StarWars-Universe.com utilise des cookies pour faciliter votre navigation sur le site, et à des fins de publicité, statistiques, et boutons sociaux. En poursuivant votre navigation sur SWU, vous acceptez l'utilisation des cookies ou technologies similaires. Pour plus d’informations, cliquez ici.  
1. Introduction
 
Dans la prélogie tout comme dans la trilogie, Lucas démontre une fois de plus l’étendue de ses recherches historiques, nous immergeant dans un monde si exotique et pourtant si proche. Cette proximité inconsciente est liée au fait que l’évolution de l’histoire et des personnages au sein de celle-ci nous est familière, car ce n’est ni plus ni moins que l’histoire de notre monde que George Lucas nous raconte à travers le scénario étudié dans ses moindres détails de l’Episode I de la saga mythique.
2. Organisation des factions
 
La République Galactique

Le cœur institutionnel de la République est, comme nous le montre TPM, un système bicaméral jouant sur l’équilibre entre le pouvoir du Sénat et celui du Conseil Jedi. Cet équilibre constant est représenté sur la pellicule par l’alternance des scènes ayant place dans chacune de ces chambres au milieu du film. Il est évident qu’il est question ici d’un écho de l’équilibre au sein de la Force : tout comme le Conseil Jedi (côté clair) et le Sénat (côté obscur), les deux composantes de la Force sont destinées à s’affronter continuellement.

Le Sénat représente donc le pouvoir législatif : les représentants des différents systèmes élisent le Chancelier Suprême et discutent de la gestion de la République.
Le Conseil Jedi, quant à lui, est le pouvoir exécutif, les Jedi sont «les garants de la paix et de la justice». Autrement dit, il s’agit des forces militaires de l’intérieur : de la police galactique. Mais empreint d’une grande sagesse, le judiciaire étant intimement lié à l’exécutif.
Cette structure est similaire à bon nombre de démocraties modernes, tout comme bien sûr celle des Etats-Unis. Le Chancelier Suprême est ainsi élu en suffrage restreint, sans faire appel aux voix du peuple et est le seul lien entre le Conseil Jedi et le Sénat. La République n’est donc pas un modèle de démocratie, et c’est probablement ce que veut nous faire comprendre Lucas sur des pays comme les Etats-Unis dont les institutions sont fréquemment accusées de tenir leur distance vis-à-vis du peuple.

On retrouve un système similaire dans l’organisation de la Quatrième République Française (1946-58). Cette constitution conférait également un rôle prépondérant à l’assemblée parlementaire. Il en a découlé une instabilité ministérielle sans précédent, le pouvoir vacillant sans arrêt suite aux incessantes discussions des parlementaires peu soucieux de la qualité de vie ainsi que de l’opinion des citoyens. En découla alors un antiparlementarisme dans les masses populaires.
Le cas du Sénat de Coruscant est identique, et c’est exactement cette brèche que Palpatine utilisera pour son accession au pouvoir. Ainsi, il profite de l’instabilité pour se faire élire et ensuite dissout le parlement pour contenter le peuple. Le point de départ de la chute de la République Galactique étant la colonisation de Naboo par la Fédération du Commerce, tout comme la chute de la 4eme République Française est intimement liée à la demande d’indépendance ou d’autonomie des colonies (au sens large) françaises (Algérie).
Il est bien évident que Lucas n’a peut être pas souhaité faire une comparaison directe avec le pays des fromages, mais l’Histoire étant ce qu’elle est, les mêmes éléments dans les mêmes conditions aboutissent toujours aux mêmes résultats.





