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Tel'Ay Mi-Nag
La Libération des Rodiens
 
Sur Meros V, le maître Sith Maal Gami était inquiet. Aucune raison rationnelle, pourtant. Il s’agissait plutôt d’un malaise lancinant et récurrent. L’action de la Force, à n’en pas douter. Quelque chose était en train d’arriver. Hors de portée, hors de contrôle du maître.
Son intuition lui soufflait que des changements majeurs se profilaient. Mais de quel genre ? Verraient-ils la fin de la Confrérie ou au contraire sa pérennité ? Des pans entiers de la Force restaient cachés, même à lui, et il interprétait cela comme une lacune, voire même un affront personnel.
D’un autre côté, il était soulagé d’avoir envoyé Tel’Ay et Kuun en quête d’holocrons. Si jamais les choses devaient mal se passer pour ses élèves et lui, ici, sur Meros V, nul doute que ses deux meilleurs apprentis sauraient relever la Confrérie de ses cendres. Il leur faisait entièrement confiance pour s’acquitter de la mission qu’il leur avait donné.

Il se faisait ces réflexions en arpentant des sentiers torturés, qui serpentaient entre des coulées de lave bouillonnantes. Le magma qui s’écoulait sous forme de flots furieux avait toujours eu un effet apaisant sur son esprit.
Malgré ses cent vingt-trois ans, il s’obligeait à accomplir cette promenade quotidienne, afin de se souvenir qu’il était encore un être « physique ». C’était la dernière forme d’activité physique qu’il permettait à son corps épuisé par une si longue vie.
Ce fut parvenu à un coude derrière un pan rocheux qu’une étrange intuition l’assaillit. La sensation que quelque chose clochait, ou n’était pas à sa place, ou manquait, là, tout près de lui. Mais il eut beau se concentrer, il ne parvint pas à mettre le doigt dessus. Il finit par reprendre sa marche, toujours taraudé par l’inquiétude.
Un indéfinissable danger rôdait, nul doute là-dessus.

Il ne m’a ni vu ni même perçu, s’extasia in petto Séis en regardant son maître s’éloigner, après s’être arrêté quelque temps à moins de deux mètres de lui. Mes nouveaux pouvoirs me permettent de me cacher de Maal Gami !
A vrai dire, il avait mis beaucoup de temps à se décider à faire ce test, persuadé qu’il échouerait. Désormais, il était pleinement rassuré : il avait dépassé son maître et ses maudits chouchous, Tel’Ay Mi-Nag et Kuun Hadgard.
De tout temps, Séis le Devaronien avait nourri un complexe d’infériorité vis-à-vis de ses deux condisciples, plus puissants que lui. La rancœur qui s’était nichée en lui ne l’avait jamais quittée. Mais très vite, il avait découvert une nouvelle voie.
A force de méditation et de recherches personnelles, il était parvenu à trouver un endroit, à l’intérieur de lui, où il pouvait enfin être seul, où même son maître ne pouvait pas parvenir, malgré ses pouvoirs télépathiques impressionnants.
Et un jour, lors de l’une de ses méditations, l’événement majeur avait eu lieu, celui qui allait décider de son destin. Il avait senti un contact s’établir, sous la forme d’une petite voix qui lui murmurait des paroles insidieuses. Cette voix respirait la puissance, une autre puissance, et elle l’avait guidé sur un nouveau chemin dans son apprentissage des arcanes de la Force. Un chemin hors de la portée de son maître. Le chemin de l’ombre dans l’ombre, que ne percevait pas Maal Gami.
C’était grâce aux enseignements de cette voix qu’il avait pu tuer en toute impunité les successeurs désignés par son maître. Et aujourd’hui venait d’avoir lieu le test décisif : Séis pouvait devenir totalement invisible aux yeux des Tanietiens ! Sa soif de revanche et de pouvoir allait enfin pouvoir être étanchée…

***
Au départ, Kuun n’avait pas compris ce qui s’était passé. Tout avait été trop vite, et il était épuisé : pas assez de repos, et connexion trop longue et trop profonde dans la Force. Tel’Ay gisait évanoui à ses pieds, alors que le danger pouvait encore surgir : du gouffre sombre de la mine, où se trouvaient les esclaves, et sans nul doute leurs gardiens. Du hangar non loin de là, où Kuun percevait quelques traces de vie. Ou tout simplement de l’extérieur du complexe : les cinq camions-speeders qui étaient sortis ne resteraient pas éternellement absents.

