Interview avec Aaron Allston, auteur de
Star Wars Legacy of the Force, #1: Betrayal.
Question : Quand se situe votre nouveau roman,
Betrayal, dans la chronologie Star Wars ?
Aaron Allston : Il se déroule plusieurs années après la fin de la série
le Nouvel Ordre Jedi. Ben Skywalker, né pendant les évènements du
NOJ, a 13 ans au début de la série
Legacy of the Force. Chronologiquement, le dernier roman avant
Legacy of the Force est la trilogie
le Nid Sombre, de Troy Denning, et Troy a préparé des évènements de
Legacy of the Force dans ses livres.
Q : Pouvez-vous nous présenter un petit peu la situation ?
AA : Bien sûr. Des années après la défaite des Yuuzhan Vong, la galaxie est toujours en train de récupérer des batailles qui ont eu lieu en ces temps sombres. Maintenant, la guerre pourrait de nouveau éclater, cette fois-ci entre des planètes autre fois alliées, puisque Corellia défie l'Alliance Galactique.
Les plus grands héros de la galaxie – Luke, Leia, Han, Jaina, Jacen, et bien d'autres – vont se retrouver dans des camps opposés durant le conflit ... et un danger du passé de Luke va forcer Jacen a faire un choix difficile s'il veut sauver les vies de ceux qu'il aime.
Q : S'agit-il du début d'une grande série, quelque chose comme
le Nouvel Ordre Jedi, à laquelle de nombreux auteurs contribuent, ou est-ce plutôt une petite série entièrement écrite par vos soins ?
AA : C'est à peu près au milieu de ces deux extrêmes. Il s'agit d'une grande série, aussi conséquente dans l'univers Star Wars que l'était
le Nouvel Ordre Jedi, mais il n'y a que neuf livres, et écrits par seulement trois auteurs : moi-même, Karen Traviss et Troy Denning. Nous effectuons des rotations, ce qui signifie que j'écris le premier, Karen le deuxième, Troy le troisième, de nouveau moi pour le quatrième, et ainsi de suite.
L'une des raisons pour laquelle la série
Legacy of the Force est intéressante est que nous avons beaucoup appris pendant
le Nouvel Ordre Jedi : à propos de la coordination entre auteurs, comment mener les personnages et les intrigues secondaires, ce genre de choses. Il est amusant de pouvoir mettre en pratique ce que nous avons appris.
Q : Jacen Solo semble être au coeur de ce roman. Sans donner de spoilers, pouvez-vous nous dire comment vous voyez ce personnage, comment il a été transformé, en tant qu'humain et que Jedi, par les évènements de son passé ?
AA : Il va être difficile de répondre à cette question “sans donner de spoilers”. Dans sa manière de devenir un Jedi, Jacen a suivi un chemin comme aucun autre. Il a été exposé à plus de philosophies de la Force qu'aucun autre. Il s'agit de sa plus grande force, mais aussi de sa plus grande faiblesse. Il peut faire des choses qu'aucun autre ne peut faire, mais il a tant été habitué à penser d'abord par lui-même qu'il est très, très rapide à laisser tomber les traditions. C'est comme s'il avait eu tant de prédécesseurs qu'il est prompt à ignorer les leçons de la plupart d'entre eux. Cette combinaisons de vertus et de défauts fait de lui quelqu'un de très intéressant à écrire.
Q : Comment voyez-vous la relation entre Jacen et Luke ? Il semble y avoir de la rivalité et du ressentiment, au moins de la part de Jacen.
AA : Jacen aime profondément son oncle. Mais à un tel point que je pense qu'il l'aime plus qu'il ne le respecte. Oui, il y a quelque ressentiment. Mais pas de rivalité : Jacen ne veut pas du travail de Luke, ni de son rôle spécifique dans l'histoire. Il souhaite simplement que Luke voie et comprenne ce que fait Jacen et prenne ses décisions avec une meilleure appréciation du point de vue de Jacen.
Q : Ben Skywalker joue aussi un rôle important dans le livre, et je suppose qu'au fur et à mesure de la série, cela va continuer dans ce sens.