Naboo

Naboo apparaît dirigée par un monarque (la Reine Amidala) laquelle prend toutes les décisions importantes en présence d’un conseil (parmi lequel figurent Sio Bibble et Panaka), comme on peut le voir lors de l’invasion de la planète par la Fédération du Commerce. Toutefois, la reine peut, si elle le désire, s’opposer aux décisions de ses conseillers comme lorsqu’elle refuse d’admettre l’inéluctabilité de l’invasion. Il s’agit donc clairement d’une monarchie constitutionnelle. Mais à la différence de la majorité des monarchies terrestres, le monarque est ici élu par le peuple et parmi le peuple (Amidala étant issue d’une famille de tisserands). Naboo est donc plus proche de la république que de la monarchie, d’autant plus que comme l’indique Sio Bibble lors de l’invasion, le peuple a décidé de ne pas se laisser faire. Celui-ci agit donc constamment sur l’organisation de la vie de cette petite planète. Le titre de monarque des Naboo n’étant que maintenu par un souci de tradition et de préservation de la culture enracinée dans un peuple à dominante intellectuelle.

L’organisation de l’état pontifical du Vatican possède beaucoup de similitudes avec celle de Naboo. Ainsi, on retrouve les deux principales caractéristiques et originalités de Naboo : l’élection du monarque parmi le peuple et un pouvoir absolu constitutionnel délégué par son détenteur à des conseillers. Ainsi le pape est élu par et parmi un collège de cardinaux, lequel est constitué des ecclésiastiques à la plus brillante carrière épiscopale. Le pape, qui, d’après la constitution de 1929, est un souverain absolu, délègue une grande partie de ses pouvoirs à des représentants (Commission Pontificale). De la même manière que Naboo avec la reine Amidala âgée seulement de 14 ans, le Vatican a connu au cours de sa longue histoire quelques papes d’un très jeune âge (Benoît IX à 12ans, Jean XII à 18 ans).

Pour ce qui est de l’aspect visuel de la civilisation Naboo ainsi que pour son implication dans une politique extérieure complexe, Naboo s’apparente cette fois beaucoup plus au défunt état tibétain, où d’ailleurs il est très courant également de voir de jeunes monarques (ceux ci n’étant pas élus mais désignés par voie mystique), ainsi le Dalaï Lama prend ses fonctions de souverain très jeune et le plus souvent avant ses 10 ans. De même, tout comme Amidala qui fut contrainte à la fuite face aux armées de la fédération Commerciale, en 1950, le 14ème Dalaï Lama, Tenzin Gyatso, alors âgé de 15 ans, dut faire face aux armées de la Chine maoïste, avant de se réfugier en Inde en 1959.


3. La prise du pouvoir
 
Un contexte défavorable.

Avant même l’apparition des premières images du film, le déroulant du générique installe un tableau bien sombre pour la République. En jouant avec les oxymores, celui-ci ne cesse d’opposer la flamboyance des institutions en place à leur inefficacité.

Le trouble s’engouffre dans la République Galactique. Les taxations des routes commerciales pour les systèmes périphériques est source de discorde. (Traduction personnelle respectant mieux l'enchaînement des mots que la version officielle.)
Le premier mot du film (trouble) a une signification forte, suffisamment puissante pour faire comprendre qu’il ne s’agit pas d’un problème banal. Ce trouble s’engouffre, se faufile et consomme le mot suivant qui est la République, laquelle qui plus est galactique et donc possède une essence magnifique de puissance inspirant le respect. Ce paradoxe explique la menace fantôme du titre, le mystère est complet et tel que la République n’en comprend ni les tenants ni les aboutissants. On peut donc s’attendre à quelque chose de particulièrement grave dès ces tous premiers mots. Mais on se rend compte ensuite qu’il ne s’agit que d’une affaire de conflit commercial, presque un aléa administratif, et la République est dans l’incapacité de régler ce problème rapidement. Cela met encore plus en évidence la faiblesse des institutions républicaines dans le film qui ne peut faire face à un problème de cette simplicité.

(…)Tandis que le Sénat de la république débat indéfiniment de cette série d’événements alarmants
On a ici une explication concrète de cette faiblesse : l’administration étouffe l’administration, comment douter dans ce cas que la menace est elle-même liée au sénat ? En tout cas celui-ci ne semble pas s'en rendre compte et se trouve incapable de réagir rapidement à une crise politique, même banale, laquelle s’envenime de plus en plus.

Le Chancelier Suprême a secrètement envoyé deux chevaliers Jedi…
La fin du déroulant présente le même paradoxe que son début. Le mot «suprême » est un symbole de puissance, mais celle-ci est annihilée par son environnement. La complexité institutionnelle est telle que la seule solution pour juguler le conflit est de passer outre la constitution en organisant une action secrète sans l’ascendance d’un plébiscite parlementaire.


