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1. The Mandalorian et le poids de l'héritage
 
17/03/2021

La visière en T, l’armure chromée, une petite créature verte gargouillante sous le bras, l’image de Din Djarin, le mandalorien solitaire, est imprimée sur les esprits et T-shirts de bon nombre de gens. La série à succès de Disney est arrivée à un moment crucial. Après une postlogie controversée, appelée « nostalogie » par ses détracteurs, le pari de lancer une première série live Star Wars était aussi risqué que de miser son avenir sur un gamin de 8 ans pilotant dans une course de podracers. Les deux fous qui ont accepté le job sont les rois de la culture pop moderne. L’un d’eux n’est « que » le fan n°1 de la saga et petit protégé de George Lucas himself, Dave Filoni, créateur de The Clone Wars, Rebels et The Mandalorian. À ses côtés, le réalisateur de Iron Man, Iron Man 2 et le Roi Lion, Jon Favreau est celui qui amène l’idée du projet et la développe. Sur leurs épaules reposent donc l’héritage d’un vaste univers, la responsabilité de définitivement convaincre les fans que Disney assure ; et de lancer la nouvelle vague de projets cachetés Star Wars-Disney. Cette notion de lourd héritage se retrouve, consciemment ou non de la part des auteurs, au travers de l’intrigue et des personnages de la saison 2 de The Mandalorian.

Dès la saison 1,

Lorsque nous découvrons Din Djarin dans ses aventures galactiques de la première saison, tout ce qui l’entoure insiste sur son héritage mandalorien. Dans le Chapitre 1 : Le Mandalorien, Kuiil l’ugnaught en attend beaucoup du chasseur de primes dont les ancêtres domptaient le mythosaure. L’ugnaught n’en espère donc pas moins du héros. Même l’Empire admire les mandaloriens, au point de se montrer compatissant dans leur héritage plagié. De cette façon, le « client » impérial cherche à légitimer les actions de l’Empire en se comparant au peuple de Mandalore. Enfin, même les fermiers cultivateurs de krills du Chapitre 4 : Le Sanctuaire, sur leur planète au fin fond du Périgord, connaissent la réputation des mandaloriens. Partout, son héritage auquel il doit faire honneur lui est ressorti afin de lui rappeler d’être à la hauteur des légendes de son peuple.

Din Djarin est un paladin de Mandalore, et un anti-héros prêt à tout pour son but. Notre bon Mando vendait littéralement un enfant pour avoir du beskar, ce métal si précieux pour les mandaloriens. Pour reconstruire son armure, symbole de son héritage, les mandaloriens n’auraient donc pas de limite. Dans les premiers épisodes, il aide toujours dans son intérêt. Les cultivateurs de krills ont l’honneur d’être protégé par le mandalorien car ils lui offrent le refuge dont il a besoin. Sans ça, ils n’avaient plus qu’à jeter des crevettes schtroumpfs sur le AT-ST des bandits. Cet épisode marque également une première bascule chez le personnage. Indirectement il montre son visage à Grogu lorsque celui-ci joue avec des enfants (Chapitre 4 : Le Sanctuaire). Caché du regard de l’Enfant, Djarin retire son casque, un pas vers l’ultime dérogation au code du dernier chapitre de la saison 2 (Chapitre 16 : Le Sauvetage) où il se laisse toucher la joue. De plus cela présente toute l’importance de Grogu pour le héros car c’est celui qui va le changer, jusqu’à lui faire rejeter son fanatisme.

Enfin, le seul lieu que nous voyons de la cache des descendants de Mandalore est la forge. Un choix de lieu de réunion évident puisque l’on y construit le symbole iconique des mandaloriens, leurs armures. Leur héritage, c’est tout pour ces guerriers, le reconstruire, c’est leur voie. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle le forgeage de l’armure est présenté comme un rituel. La mise en scène et le montage découpent chaque mouvement et outil pour nous faire ressortir leur importance dans ce rite.