AA : Bien sûr. Ben est un adolescent, avec sa curiosité typique, son désir de se frayer un chemin dans le monde, ses poussées hormonales, ses ressentiments, sa paranoia, son potentiel extraordinaire, ses angoisses et ses drames… et il possède un héritage des plus forts dans cette galaxie lointaine, très lointaine. C'est un peut comme si on donnait à un adolescent de la dynamite. Saura-t-il l'utiliser de manière responable ?
Q : Une partie importante de l'intrigue du roman tourne autour de la capicité des Jedi à utiliser la Force pour entre voir des avenirs possibles. Quelles en sont les limites ? Il semble étrange pour des Jedi, qui sont entraînés à se concentrer sur l'instant présent, chercher à découvrir les éléments d'un futur plus ou moins prédéterminé.
AA : Il y a des limites, ne serait-ce que parce que le futur n'est pas encore fixé tant qu'il n'est pas encore devenu le présent. En supposant que l'on peut voir “le futur” de manière fiable et aussi clair que du cristal – et personne dans l'univers Star Wars n'est bon à ce point, tant que je je sache – il reste toujours le fait que toujours en mouvement est l'avenir. Chaque action peut le modifier. Scruter l'avenir sous toutes ces formes peut donner aux Jedi des indications de motifs, de tendances, mais baser une décision sur l'un de ces futurs est un choix très risqué. C'est Charlie Brown qui suppose, une fois de plus, que Lucy is going to hold the football steady for him to kick. Sauf que cette fois, ce sont des vies qui sont en jeu.
Avec ceci en tête, je suppose que le conseil stéréotypé des Jedi du genre “occupe-toi du présent”, en plus des “fais attention, arrête de rêver”, signifie aussi “ne base pas tes décisions sur ce que tu vois du présent – sinon, tu vas mal tourner.”
Q : Dans ce roman, vous entrez dans des aspects intriguants de la philosophie Sith. Je ne me rappelle pas les avoir vus évoqués avant. Comment avez-vous étendu ou approfondi la philosophie Sith ? Quelles restrictions, ou indications vous a-t-on données ? Et pensez-vous qu'un Jedi pourrait embrasser des aspects des croyances Sith et leurs techniques liées à la Force sans devenir mauvais ou plonger dans le Côté Obscur comme Anakin Skywalker ?
AA : En tant qu'auteur, je dois beaucoup réfléchir à l'éthique personnelle des “méchants” dans mes romans. Je n'aime pas tellement les fous à lier ni ceux qui embrassent volontairement la notion du mal. Ils sont, en un mot, mauvais. Donc les variations que j'ai fait sur la philosphie Sith émergent de ceci – je vois comme un besoin pour de nombreux Sith de créer une philosphie dans laquelle leurs actions sont acceptables, voire héroïques... d'un certain point de vue.
Avec les Sith, nous voyons un “career path” qui les rend capables de crimes et d'atrocités toujours pires au fur et à mesure qu'ils progressent. Typiquement, la méthode humaine pour s'habituer aux atrocités est de s'y insensibiliser, d'en déshumaniser les vicitimes, et ainsi de suite. C'est normal, mais c'est une vieille technique, alors j'ai voulu quelque chose de différent pour les Sith – suggérer que ceux qui essaient de se placer dans cette éthique le font en se forçant à souffrir avec ceux qu'ils font souffrir, à aimer ce qu'ils détruisent, comme un moyen pour contrôler leurs propres excès.
J'ai aussi voulu suggérer quelques points communs entre les philosphies des Jedi et des Sith, pour mieux montrer leurs différences. Par exemple, si la version la plus extrême de la philosophie Sith implique une rage destructrice, l'abandon de soi à la passion destrutrice, la version extrême de la philosophie Jedi serait distante, sans émotion, aurait tendance à se focaliser sur la loi sans faire preuve de compassion, et ce genre de choses… avec la notion que ce fut l'une des erreurs commises par le Conseil Jedi pendant la période prélogique. Je voulais suggérer que tout philosophie prise à son extrémité est destructrice, y compris une philosphie théoriquement héroïque et altruiste comme le Code Jedi.
Je n'ai eu que peu de restrictions. Sûrement parce que nous avons mis ce soncept sur pieds en Novembre 2004, à Big Rock Ranch lors d'une réunion avec Lucasfilm, et donc chacun savait ce qui allait être exploré et que chacun allait s'en préoccuper.
