (dont je tairais le nom), qui est-il, d'où sort-il ? Sommes nous censés éprouver de l'empathie, de la tristesse ou au contraire le craindre ? Je ne le connais pas, je ne l'ai jamais vu ailleurs, du coup, je m'en moque un peu, de ce qui lui arrive (par contre, encore un syndrome Aurra Sing/Asajj Ventress...
)
Iram Radique enfin, le cœur du roman, est une déception. Pas tant sa traque elle-même, mais bien le personnage de chair et d'os. Forcément, lorsqu'on cherche un mythe, la vérité est toujours moins intéressante mais à ce point-là, c'est trop ! Il disparaît sitôt apparu, non mais franchement... Le seul qui s'en sort honorablement, c'est Coyle, avec son petit gimmick de langage, ses dialogues sont savoureux, pleins de sous-entendus et de promesses ou menaces. Mais c'est peu, très peu... Ah, j'allais oublier les passages entre Sidious et Plagueis qui, s'ils sont savoureux, pleins de sous-entendus et de doutes sur ce que sait l'un sur le plan de l'autre se finit sur une non-confrontation...
Mais si toi aussi lecteur tu veux un dialogue entre les deux Sith dans un dressing, alors que Sidious est en peignoir et petits chaussons, tu peux foncer sur
Maul – Prisonnier !
En résumé, le roman ne m'a pas convaincu et est loin, très loin, du modèle qu'aurait du représenter
L'Ombre du Chasseur. Caractérisation de Maul inexistante, péripéties à la chaîne, antagonistes créés à la pelle pour susciter l'intérêt du lecteur... beaucoup de choses à revoir, donc. C'est dommage, ce n'est pas avec un tel roman que l'aura de Maul se verra renforcer !
Note : 60%