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Bob Iger Contre-Attaque : quel impact pour la saga ?
 
[Analyse de Kid] L’ancien patron de la Walt Disney Company est de retour !
27/11/2022

C’est l’information médias qui a agité le Web en début de semaine : la Walt Disney Company a annoncé le 22 novembre le départ à effet immédiat de son directeur général, Robert « Bob » Chapek. Une éviction surprise, puisque son contrat avait été reconduit pour trois ans pas plus tard que l'été dernier. Son remplaçant n’est pas un inconnu puisqu’il s’agit de son prédécesseur, Robert « Bob » Iger.

Bob Iger et <a href='/auteur-23-george-lucas.html' class='qtip_motcle' tt_type='auteur' tt_id=23>George Lucas</a> lors de la signature du rachat de Lucasfilm par Disney.
Bob Iger et George Lucas lors de la signature du rachat de Lucasfilm par Disney. (Crédit : The Walt Disney Company)

 

Bob Iger, la plupart des fans de Star Wars l’ont découvert le 30 octobre 2012, lors de l’annonce surprise du rachat de Lucasfilm par Disney. Il est l’autre homme sur la photo, celui qui a conclu le marché à quatre milliards de dollars avec le père de la saga, George Lucas. Ce n’était pas son coup d’essai, puisqu’il avait auparavant racheté Marvel pour le même prix en août 2009. De la petite monnaie en comparaison de sa dernière acquisition, la 21st Century Fox, en mars 2019, pour la modique somme de 71,3 milliards de dollars…

Pour Disney, Bob Iger est incontestablement considéré comme un sauveur : redressement de l’entreprise, en difficulté lorsqu’il en prend la tête en 2005, succès des studios traditionnels (Souvenez-vous, La Reine des Neiges), rachats multiples couronnés de succès (Avengers & co), et lancement de Disney+ il y a tout juste trois ans.

 

Succès financier total, mais critiques inégales

Pour la saga Star Wars, le bilan comptable est globalement bon. Selon Deadline, Le Réveil de la Force a rapporté à lui seul 780 millions de dollars (M$), soit plus que Les Derniers Jedi et L'Ascension de Skywalker réunis (respectivement 417,5 M$ et 300 M$). Rogue One a rapporté quant à lui 319,6 M$. Seul Solo a été un échec sur ce point (-77 M$).  

Le Réveil de la ForceLes Derniers JediL'Ascension de SkywalkerRogue One : A Star Wars StorySolo : A Star Wars Story

Cela fait donc un peu plus de 1,740 milliards de dollars récoltés pour ces cinq films. Et c’est sans compter les (énormes) revenus tirés des produits dérivés abondants : jouets en pagaille, livres et comics…

Le succès financier est donc total ; le succès critique l’est moins. Si Le Réveil de la Force a profité du manque de films Star Wars et de l’attente suscitée à l’époque pour bénéficier d’un bon bouche-à-oreille et de retours favorables, Les Derniers Jedi et L’Ascension de Skywalker ont quant à eux suscité bien plus de débats, souvent virulents. Certes, rien de nouveau dans une saga dont les fans se déchirent sans doute depuis 1980 – on peut gager que le film originel et Star Wars : Holiday Special avaient quant à eux fait l’unanimité, dans un sens et l’autre.  

Pour les spin-offs, Rogue One a bénéficié de critiques plutôt positives, quand c'était l'inverse pour Solo. Point commun entre ces deux films et L'Ascension de Skywalker ? La gestation chaotique de ces films, qui ont changé de réalisateur en cours de projet et ont parfois vu leur scénario profondément remanié. Le manque d'unité scénaristique sur la postlogie a également joué dans les appréciations des fans et dans les "camps" qui se sont formés après chaque sortie.

 

Chapek, entre succès et échecs

Lorsqu'il a quitté la direction de la Walt Disney Company en février 2020, Bob Iger laissait néanmoins une dynamique bien présente pour la saga. Les films étaient en pause, mais on savait qu'une trilogie était confiée à Rian Johnson, qu'un film devait être produit par le patron de Marvel, Kevin Feige...

Surtout, Star Wars pouvait compter sur un nouveau moteur : la série The Mandalorian, porte-étendard du lancement de la plateforme de streaming Disney+. Ses retours globalement positifs (plus en tout cas que n'importe quelle autre œuvre Star Wars depuis Rogue One en 2016) devaient assurer au successeur de Bob Iger, Bob Chapek (venu de la division Disney en charge des parcs, croisières et autres expériences touristiques), une certaine tranquilité du côté de cette saga-là.