Quant à la question de savoir si un Jedi peut embrasser des aspects de la philosophie Sith et rester bon – eh bien, je parie que la réponse est oui, tant que ce ne sont que quelques “aspects” et pas tout leur enseignement. Parfois, je me demande aussi si un non-humain pourrait devenir Sith sans devenir mauvais. Je ne crois pas que ce soit possible pour un humain, à causes des faiblesses de la nature humaine, mais peut-être qu'un alien y parviendrait.
Q : Vador n'était-il pas censé unifier les deux Côtés de la Force ? Il semblerait que cette prohpétie ne s'est pas réalisée.
AA : Les unifier... ou leur rendre l'équilibre ? Une grande part de la philosophie de la Force est basée sur la philosphie orientale de notre monde, qui place le yin et le yang à l'opposé l'un de l'autre, et en complémentarité. Apporter l'équilibre semblerait impliquer une influence équivalente pour les deux, plutôt que les mélanger en une sorte de bouillie.
Q : Votre écriture contient beaucoup de détails dans les descriptions du matériel militaire, l'armement, ... Cette accumulation de détails est-elle le secret pour décrire de manière convainquante des objets qui n'existent pas vraiment ?
AA : Je crois que vous êtes la première personne qui me dit ça. Ma tendance naturelle en tant qu'écrivain a toujours été de décrire assez peu l'environnement, si bien que j'ai eu besoin de repasser plusieurs fois sur chaque manuscrit avant d'être sûr que j'ai introduit suffisamment de détails sensoriels.
Mais, oui, j'ai essayé de me mettre à la place du lecteur et d'analyser chaque passage du livre, en me demandant s'il contient assez de détails pour que le lecteur puisse visualiser ce qu'il se passe. Il faut ajouter à ceci la tâche de décrire le matériel qui est déjà familier aux fans de l'univers Star Wars, comme les ailes X, mais qui doivent tout de même pouvoir être imaginées par ceux qui ne le sont pas. Où est le point magique d'équilibre entre les deux ? Je le cherche toujours.
Q : Qu'est-ce qui vous intéresse dans votre travail pour l'Univers Star Wars après tant de livres et d'années ?
AA : Eh bien, il s'agit d'un univers si vaste qu'il y a toujours une nouvelle partie à développer. Et la saga s'étend sur une telle période que nous pouvons étudier les personnages principaus à chaque étape de leure vie et trouver quelque chose d'intéressant.
Regardez Luke, par exemple. Nous avons l'adolescent qui découvre la Force. Luke à une vingtaine d'années, au sommet de sa carrière de pilote de chasse, qui fonde l'Escadron Rogue et l'une des pièces maîtresses de la Rébellion. Nosu avons Luke en seul Maître Jedi, qui prend le fardeau de la recréation de l'Ordre Jedi. Luke apparemment condamné, avec une série d'aventures romantiques, à rester célibataire. Puis lorsqu'il trouve la femme de sa vie. Nous avons Luke en tant qu'époux. Luke en Maître d'un Ordre Jedi renaissant, en conflit avec d'autres Maîtres. Nous avons Luke qui lutte pour garder en vie sa famille malgré l'invasion d'aliens qui pourrait détruire la civilisation telle qu'il la connaît. Luke en tant que père. Et ainsi de suite. Chacun de ces Luke peut être le protagoniste d'un ou plusieurs romans explorant ces circonstances. Et ce n'est que pour un seul personnage.
En d'autres termes, il y a toujours du travail pour chaque auteur qui se plonge dedans.
Q : Travaillez-vous sur d'autres projets, liés à Star Wars ou non ?
AA : Oh que oui. Mon emploi du temps est plein, ces jours-ci. J'ai encore deux romans dans cette série à écrire, et d'autres, hors Star Wars, sont sur le feu. J'ai scénarisé, produit et dirigé un film d'horreur à budget très restreint,
Deadbacks, actuellement en post-production. Avant, j'écrivais des supplément jeu-de-rôle, et j'ai encore deux ou trois projets dans ce domaine. J'ai également fait un travail préliminaire sur deux livres hors de la fiction : l'un à propos de l'écriture de fictions et l'autre sur la réalisation de films à faible coût.