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La Rédaction de la Tribune Impériale
 
1. Un premier temps
 
Les décombres de l'immeuble fumaient encore lorsque l'inspecteur Traysdon descendit de l'airspeeder blindé des FSC. Les Gardes de Choc Impériaux, qui verrouillaient le périmètre, ne lui prêtèrent même pas attention. Tous étaient concentrés autour des ruines de ce qui était autrefois le siège de la Tribune Impériale.
L'explosion avait eu lieu quatre heures auparavant. Il était difficile de ne pas y voir l'oeuvre des rebelles, tant la situation était agitée depuis quelques mois, avec ces groupuscules terroristes frappant d'un bout à l'autre de la galaxie. Et ce n'est pas la destruction d'Aldérande qui y changera quoi que ce soit... songea Traysdon avec amertume. En effet, l'opinion tout entière avait été bouleversée à l'annonce de l'anéantissement de la pacifique planète par les Rebelles. Selon les premiers rapports, le carnage était tel que l'on ignorait encore comment ils avaient pu parvenir à un tel résultat ; on parlait d'usines d'armements souterraines qui auraient explosées, ou encore d'armes impériales détournées...
Une chose était sûre, au moins : il n'était pas resté le moindre témoin.
Contrairement à ce qui venait de se passer ici. Le Cadrant 11-38 était l'un des endroits les plus fréquentés de la Cité Impériale, et une la moindre explosion - qui plus est lorsqu'elle était d'une telle importance - devenait en quelques instants le centre de toutes les attentions.
- Inspecteur Traydson ! dit une voix à sa gauche.
Il se tourna pour faire face à l'homme qui l'avait interpellé. C'était un humain, comme tous les membres des FSC, bien sûr, reconnaissable à sa bedaine proéminente et à son crâne dégarni.
- Lieutenant Garren,répondit Traydson d'une voix calme. Avez-vous trouvé quelque chose ?
- Vous devriez venir voir, Inspecteur... J'ai réussi à éloigner la presse, mais je ne peux pas assurer que...
- Du tact, Garren. Les journalistes vont tout faire pour découvrir le fin mot de l'histoire. D'autant plus que leurs collègues ont été la cible. D'ailleurs, quelles sont les estimations ?
- C'était l'heure de pleine affluence, malheureusement. Il semblerait qu'aucun n'en ait réchappé. Maintenant, si vous voulez bien me suivre...
Traydson acquiesça sans dire mot. Il avança en compagnie du lieutenant replet, réfléchissant aux motifs de cette attaque. Une réaction au numéro exceptionnel des Vingt Ans de l'Empire ? Possible. Une tentative de déstabilisation ? Probable.
Une vengeance personnelle ?
Certains en seraient capables...

Le lieutenant lui fit signe de s'arrêter. Sans s'en apercevoir, il avait franchi depuis plusieurs mètres déjà le cordon de sécurité des FSC, et se tenait à présent au coeur des décombres.
Garren désigna un objet, sur un tas de décombres.
- Un de nos droïdes-pisteurs l'a trouvé en cherchant des survivants...
Traydson dévisagea l'objet, se rappelant où il avait déjà pu l'entrevoir.
Puis il comprit.
- C'est un kit de défense de l'armée clone, déclara-t-il. Ce genre d'objets a été très répandu, à une époque, mais on s'est rendu compte après la guerre que certains exemplaires avaient été récupérés par des gangs, qui se servaient des mines et des grenades pour résister à l'Empire. Mais ce marquage... Là, ces traces vertes fluorescentes, sur les flancs... C'est rare, très rare, de voir un tel objet...
- Nos droïdes ne sont pas parvenus à l'identifier.
- Pas étonnant. Moi-même, je n'en ai vu qu'une seule fois, lors d'une visite au Musée Galactique. C'est une version destinée aux personnels civils de la Grande Armée. Plus onéreux, mieux équipé... C'est le genre d'objets qui était mis à la disposition des équipes médicales, par exemple, en cas d'attaque. Et dans ce cas, d'autres intervenants extérieurs pouvaient y avoir accès.
Une lueur de compréhension apparut dans les yeux de Garren.
- Vous voulez dire que....
- Oui, répondit Traydson avec un sourire sinistre. Il y a de fortes chances pour que ce soit un journaliste qui ait fait le coup.

