J'avoue moi aussi être impressionné par
Pensées obscures, c'est une très beau texte, très prenant ; malgré tout je n'imaginais pas tout à fait Palpy comme ça, il me paraît presque
faible dans ce texte, à ne se livrer au côté obscur que parcequ'il est lui-même mal aimé... Je ne pense pas personnellement qu'il ait eu une jeunesse si difficile, je pense qu'il a toujours été égocentrique et mégalomane au plus heut point, méprisant tout le monde autour de lui car se pensant supérieur... Enfin, cela n'est que mon opinion personnelle, et même pour moi n'a pas suffit à assombrir les qualités de ce texte...
Lowie, j'attends avec impatience ton texte, je sais tout ce que ça représente, étant donné que même si je ne poste que depuis peu, ça fait un petit bout de temps que je parcours ce forum, et je sais combien tu t'es investi comme lecteur dans cette rubrique fanfic; alors ton premier texte ! Néanmoins, je ne voudrais pas te mettre trop la pression, donc j'arrête là.
Bon, et en prime, vous avez droit à ma seconde nouvelle, petits veinards (qui a dit "oh, non, encore !" ?
) ! Vous allez encore me dire que c'est osé, d'écrire comme ça sur Vador
himself alors que j'ai pas lu
Dark Lord, et en plus en réutilisant des éléments de l'
UE hérités de cette chère B. Hambly, dont les fans ne se comptent plus !
Mais bon, cette idée ne me paraissait pas inintéressante, inspirée par le duel avec la femme sombre dans
Le destin de Dark Vador, pour figurer dans les dernières de ce recueil (je n'ose pas prétendre "le dernier"); et puis en ce qui me concerne je suis un des partisans de l'"
UE Total", et si ce texte vous plaît (qui a dit "impossible !" ?
), et bien j'aurai réussi à prouver que même la pire erreur de l'
UE peut être cicatrisée, même du Hambly, même peut-être du Prince Ken (bon, le Holiday Special, faut avouer, ça va être dur à réintégrer... mais je déséspère pas
)... Enfin bon, passons au texte...
Un dernier regard en arrière
À travers les globes oculaires de son masque noir, à l’expression éternellement impassible, il regardait la jeune femme assise en face de lui… Une humaine, de taille moyenne, avec une beauté plutôt commune, les cheveux longs et détachés. Assise avec les jambes et les bras croisés, elle essayait manifestement de se donner un air autoritaire, dur, altier, mais le résultat était loin d’être convaincant…
Pathétique…
Si sa respiration n’avait pas été intégralement régulée mécaniquement par un système de pompes, il aurait sûrement soupiré. Mais il ne contenta de tourner la tête, regardant par un hublot la planète qui devenait de plus en plus grosse.
Cette femme – quel était son nom, déjà ? Darys… Ameesa Darys… Elle avait été chevalier Jedi, mais n’en avait jamais vraiment eu la carrure ; maintenant, elle était membre de l’Inquisitorius, une organisation parajudiciaire créée par son maître dans le but de l’assister, lui, dans la traque de tous les Jedi survivants… Comme s’il avait besoin de cette aide !