Loin des fiers guerriers que nous connaissions dans Rebels ou The Clone Wars, les mandaloriens que nous voyons sont des ombres dans une lumière filtrant à travers la fumée. Autrefois des soldats rivalisant avec des jedi, ils sont à présent des silhouettes fantomatiques terrées sous terre. C’est Din Djarin qui va leur permettre de sortir de l’obscurité et combattre fièrement dans le Chapitre 3 : Le Péché. Une scène annonciatrice de son avenir dans le rôle de l’héritier de Mandalore. Il est d’ailleurs le seul à sortir de l’ombre et se risquer au monde extérieur, s’opposant aux membres de la Deathwatch plus peureux. Dès ce moment, Din Djarin veut du changement et est prêt à cela, bien qu’il l’ignore.

Depuis sa première apparition nous avons donc un Din Djarin tourné vers l’opportunisme, mais également vers un besoin d’aventure. Tout cela bascule à la rencontre du tout mignon Grogu qui va permettre au mandalorien de changer. Lui qui était tourné vers son clan et par extension, vers lui, va remettre en cause les valeurs de la Deathwatch au travers de plusieurs rencontres.

L’héritage des valeurs

Le Din Djarin de la saison 1 est un personnage froid, intéressé que par lui et son armure qu’il reforge. En cause, son esprit a été formaté par une organisation clanique stricte, la sombre et fameuse Deathwatch. Ces extrémistes de Mandalore ne jurent que par le respect d’un code inviolable. Selon eux, la Mandalore du temps de la guerre contre les jedi était à son apogée. Affronter les chevaliers de l’ordre était la preuve de la suprématie des guerriers mandaloriens, et c’est vrai que ça en jette. Leur chute, causée par leur défaite autant que leur orgueil, est reprochée aux jedis. Etant enfant, le héros de The Mandalorian était élevé dans le but de devenir avec ses jeunes camarades, les héritiers de la nouvelle Mandalore. Le personnage a le thème de l’héritage en lui et sur lui. L’armure qu’il reforge pièce par pièce à partir de beskar, c’est son patrimoine mandalorien qu’il reconstruit. Pour ce but noble mais écrasant, il a respecté toute sa vie un credo lui retirant attachement et compassion, illustré par le fait de ne jamais enlever son casque. Dans l’esprit d’un membre de la Deathwatch, et donc de Din Djarin, montrer son visage c’est donner des failles pour que l’on te comprenne, voit tes faiblesses, et les exploitent.

Pour cette saison 2, la thématique de l’héritage nous est présentée dès le premier épisode, intitulé Le Marshal, au travers de Cobb Vanth, le possesseur de l’armure de Boba Fett. Celui qui se fait appeler le marshal aide la population d’une bourgade à l’unique rue contre les fameux pillards Tuskens. Cet homme au grand coeur ne cherche pas à grossir son portefeuille. Il aime sa ville, comme il le dit. Son seul but est d’aider son prochain, et l’accoutrement mandalorien en est l’outil. Grâce à Vanth, Din Djarin comprend que l’armure n’est qu’une tenue, c’est celui qui est en dessous qui fait les valeurs. Car Vanth a les mêmes que Djarin, il vient au secours des gens dans le besoin, c’est pourquoi Mando ne le descend pas comme un simple voleur.

Dans son périple, le solitaire casqué retrouve Boba Fett, le chasseur de primes sorti de l’estomac du Sarlacc, et renié par ceux qui devraient être ses pairs. Djarin lui refuse l’armure, pour deux raisons, il n’est pas mandalorien, il ne respecte pas le credo. L’héritage mandalorien de Boba Fett est contesté, et lui-même le rejette. Le clone de Jango veut être lui-même et honorer la mémoire de son père, dont il reprend d’ailleurs la phrase « Je ne suis qu’un modeste humain qui cherche à faire son chemin dans la galaxie. » Comme pour Cobb Vanth, l’armure sert le but que son porteur veut lui donner. Face à Bo Katan et Koska Reeves, le revenant est confronté à celles s’estimant légitimes de porter la tenue iconique. La mandalorienne et sa soeur d’armes soutiennent qu’il n’est pas mandalorien et donc indigne de l’armure, un raisonnement similaire au fanatisme du credo de Din Djarin. À cela Fett répond qu’il n’a jamais prétendu l’être. Leur code il s’en bat les détonateurs thermiques. D’ailleurs, il affirme son détachement de la culture de Mandalore en modifiant sa tenue. Il se l’est réattribué, de la même manière qu’il a récupéré le bâton tusken et la tunique noire du désert. Il a suivi sa voie sans trahir l’image de l’armure. Le ressuscité de la Mer de Dunes démontre à Din Djarin par ses actes que l’on peut se libérer de son code et enlever ses oeillères, son casque. En effet, Boba Fett a de nouvelles valeurs, basées sur l’honneur, qu’il a peut-être appris sur Tatooine aux côtés des hommes des sables. En effet, dans le Chapitre 9 : Le Marshal on découvre que ceux dépeints au travers des films comme des sauvages savent tenir parole. Din Djarin, Cobb Vanth et le village font la paix avec les Tuskens pour s’allier contre un même ennemi. Ceci expliquerait pourquoi Boba Fett, qui avait promis d’aider à protéger Grogu en échange de son armure, décide d’affronter Moff Gideon avec notre héros après que sa promesse ait échoué.