************

Le colonel Jace Covelian déglutit une dernière fois, puis appuya sur le panneau de contrôle pour ouvrir la porte. De toute sa carrière au Bureau de la Sécurité Impériale, il n'avait jamais éprouvé une telle crainte. Et pourtant, il lui fallait maintenant la surmonter.
L'immense porte blindée s'ouvrit lentement, laissant Jace entrer. Il jeta un coup d'oeil aux alentours, comme pour repérer une éventuelle sortie, même s'il savait qu'une telle précaution était une pure idiotie tant elle était inutile. La Salle du Trône était gigantesque, et la porte par laquelle il était entré n'était qu'une ouverture latérale bien ridicule à côté des axes principaux.
Ravalant sa peur, il avança d'un pas décidé vers le fond de la salle. Il lui fallut trois bonnes minutes pour atteindre le pied de l'estrade où se trouvait Sa Majesté.
Le siège de l'Empereur était tourné vers l'immense verrière en duracier, qui s'ouvrait sur le Centre Impérial et en révélait toute sa splendeur. Sentant probablement la présence de Jace, l'Empereur fit pivoter son siège, pour se placer face au colonel.
Covelian s'allongea si bas qu'il en était presque allongé contre le sol de duracier. L'Empereur, comme excédé par ce comportement si obséquieux, lui fit signe de se relever. Tétanisé par la peur, Jace trouva malgré tout le courage de parler.
- Votre Majesté... Les satellites-relais du BSI ont été placés comme vous l'ordonniez...
- Venez-en au fait, dit l'Empereur d'une voix glaciale.
- Nos... Nos équipements ne laissent aucun doute. Comme vous l'avez pressenti, l'Etoile Noire a été détruite.
Une fureur presque bestiale apparut sur le visage de Palpatine, et pendant un instant Jace crut sa dernière heure arrivée. Mais la vision disparut presque instantanément.
- Et qu'en est-il du Seigneur Vador ?
- Majesté, nous n'avons aucune certitude. Nous savons à présent que le Grand Moff Tarkin fait partie des victimes, tout comme son Etat-Major, mais nous n'avons...
- Il est vivant, trancha l'Empereur. Dites à nos forces de rester en alerte. Il semblerait que cette vermine rebelle ait de nouveaux alliés...
- Bien, Monseigneur.
- A présent, laissez-moi.
Jace, trop content d'être encore en un seul morceau, obéit sans plus attendre et se dirigea à grands pas vers la sortie. Arrivé au bout de la salle, il se retourna brièvement, et vit que l'Empereur observait de nouveau la Cité Impériale, comme si la mort d'un million d'honnêtes serviteurs de l'Empire ne l'avait aucunement bouleversé.
Ou peut-être sait-il que bien d'autres s'annoncent...

Alors, qui est le traître ? Covelian va-t-il réussir à se tirer de ce mauvais pas ? Et quel rapport entretient-il avec la Tribune Impériale ? Toutes les réponses dans le prochain numéro... Ou pas.
Ecrit par Jagen Eripsa, le 14 Décembre 2012
2. Interrogatoire
 