Il ne pouvait pas se permettre d’abandonner Tel’Ay derrière lui, aussi entreprit-il de le réveiller. Ni les paroles ni des gifles de plus en plus violentes n’y parvinrent, et Kuun commença à perdre patience : le temps jouait contre eux.
Il empoigna le sabrolaser de Tel’Ay et le jeta au loin, pour prévenir un réflexe instinctif de violence, et alluma le sien. Il approcha la lame orange vif du bras de son ami et s’arrêta soudainement, frappé par un détail qu’il n’avait pas remarqué jusque-là : le bras gauche de Tel’Ay n’était plus une masse inerte et brisée ! Il semblait guéri !
Incroyable ! s’exclama-t-il intérieurement. Comment a-t-il réussi un tel tour de force ?
Il se reprit rapidement, écarta le bras gauche de Tel’Ay de son corps, posa son pied sur son biceps en y faisant passer tout son poids, et apposa lentement sa lame contre le bras, prenant bien garde à ne provoquer qu’une brûlure superficielle.
La réaction du Skelor ne se fit pas attendre, alors que la blessure se mettait à siffler, brûler et cautériser en même temps. Tel’Ay se débattit comme un diable et projeta violemment Kuun en arrière, par le truchement de la Force. Moins d’une seconde plus tard, il était debout, une lueur de mauvais augure dans les yeux, main tendue vers son sabrolaser qui filait déjà vers lui, allumé.

Une expression perplexe apparut ensuite sur le visage de Tel’Ay, vite remplacé par de la détermination.
– Nous devons détruire la mine, Kuun, pas seulement sauver les prisonniers !
– Mais…pourquoi ? On s’en fiche, de cette mine !
– Non, elle représente le Mal absolu. L’épice gélium m’a brièvement immergé dans la Force à un niveau que je n’aurais même pas imaginé possible. Non, pire, je me suis en quelque sorte fondu dans la Force, et nos rôles respectifs se sont inversés : elle était le maître et moi le serviteur.
– Et dans toute l’histoire des Sith, murmura Kuun, à chaque fois que nos prédécesseurs se sont laissés diriger par la Force, cela les a immanquablement détruit. Je commence à comprendre ce que tu veux dire : l’épice gélium t’a transformé en marionnette, ce qui est l’exact opposé du précepte premier de notre confrérie. C’est cela, Tel’Ay ?
– Exactement, acquiesça le Skelor. Ce que j’ai accompli et vécu sous l’emprise de l’épice gélium, jamais je n’aurais pu le réaliser consciemment. Mon niveau normal est bien plus faible, mais au moins, j’en conserve la maîtrise.

Tel’Ay raffermit sa prise sur son sabrolaser et scruta longuement son bras miraculeusement guéri. Lui et Kuun pensèrent alors la même chose : certes, le Côté Obscur de la Force permettait de se jouer de l’ordre naturel des choses, dans certains cas. Mais la guérison de son bras allait bien au-delà…trop, même. C’était quelque chose de tout simplement inimaginable, et il était hors de question de se laisser griser par les possibilités offertes par l’épice. Trop dangereux. Dans leur philosophie, le centre de leur existence n’était pas la Force mais bien eux-mêmes.

Ils s’immergèrent dans le Côté Obscur, comme s’ils enfilaient des vêtements sur mesure, depuis le temps qu’il le pratiquaient. Tel’Ay sut, sans pouvoir l’expliquer, que les effets de la drogue étaient d’ores et déjà dissipés. Ils lièrent leurs esprits, ce qui leur permettaient d’être bien plus efficaces dans une action commune. Et ils coururent vers le hangar, où ils percevaient clairement dix formes de vie intelligentes.