Le chancelier Valorum est donc submergé par les événements. Le nom Valorum provient de l’expression latine «finis valorum» signifiant «le dernier des valeureux». Le chancelier apparaît ainsi comme étant la dernière solution pour sauver la Rrépublique du chaos qui la guette. Il s’agit réellement d’une personne de bonne foi qui fait tout pour subvenir aux besoins des citoyens de la galaxie. L’administration le gène dans sa fonction ? Il la contourne. Mais après une très longue période de paix, l’assemblée représentative du peuple n’est plus si représentative, elle a progressivement perdu sa fonction première : le gouvernement du peuple par le peuple. Les gouvernements se succèdent et se renversent dans les sphères de l’assemblée sénatoriale sans consultation des masses populaires, comme nous le montre la motion de censure engagée par Amidala et que les sénateurs semblaient attendre patiemment avant de se jeter à une nouvelle course au pouvoir entre eux.

Lucas affirme avoir voulu faire référence à la situation des Etats Unis. Une constitution archaïque jamais retouchée depuis sa proclamation en 1787, hormis par un nombre conséquent d’amendements trahissant sa faiblesse. Cette même constitution qui permet à des hommes de devenir président sans pour autant avoir la majorité des voix du peuple. La motion de censure du film est répandue dans toutes les démocraties du monde, mais l’Impeachment aux Etats-Unis acquiert une importance toute particulière pour des affaires ne concernant que l’état (Nixon en 1972, Clinton l'ayant évité plus récemment) et en aucun cas les préoccupations populaires.
« Valorum est un homme bon, mais tout le monde le critique — un peu comme Clinton » affirme Lucas.
Ainsi, tout comme Valorum subit les accusations douteuses des sénateurs, Clinton doit faire face au congrès américain pour des affaires qui ne méritent pas son implication dans le rouage judiciaire.

Après la vive critique de la corruption et du désintéressement du pouvoir face au peuple dans l’Episode I, on comprend pourquoi Lucas est jugé indésirable dans les studios américains. Par contre il est plus difficile de trouver une rationalité lorsque lors des premières projections du film, les spectateurs entonnaient la Bannière Etoilée, hymne des Etats-Unis.





Une stratégie éprouvée.

Palpatine avait deux alternatives pour prendre le pouvoir : le coup d’état militaire ou la voie politique via un plébiscite. Le coup d’état était trop risqué : il se serait attiré les foudres du peuple et des autres parlementaires voyant d’un mauvais œil un sénateur d’une planète presque inconnue prendre une place qu’ils méritent sans doute plus que lui. L’hypothèse était d’autant moins envisageable qu’il ne dispose pas d’une organisation militaire digne de ce nom.
Le plébiscite lui permet donc par la voie légale de prendre la direction de la galaxie en profitant ainsi du principal défaut de la République.


Il est très fréquent dans l’histoire de l’humanité que les dictateurs prennent le pouvoir de cette manière. Ainsi, Hitler se présenta aux élections présidentielles en 1932 contre le maréchal Hindenburg, lequel la remporta avec 6 millions de voix d’avance sur le futur dictateur. Tout comme la corruption ronge le Sénat de Star Wars, Hitler entama très rapidement une série de négociations plus ou moins secrètement avec tous les autres partis politiques, forçant ainsi en pleine crise économique Hindenburg à le nommer chancelier le 30 janvier 1933.
D’une manière sensiblement différente, Mussolini, après des actions militaires localisées à l’aide de ses squadre, obtient la permission de former un nouveau gouvernement italien par le roi Victor-Emmanuel III le 29 octobre 1922. Devenu président du Conseil, Mussolini gouverne dans un premier temps en suivant les principes démocratiques du pays, puis, en novembre 1922, la chambre des députés lui accorde les pleins pouvoirs. La dictature italienne est née.
La prise de pouvoir que Lucas nous montre dans l’Episode I est donc très similaire aux grands exemples européens du XXeme siècle. Lucas utilise cette analogie jusqu’à la dénomination du chef de la galaxie en employant le terme «chancelier », lequel rappelle immédiatement l’Allemagne hitlérienne.