Dark Vador, lui, était un Seigneur Noir des Sith, un vrai, apprenti personnel et unique de l’Empereur ! Mais Palpatine avait à peine pris le pouvoir et déclaré les Jedi ennemis publiques à exterminer, qu’il avait commencé à s’entourer d’êtres sensibles à la Force corrompus par le Côté Obscur. Le code des Sith, millénaire, était très strict, et sa règle fondamentale était qu’il ne pouvait y avoir plus de deux Sith ; mais depuis que Palpatine avait pris le pouvoir sur la République galactique millénaire, et entamé l’extermination totale des Jedi, il considérait l’objectif de l’Ordre Sith atteint, la vengeance du Seigneur Bane accomplie, et s’était permis des libertés. Il n’était pas allé jusqu’à choisir d’autres apprentis en plus de Vador, heureusement ; mais il avait d’abord épargné et pris à son service une partie de l’organisation très secrète des Prophètes du Côté Obscur, une confrérie au moins aussi ancienne que l’Ordre Sith lui-même, mais que l’Empereur avait refaçonné au service de son Ordre Nouveau ; puis il s’était mis dans l’idée qu’il pourrait lui être utile de corrompre les Jedi ratés, tous ces membres de l’Ordre qui n’avait jamais atteint la chevalerie… En effet, l’Ordre n’était pas composé uniquement de Chevaliers et de Maîtres : parmi tous les êtres sensibles à la Force recueillis enfants par l’Ordre, un grand nombre se révélaient en fin de compte avoir un potentiel insuffisant pour devenir chevalier ; ils continuaient à servir l’Ordre, certains comme personnel du temple (cadres administratifs, techniciens des vaisseaux, coursiers, cuisiniers, infirmiers, etc.), d’autres comme envoyés du Corps Agricole, dont la mission était de conseiller les habitants des nouvelles colonies et postes pionniers dans leur conquête de planètes inhabitées et souvent inhospitalières. Ceux du temple avaient été éliminés en même temps que tous les habitants du lieu ; mais pas les délégués du Corps Agricole. Palpatine avait donc utilisé le côté obscur pour en faire des esclaves, les habitants de la planète Byss, fief personnel de l’Empereur ; mais il avait ensuite formé un peu mieux ceux qui avaient le meilleur potentiel, et avait fondé l’Inquisitorius… Puis il s’était fait des “Mains de l’Empereur”, agents secrets à qui étaient confiées toutes les tâches d’espionnage ou d’assassinat dont ni Vador ni l’armée ne pouvait se charger, ces opérations devant rester dans l’ombre… À chaque fois, l’Empereur les présentait à son apprenti comme de simples adeptes, des esclaves destinés à suppléer les Seigneurs Sith ; mais Vador n’y voyait qu’un affront, une manière de plus de lui rappeler qui des deux Sith était le maître, et combien peu indispensable était l’apprenti… Vador était loin de faire confiance à son maître : il avait pris la place de Dooku, peut-être un jour l’Empereur, qui se croyait éternel, tenterait de le remplacer : c’était là la voie des Sith, basée non sur la confiance, mais sur la méfiance mutuelle, l’apprenti cherchant à surpasser son maître, le maître cherchant à rester le plus puissant ; jusqu’à ce que l’équilibre se brise…
Il retourna la tête vers la jeune femme, la fixant de ses yeux vides, et sentant croître son malaise… Non, elle ne serait jamais plus qu’un pion de l’Empereur, comme tous les autres… Non, pire que des pions ; Vador suspectait que Palpatine, qui savourait par tous les moyens possibles sa victoire ultime sur les Jedi, n’avait maintenu cette parodie d’Ordre d’utilisateurs de la Force que pour son amusement personnel… Des
bouffons, voilà ce qu’ils étaient… Tous…
Mais pas lui. Vador sourit sous son masque, chose qui arrivait rarement. Et il retourna son regard vers la planète. Maintenant que la navette s’en était approchée, on distinguait mieux les quelques vallées profondes, remplies de végétation tropicales, qui striaient les hauts glaciers. Des vallées rendues habitables, dans ce monde à l’atmosphère si froide, par l’abondante vapeur sulfurée émise par des sources chaudes d’origine volcanique. Et dans l’une d’elles, au moins un Jedi dont il faudrait abréger les souffrances. Bien que la navette fût encore éloignée de la surface, Vador tenta de se concentrer, de percevoir les êtres qui y vivaient, cherchant la présence de la Force. Combien pouvait-il y avoir de Jedi ? Ce lieu ne pouvait qu’être devenu un lieu de refuge pour Jedi, lorsque la grande purge avait débuté ; depuis plus d’un siècle, il avait constitué un lieu de paix, de repos, pour de nombreux membres de l’Ordre, en particulier les enfants. Belsavis était devenu un havre presque sacré parmi les Jedi, depuis que le très sage horticulteur et guérisseur Ho’Din Plett y avait construit sa demeure ; si Anakin enfant n’y était jamais allé lui-même, il en avait beaucoup entendu parler, car c’est là qu’étaient envoyés tous les padawans convalescents de longue durée, ou ceux qui avaient subi de graves traumatismes psychologiques… Les brebis galeuses du troupeau. Aucun de ses padawans n’était devenu un Chevalier extraordinaire, quand bien même ils avaient atteint ce rang, et la guerre des clones avait eu raison d’eux avant même que