***
Wakkyl’Vesyrek, Twi’lek de naissance et porc immonde – aussi bien physiquement que mentalement – par choix personnel, se prélassait dans son luxueux fauteuil, qui n’aurait pas dépareillé dans le bureau d’un Chancelier de la République. Il pianotait distraitement une console, et les données qui s’affichaient, faisant état de sa fortune qui ne cessait de s’agrandir, le remplissaient d’aise.
Ah, quelle riche idée il avait eu de se joindre aux Hutts pour exploiter cette fange immonde qu’était Geddino ! Grâce à l’épice gélium, il pourrait bientôt faire une rentrée triomphale sur Ryloth, et devenir un seigneur puissant et respecté. Toutes ces maudites femelles, si arrogantes et méprisantes envers lui avant son départ de la planète, allaient se battre pour qu’il daigne leur jeter un simple coup d’œil.
Il les imaginait souvent, avec délectation et concupiscence, battre des cils et faire frétiller leurs lekkus convulsivement. Bientôt, ce rêve serait réalité.
Wakkyl faisait office de directeur de la mine d’épice gélium sur Geddino. Financé par Varruka la Hutt, il n’avait pas croulé longtemps sous les taux exorbitants de remboursement qu’elle lui avait imposé. Il était parvenu à rentabiliser l’affaire en un temps record, et même si l’immense majorité des gains allaient directement dans les poches de son employeur, son infime pourcentage lui assurerait de figurer à coup sûr dans les dix, voire les cinq plus grandes fortunes twi’leks à son retour.
Il croisa ses mains boudinées sur sa vaste bedaine, et un sourire béat s’afficha sur ses lèvres adipeuses, tandis qu’il pensait aux misérables Rodiens qui trimaient au fond de la mine, comme la sous-espèce intelligente qu’ils étaient. Rien ne pouvait entacher son bonheur présent. Il adorait autant l’argent qu’il abhorrait les Rodiens. C’est à ce moment qu’une alarme discrète émana de son poste de contrôle.
Intrigué, il se relia aux systèmes de sécurité : allons bon, que se passait-il, encore ? Déjà qu’une demi-heure auparavant, les droïds assassins s’étaient mis en branle, leurs systèmes ayant détecté des intrus. Depuis, le calme était revenu, aussi avait-il supposé que tout était rentré dans l’ordre, même si nul n’avait daigné lui faire de rapport.
La vue de quinze caméras de surveillance s’afficha simultanément sur son grand écran, et ses yeux s’arrondirent de surprise en découvrant les images. Dans le hangar où s’entreposait l’épice, tous les râteliers collés aux murs étaient vides des droïds de sécurité qu’ils abritaient en temps normal. Ils les vit, au plutôt ce qu’il en restait, sur la petite place carrée qui menait à la mine. Amas tordus de métal, disloqués ou grillés : on aurait dit une décharge todayrienne.
Il parcourut rapidement les caméras suivantes. Le hangar menait au reste de la base : quartiers des gardes-chiourmes, laboratoires de raffinage, aile médicale, salles de réunion et de repos. Partout, la même vision de destruction. Il trouva enfin la cause de cette catastrophe : deux ombres encapuchonnées, sabrolasers à la main. Elles se trouvaient au poste de contrôle de la base, occupé par sept de ses hommes, à à peine cent mètres de son bureau. Mercenaires aguerris et armés jusqu’aux dents, ils furent pourtant balayés sous ses yeux comme des fétus de paille.
Un tremblement violent parcourut le corps de Wakkyl : les Jedi étaient là pour lui, pas de doute ! Il bondit hors de son fauteuil. Son salut passait par la fuite. Il avait un peu d’avance sur eux et devait en profiter. Le hangar à vaisseaux se trouvait non loin de son bureau, précaution qu’il avait lui-même décrété lors de l’édification de la base.
Il courut à perdre haleine, ce qui arriva très vite. Quand il s’installa aux commandes de son yacht, un point de côté lui déchirait les entrailles et une abondante transpiration l’aveuglait presque. Mais il était sauvé ! Il enclencha fébrilement le navire et le fit s’envoler, encore sous le choc.