Notre aventurier spatial porte la marque, et le masque, des erreurs de ceux qui l’avaient sauvé, la Deathwatch. C’est la victime d’un crédo qui l’aveugle dont le code ne pouvait être transgressé. Din Djarin doit apprendre à s’en émanciper pour créer ses propres règles. Il n’y a pas THE voie, il y a sa voie, Cobb Vanth est l’amorce de ce processus, Boba Fett la conclusion, et Grogu le moteur. L’introspection du personnage est en marche, mais il a toujours son héritage et la charge qu’il implique. Plusieurs rencontres lui permettent de constater le poids de la tradition mandalorienne.

L’héritage de Mandalore

De nouveau au coeur d’une série Star Wars, le peuple de Mandalore ne voit jamais arriver la fin de son histoire tumultueuse. Dans The Mandalorian, la guerrière Bo-Katan est animée (mais pas en 3D) par l’envie de restaurer l’honneur de son peuple. Une tâche difficile qui lui demande de se plier à la tradition du sabre noir. Elle porte la mémoire de Mandalore, et se voit comme la véritable héritière des mandaloriens. Cette obsession de son héritage en est presque fanatique. La série interroge sur sa bonne volonté et l’avenir qu’elle donnerait à sa planète si elle dirigeait. Bo-Katan appartient elle-aussi à un extrême, tout comme l’est la Death Watch, dont elle a fait partie. Cette abnégation pour la restauration de sa culture est ce qui la définit en tant que personnage. Elle représente ce que Din Djarin était dans la saison 1 et serait s’il avait continué sur cette voie. À présent, notre mandalorien et sa naïveté (similaire à celle de Luke Skywalker dans l’Episode IV : Un Nouvel Espoir) se construisent un nouveau credo, plus ouvert. Aux côtés de la mandalorienne, il apprend que les ennemis ancestraux, les jedi, ont été les nouveaux alliés et le seront encore. C’est son héritage de Mandalore qu’il questionne, car ce qu’on lui a transmis est biaisé.

Pour appuyer son image de mandalorienne traditionnelle, Bo-Katan se retrouve opposée à Moff Gideon, un impérial impliqué dans la Grande Purge qui extermina son peuple. Lui se réapproprie une culture dont il n’est pas digne. Il vol l’héritage de Mandalore, incarné par le sabre noir. Cette épée de légende a, depuis The Clone Wars, été au coeur des intrigues des personnages mandaloriens. Jusque dans Rebels, le sabre noir et ses problèmes reviennent. Arme de culte, il a la couleur des mauvais présages. Cet objet de discorde atterrit, par la tradition, entre les mains de Din Djarin. C’est bien mieux que dans la poigne de cuir noir de Gideon qui bafouait les valeurs guerrières mandaloriennes en allant jusqu’à menacer un enfant avec. L’officier impérial était l’usurpateur d’une mémoire dont il n’était pas digne, alors même qu’il applique la coutume de Mandalore. L’impérial prouve par ses actions à Din Djarin que le traditionalisme bloque le libre-arbitre et peut se retourner contre ceux qui l’applique. En est l’exemple, Bo-Katan qui ne peut accepter le sabre, l’héritage, malgré qu’il lui soit tendu. De ses rencontres, Djarin a trouvé les raisons de franchir le pas à l’encontre de sa tradition en retirant son casque pour aider Grogu et créer un lien tactile dans le dernier épisode.