la purge ne commence. Palpatine avait lui aussi connu, depuis très longtemps, l’existence de cette place idyllique ; prévoyant qu’elle pourrait devenir un centre d’accueil de réfugiés Jedi lors de la purge, il avait fait construire un immense vaisseau automatisé, du temps où il n’était encore que Chancelier Suprême, destiné à détruire la planète. Mais inexplicablement, le vaisseau entier avait disparu, sans pouvoir accomplir sa mission. Un peu de temps avait passé, l’attention de l’Empereur confiant dans son arme automatique s’étant détournée de la planète ; c’est pourquoi les réfugiés les plus anciens avaient largement eu le temps de s’installer, de se remettre de leurs émotions, faire leurs travaux de deuil, et repartir vers des cachettes moins repérables. Vador avait peu d’espoir de trouver encore grand monde, et de toute façon le refuge n’avait d’après ses sources pas abrité de Chevaliers, seulement les familles de ceux des chevaliers qui en avaient eu…
Les familles… Vador sentit son cœur se serrer, preuve que sa blessure ne s’était pas encore totalement refermée ; peut-être ne guérirait-elle plus jamais… Les Jedi n’avaient en théorie pas le droit de s’attacher, donc un membre de l’Ordre ne devait pas fonder de famille. C’était la règle. Comme toute règle, elle avait ses exceptions : d’une part, la tradition des Jedi corelliens, plus vieille que la forme moderne du temple, puisqu’un Ordre Jedi corellien avait existé, avant la découverte des voyages hyperspaciaux par les habitants de ce système, ordre qui avait été au centre de la création du nouvel Ordre, celui qui devait soutenir la République Galactique, et prospérer avec elle ; d’autre part, de manière individuelle, le Conseil pouvait statuer pour autoriser un Jedi à procréer s’il appartenait à une espèce particulièrement peu féconde, naturellement ou bien à cause d’une stérilité endémique. Mais pour tous les autres, avoir une famille était proscrit, à moins de se retirer de l’Ordre, de renoncer à toutes ses prérogatives de Chevalier ou de Maître. C’était le choix de certains, comme cette femme qu’Anakin avait rencontrée lors de sa première mission hors de Coruscant, Thracia Cho Leem ; mais ce n’était pas le sien : Anakin savait qu’il devait être un Grand Maître, un membre éminent du Conseil, qu’il devait être parmi les dirigeants de l’Ordre ; il avait donc enfreint les règles pour suivre son amour en parallèle de l’Ordre, dans le secret et le mensonge.
Tout ça pour… perdre les deux. L’ordre Jedi n’existait plus, lui qui s’était montré si aveugle, si incapable de sortir de l’apathie de sa routine millénaire, si… anachronique. Et Padmé était morte, pire que ça : elle s’était éloignée de lui, l’avait repoussé, l’esprit contaminé par les mensonges d’Obi-Wan… Vador revit soudain le visage de sa bien-aimée, et il sut qu’il aurait senti une larme couler sur sa joue si ses yeux en avaient encore été capables ; puis l’image se changea, et il ne vit plus que Theed en flammes. Cet événement datait de plusieurs mois maintenant, mais son souvenir était encore frais dans l’esprit du jeune Sith. À peine devenu Dark Vador, il s’était rendu sur Naboo, en ce lieu qui avait été leur lieu, qui avait abrité leur amour, là où s’étaient déroulés les plus beaux moments de sa vie. Mais tout était fini. Il n’avait trouvé que la tombe de Padmé, au milieu du Parc du Souvenir de Theed ; elle était tellement aimée du peuple de Naboo, comme la Reine qui avait reconstruit la démocratie avait les temps corrompus de Veruna, comme celle qui avait rétabli la concorde entre les humains Naboo et les Gungans, mettant fin à plusieurs siècles d’inimitié, et enfin comme celle qui avait sauvé sa planète de l’invasion de la Fédération du Commerce ! Ce n’était donc pas une sépulture ordinaire qu’on lui avait offert, mais un mausolée en plein centre de ce Parc du Souvenir qui n’abritait que les héros nationaux, un monument construit par les artisans les plus doués de la planète, alliant l’harmonie architecturale des Naboos à la pureté biologique des Gungans ; jamais Vador n’avait contemplé un bâtiment aussi finement ciselé, au point que la pierre semblait aussi fine que de l’étoffe, aussi fragile que du cristal, mais en même temps assez solide pour résister éternellement. Et tout cet art, pour glorifier la mort de celle qu’il aimait ! Vador n’avait pas supporté une telle beauté, lui qui avait échoué sur tous les tableaux, à sauver sa mère, à sauver sa femme et l’enfant qu’elle portait, à faire comprendre à l’Ordre Jedi combien ils se trompaient sur leur rôle dans la galaxie ! Il avait détruit le monument, non d’un geste de sabrolaser, ou en le faisant sauter au plastique, mais en le disloquant intégralement, atome par atome, à l’aide de la Force ; puis il avait laissé le côté obscur se déchaîner, libérant des énergies qu’il ne contrôlait pas, détruisant toute la Cité de Theed, au prix de milliers de vies, avant d’oblitérer la demeure où Padmé et lui s’étaient avoué leur flamme, puis mariés, dans la contrée des Lacs. Jamais plus Naboo ne serait cette beauté parfaite qu’elle avait été.