- Êtes-vous sûr de ce que vous avancez ?
Traydson soupira en voyant à quel point son supérieur était borné.
- Si vous aviez été là lors de l'analyse des débris, vous auriez déduit la même chose que moi.
- Je n'ai aucune leçon à recevoir de vous, Sovan, répliqua le commissaire Hyssopias.
- Peut-être, mais si vous...
- Ecoutez, mon vieux, le coupa-t-il, j'ai d'autres choses à gérer en ce moment.
Le regard brouillé de son supérieur fit comprendre à Sovan de quoi celui-ci parlait.
- Il était à bord. Votre frère. Il était sur l'Etoile Noire.
- Oui. répondit le commissaire en baissant la tête. Il m'avait dit qu'il allait obtenir une promotion, nommé capitaine dans une base de la Bordure...
- Et les Rebelles l'ont fait sauter. Tout comme Aldérande.
- Mais pas comme la rédaction de la Tribune, d'après ce que vous dites.
- Non. Je suis persuadé qu'il s'agit d'un journaliste.
Il se pencha en avant, de sorte à impressionner son supérieur.
- Cela risque d'être une enquête très sale, commissaire, dit-il d'une voix rauque. Le monde de la presse est encore moins reluisant que celui qu'il décrit, j'en sais quelque chose. Et je suis persuadé que si un des employés de ce journal l'a fait sauter en pleine journée avec une bonne partie de ses collègues dedans, c'est qu'il a de gros motifs. Mon objectif, c'est de les comprendre, et de découvrir l'identité de ce traître à l'Empire.
Hyssopias réfléchit quelques instants en silence, observant tour à tour le rapport et l'inspecteur.
- Cela se tient. Très bien, Sovan, vous avez mon accord. Mais attendez un peu avant de vous lancer.
- C'est ce qui est prévu, répondit Traydson. Les deux dirigeants historiques de la Tribune, Will Lyam et Dolarn Sarkan, venaient tout juste de prendre leur retraite quand les locaux ont explosé. Ils vont avoir besoin d'un remplaçant. Peut-être était-ce une manoeuvre du coupable pour accélérer les choses...
- Cela m'étonnerait, déclara le commissaire. Et de toute façon, il n'aura rien gagné.
- Vraiment ?
- Oui. Il se murmure au sein du Commandement que le prochain rédacteur sera nommé par l'Empereur lui-même...
Traydson eut un sourire sinistre.
- Que demander de mieux ?

************

Assis devant les ruines, Zev Kalliran se tenait la tête dans les mains, dépité par ce qui leur arrivait.
- Pourquoi ? dit-il après un long moment de silence.
Les autres le regardèrent d'un air triste. Tous ressentaient la même chose.
- Kamo, Tev... Sans parler des autres... Et pas nous.
- Ouais, répondit Injum.
- Faut pas te tracasser là-dessus, dit Pyhran. On a eu de la chance, voilà tout.
- Si je n'avais pas dû rencontrer Pestage au Sénat, j'aurais sans doute...
- Tu étais au bon endroit au bon moment. Et Mazachial, lui...
-... C'était tout le contraire.
En plus des morts de l'attentat, d'autres journalistes parmi les plus fanatiques au régime, dont Mazachial, avaient été envoyés sur l'Etoile Noire pour ce qui devaient être ses premières expérimentations. On ne savait pas grand-chose de ce projet, mais les représentants impériaux avaient parlé d'une grande première.
Qui n'aurait finalement jamais lieu.
- C'est sûr qu'on va devoir recruter beaucoup de monde, dit Injum. Mais on a déjà eu le coup par le passé, après la chute de la République. On s'en remettra.
- On n'avait pas perdu autant de monde.
- Le cousin de Will avait été arrêté, rappela Pyhran. Tu n'étais pas là à l'époque, mais j'étais pigiste dans la section Sports, et ça m'avait marqué. Et c'était sans compter tous les autres...
- Peut-être...
Zev s'interrompit. Un nouvel homme, grand et blond, portant l'uniforme de l'Empire, venait d'arriver.
- Bonjour, messieurs, se présenta le nouveau venu. Je suis le porte-parole Garentos, du BSI. Votre nouveau directeur sera bientôt là.
- Notre nouveau... ? répéta Injum sans trop comprendre.
- L'Empereur a nommé le colonel Jace Covelian à la direction de la Tribune Impériale. Sa Majesté est sûre que vous comprendrez.
Personne ne répondit. Il était bien sot de vouloir aller contre les ordres de l'Empire...