Din Djarin se retrouve à être l’héritier de Mandalore alors même qu’il vient de déconstruire son fanatisme pour se trouver de nouvelles valeurs. Au cours de cette saison 2, il a appris que l’armure ne fait pas le mandalorien, que le casque l’empêche d’être libre tout comme les coutumes suivies à la lettre. L’entraide et l’ouverture d’esprit prévalent et telle est la voie que va désormais suivre Din Djarin. Un leader qui ne veut pas l’être n’aura pas l’avidité de pouvoir de quelqu’un qui attend cela depuis des dizaines d’années comme Bo-Katan. Plus humble, plus prompt à apprendre, Din Djarin est le plus à même d’incarner la nouvelle Mandalore. Détenant la sombre lame des galères (c’est son nom moins conventionnelle), l’ex-chasseur de primes a le pouvoir de mettre un terme à des décennies de divisions en unissant les mandaloriens. D’autant qu’en plus de son héritage, Din Djarin avait la responsabilité d’un autre...

L’héritier des Jedi

Avez-vous entendu parler de Baby Yoda ? De ses mains à trois doigts, celui qu’on a essayé de nous faire appeler l’Enfant porte le fardeau d’un héritage, celui de tous les jedi. Un poids bien lourd pour de si petites épaules. Bien d’autres personnages se sont essayés à le porter, Ezra Bridger et Kanan Jarrus dans Rebels, Cal Kestis dans le jeu vidéo Star Wars Jedi Fallen Order, Luke Skywalker et Rey Palpatine Skywalker dans les films. Chacun a abordé cette responsabilité différemment, en trouvant un autre but, ou en apportant leur pierre à l’édifice en ruines des jedi. Grogu n’a pas vraiment eu de choix. Son gabarit, ses capacités linguistiques et son incapacité à ne pas avoir l’air d’un bébé à chouchouter, l’empêchaient de devenir un mentor pour une nouvelle génération. Baby Yaddle (Yoda, ce n’est plus à la mode) ne pouvait qu’être un très jeune apprenti, qu’un jeune maître allait former pour la première fois.

Ce fardeau qui incombe à la petite créature verte est abordé dès le Chapitre 10 : La Passagère. Din Djarin doit escorter une femme batracienne et sa ponte. C’est la promesse d’une descendance ou la fin de sa lignée en cas d’échec nous croasse la créature. Une symbolique à mettre en parallèle avec Grogu, protégé par le héros, et qui est plus que l’héritier des jedi. L’Enfant est le précurseur de la nouvelle génération que formera Luke Skywalker, et faillir à le protéger c’est possiblement tuer dans l’oeuf la possibilité de voir un ordre jedi restauré.

Celui qui va devoir porter cet héritage pour la suite, c’est Luke Skywalker, dont on peut supposer les premiers pas comme maître. Partant avec Grogu sous les yeux humides de Din Djarin et du téléspectateur, le fils d’Anakin va devenir le créateur d’un nouvel ordre, à partir de l’ancien dont l’Enfant serait le premier apprenti. Dans ce lien futur qui va les unir, on peut y voir une relation père-fils. Une thématique centrale de Star Wars comme le rappelle George Lucas en interview. « C’est appelé un space opera, mais les gens ne réalisent pas que c’est en fait un soap opera. Et tout est sur les problèmes de famille et ce genre de choses… ce n’est pas à propos de vaisseaux spatiaux.”. Ce thème trouve sa conclusion dans la fin de l’Episode VI : Le Retour du Jedi. Si vous n’avez pas revu le film depuis sa sortie en 1983, petit rappel. Luke Skywalker parvient à faire revenir son père Darth Vader du bon côté de la Force, et ainsi vaincre l’Empereur. En sauvant son fils, Darth Vader est également sauvé par Luke. Le seigneur noir accepte l’amour de son fils et que « rien de ce que l’Empereur pourra faire ne changera ça » souligne Dave Filoni dans une analyse de la scène dans le making-off Star Wars : The Mandalorian Episode : Héritage. Anakin revient ainsi du côté obscur en renonçant au pouvoir. Dans cette scène, Dave Filoni note que « Anakin a décidé à ce moment d’être le père qu’il n’a jamais eu. ». Quand, dans l’épisode final de The Mandalorian, Luke Skywalker arrive tout sabre sorti, c’est dans sa tenue de l’Episode VI. La scène se passe donc quelques temps après les événements du Retour du Jedi, alors qu’il est au top de sa forme, c’est à lui de transmettre son savoir. Ainsi, en prenant en charge la garde et la formation de Grogu, Luke Skywalker passe de jedi à maître, et d’une certaine façon, de fils à père. L’Enfant n’est plus seul, sans famille, il a été adopté par Luke. Le jeune maître est désormais là pour porter le poids de l’héritage des jedi, la mission de Din Djarin est accomplie, le devoir de Grogu également.
L’héritage des jedi était une charge que partageait Grogu et Djarin. À la manière de Frodon et Sam dans Le Seigneur des Anneaux, l’un porte le fardeau, l’autre protège le porteur et le guide. En remettant le jeune apprenti à Maître Skywalker, l’héritage des jedi a été sauvé dans une passation liant les sagas entre elles et s’inscrivant dans l’éternel thème starwarsien de la famille.