Bob Chapek, directeur de la Walt Disney Company de février 2020 à novembre 2022.
Bob Chapek, directeur de la Walt Disney Company de février 2020 à novembre 2022. (Crédit : The Walt Disney Company)

 

Et pour ce qui est de la tranquilité, Star Wars a été servi. La saga a bien connu quelques annonces cinéma depuis février 2020 : le film Rogue Squadron de Patty Jenkins, celui au ton décalé de Taika Waititi. Des annonces, oui, mais du concret ? Rien. Pas une annonce de casting, pas le moindre calendrier de tournage, ou même rumeur de scénario pour ces films ou pour ceux annoncés auparavant. Au moment de la sortie de L'Ascension de Skywalker, le retour de la saga était annoncé au cinéma pour 2023. Une échéance qui paraît hautement improbable à présent.

Le bilan est un peu plus favorable au niveau des séries. The Mandalorian a connu une seconde saison dans la lancée de la première, a même donné naissance à un spin-off surprise, Le Livre de Boba Fett (globalement moins appréciée). La série Obi-Wan Kenobi a fait parler d'elle, décriée par certains, acclamée par d'autres. Andor, dont la saison 1 s'est achevée ce mercredi 23 novembre, a été plus discrète dans sa promotion mais semble avoir peu à peu séduit le public.

Seulement, toutes ces séries (Le Livre de Boba Fett excepté) étaient déjà en chantier sous la première ère Iger. Depuis, d'autres projets ont été annoncés, en particulier lors du Disney Investor Day de décembre 2020, mais de tous ceux-là seuls trois ont vu le jour : The Bad Batch, aka la suite de The Clone Wars, Tales of the Jedi, aka le préquel-et-pas-tout-à-fait-suite de The Clone Wars, et Visions, suite de courts-métrages réalisés par des studios japonais. 

Kathleen Kennedy, directrice de Lucasfilm, annonçant les différents projets lors du Disney Investor Day 2020.
Kathleen Kennedy, présidente de Lucasfilm, annonçant les différents projets lors du Disney Investor Day 2020.
(Crédit : Disney Investor Day Livestream)

 

Trois séries d'animation donc, tandis que les séries en prise de vues réelles restent bien plus vagues. Ahsoka reste annoncée pour l'an prochain, son tournage ayant débuté en mai dernier ; pour The Acolyte, le casting annoncé dernièrement est aussi de bon augure sur la concrétisation de la série. Skeleton Crew, dont on ignore tout ou presque si ce n'est la présence de Jude Law, est aussi en chantier. Par contre, Rangers of the New Republic, autre spin-off de The Mandalorian, semble compromise, tout comme Lando dont on n'a aucune nouvelle.

Pas de triomphe Star Wars donc pour les presque trois ans de Bob Chapek à la tête de la Walt Disney Company, mais pas d'échec non plus : "Bob 2" s'est simplement inscrit dans la continuité de "Bob 1", avec une certaine prudence qui est la règle depuis 2018.

 

Des limites pour Iger

Si Star Wars a continué son petit bonhomme de chemin, tout ne s'est pas bien passé pour le reste du groupe Disney. Bob Chapek a repris les rênes de la firme au moment où débutait la pandémie de Covid-19, événement qui a certes dopé la croissance des plateformes de streaming - dont Disney+, lancée juste au bon moment - mais a gravement impacté les autres activités du groupe. Le modèle même du film sortant dans les cinémas a été remis en question : les fans de Pixar et Marvel se souviennent probablement du cas de Black Widow, sorti simultanément sur grand écran et streaming à l'été 2021 (pour les pays aux règles moins restrictives que la France), et de Soul, film d'animation qui n'aura même pas eu droit aux salles obscures dans les pays où Disney+ était déployé. Les polémiques avec l'actrice principale de Black Widow, Scarlett Johansson, suite à ce choix du streaming, celles sur sa vision des films d'animation qu'il estime destinés aux seuls enfants, ou encore ses conflits avec le gouverneur conservateur de Floride, Ron DeSantis, ont parasité la trentaine de mois que Bob Chapek aura passé à la tête de la Walt Disney Company. Les mauvais résultats financiers du dernier trimestre auront finalement scellé son sort.

Bob Iger saura-t-il faire à nouveau de Disney un porg aux oeufs d'or ?
Bob Iger saura-t-il faire à nouveau de Disney un porg aux œufs d'or ?
(Crédit : Disney/Lucasfilm)

Son renvoi et le retour de Bob Iger ne devraient pas entraîner de grande révolution pour la saga Star Wars, d'autant qu'Iger sera soumis à plusieurs contraintes, la première étant le temps. D'après la Walt Disney Company, son contrat a été fixé pour deux ans, ce qui en étant large pourrait l'amener à retourner à sa retraite au plus tard au 31 décembre 2024. Il pourrait bien sûr prolonger une fois encore sa présence, mais cela paraît peu probable tant il évoque depuis longtemps son souhait de se retirer des affaires. Cela lui suffirait-il pour suivre le projet d'un nouveau film dans la saga ? Sans doute pas s'il devait partir de zéro, puisqu'il avait fallu un peu plus de trois ans pour sortir Le Réveil de la Force après le rachat de Lucasfilm...