***
Dans le poste de contrôle, Tel’Ay et Kuun éteignirent leurs sabrolasers dès que le dernier morceau de mercenaire eut cessé de bouger. A ce niveau, leurs ennemis étaient tous morts, ils le sentaient. Kuun parcourut rapidement quelques consoles, à la recherche d’un système d’auto-destruction. Il crut le repérer mais n’avait pas la compétence informatique nécessaire pour l’enclencher, et Tel’Ay encore moins.
– Il y avait quelques experts informatiques parmi les Rodiens qui étaient avec moi sur Velinia III, fit Tel’Ay. Il nous suffit de les libérer pour anéantir le complexe.
– OK, allons-y, alors. Cette partie du complexe est nettoyée, il ne reste plus que la mine en elle-même. Le plus dur…
Tel’Ay ne répondit pas. Ils tiraient trop sur la corde, tous deux, et seule l’adrénaline leur permettait de tenir. Mais pour combien de temps ? Ils devaient en finir le plus vite possible. Avant qu’ils n’aient plus la lucidité nécessaire pour se connecter à la Force. Le bras guéri de Tel’Ay le lançait atrocement : il n’avait pas servi depuis longtemps et le Skelor en payait le prix.
Ils rejoignirent la petite place et se postèrent devant le gouffre qui menait à la mine. Après avoir rassemblé leurs forces défaillantes pour la dernière ligne droite, ils sautèrent.

***
Ce fut une fois l’orbite de Geddino atteinte que Wakkyl’Vesirek se calma enfin, et qu’il se remit à penser clairement. Maintenant qu’il était sauvé, il pouvait penser à reprendre la main. Il sut bientôt ce qu’il avait à faire. Gargano, son chef de la sécurité, était parti explorer les restes du vaisseau qui s’était écrasé, avec deux camions-speeders. Quand il n’était pas reparu, Wakkyl avait envoyé cinq camions-speeders supplémentaires, bourrés de mercenaires, pour savoir ce qui se passait. Il devait absolument les contacter et les renvoyer immédiatement à la mine. Il activa les systèmes de communication.

***
Les deux Sith atterrirent en douceur au fond du gouffre, ombres parmi les ombres. Quelques néons verdâtres éclairaient des tunnels vaguement cylindriques, où des gouttelettes suintaient des parois. Des wagons remplis d’épice gélium et posés sur des rails faisaient automatiquement la navette entre les méandres des boyaux miniers et la grande roue qui allait les amener à l’air libre, sur la place carrée.
Kuun grimpa sur les montants de la roue et rejoignit l’essieu qui maintenait l’immense roue à ses supports de duracier. Un seul coup de sabrolaser, judicieusement placé, suffit pour arrêter la machine. Le brouhaha infernal qui régnait jusque-là s’arrêta d’un seul coup, emplissant les lieux d’un silence sépulcral.
Tel’Ay, de son côté, vint prendre place face à la grande cuve emplie d’épice, dans laquelle il était précédemment tombé. Quelques moulinets de sabrolaser suffirent à affaiblir la structure, et un coup violent porté via la Force acheva de pratiquer une brèche, par laquelle l’épice minérale ne tarda pas à s’épandre dans un fort grondement qui devait résonner à travers tous le réseau de tunnels.
Il ne leur restait dès lors plus qu’à avancer et attendre les réaction inévitables qui allaient suivre, après s’être fondus dans l’obscurité.

La suite fut beaucoup plus simple qu’ils ne l’auraient imaginé. Les esclavagistes, Twi’leks pour la plupart, avaient beau être surarmés, ils furent éliminés facilement par les deux Sith. Manquant singulièrement de vigilance et se déplaçant par groupes de trois ou quatre, ils passaient sans les voir devant Tel’Ay et Kuun, quasiment invisibles grâce à la Force. Ceux-ci n’avaient alors plus qu’à surgir au beau milieu des groupes en jouant du sabrolaser. Quelques moulinets de lames flamboyantes et tout était terminé.
Il y eut bien quelques vagues tirs de blaster dans leur direction, mais ils étaient plus le fruit de la peur et de la panique. Kuun s’offrit un petit plaisir après avoir rendu manchot l’un des gardes : il prit la tête du Twi’lek entre ses mains et serra l’âme à l’intérieur du crâne. La visualisation de sa dissolution le requinqua quelque peu.