************

Assis dans son airspeeder de fonction, le colonel Covelian, nouveau directeur de la Tribune Impériale, regardait défiler le sol de Coruscant sous ses pieds.
J'ai eu de la chance. Beaucoup de chance.
Il avait tout d'abord cru que l'Empereur l'exécuterait pour lui avoir annoncé la perte de sa chère station de combat. Mais le souverain, sans raison apparente, était d'humeur magnanime.
Puis il y avait eu ce message envoyé par la base de Vaal, qui avait retrouvée la trace du Seigneur Vador. Jace l'avait intercepté et avait pu annoncer la nouvelle au Souverain Impérial avant même que l'Armée ne soit au courant. En remerciement, l'Empereur lui avait donné la direction de ce journal.
Et quel journal.
La Tribune Impériale avait été l'un des premiers organismes de presse favorables au régime à voir le jour, bien avant la Volonté d'Acier et autres Clairon de Palpatine. Fondé sur les ruines de la trop laxiste Tribune Galactique, il servait depuis longtemps l'idéologie de l'Ordre Nouveau, même si l'édition quotidienne des dix-huit dernières années n'avait guère la poigne des premiers magazines totalement dédiés à l'Empire.
C'était cela, son but. Redonner à la Tribune ses lettres de noblesse. Il avait à présent une longue expérience de la communication, et il allait pouvoir parfaire cela.
Le speeder amorça sa descente vers les locaux sinistrés du journal. Covelian constata que la majeure partie des bureaux étaient en ruines, et qu'il était trop tard pour consolider les autres.
Nous devrions peut-être nous établir au siège du BSI en attendant de trouver des quartiers définitifs.
Arrivé à la hauteur du parvis de l'immeuble en ruines, le chauffeur stoppa son avancée et déverrouilla les portes. Garentos, qui était son aide de camp depuis trois ans à présent, se dirigea vers le véhicule pour lui ouvrir la porte.
- Garde à vous ! cria-t-il en direction des journalistes.
- Du calme, du calme, dit Covelian en descendant du speeder. N'oubliez pas, mon ami, que nous avons à faire à des civils.
Les journalistes s'approchaient d'eux d'un pas traînant.
- Il n'empêche, ajouta-t-il d'une voix forte, que je veux de la rigueur ! De l'énergie ! Du fanatisme, même, si cela vous permet de vous surpasser pour l'Empire !
Les hommes de lettres marmonnèrent une réponse affirmative.
- On dit : Oui Chef !
Il y eut un peu plus d'énergie, mais ce n'était toujours pas cela.
- Je répète, Oui Chef !
- Oui Chef ! scandèrent en coeur les journalistes.
Leurs yeux étaient rivés sur le blaster accroché à la ceinture de Jace, attendant sûrement que le colonel éloigne sa main de la poignée pour se détendre.
- C'est bien mieux. A présent, rassemblez vos affaires et montez ; il est temps de se remettre au travail.
Pendant que ses nouveaux employés obéissaient, Jace regarda ce qui restait des locaux de la Tribune, et une question lui vint à l'esprit, sans que cela lui plaise spécialement :
Ai-je eu tant de chance que ça ?

Le traître sera-t-il finalement arrêté ? Zev Kalliran parviendra-t-il à survivre au Colonel Covelian ? Celui-ci parviendra-t-il à faire renaître la Tribune Impériale de ses cendres ? Toutes les réponses seront dans le prochain numéro... Ou pas.
Ecrit par Jagen Eripsa, le 14 Décembre 2012
3. Contrecoup
 
L’endroit était sombre. En attendant quelques minutes, le temps de s’habituer à l’obscurité, on aurait pu distinguer – si on était humain – une forme dans un coin, qui formait comme une grosse bosse.
Même sans se rapprocher, on pouvait se rendre compte qu’il y avait quelque chose là. Il suffisait de disposer de l’ouïe pour cela. Un son grave et régulier s’élevait dans la nuit. Au premier abord, on aurait naturellement pensé avoir affaire à un Hutt. Mais ici, sur Coruscant, voilà qui aurait été pour le moins inhabituel. Surtout en ces temps où l’Ordre Nouveau était appliqué dans toute sa sévérité, privilégiant la race humaine au détriment de toutes les autres.
Le silence reprit soudain ses droits…