Les héritiers d’un empire

Dave Filoni est, depuis son travail comme réalisateur sur le film The Clone Wars, l’héritier spirituel de George Lucas et encyclopédie de l’univers Star Wars. Jon Favreau, producteur exécutif, scénariste et réalisateur de The Mandalorian, disait de son camarade qu’il « ne faisait rien sans son [celle de Dave Filoni] approbation », de la même manière que Dave Filoni faisait avec George Lucas sur The Clone Wars ajoute-t-il. De son camarade de création, Favreau explique qu’après qu’il ait travaillé « une décennie » aux côtés du créateur de la saga, « je sens que j’ai comme une connexion directe avec le code source de tout cet univers avec lui [Dave Filoni]. ». Jon Favreau n’a pourtant pas à rougir. Fort d’une expérience du cinéma de blockbuster, rampe de lancement du Marvel Cinematic Universe, c’est lui qui convaincu Disney de faire The Mandalorian. « Mon pitch était très simple au début et Kathy Kennedy [NDA : Présidente de Lucasfilm] était réceptive aux idées que je présentais. » explique Favreau dans une interview. Le Padawan du vieux Georgie et son comparse Jon travaillent donc sur une saga monumentale, et doivent en respecter des codes et les fans, tout en intégrant leurs histoires. Leur héritage c’est autant l’univers Star Wars qu’un public intergénérationnel. Dave Filoni en parlait dans une interview pour Entertainment Weekly, « Nous devons être responsables quand nous racontons une histoire avec ce que nous avons décidé de faire. Les fans veulent savoir que les choses sont des décisions calculées et prudentes. Ensuite, si vous racontez une bonne histoire, la plupart du temps ils vont avec. ». Et ce n’est pas son collègue qui le contredira, Favreau décrit le processus d’écriture ainsi : « Comprendre comment l’histoire s’intègre, pas juste notre série, mais l’univers Star Wars, c’est quelque chose qui requiert une approche très collaborative. Cette collaboration est ce qui m’inspire quand je suis la maison et que je tape et écris des scènes seul. » Avec The Mandalorian, Dave Filoni et le réalisateur fétiche de Disney mettent en scène en live pour la première fois ce dont ils héritent. Forcément, il y a des attentes et une responsabilité. Construire l’Etoile de la Mort sous le regard de l’Empereur devait être une place plus enviable que de devoir faire rêver des millions de fans parmi les plus exigeants et connaisseurs de la pop-culture.