Ils débouchèrent sur une caverne si immense qu’ils n’en voyaient pas le bout. Un lac miroitait paresseusement en contrebas, et la température était glaciale. Partout, des groupes de six à huit Rodiens, enchaînés les uns aux autres, creusaient la roche avec des outils rudimentaires. Dès qu’ils trouvaient de l’épice gélium, à la teinte invisible à l’œil humain, ils le déposaient dans le wagon le plus proche. Ça et là, les gardes les surveillaient et leur aboyaient dessus.
Une fourmillière, pensa Tel’Ay. Il est temps de donner un grand coup de pied dedans…
– Kuun, on y va, annonça Tel’Ay. Nul ne doit me reconnaître, aussi c’est toi qui parlera quand tout sera fini.
– Pas de problème, vieux, répondit Kuun, avant d’ajouter : pas question d’utiliser d’éclairs de Force ni de pouvoirs destructeurs visibles, seulement les sabrolasers. Personne ne doit pouvoir nous identifier comme étant des Sith.
Ils allumèrent leurs sabrolasers et s’avancèrent avec détermination. Dès que les gardes les eurent repérés, ils ouvrirent le feu. Les Sith ne ralentirent pas avant de se retrouver au beau milieu de la caverne. Ils renvoyèrent chaque trait de blaster sur les tireurs, mais ne se permirent aucune satisfaction en les voyant tomber les uns après les autres. Pas question de se laisser distraire.
Ils furent déçus et soulagés en même temps. Déçus parce que leurs adversaires étaient des imbéciles sans imagination, qui se contentaient de leur tirer dessus jusqu’à tomber à leur tour, sans avoir la présence d’esprit de changer de stratégie. Soulagés car la fatigue aidant, leurs réflexes et leur connexion à la Force s’amenuisaient de plus en plus : Kuun récolta quelques égratignures et Tel’Ay eut l’épaule brûlée par un tir.
Le garde qui resta debout le dernier aurait pu leur procurer quelque amusement, dans d’autres circonstances. Mais là, comme ils n’avaient pas le temps, Tel’Ay l’expédia sans fioritures. Le garde crut avoir une bonne idée en prenant un esclave en otage, et se fit un rempart de son corps.
– N’avancez plus ou je le tue ! beugla-t-il, paniqué.
– Pauvre crétin ! répliqua Tel’Ay en lançant son sabrolaser dans sa direction.
Le sabrolaser transperça le Rodien au niveau de l’épaule et atteignit le garde twi’lek en plein poumon. Il bascula en arrière en émettant un gargouillis inintelligible, une expression stupide sur le visage.

Ils n’eurent pas le droit à des démonstrations très expressives de joie quand ils passèrent entre les rangs des esclaves pour les libérer de leurs chaînes. Les Rodiens étaient morts de fatigue et beaucoup ne semblaient pas encore bien saisir ce qui leur arrivait.
Comme convenu, ce fut surtout Kuun qui prit les choses en main. Il organisa rapidement les choses, faisant en sorte que les premiers libérés s’occupent des autres. L’un des Rodiens, du nom de Seperno, plus alerte que les autres, se mit à donner des ordres. Tel’Ay le connaissait bien : sur Velinia III, il avait été le chef tacite de leur communauté. Il fit comprendre à Kuun que Seperno représentait un interlocuteur aussi légitime que valable.
Le plus dur fut de leur faire quitter le gouffre. A leur arrivée, ils avaient été descendus dans la mine grâce aux wagonnets, et ils ressortaient par le même chemin, une fois morts d’épuisement ou de mauvais traitements. Comme Kuun avait détruit la roue aux wagonnets, ils durent aller chercher de longues cordes et fabriquer des brancards de fortune pour les plus affaiblis.
Le cœur de Tel’Ay se serra en voyant ses anciens compagnons. Il ne pouvait pas se dévoiler à eux, malgré tout le désir qu’il en eut, et se contenta de les aider silencieusement. Kuun leur avait raconté que son compagnon était muet à cause de ses croyances religieuses.

Les Rodiens les plus en forme se joignirent aux Sith dans une exploration plus approfondie du complexe qu’ils avaient dévasté. Ils mirent la main sur les réserves de nourriture et de médicaments, vidèrent l’armurerie de son contenu et trouvèrent un navire de transport intact dans le hangar à vaisseaux. Dans la salle de contrôle, Seperno vit sur une console de sécurité que les cinq camions-speeders seraient bientôt aux portes de la mine. Ils s’empressèrent de mettre en place un comité d’accueil.

