Bonjour à toutes et à tous ! A mon tour de vous proposer mon opinion de l'épisode IX !

J'avais apprécié l'épisode VII. J'avais beaucoup aimé l'épisode VIII. C'est donc avec énormément d'impatience que j'attendais la conclusion de cette trilogie, et de la saga Skywalker. Allais-je réussir à considérer ces neuf films comme un tout unique, telle la galaxie ?

Enfin, nous sommes le 18 décembre et après une longue journée d'impatience et de crainte de spoilers, me voilà dans la salle. Enfin, le texte déroulant... Et là, c'est un grand non.

Non, vous ne pouvez pas faire ça. Non pas parce que cela nous rappelle les noires heures de Dark Empire. Fondamentalement, je peux accepter le retour de Palpatine, si c'est bien mené. Mais là, ça ne va pas. On n'a eu aucune préparation (à part les trailers, qui ne comptent évidemment pas). Rien dans les deux précédents films n'aurait pu laisser envisager un tel retour. Pour que ça passe, il aurait fallu laisser le film faire monter la sauce. Pas nous l'envoyer dans la tête dès le texte d'intro puis le confirmer dans les toutes premières minutes (tiens, coucou Mustafar et la prélogie, ça fait plaisir de vous voir ! Je reparle de vous plus loin).

Alors j'ai broyé du noir pendant au moins la moitié du film, m'empêchant d'apprécier quoi que ce soit pendant cette durée. Mercredi soir, je ne savais pas ce que j'avais pensé du film. C'est pourquoi il me fallait le revoir en étant préparé contre ce choc des premières minutes. C'est maintenant chose faite. Alors, digne conclusion ou ratage total ?

Commençons rapidement par les aspects techniques. Tant sur la musique que sur les visuels, mon sentiment est le même. Le film est beau. Il fait ce que l'on attend de lui. Mais il n'apporte rien de très inventif. Le génial compositeur Williams est en fin de carrière, et ça se sent. La musique est bonne, mais les seuls thèmes marquants sont à mon sens ceux des précédents films, parfois repris tout à fait à propos (mention spéciale à la marche impériale ralentie de la mort de Vador insérée ici lors de l'entrée dans la salle du trône de l'Etoile de la Mort : c'est le moment exact où le film m'a raccroché lors de mon premier visionnage). Les effets spéciaux sont évidemment de qualité mais une scène m'a provoqué par deux fois un mouvement de recul : le flash-back de Luke et Leia semble tout droit sorti d'une cinématique de jeu vidéo. On est bien loin de l'effet "whaou" que m'avait fait Tarkin dans Rogue One.

Venons-en à l'histoire. Ma première impression est maintenue : le début est brouillon. Trop d'enchaînements d'exposition des situations sans nous laisser respirer et surtout Palpatine... Cela ne fonctionne pas. C'est dommage. D'autant plus dommage que je trouve le film excellent en terme de préparation/paiement. On citera bien entendu les talents de guérison ou la "téléportation" d'objets qui seront la clé de la survie de Ben puis de Rey. 

Mais au second visionnage, seules les premières minutes me font cet effet d'accumulation. Dès l'arrivée sur Pasaana, on raccroche les wagons et l'histoire est racontée avec bien plus de maîtrise. Quel plaisir de retrouver Lando ! Quelle bonne scène de course-poursuite et le classique mais toujours efficace (et porteur de message salvateur) "j'épargne une bestiole et elle m'aide en retour". Les choses s'accélèrent et après le passage sur une planète oubliable (on salue le cameo williamsien), nous voilà sur le destroyer de Ren.

C'est ici que le film va faire sa grande révélation, en deux étapes. Et c'est après la première que j'ai deviné la deuxième. Pas de "waw" de surprise lors de l'évocation du nom de Palpatine. Je trouve que la révélation est un peu brutale. Certes, le mystère a été mis en avant pendant trois films, mais la première fois qu'on a pu imaginer sérieusement Rey Palpatine, c'était pour moi lors de l'explication de la mort de ses parents. On bascule de l'ignorance totale à la connaissance de toute l'histoire un peu vite. Mais malgré cela, ça fonctionne. J'ai soupiré au premier visionnage. J'étais enthousiasmé au second. Oui, Palpatine a une descendance. Et pourquoi pas ? C'est un empereur. Bien sûr qu'il a des courtisanes. Peu importe son apparence. Les rois de ce monde avaient tous nombre de maîtresses. 

Ensuite vient Endor. C'est ici que m'est venue ma première crise de larmes. La salle du trône de l'Etoile de la Mort ! Quel bonheur ! A partir de là, je n'ai plus grand chose à reprocher à l'histoire. Ici commence une excellente conclusion au film.