Bien sûr, Bob Iger n'est pas le seul décideur pour les projets cinématographiques Star Wars. Kathleen Kennedy, à la tête du studio Lucasfilm depuis 2012, est toujours la principale référente en ce qui concerne l'avenir de la saga. Pour son nouveau mandat, Bob Iger devra aussi composer avec une autre femme : Susan Arnold, présidente du conseil d'administration de la Walt Disney Company, poste qu'elle occupe depuis le 1er décembre 2021... Date à laquelle elle avait succédé à Iger, également titulaire de cette fonction depuis 2012 !

Pour autant, difficile d'imaginer que Bob Iger n'imposera pas sa patte. Contrairement à Bob Chapek, qui semble s'être peu impliqué dans le processus créatif, Iger a revendiqué par le passé un véritable rôle de producteur. « J'ai probablement vu chaque épisode de The Mandalorian trois fois », expliquait-il ainsi au site Bloomberg en novembre 2019. « D'abord, pour donner quelques indications. Ensuite, pour voir le premier montage et l'impact des indications. Et là, tout récemment, j'ai regardé tout le montage final pour être époustouflé par ce à quoi ça ressemblait. » Vous l'aurez compris, c'est lui qui a validé l'existence de Grogu, tout comme il l'a probablement fait pour celle de BB-8, K-2SO et autres porgs, bref, tout ce qui a fonctionné dans les derniers films Star Wars... Ainsi que de ce qui a moins fonctionné, sans doute.

Outre les validations artistiques, Bob Iger pourrait avoir à réviser le plan de sorties de la saga. Comme dit précédemment, tous les films Star Wars ont jusqu'ici été bénéficiaires... Le lancement d'une nouvelle trilogie pourrait être un coup de boost pour les finances du groupe, par exemple si le nouveau film Avatar, qui sort dans quelques jours, devait être un flop. Ce qui n'a rien d'improbable : selon une interview de James Cameron à GQ Magazine (lien en anglais), il faudra que le film atteigne la troisième ou quatrième place du box-office mondial pour être rentable. Soit autant que Le Réveil de la Force, à savoir plus de deux milliards de dollars.

Bob Iger devra également faire émerger de "nouveaux talents", en somme des décideurs capables de reprendre le flambeau, de lui succéder après 2024... Et peut-être aussi trouver quelqu'un pour reprendre le flambeau de Kathleen Kennedy à la tête de Lucasfilm. La productrice, choisie par George Lucas avant même l'annonce du rachat, a vu son mandat prolongé pour trois ans en 2021. En 2024, elle fêtera ses 71 ans ; l'âge de passer la main ?

Reste un rumeur ayant émergé ces derniers jours après un article du site TheWrap (lien en anglais) : celle d'un rachat de la Walt Disney Company par le groupe Apple, que Bob Iger se chargerait de mener. En dépit de la passe difficile du groupe de divertissement et de l'assise financière plus que confortable de la marque à la pomme, une telle hypothèse apparaît peu crédible. La culture d'entreprise d'Apple, fondée sur un écosystème de produits très verrouillé, paraît difficilement compatible avec les ambitions de diffusion de Disney pour ses œuvres. Certes, il ne faut jamais dire jamais, et les fans de Star Wars savent depuis 2012 qu'une grosse surprise est toujours possible... Mais un tel accord aurait de toute façon beaucoup de mal à passer auprès des autorités américaines et européennes, qui semblent ces derniers temps de plus en plus opposées aux concentrations et aux risques de monopoles dans les secteurs des techs et du divertissement.

Se faire croquer par la marque à la pomme serait une cruelle ironie pour Disney...
Se faire croquer par la marque à la pomme serait une cruelle ironie pour Disney... 
(Crédit : Disney)

 

Il y a de fortes chances pour que la stratégie de Bob Iger pour Star Wars, et même pour l'ensemble du groupe, ne soit pas annoncée dans l'immédiat. Il ne reste en effet plus que quelques semaines avant le début de l'année 2023, qui marquera le centenaire de la Walt Disney Company (fondée le 16 octobre 1923). On imagine mal la firme se contenter à cette occasion de célébrer son passé sans tracer les grandes lignes de son avenir, surtout avec Bob Iger aux manettes. Nul doute que Star Wars, qui aura été l'une de ses acquisitions les plus symboliques, aura un rôle à jouer dans sa stratégie.

 

Merci à Sky Karrde, Obi-Wan Keshnobi et Anthony11 pour leurs conseils, indications et corrections.

Parution : 27/11/2022
Validé par : Jagen Eripsa
Section : Films > Cast et Prod