Créer une situation de sympathie.

Dans le film, il est évident que les personnages de Sidious et de Palpatine sont intimement liés, quelle que soit leur relation. Il s’agit même certainement d’un seul et unique personnage. Je ne parlerai donc ici que de Palpatine pour évoquer les deux individus.
Palpatine ayant décidé de prendre le pouvoir par un vote parlementaire, il lui faut une assise suffisamment consistante et susceptible de le faire passer pour un possible futur leader de la galaxie, défenseur des opprimés et protecteur des institutions.
C’est ce qu’il réalise en organisant à l’aide de la Fédération du Commerce l’invasion de sa propre planète Naboo. Pour ensuite au Sénat les accuser de l’illégalité de leur action et des différents massacres commis, lesquels sont évoqués dans le film par Sio Bibble.

C’est exactement dans le même état d’esprit que Hitler, nouvellement chancelier, acquiert les pleins pouvoir en Allemagne. Ainsi, après avoir dissolu le Reichstag (assemblée parlementaire allemande), et juste avant les nouvelles élections législatives, la tension sociale est à son comble entre d’une part, les nazis, et d’autre part, les communistes. Le Reichstag est incendié la nuit du 28 février 1933, on retrouve un ancien communiste néerlandais du nom de Martin Van der Lubbe sur les lieux. Hitler accuse alors les communistes de l’attentat, se plaçant ainsi en défenseur de l’intégrité institutionnelle du pays et en profite pour interdire le parti communiste lors des élections. Van der Lubbe a été innocenté à titre posthume en 1980, on a ainsi découvert après enquête qu’il était manipulé par les nazis pour mettre le feu au bâtiment.
Ainsi, c’est Hitler qui a incendié ce qui lui appartenait. Il a su créer une très forte sympathie au sein du peuple allemand, le voyant ainsi comme la meilleure solution pour l’avenir du pays. Les conséquences furent terribles pour l’Europe, puisque le 23 mars, le nouveau Reichstag lui confère les pleins pouvoirs pour 4 ans, et ainsi naquit légalement le IIIeme Reich.
La similitude avec la stratégie adoptée par Palpatine est frappante, tout comme Hitler il a détruit ce qui lui appartenait (Naboo) pour ensuite accuser ses alliés pouvant devenir gênants (les Neimoidiens) et être assuré du succès du vote pour l’élection d’un nouveau chancelier. De la même manière que le IIIeme Reich, naquit l’Empire Galactique.

L’invasion de Naboo peut être également comparée à la conquête de l’Europe centrale par les forces allemandes aux cours des années 1938 et 1939. L’Anschluss (annexion de l’Autriche au Reich) en mars 1938 constitue pour Hitler une sorte de test pour évaluer la capacité des pays occidentaux à réagir, réaction qui n’a pas lieu. Hitler annexe l’Autriche sans que les autres pays ne le mettent en garde, trop soucieux d’éviter d’envenimer les choses et se camouflant derrière le droit à l’autodétermination des peuples, le peuple autrichien accueillant les Allemands les bras ouverts. De la même manière, Palpatine se confronte à Naboo et rien ne se passe : le Sénat est dans l’incapacité de couper le mal à la racine et laisse ainsi la pieuvre de la menace envahir la galaxie. L’entrée en guerre à proprement parler des pays occidentaux se produit avec l'invasion de la Pologne, état le fruit de la première guerre mondiale. On peut comparer cela à la décision du débarquement de la Fédération Commerciale sur Naboo, la phase du blocus étant assimilable à l’Anschluss : le round d’observation avant l’uppercut.

Lucas suit donc à la perfection le modèle académique de la montée en puissance du IIIeme Reich pour l’ascension de l’Empereur dans les sphères du pouvoir, et qui plus est, en l’étoffant en imbriquant les différentes phases intimement les unes avec les autres.