Ainsi, on peut faire des parallèles entre Din Djarin et ses créateurs, car tous trois doivent se réattribuer leurs pesants héritages en conciliant le passé et la nouveauté pour proposer un nouveau mandalorien/Star Wars. Les références à ce qui a déjà été fait dans la saga de Lucas, jusque dans la façon de produire The Mandalorian (collaboration étroite avec les maquettistes, les concept artists, les marionnettistes, etc) rappellent le poids qu’ont eu Dave Filoni et Jon Favreau pour légitimer leur oeuvre. Toujours derrière son apprenti au chapeau de cow-boy, George Lucas est décrit par Favreau comme « l’homme coachant le boxer dans le coin du ring, mais toujours avec un pétillement dans l’oeil. ». Une pression supplémentaire à celle que s’inflige Filoni disant dans une interview, à propos de la saison 2 du show de Disney, que l’on « veut que L’Empire contre-attaque soit meilleur qu’Un Nouvel Espoir. ». Oscillant entre nostalgie et prises de risques, The Mandalorian cherche à unir tous les fans sous un même show, comme Din Djarin unit les mandaloriens dans un même combat. Bo-Katan et Boba Fett, d’abord rivaux, deviennent alliés pour sauver l’avenir des jedi. Une métaphore peut être inconsciente apparue durant l’écriture mais que l’on peut faire. D’autant que Bo-Katan est issue de la prélogie et Boba Fett de la trilogie, une image de l’éternel combat entre les fans ? Ou je suis le seul à voir des signes partout ?

Din Djarin est en bien des aspects Dave Filoni et Jon Favreau, la bedaine en moins. Au coeur d’un univers où toutes les histoires se croisent, ils sont porteurs d’un héritage qu’ils doivent s’attribuer pour mieux s’en libérer. En plus de tout cela, ils sont tous trois les gardiens de l’avenir de Star Wars et des jedi, ayant appris de maîtres avant de créer leur voie. Dave Filoni décrit ainsi l’enseignement qu’il a tiré de son mentor, « J’ai été suffisamment chanceux pour apprendre directement de George Lucas ce qu’il fallait faire et ne pas faire, et c’était une expérience enrichissante. Si mon équipe et moi avons le moindre succès à présent, c’est en évoluant, en étant meilleur au fil des ans et en apprenant de George. C’est ce qui fait que cela fonctionne. ». Il semblerait que les élus aient été trouvés car le fan inconditionnel de Star Wars décrit sa collaboration avec l’expert de la narration et de l’entertainment comme « apportant l’équilibre dans la Force ».

Conclusion

Avec The Mandalorian, Disney a tenté une aventure qu’avait avorté George Lucas du temps où il dirigeait, la série live. Petit retour en arrière, en 2005, quand papa Lucas dirigeait encore Lucasfilm. Nommée Star Wars Underworld, la série devait raconter l’histoire d’une bande de gangsters dans les bas-fonds de Coruscant alors que l’Empire arrive au pouvoir. Inspirée du Parrain et de Deadwood, la série live était si ambitieuse qu’il lui faudrait un dossier dédié. Fin de parenthèse. Revenons à nos mandos, au vu du succès de The Mandalorian, le show a été une réussite aux yeux du public autant que la critique. Si la série a tant conquis, au-delà des fans de la saga, c’est parce qu’elle est le fruit d’une collaboration étroite entre les corps artistiques, et du talent créatif de Jon Favreau et Dave Filoni (Kathleen Kennedy n’était jamais loin évidemment). The Mandalorian a été conçu par des fans qui ont un respect de l’univers Star Wars. Malgré l’écrasante responsabilité qu’ils avaient, ils ont pensé les aventures de Din Djarin comme l’aurait fait George Lucas. Un message universel qui se cache derrière un univers riche. On s’identifie à ce héros en quête d’une identité, perdu au milieu de sa famille déchirée, alors que tout le monde lui donne un destin ou une responsabilité. The Mandalorian véhicule de multiple valeurs sur l’indépendance, la confiance, le refus de la fatalité, l’amitié et le don de soi. Cela sans oublier de toujours avoir la conviction que les erreurs du passé ne nous empêchent pas de devenir une personne meilleure, à l’image de Din Djarin et Boba Fett. Enfin la saison 2 du show nous a appris que l’héritage est un poids autant qu’une arme pour changer l’avenir. Le monde est sombre mais il y a toujours de la lumière et c’est en cette lueur d’espoir qu’il faut croire, est un message que George Lucas véhiculait dans son oeuvre. Jon Favreau, Dave Filoni et leurs collaborateurs le portent désormais dans la série.

The Mandalorian est sans conteste la production Disney qui a rassuré de nombreux fans en leur redonnant un nouvel espoir. Disney est-il enfin digne de son héritage ?

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