Une secousse tira Vador de sa réflexion… Une secousse qui correspondait à l’atterrissage de la navette… Belsavis… La mission… Tuer tous les Jedi encore présents, puis faire “nettoyer” le manoir de Plett par l’escadron de TIE qui avait accompagné sa navette.
Devant eux s’élevait une tour en vieilles pierres, couvertes de nombreuses plantes grimpantes, d’au moins quatre étages à en juger par la hauteur. La tour était entourée d’une enceinte de pierre, mais qui ne lui donnait pas un air de forteresse, car elle s’ouvrait en son centre par une large arcade voûtée, en ogive, dont l’encadrure était sculptée de motifs courbes, sûrement floraux. Entre l’enceinte et la tour s’étendait un jardin d’une grande beauté, parfaitement équilibré, associant côte à côte des espèces venues des quatre coins de la galaxie, qu’on devinait toutes très fragiles, mais qui pourtant ici cohabitaient en parfaite harmonie ; çà et là, des bassins d’eau claire trouaient le jardin, mais sans paraître le meurtrir le moins du monde, bien que construits par la main de l’homme. Ameesa sur ses talons, Vador continua d’avancer, vers la porte de la tour qui était ouverte, et malgré lui il ne parvint pas à dévier du sentier de graviers blancs, pourtant sinueux, qui traversait ce paradis végétal.
Lorsqu’il arriva à la porte, sur le qui-vive, la main sur la poignée de son sabrolaser, il s’arrêta un instant, le temps que ses yeux s’habituent à l’obscurité, et sonda la pièce qui s’offrait à lui, tout en la scrutant intégralement d’un regard circulaire. Tout ici respirait le calme, la vie. Des plantes fines poussaient dans les anfractuosités de la muraille, mais pas comme des parasites : au contraire, elles agrémentaient la pièce de plus de fraîcheur. Le mobilier était des plus simples, fait de bois et de métal mat, avec des formes lourdes et arrondies, très chaleureuses. Si le concept d’
accueil pouvait être représenté par un lieu, aucun doute, s’était ici. Au milieu de la pièce, posée sur une plaque métallique qui devait recouvrir un puit, se dressait une table, sur laquelle étaient posées, bien en évidence, trois tasses remplies de stim-thé parfumé, qui fumaient, tout juste préparées. Et derrière la table, un vieil Ho’Din était assis. Vador sursauta lorsqu’il croisa son regard : comment avait-il pu ne pas sentir sa présence, alors qu’il se tenait bien en vue pile en face de lui ? Puis il comprit : le Ho’Din lui aussi était une composante du lieu, en harmonie parfaite avec son environnement, au point qu’on ne l’en distinguait pas dans la Force. Vador sentit, derrière lui, que son « adjuvante » se détendait, se relâchait, abandonnant toute attitude agressive. Lui-même n’avait jamais ressenti un tel confort, un tel…
apaisement. Mais en même temps que son corps redevenait plus vivant, il sentit avec d’autant plus d’acuité combien il était souffrant, agressé ses multiples prothèses que Palpatine avaient fait construire pour une plus grande efficacité, sans aucun égard pour la compatibilité avec la vie biologique qu’elles devaient suppléer ou remplacer. Puis le vieux maître Plett leur fit un grand sourire, et il parla.