4. Un blocus meurtrier.
 
Les Neimoidiens ont choisi d’attaquer la planète Naboo par la plus vieille technique militaire qui soit depuis que l’homme a su se défendre derrière des murs : le siège.
Le principe est ici d’asphyxier les structures économiques d’une communauté, qu’elle vive dans un château fort au moyen âge ou sur une planète dans Star Wars. L’affaiblissement économique est tel que plus le siège dure, plus les chances d’une riposte de l’assiégé deviennent faibles avec le temps.
Il n’y a alors que deux alternatives à l’assiégé : se rendre ou mourir, l’histoire militaire ayant démontré que la technique du siège est presque infaillible. La seule solution pour sortir de ce piège est de l’empêcher de s’installer, et donc de disposer d’une couverture militaire sur zone suffisante, ce qui n’est pas le cas de la petite armée de volontaires de Naboo, planète insignifiante de la bordure de la galaxie.
Le siège a un coût important pour l’assiégeant également. Ainsi celui-ci doit mobiliser ses troupes pendant une longue période au cas où il y aurait contre-attaque, et pour empêcher des informateurs de filtrer le blocus, lesquels pourraient appeler des renforts. Dans le cadre d’un ennemi particulièrement tenace, et si les empoisonnements de rivières et autres inoculations de maladies n’ont pas suffi, afin de limiter le gaspillage économique engendré par le maintien d’une position militaire à long terme, l’assiégeant se verra forcé d’attaquer. Il conviendra alors, tout comme dans La Menace Fantôme, de faire particulièrement attention à rompre toutes les communications avec l’extérieur et d’éventuels alliés, l’assiégeant étant particulièrement vulnérable si des renforts réussissent à arriver sur place : l’armée se retrouverait entre deux feux avec une chance de survie bien faible, et au vu de l’effectif militaire mobilisé, la contre-attaque sera rude.
Ainsi, la Fédération du Commerce rompt toutes les communications radios de la planète avant l’attaque : elle l’entraîne dans une ruelle sombre à l’abri des regards indiscrets avant de porter le coup fatal.
La notion de blocus, ou d’embargo sous une forme moins militaire, fait tout de suite référence aux deux principaux exemples de l’histoire moderne : celui de Cuba (instauré le 22 octobre 1962) et de l’Irak (6 août 1990) menés par les Etats-Unis pour le premier et par l’ONU pour le second, et si la technique prouve son efficacité pour anéantir un peuple, il s’avère par contre inefficace dans le cadre de la lutte géopolitique.


5. Les gardiens de la paix et de la justice.
 
Les deux principaux Jedi du film, Qui-Gon Jinn et Obi-Wan Kenobi, nous apparaissent comme des émissaires de la République pour surveiller les différents endroits sensibles de la galaxie, et sont éventuellement capables d’agir si le besoin s’avère nécessaire.
Les Jedi en mission s’apparentent aisément aux agents de surveillance de l’ONU. Ainsi, comme l’ONU envoie régulièrement des agents pour surveiller par exemple la démilitarisation de l’Irak, la République envoie des Jedi s’assurer que la justice galactique est bien respectée aux quatre coins de la galaxie.
Dans le contexte de la période précédant la seconde guerre mondiale, on parlera plutôt de la SDN (Société Des Nations) qui avait un rôle sensiblement similaire, mais laquelle fut incapable de réagir face aux agressions du totalitarisme en Europe. Contrairement à la SDN et tout comme l’ONU, l’Ordre Jedi possède une puissante force militaire d’intervention.
Lucas met en évidence ici l’importance de telles structures de nos jours et aussi leurs faiblesses : tout comme l’ONU est incapable de réagir dans des conflits tels que ceux du Proche Orient ou en Amérique latine à cause des intérêts géopolitiques des grandes démocraties dans ces régions, l’Ordre Jedi éprouve des difficultés à s’exprimer face au Sénat Galactique.