Quand Fissil’Olarep, commandant du détachement des cinq camions-speeders, arriva devant la mine, il était très inquiet. Lui et ses hommes avaient trouvé les restes de leurs camarades, et la tension était encore montée d’un cran quand Wakkyl’Vesirek leur avait appris que la base était attaquée.
Il avait eu beau s’escrimer sur la console de communication, il n’y avait eu aucune réponse de la mine. Si la porte de la mine ne s’ouvrait pas à leur arrivée, ils ne pourraient pas l’investir, et seraient coincés à l’extérieur.
Il fut donc surpris et soulagé quand elle commença à s’ouvrir lentement…jusqu’à ce qu’un Rodien en sorte tranquillement, lance-roquettes à l’épaule et sourire carnassier aux lèvres. La dernière chose que vit Fissil’Olarep en ce bas-monde fut la roquette qui frappa son camion presque à bout portant.
D’autres Rodiens, pareillement armés, firent leur apparition et s’empressèrent de réduire en miettes les mercenaires, qui ne purent se dégager à temps. Leurs véhicules étaient trop peu maniables.

Tout danger désormais écarté, Kuun supervisa l’évacuation de la mine. Seperno ne comprenait pas pourquoi il voulait à tout prix la détruire, mais lui obéit après avoir reçu l’assurance que les secours étaient en route. Le soleil était bien bas dans le ciel quand le dernier Rodien fut mis en sécurité, à quelques centaines de mètres de la mine. Ils allaient camper là pour quelques jours, ce qui ne leur faisait pas peur, avec leur expérience de colons et tout le matériel récupéré dans le complexe.
Le vaisseau servit à transporter les blessés les plus faibles, et Kuun et Tel’Ay allaient repartir avec. L’un des Rodiens, expert en astronavigation, entra les coordonnées de Nal Hutta.
Ne restait désormais plus qu’à détruire la mine, ce qui fut assuré par Seperno en personne, ravi. Pendant ces heures, Kuun pressa tout le monde. Lui et Tel’Ay devaient partir le plus vite possible. Ils étaient au bord de l’écroulement et n’avaient plus qu’une hâte : s’envoler de Geddino et restaurer leurs forces. De plus, chaque minute passée là risquait de voir l’un des Rodiens reconnaître Tel’Ay, ce qui serait pour le moins embarrassant.
Enfin, l’auto-destruction fut mise en route. L’explosion fut aussi impressionnante qu’assourdissante, et des volutes de fumées noirâtres vinrent balayer le campement sommaire des Rodiens. Les deux Sith firent des adieux sommaires et s’esquivèrent le plus rapidement possible.

Alors qu’ils se dirigeaient vers l’orbite de Geddino, ils tombèrent le masque. Tel’Ay s’affala dans un siège et s’endormit sur-le-champ. Kuun obligea ses yeux à rester ouverts, le temps de passer en hyperespace.
Quand quelque chose explosa vers l’arrière du navire, Kuun crut qu’il n’était pas en état de voler, ce dont ils n’avaient même pas pris la peine de s’assurer. Mais un yacht les dépassa dans la foulée, avec ses turbo-lasers bien visibles. Une attaque !
– Tel’Ay, bouge ton cul de Skelor et cours à la tourelle de tir, le couloir sur ta droite ! beugla Kuun, presque au bord de la panique.
– Je suis réveillé, bougonna Tel’Ay en s’extirpant du siège avec toute la peine du monde.
Il suivit les instructions de Kuun d’un pas lourd, quand celui-ci lui cria, après lui avoir jeté un coup d’œil :
– Sur ton autre droite, pauvre demeuré !
Kuun se lança dans une manœuvre d’évasion maladroite. Il avait l’impression d’avoir le cerveau vide, et aucune idée ne lui vint pour venir à bout de ce nouvel ennemi.

– Bande de salauds ! cria Wakkyl’Vesirek en faisant revenir son yacht vers le navire qui cherchait à atteindre l’orbite.
Trop fébrile, il n’avait pas assez assuré son premier tir. Il tira le manche à balai violemment vers lui et lança le yacht à la poursuite du navire des Sith, une main sur la commande de tir.
– Vous allez me payer ça, maudits Jedi !
Des larmes de rage lui coulaient dans les yeux. Tous ses projets d’avenir s’étaient écroulés.

Kuun n’avait plus la force de réfléchir. Dès qu’il eut à peu près assuré son cap, et refusant d’écouter les bruits anormaux qui lui parvenaient de l’arrière du vaisseau, il activa la commande d’hyperdrive. Les étoiles se changèrent aussitôt en traits d’argent. Les bruits à l’arrière montèrent d’un octave. Il s’en moquait. Plus rien ne comptait. Il ferma les yeux et sombra dans un sommeil lourd comme une éternité.
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