Vador avait affronté un grand nombre de Jedi ces derniers temps. D’abord dans le temple, du temps où il avait encore l’apparence d’Anakin. Certains n’avaient pas compris qu’il n’était plus Anakin, et il les avait assassinés en traître ; d’autres, la plupart, l’accusaient ; ou bien, ils lui lançaient des remarques cyniques, ironiques, acerbes. Dernières fanfaronnades de Jedi inconscients qui croyaient pouvoir lui échapper. Mais ce que dit ce Ho’Din, il ne s’y était certes pas attendu. « Entrez, mes amis, je vous attendais. Tous vos tourments sont finis, maintenant, je vous guérirai, je vous aiderai à retrouver la paix, dans la lumière ! » Ce n’était pas de la naïveté ; Vador voyait dans le regard du vieil être qu’il savait parfaitement
tout ce que Vador était devenu,
tout ce qu’il avait fait ; mais pourtant il lui pardonnait, tout, il lui offrait son aide… non, lui imposait son aide… il ne lui proposait pas de rejoindre le côté lumineux, il
affirmait que ce retour était déjà en cours.
Mais c’était impossible. Dark Vador n’était plus Anakin Skywalker, n’était définitivement plus un Jedi adepte du côté lumineux. Il était un Sith, seul le côté obscur le faisait encore vivre, et il servirait l’Ordre Nouveau de Palpatine, celui qui rétablirait l’harmonie dans la galaxie à terme, même au prix de sacrifices énormes ; aucun accouchement ne se déroulait sans dérouleur, et un monde parfait n’était pas cette illusion éphémère de vitalité, de chaleur, que Plett lui offrait. Les Jedi étaient d’un autre temps, qui avait été merveilleux, mais qui ne pouvait plus marcher. La galaxie était entrée dans un autre âge. Derrière lui, Ameesa s’effondra à genoux, en larmes, tremblante de tout son corps… Et c’était cela un Inquisiteur impérial ? Un agent dont la seule raison d’exister était de traquer toute trace subsistante de l’ordre ancien ? Vador, lui, ne fléchit pas. Il alluma son sabre, et attendit une réaction du Jedi. Mais celui-ci ne bougea pas, continuant à le fixer de ses yeux généreux, emplis de tendresse, le visage toujours illuminé par ce sourire radieux, si naturel… Vador avait déjà exécuté sans sommation des enfants, dès le premier jour, dans la salle du conseil du temple Jedi ; si le vieux ne réagissait pas, il n’hésiterait pas non plus à l’abattre ; après tout, peut-être ce Jedi-là avait-il compris qu’il n’était plus de ce temps, et s’était-il résigné à son sort ; le tuer en douceur n’en serait que plus facile, et Vador était même disposé à le faire souffrir le moins possible… Pourtant, plusieurs secondes s’écoulèrent, tendues, comme si le temps s’était arrêté. Puis le Ho’Din, lâcha un long soupir, et repris la parole :
« Le mal a échoué face à moi. J’ai donné vie à ce monde. J’ai protégé, soigné, éduqué, chéri, sauvé tous ceux qui m’avaient été confiés au cours de mon existence. Je ne suis qu’une des multiples incarnations de la Force unificatrice, qui relie toutes choses dans l’univers pour leur donner sens, pour les placer dans l’harmonie, tâche sans cesse à refaire. Je suis la vie. J’ai accompli mon rôle ici, maintenant je m’apprête à quitter ce niveau de conscience, à m’abandonner à la Force. Je le ferai lorsque je serai prêt, lorsque je l’aurai décidé, et seulement alors. »
Aucune peur dans cette voix ; aucune autre émotion, d’ailleurs. Seulement une puissance, la puissance de celui qui
sait ce qu’il dit. Mais Vador y vit tout de suite la faille : si effectivement le vieux sage avait raison, pourquoi était-il encore là ? Il les avait attendus, eux, pour essayer de les reconvertir contre l’Empereur ? Non, ce n’était pas cela : que le choix de Vador fût irréversible, cela aussi, il le savait. Vador étendit sa perception, au-delà de la tour… Il y avait des tunnels, c’est là que les réfugiés s’étaient cachés… Se cachaient ? Oui, ils n’étaient pas tous partis… Une poignée d’enfants demeuraient, parce qu’il n’y avait plus d’adulte pour les emmener autre part…
Ismaren… Vador se permit un sourire. Le vieux fou avait presque réussi à les convaincre qu’il n’était plus une menace, et à les faire partir. Mais Vador ne laisserait pas ces enfants vivres, éduqués par cet Ho’Din qui avait été un des maîtres les plus puissants des derniers siècles, peut-être même du niveau de Yoda lui-même !