6. La lutte contre la technologie à outrance
 
Véritable chantre de la technologie au cinéma, fondateur de la plus grande compagnie d’effets spéciaux de l’histoire, apôtre du numérique et adepte permanent de l’innovation, George Lucas nous présente toutefois le progrès dans son Œuvre comme synonyme d’asservissement et de mort.
Déjà dans son premier film « THX 1138 », il nous dépeignait une société souterraine cauchemardesque où les hommes sont des êtres dépourvus de sens critique, dépouillés de leur libre arbitre, devenus de simples rouages périssables et interchangeables d’un système industriel oppressant organisé autour de la consommation de masse.
Les activités sexuelles y sont prohibées, la psychologie des gens est stabilisée ou plutôt contrôlée par une camisole chimique, et des retransmissions holo, prolongement de notre télévision, finissent de lobotomiser les spectateurs épuisés par leur labeur quotidien et lénifiés par les médicaments.
La spontanéité, la créativité, l’initiative et surtout la passion sont encadrées voire réprimées par un service d’ordre constitué d’androïdes.

Lucas s’explique ainsi : « …Je n'ai pas changé, c'est toujours un peu la même histoire que je raconte. La recherche d'émotions, des valeurs humaines fondamentales, la volonté d'exprimer les choses et les sentiments. »
Et il continue aujourd’hui avec « La Menace Fantôme ».
Nous est présenté l’antagonisme entre Naboo la paradisiaque d’une part et la Fédération du Commerce d’autre part ; comme la vie s’oppose à la mort. Les Neimoidiens ont entamé ce chemin qui mènera à l’enfer technologique qu’est l’avènement de l’Empire. L’industrialisation répond avec efficacité à de nombreux besoins mais elle en crée également de nouveaux par lesquels elle assujettit ses prétendus maîtres. Elle développe la cupidité, assouvit un temps la soif de puissance puis l’entretient, déplace la hiérarchie des valeurs éthiques vers le mépris de celui qui est considéré comme inférieur, celui qui, «par bêtise», n’a pas suivi ce même cheminement. Mais le processus n’est pas encore arrivé à son terme chez les Neimoidiens, on peut le percevoir dans la conception artistique de leur technologie. Comme pour montrer que la rupture avec la logique naturaliste n’est pas encore totale, par opposition à ce que sera l’ignominie de l’Empire, on remarquera que les tanks, les vaisseaux, les droïdes, ont gardé une parenté d’aspect avec des animaux terrestres, suggérant dans l’inconscient du spectateur le caractère transitoire du développement industriel à l’époque de l’Episode I. Le cargo fédéral rappelle le crabe, l’A.A.T. renvoie au lion et le transport de troupe (M.T.T) évoque l’éléphant dans sa charge furieuse. Même les droïdes de combats sont un signe d’archaïsme en comparaison des futurs Stormtroopers, le talentueux Doug Chiang s’inspirant pour les dessiner de statues primitives africaines.
A l’opposé, Naboo est un véritable paradis, un Eden dont on s’éloigne de manière inéluctable à mesure que le progrès technique se développe. Loin d’être des sauvages, les Gungans y vivent avec le désir d’adapter leur technologie et leur culture à leur environnement.

L’asymétrie du conflit opposant les Gungans aux troupes de la Fédération du Commerce est en effet flagrante : alors que les Gungans utilisent des armes de projection (longue portée et lente) et se battent au corps à corps, le camp adverse utilise des armes à feu. En 1430 fut inventé l’arme à feu en acier, les conflits opposèrent rapidement des troupes inégales en fonction de leur maîtrise de cette technologie. L’arme à feu corrompt le héros : on ne se bat plus au contact, le mythe de l’épée surpuissante devient rapidement totalement dépassé. S’ensuit la déchéance des ordres moraux tels que la chevalerie occidentale ou le Bushido samouraï. En effet, lors de l’ouverture tardive du Japon au monde extérieur, de sa modernisation au cours de l’ère Meiji qui vit notamment la restauration du système impérial en 1871, les castes de samouraïs se sont rapidement trouvées dépassées et durent déposer leurs armes. 15.000 dissidents se sont soulevés sous les ordres du maréchal Takamori Saigo lors de la bataille de Shiroyama. Ce fut un échec énorme pour les samouraïs qui ont été massacrés par une armée bien plus occidentalisée. Cet exemple de combat asymétrique illustre parfaitement la bataille de Naboo : un choix naturaliste peut engendrer la mort.