C'est la fin du voyage initiatique de Rey. La pilleuse d'épaves est maintenant l'héritière de l'être le plus puissant de la galaxie. Son conflit intérieur est pour le coup, brillament écrit. La rédemption de Ben, bien qu'attendue, fonctionne tout autant. Moins attendu était ce concept de dyade. Peut-être était-il superflu. Mais il fonctionne totalement. Ils n'auraient rien pu accomplir sans l'autre. Rey et Ben. Ben et Rey. J'étais opposé à l'idée de romance entre les deux. Pourtant, je trouve que cet unique baiser fonctionne dans le contexte. Et la mort de Ben m'a à nouveau fait pleurer.

Poe et Finn ont eux aussi une bonne alchimie (bien plus que dans le précédent volet). Bémol pour Rose, complètement transparente et sacrifiée sur l'autel des fans... Nos droïdes préférés m'ont eux aussi fait verser quelques larmes. Quant à Leia... Je ne peux critiquer la réalisation. Sa mort m'a laissé mi-figue mi-raisin. Mais tout cela est dû au fait que la mort dans la réalité n'en a que faire de la construction dramatique...

Enfin, le grand méchant de Star Wars est de retour. Je vais tenter de ne pas trop m'étendre à son sujet. Ian McDiarmid et Georges Claisse en VF sont arrivés à un exceptionnel niveau de maîtrise du personnage. Il est plus que jamais crédible dans sa menace. Il n'est plus l'Empereur, mais l'Empereur Sith. Et ça, c'est important. J'y reviens très vite. Mais bien sûr, le gros défaut de son retour, c'est l'absence de préparation.

Nous voilà arrivés au défaut majeur de cette trilogie. Qui la verra dans 10 ans aura peut-être l'impression d'une construction cohérente. Mais aujourd'hui, ça se voit, et l'absence de communication entre Johnson et Abrams est profondément dommageable. L'épisode VIII est excellent. Mais il ne prépare pas ce qu'il aurait dû préparer. C'est si frustrant.

Revenons-en aux Sith. C'est à mon sens moins un écho à la prélogie qu'à ce que deviendra le nouvel univers étendu. Les Sith existent (dommage qu'on ne mentionne pas Korriban/Moraband) et leur héritage vit dans l'ennemi ultime qu'a eu à affronter la galaxie.

Car d'échos, ce film en est rempli. A la trilogie originale, on citera avant tout l'Etoile de la Mort et bien sûr cette magnifique scène finale sur Tatooine, que je pourrais revoir encore et encore. Au reste de la postlogie, trop pour en citer (et c'est tant mieux), mais à mon avis pas assez à l'épisode VIII (on en revient aux difficultés Abrams/Johnson). Et à la prélogie, trop peu : Mustafar, que ceux qui n'ont comme moi pas joué à Vader Immortal ne pourront pas reconnaître; et les pouvoirs contre-nature qui servent à justifier le retour de Palpatine (d'ailleurs, c'est un Sith : appelez-le Sidious, que diable !). Au deuxième visionnage, j'ai aussi cru déceler dans les vagues qui s'abattent sur les deux duellistes un parallèle avec les jets de lave de Mustafar, mais il ne s'agit peut-être que de mon esprit malade.

C'est un sentiment qui m'a habité dans les trois films : la prélogie a existé ! Il est injuste de la renier sur l'autel des critiques, comme Les Derniers Jedi l'est doucement. Pourquoi n'avoir pas pris la peine de montrer Coruscant ou Naboo lors des plans de défaite du Premier Ordre ? Quitte à insuffler des échos des thèmes musicaux emblématiques, où sont les quelques notes de Duel of the Fates ou Battle of the Heroes ?

Alors, un bon film ? Mille fois oui, malgré tous ses défauts. Une bonne conclusion ? Bien sûr. Mais certains pans de la saga auraient mérité plus de respect. Sur ce point, Abrams aurait pu faire mieux.

Sur les autres, il a fait ce qu'il a pu avec la situation qu'il a récupérée au départ de Trevorrow. 

Il me faudra digérer encore le film. Mais un jour, je pourrai parler à mes enfants des neuf films de la saga Skywalker. Je suis profondément attristé de quitter ces personnages que j'aime, comme la danse des Ewoks m'avait toujours laissé ce même sentiment de profonde tristesse. Oui, aujourd'hui, j'accepte de considérer que la saga s'achève par Rey et le double coucher de soleil de Tatooine.

A présent, il est temps de se tourner vers l'avenir. Cet univers a encore tant à nous offrir. Du côté de Lucasfilm, mais aussi des fans. Continuons à créer. Continuons à aimer Star Wars et à partager notre passion, et non à nous affronter dans des querelles de clocher.

La Force sera avec cet univers. A jamais.