Aïe. C’est la première chose que je me dis en émergeant des ténèbres. Je n’ose pas bouger, avant d’essayer de me souvenir de ce que j’ai fait hier soir. Suis-je resté tranquille dans mes appartements, situés dans un quartier chic du Centre Impérial ? Ou au contraire me suis-je laissé emporté par le tourbillon de la vie nocturne coruscanti, encore une fois ?
Je me revois sortir de chez moi, « juste histoire de voir du monde, boire un verre et rentrer tôt ». Oui, je me souviens, c’est ce que je pensais en quittant mes appartements.
J’ouvre un œil, puis deux. Jusqu’ici tout va bien. Il est vrai que je suis dans le noir complet, donc rien ne vient agresser mon champ de vision. Qu’est-ce qu’il fait bon sous ma couette ! Je pourrais y rester tout le reste de la nuit, et même la journée suivante !
Au coup où, je décide de regarder l’heure. Ce serait dommage de tenter de se rendormir si mon réveil devait sonner dans une demi-heure ou un quart d’heure.
15h13.
Bon, il y a eu une panne dans la nuit, l’heure est déréglée. De toute manière, mon radio-réveil sonne tous les matins à 4h30, je ne peux pas être au lit à une telle heure, quelle que soit l’heure à laquelle je suis rentré, ni dans quel état.
Je tâtonne ma table de chevet et mets la main sur mon communicateur.
15h14.
Vous avez quatre-vingt-deux messages.


Merde, merde, merde, merde, merrrrrrrrde !
– Rideaux ! crié-je.
Ceux-ci s’ouvrent en même temps que je saute de mon lit. Ça va, je ne suis pas trop aveuglé. L’avantage d’avoir un appartement cossu sur Coruscant, c’est qu’il est forcément à quelques centaines mètres en hauteur, là où l’air est plus pur qu’au niveau du sol où vit la fange de la galaxie, où se regroupent tous les ratés de l’univers. Par contre, point de soleil ici. Juste une purée de pois qui ne se désagrège que quand les responsables du contrôle climatique de la planète décide d’embellir la planète avec un temps magnifique.
Zut, je suis encore habillé, à l’exception d’une bottine qui traîne au sol. J’étais donc dans un si sale état en rentrant cette nuit que je n’ai pas eu la force de me mettre en caleçon ? Il faudra que je jette un coup d’œil aux caméras de surveillance de l’immeuble pour en avoir le cœur net.
Quatre-vingt-deux messages…
Bon sang, il s’est passé quelque chose de très important, c’est évident ! Aurais-je raté le scoop de l’année ? Son Altesse Impériale m’aurait-elle fait mander pour m’accorder une nouvelle interview ? Voilà qui serait irréel et me permettrait d’inscrire mon nom au panthéon des journalistes du régime !
N’empêche, quatre-vingt-deux messages… Qu’a-t-il bien pu se passer depuis hier ? Une révolution ? Une guerre galactique ? Allons bon, la date de mon communicateur est déréglée aussi : elle indique le 14 – n’importe quoi ! –, alors que nous sommes le 7.
À moins que… Bon sang, où est mon portefeuille ? Ouf, toujours dans ma poche. Waouw, je l’ai rarement vu aussi gonflé. Je ne me souviens pas de ce que j’ai fait mais qui sait, peut-être ai-je gagné au casino ? Je déchante en sortant des dizaines de tickets de caisse… dont les plus anciens date du 7 et les plus récents du 14. Ce n’était donc pas une erreur ! J’ai décroché du monde pendant sept jours !
Le rapide calcul mental auquel je me livre m’indique que j’ai réussi à dépenser six mois de salaire durant cette semaine dont je ne me souviens pas. Bah, je mettrais ça dans mes notes de frais au journal, au titre des dépenses indispensables pour un travail journalistique en immersion…
J’écoute tous les messages d’affilée sur le répondeur…
Je n’en retiens que l’essentiel : attentat… les locaux de la Tribune Impériale… majeure partie de l’équipe tuée…
Je me retiens au mur, j’ai la tête qui tourne. Soit c’est la gueule de bois, soit c’est la gravité de la situation qui perce la brume qui règne autant dans mon cerveau que dans le ciel révélé par mes baies panoramiques.
Peu importe, j’enfile ma bottine en quatrième vitesse, m’asperge abondamment d’eau de toilette et sors de chez moi en courant, tout en appelant un taxi-speeder.
Je me connecte aux réseaux journalistiques. Bon sang, c’est incroyable ! Les ruines que j’ai sous les yeux sont bien celles de la Tribune Impériale. D’après le journaliste, mes collègues ont payé le prix fort face à cet attentat odieux. La liste des morts s’égrène et elle semble interminable.
Je suis abasourdi. Un seul mot me vient à l’esprit pour décrire ce que j’apprends : ENFIN ! ENFIN je vais prendre du galon au sein de la T.I. ! ENFIN tous ces vieux croulants de l’ancien temps ne sont plus là pour me rabaisser à cause de mon inexpérience – bon, d’accord, j’avoue qu’ils allaient jusqu’à employer le terme « d’incompétence ».
C’est la chance de ma vie, je le sens, je le sais ! Aujourd’hui, moi, Cirederf Nomis, vais devenir un homme important !