Mais ce chemin de la nature contre la technologie, bien que semé d’embûches, ne peut qu’être le vainqueur dans un conte tel que Star Wars. Cette victoire de la nature s’exprime dans le contexte du film par la Force et plus particulièrement par son incarnation de chair: Anakin Skywalker, le héros qui saura rétablir l’ordre des éléments, la victoire de l’esprit sur le matériel.

Ainsi, Anakin détruit le vaisseau amiral de la Fédération du Commerce en tirant une torpille presque par «accident», tout comme Luke débranche son appareil de visée dans l’Episode IV, on a ici le héros qui se libère de la technologie mise à sa disposition. C’est la naïveté et la vigueur de l’enfant qui prennent le dessus. Son instinct parle, tout comme le préconisait Qui-Gon Jinn avant la course de pods, il ne vise pas précisément le générateur du vaisseau. La symphonie de Star Wars prend encore ici toute son ampleur, ce motif scénaristique se retrouve bien sûr entre le comportement du père et du fils dans les deux épisodes évoqués mais aussi, et surtout, de manière ironique au sein du même personnage qu’est Anakin Skywalker et Dark Vador : ce dernier réagit exactement de manière inverse à l’enfant qu’il était : il active bel et bien la visée automatique lors de la poursuite de Luke dans la tranchée de l’Etoile Noire. De la même manière, Anakin demande à R2-D2 de débrancher son pilote automatique alors que les autres membres de l’escadron l’ont conservé, et non pas pour fuir la bataille, mais pour la dominer à sa façon, pas comme le ferait un vulgaire circuit imprimé issu tout droit des fonderies de la Fédération du Commerce. Par conséquent, Anakin choisit le chemin de la Force, en d’autres termes il rétablit l’ordre naturel de par son innocence dans un sanctuaire du tout-technologique. Dans le choix du monde contemporain de se fier plus ou moins à la technologie, il a fait le choix de l’individu et non du groupe que prône la Fédération du Commerce, de l’utopie plutôt que de la dystropie. C’est ceci que veut nous faire comprendre Lucas à travers son œuvre où le bien affronte le mal, le côté obscur le côté lumineux, l’imagination et l’intuition contre le rationalisme.


7. Le féminisme
 
Les films de Lucas prônent l’intégration de toutes les cultures. Lucas, dans cette même optique, place le sexe féminin d’égal à égal au masculin. Tout comme on avait une Leia guerrière dans la Trilogie, on a une Padmé politicienne dans l’Episode I, et qui plus est à l’âge de 14 ans. Les Etats-Unis, depuis 1920, permettent aux femmes d’accéder au plébiscite, en réaction au rôle fondamental de celles-ci lors de la première guerre mondiale notamment. Ainsi, tout comme la trilogie l’avait fait avant, la femme n’est plus une icône de cinéma, elle n’est plus la personne qui met en valeur le héros masculin, elle est l’héroïne. Lucas prend clairement parti aux débats des années 70 où il était question d’émancipation et de travail féminin.
Tout comme Padmé gouverne une planète entière, le Conseil Jedi, pourtant gardien des traditions morales, comporte plusieurs membres de sexe féminin. Les femmes participent à la guerre, tout comme leur effectif a augmenté de 50% entre les années 1972 à 1979 dans l’armée de l’air américaine par exemple.
L’empreinte féminine de l’Episode I est transcrite également via le personnage de Shmi, laquelle dégage un amour maternel pour Anakin élevant le rôle de la femme bien au-dessus de celui des héros masculins. Ce que Padmé fait en tant que dirigeante, un homme peut le faire, mais le lien magique unissant la mère à son fils ne peut qu’être féminin. L’Episode I est donc un hommage à celles qui ont été trop longtemps écartées de nos sociétés et des pellicules de cinéma. Cet aspect se trouve renforcé par l’utilisation de vêtements somptueux qui faisaient défaut dans la trilogie ainsi que par la beauté et la douceur des formes de Naboo, berceau de la Reine et de l’utopisme du récit.