Cette fois, il n’hésita plus, et sans avancer, il se contenta de lancer son sabre en avant, dans un mouvement parfaitement horizontal, et de le guider avec la Force ; le sabre fit trois tours sur lui-même tout en traversant l’espace, avant de traverser le corps du Jedi, le décapitant net, sans aucune goutte de sang, avant de continuer son chemin vers le mur opposé. Ameesa sursauta, toujours prostrée au sol, mais Vador ne sentit qu’une vague déception. Ainsi, c’était tout. Il rappela le sabre dans sa main, grâce à la Force. Devant lui, le Ho’Din était parfaitement immobile, au point que sa tête même coupée était demeurée en place, parfaitement en équilibre sur la base du cou. Le Jedi souriait toujours, et fixait toujours Vador de ses yeux morts. Il entendit à nouveaux les paroles du Jedi
« lorsque je serai prêt, lorsque je l’aurai décidé, et seulement alors »… « quitter ce niveau de conscience ». Ces paroles revenaient en boucle dans l’esprit de Vador, le hantaient.
Et puis le corps ne fût plus là, comme s’il n’y avait jamais été. Vador cligna des yeux, malgré la souffrance que ce geste infligeait à ses yeux secs. Il s’aperçut alors qu’il était épuisé, plus même que s’il avait eu à combattre ; comme si toute envie de vivre s’était tue en lui. Il regarda autour de lui, et eu l’impression que les murs de la pièce étaient plus gris, plus poussiéreux ; les végétaux dans les interstices étaient secs, morts ou peu s’en faut. La pièce était aussi plus sombre, et paraissait maintenant menaçante, alors que des ombres anguleuses s’étiraient à partir de tous les meubles. Ce n’était pas seulement le Jedi qui était mort, c’étaient toute la vie, toute la chaleur de ce lieu.
Lèvres crispées, muscles raidis, Vador se retourna. La femme derrière lui sanglotait, n’osant le regarder. Il n’avait pas pitié d’elle, seulement du mépris. Elle osa enfin lever ses yeux vers lui, sans prononcer aucun mot. Il ne l’aida pas à se relever. Il se contenta de faire irruption dans son esprit avec la Force, lui imposant la sensation qu’il avait eue tantôt, la certitude qu’il y avait encore des enfants ici, quelque part, et ce nom,
Ismaren. Puis il parla, de sa voix rauque, métallique, uniforme. « Trouvez les enfants, et disposez d’eux ». Et il partit. Il savait que les Inquisiteurs avaient la fâcheuse habitude, pour augmenter leur propre nombre, d’essayer de convertir les Jedi qu’ils traquaient, et il savait qu’un enfant survivrait, destiné à servir l’Empereur. Qu’importe. Seul le Ho’Din comptait pour lui. Sans se retourner, Vador rejoignit sa navette.
Sur New Holstice, doucement, une petite mite-mémoire sort de son cocon… Elle prend son envol, éclairant faiblement l’air autour d’elle, comme attirée vers cette colonne de lumière, où vivent ses semblables, au loin… Elle ne s’est approchée d’aucun être parlant, et pourtant, ses ailes sont naturellement, par la volonté de la Force, imprégnées d’un certain son, un nom que la mite “prononce” chaque fois qu’elle bat des ailes…
« Anakin Skywalker »…
Bon, c'est fini, j'espère que ça vous a plus... Le début est peut-être un peu long, en fait en me relisant je me dit qu'il est peut-être "gratuit"... Mais il me semblait bien de transcrire ce que Vador pensait des autres disciples noirs des différents "cercles" de l'Odre Sith de Palpy...
Voilà, bonne nuit !