Ma revanche sur la vie continue… une fois de plus. J’ai été renvoyé de toutes les écoles de standing dans lesquelles j’ai été inscrit. Je m’en fiche. De toute manière, tous mes professeurs étaient des incompétents. Sinon, comment expliquer que je n’ai jamais réussi à décrocher le moindre diplôme ? Comportement inadéquat, arrogance, absence aux cours voire aux examens… Ils ont multiplié les prétextes. Peuh… tous des jaloux !
Il est vrai que mon père est Lehcim Nomis, un homme qui compte s’il en est puisqu’il occupe la fonction de porte-parole du Sous-Secrétariat Aux Technologies d’Antan. Plus d’un a ricané en entendant ce titre, et pourtant… En côtoyant les grands de cette galaxie, on est forcé de s’élever socialement. Du moins si on est prêt à faire ce qu’il faut pour cela. Lui l’est, et moi aussi.
C’est lui qui m’a obtenu un poste à la Tribune Impériale. Être intégré au Pôle Sport n’avait rien de glorifiant, mais j’ai dû accepter le poste, le seul vacant à l’époque. Repenser à ce fat de Staive Pedsten, le champion de grav-ball, de qui j’ai réalisé une interview, manque de me faire vomir – à moins que ce ne soit là aussi la gueule de bois. Ce stupide animal a parlé de lui pendant des heures, comme s’il était le centre de la galaxie. Rien de plus barbant que les arrogants.
J’en sais quelque chose, mes désormais défunts collègues l’étaient tout autant, toujours prêts à dénigrer mon travail. Ils ont osé critiquer le montage de mon interview de Pedsten, alors que pour mettre toutes les chances de mon côté, pour montrer à quel point j’étais fait pour le journalisme, j’ai fait appel en sous-main à une entreprise de communication, chargée de mettre en boîte la version finale de l’interview. Il fallait que ce travail soit parfait. C’était la condition sine qua non pour qu’on me confie des tâches plus intéressantes. Peu importe qu’en fin de compte, ce ne soit pas vraiment moi qui ait monté le reportage final. Dans la vie, le but c’est de grimper, pas de traîner à chaque marche !
Heureusement, mon père a pu approcher l’Empereur lui-même et a réussi à suggérer mon nom pour l’interview des vingt ans de son règne. Ce fut un moment inoubliable. Non pas émouvant, mais dangereux. Très dangereux. Faire face à un homme tout-puissant est forcément déstabilisant. Surtout quand tout dans l’attitude de l’empereur suggère une violence contenue qui ne demande qu’à sortir de son corps.
Dès lors, je suis devenu un journaliste qui compte, forcément !
Et maintenant ?
Maintenant, l’avenir s’annonce radieux. Si papa est déjà entré en action, j’ai probablement déjà été nommé directeur de la Tribune Impériale et suis le dernier à l’ignorer encore !
« Monsieur le directeur ». Voilà qui me fait sourire, me mets du baume au cœur. Comme quoi le talent est toujours récompensé.

Quand le taxi-speeder me dépose face à ce qui fut la rédaction de la Tribune Impériale, je franchis aisément les barrières de sécurité érigées par les FSC en exhibant ma carte de presse. Bien entendu, j’ignore royalement mes collègues – ou plutôt mes concurrents – qui squattent les trottoirs en attendant d’avoir des nouvelles. Je prends tout de même un air solennel. Après tout, ne sont-ils pas en train de filmer le nouveau directeur de la Tribune Impériale ?
Tiens, toute l’équipe, ou ce qu’il en reste, est rassemblé devant le bâtiment. Un type est en train de leur parler et j’entends la fin de son discours :
– … Je veux de la rigueur ! De l'énergie ! Du fanatisme, même, si cela vous permet de vous surpasser pour l'Empire !
Mes collègues acquiescent mollement et se font reprendre :
– On dit : Oui Chef !
Ils manquent clairement de conviction.
– Je répète, Oui Chef !
– Oui Chef ! s’écrient-ils alors.
Mais bon sang, qui est donc ce type armé dont l’uniforme indique qu’il est colonel de l’armée ?
Il reprend la parole :
– C'est bien mieux. À présent, rassemblez vos affaires et montez ; il est temps de se remettre au travail.
Je tope discrètement un de mes collègues et lui murmure :
– Mais qui c’est, ce guignol ?
– Notre nouveau patron, bougonne l’autre. Le colonel Jace Covelian.
Quoi, je n’ai pas le post… Hum… C’est inacceptable !
J’empoigne rageusement mon communicateur et sélectionne un numéro. Dès que mon interlocuteur décroche, je l’attaque bille en tête :
– Papa, qu’est-ce que c’est que ce cirque ? C’est moi qui aurais dû avoir le poste, je suis le plus méritant ! Hein ? Le plus ambitieux ? Oui, bon, c’est pareil ! Tu ne peux pas en toucher un mot à l’Empereur ? Allô ? Allô ?
Zut, ça a coupé…

Je suppose qu’il ne me reste plus qu’à faire comme mes collègues, en attendant que la situation évolue. En fait non, je ne vais pas faire comme mes collègues. Je vais faire mieux qu’eux, comme d’habitude…
Je me dirige vers ce colonel Covenian et lui tends la main :
– Je suis enchanté de faire votre connaissance, colonel ! Je suis un de vos fans, Cirederf Nomis, et accessoirement journaliste de la Tribune Impériale. C’est un honneur pour moi de compter parmi vos collaborateurs. Si jamais la machine à caf a survécu à cet odieux attentat, je me ferai un plaisir de vous offrir une boisson chaude. Il ne fait pas chaud pour la saison, vous ne trouvez pas ?
Pourquoi est-ce qu’il me regarde bizarrement ?



Qui est réellement Cirederf Nomis ? Comment le Colonel Covelian va-t-il réagir ? Se peut-il que le traître frappe de nouveau ? Toutes les réponses seront dans le prochain numéro... Ou pas.
Ecrit par Minos, le 14 Décembre 2012
4. Enjeux
 
– ...Si jamais la machine à caf a survécu à cet odieux attentat, je me ferai un plaisir de vous offrir une boisson chaude. Il ne fait pas chaud pour la saison, vous ne trouvez pas ?
Jace regarda l'arrivant en se demandant une nouvelle fois s'il ne s'était pas fait avoir. Un conflit interne émergea dans sa tête. Si c'est un plan de mes ennemis, alors c'est raté, car je ne vais pas me laisser faire ! se jura-t-il alors.
- Garentos, venez ici, dit-il d'un ton sec.
L'aide de camp ne tarda pas.
- Maintenant, reprit Covelian en sentant la tension monter en lui, foutez-moi cet hurluberlu au trou ! Et que ça saute !
Le visage du jeune journaliste se décomposa instantanément.
- Mais... Mais...
- Et que ça saute ! répéta le colonel d'une voix forte. Exécution !
- Mais vous ne pouvez pas ! cria Nomis, alors que la poigne de fer de Garentos l'entraînait à l'égard. Des contacts très haut placés... Mon père, au Sous-Secrétariat aux Technologies d'Antan...
- Je m'en fous ! Faites-le taire !
Les autres journalistes en avaient profité pour se rapprocher et se regrouper dans le dos de Covelian.
- Regardez-moi là ! aboya le colonel le haut du visage. Oui, dans cette zone ! Bon, le premier qui moufte, je l'enferme dans son bureau pendant trois jours, au pain sec et à l'eau ! Compris ?
- Chef, oui Chef !
- En route, maintenant ! Ne nous faisons pas attendre dans nos nouveaux locaux !

************

- Mais si je vous dis que je suis de la maison... dit Jace d'une voix suppliante. Section Communication... J'en suis le vice-président !
- Pour tout rendez-vous avec le colonel Covelian, répondit le droïde de protocole, composez la fréquence A65775-G44677-T34554, du lundi au vendredi, de 11h à 14h. Merci de votre compréhension.
- Chef, je crois que ce droïde a un problème, lui murmura Garentos dans l'oreille.
Covelian se tourna lentement vers lui en le regardant dans les yeux.
- Ça fait une demi-heure que j'essaie de réquisitionner des locaux en expliquant que je suis le colonel Covelian, Numéro 2 de la Section Communication, etc, et c'est seulement maintenant que tu t'en aperçois que ce droïde va mal.
Le géant acquiesça d'un air penaud.
- Et dire que c'est là-dessus qu'on veut bâtir l'avenir de l'Empire... marmonna Jace. Pas étonnant que les rebelles aient détruit l'Etoile Noire...
- Bonjour, dit le droïde de protocole en faisant comme si rien ne s'était passé. Que puis-je pour vous ?
Le pauvre colonel se retourna, excédé par cette situation ubuesque.
- LA FER-ME !
Il dégaina son blaster et fit feu. La salve emporta avec elle la tête du malheureux droïde, qui resta malgré tout debout, en un seul morceau.
Aussitôt, une alarme retentit dans le hall d'accueil de la tour, et des dizaines de gardes portant l'uniforme du BSI sortirent de portes dérobées, encerclant non seulement Covelian et Garentos mais également le petit groupe de journalistes derrière eux.
- Levez les mains et jetez vos armes ! cria l'un des soldats.
- Mais... Je croyais qu'il n'y avait personne ! expliqua Jace.
- Refus d'obéissance ? Très bien ! Rayons paralysants !
La décharge s'abattit sur le colonel et son aide de camp avant même qu'ils n'aient pu réagir. Ils tombèrent au sol, inertes, mais pas inconscients.
- Tu penses que c'est vraiment un colonel ? demanda l'un des gardes en voyant son uniforme.
- Négatif, répondit celui qui semblait être leur chef. S'il appartenait réellement au BSI, il aurait su qu'il ne faut jamais rien demander à l'accueil.
- Pas faux...
- Les gars, on fait quoi de la tête du droïde ? demanda un autre.
- Comme d'hab, on la remet en place...
- C'est quand même le quatrième depuis ce matin, tu penses qu'on devrait l'envoyer en atelier ?
- Nan, c'est pas la peine. Bon, conduisez-moi ces deux lascars au trou !
Des mains vigoureuses soulevèrent les corps inertes et les traînèrent jusqu'à un ascenseur.
- J... suis... col... lian...
- Mais ouais, c'est ça, et moi je suis la fiancée de l'Empereur, répondit l'un des porteurs. Et pis d'abord, Covelian, c'est qu'un planqué qui quitte jamais son bureau du dernier étage !
Le soldat allait être de corvée de récurage de hutt pendant les cinquante prochaines années de sa vie, mais cela importait peu à Jace au final. Non, il avait surtout honte d'être amené dans cet endroit...
Alors que... pensa-t-il d'un air paniqué.
La porte s'ouvrit.
- Tiens, le bavard, on t'apporte un copain !
La cellule était dans l'ombre, si bien que le visage demeura invisible aux yeux du colonel.
- Merci, je m'ennuyais !
- Amusez-vous bien ! dirent les gardes en refermant la porte.
L'inconnu s'approcha. Covelian, qui recouvrait à présent l'usage de ses membres, put se tourner vers lui.
Et il le reconnut.
- Ah, colonel, comme je vous le disais tout à l'heure... commença Cirederf Nomis.
La détresse s'empara du colonel, qui ne put s'empêcher de crier :
- NOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOON !



Covelian va-t-il s'en sortir ? Echappera-t-il aux tourments causés par Cirederf Nomis ? Le traître a-t-il aussi saboté le droïde de protocole ? Toutes les réponses seront dans le prochain numéro... Ou pas.
Ecrit par Jagen Eripsa, le 14 Décembre 2012