J.J. Abrams, réalisateur et scénariste de Star Wars : Episode IX, parle de son travail sur le film dans une nouvelle interview pour Fast Company.
Pour rappel, en septembre 2017, Lucasfilm annonçait qu'Abrams remplaçait Colin Trevorrow au poste de réalisateur de l'Episode IX, et qu'il co-écrirait le scénario avec Chris Terrio. En conséquence, la sortie du film était repoussée de mai à décembre 2019. Abrams avait déjà un film Star Wars à son actif : l'Episode VII - Le Réveil de la Force (en plus de Star Trek, Star Trek : Into Darkness, Super 8...). Dans l'interview, le cinéaste dit avoir hésité à revenir.
"Je n'étais pas censé être là", dit Abrams. "Ce n'était pas pour moi, vous voyez ? J'étais en train de travailler sur d'autres choses, et j'avais mon idée sur ce qu'allait être le prochain projet [de Bad Robot, la société d'Abrams], si on aurait eu la chance de le faire. Puis [la présidente de Lucasfilm] Kathy Kennedy a appelé pour dire : "Envisagerais-tu réellement, sérieusement, de monter à bord ?" Et une fois que ça a commencé, tout s'est passé assez vite. Tout cela était un fol acte de foi. Et il y a eu un moment où j'ai presque dit : "Non, je ne vais pas le faire." J'étais trépidant quand j'ai commencé à m'impliquer, parceque j'aime tellement Star Wars et que j'avais l'impression que c'était... [Pause] Sur un plan personnel, c'était presque dangereux de devenir trop proche de quelque chose qu'on aime autant."
"Et pourtant, avec Le Réveil de la Force, j'ai l'impression qu'on a réussi à introduire de nouveaux personnages, dont certains joués par de nouveaux acteurs, et à continuer l'histoire d'une manière qui avait pour moi du coeur, de l'humanité, de l'humour et des surprises. Et bien que je sache qu'il y a évidemment des détracteurs de ce film, j'ai eu l'impression qu'on avait évité le pire. On est entrés là-dedans, on a accompli quelque chose. Et je suis parti en aimant Star Wars autant que lorsque j'étais arrivé. D'une certaine façon, sur un plan personnel et égoïste, j'étais vraiment content d'avoir fait ça. Pas juste enthousiaste à l'idée de le faire, mais content de l'avoir fait."
"Et quand j'ai envisagé que cela puisse arriver à nouveau, j'avais un peu l'impression de jouer avec le feu. Je me disais : "Pourquoi revenir ? On avait réussi à faire fonctionner ça. À quoi diable est-ce que je pense ?" Et il y a eu un moment où j'ai littéralement dit "Non", et Katie [McGrath, la femme d'Abrams] a dit : "Tu devrais le faire." Et ma première pensée fut : "Est-ce qu'elle a rencontré quelqu'un ?" Puis je me suis dit qu'elle avait généralement raison sur ces choses-là. Et je pense que quand elle a dit ça, elle avait l'impression que c'était une opportunité pour clore cette histoire qu'on avait commencé et qui avait été poursuivie, évidemment. Et je pouvais concevoir cela, même si la dernière chose que j'envisageais était de partir et de retourner là-dedans, surtout avec les contraintes de temps auxquelles on était confrontés..."
Abrams dit être parti de rien, ce qui laisse entendre qu'il ne reste plus grand-chose du scénario de Trevorrow :
"Quand on se dit qu'on a que deux ans entre la décision de faire le film et sa sortie, et qu'on a littéralement rien... [Pause] On n'a pas l'histoire, on n'a pas les acteurs, on n'a pas les designers, les décors. Il y avait une équipe, et il y avait des choses venant de la version précédant la nôtre qui seront développées, mais on est repartis à zéro. Et comme c'était un méga-travail, je savais à tout le moins qu'il me fallait un co-scénariste pour travailler là-dessus, mais je ne savais pas qui ce serait. Il n'y avait rien. Donc la première chsoe que j'ai faite a été de contacter un scénariste que j'admirais depuis des années, Chris Terrio, que je ne connaissais pas vraiment, pour lui dire : "Ecoute, tu voudrais écrire Star Wars avec moi ?". Et il a hurlé."
Terrio a à son actif Batman v. Superman, Justice League ou encore Argo.
"J'ai réalisé à ce moment que j'avais besoin de travailler avec quelqu'un qui hurlerait à l'idée de travailler sur Star Wars", poursuit Abrams. "Car j'étais déjà passé par ce processus, et je me concentrais maintenant sur les choses sérieuses : "voici ce que ça va coûter, voilà la réalité de la chose." Et [Terrio] voyait les choses de manière enfantine : "Oh mon Dieu, je ne peux pas croire qu'on va jouer dans ce monde". Et j'avais besoin qu'on me rappelle cela. J'avais besoin de ce point de vue, car je n'en étais plus à ce stade. J'étais évidemment enthousiaste à l'idée de ce qu'on pourrait faire, mais j'étais pleinement conscient du peu de temps qu'on avait pour faire un travail relativement énorme."
Abrams et Terrio ont du inventer eux-mêmes la conclusion de la trilogie et de la saga Skywalker dans son ensemble.
"C'était un scénario complètement inconnu", dit Abrams. "J'avais quelques intuitions concernant la voie que prendrait l'histoire. Mais sans rentrer dans les détails, Rian [Johnson] a écrit et raconté l'Episode VIII en se basant sur l'Episode VII avant qu'on se rencontre. Donc il a emmené la chose dans une autre direction. Donc on devait aussi répondre à l'Episode VIII. Donc notre film ne faisait pas que suivre ce qu'on avait commencé, il suivait ce qu'on avait commencé et que quelqu'un d'autre avait ensuite fait évoluer. Et enfin, il résolvait l'intrigue de neuf films. Bien qu'il y ait quelques fils narratifs autour de grandes idées, et quelques éléments d'un tableau d'ensemble qui ont été conçus il y a des décennies, ainsi que de nombreuses idées que Lawrence Kasdan et moi-même avions quand on faisait l'Episode VII, l'absence d'inévitabilité absolue, l'absence de structure complète de la chose, dûe à la façon dont elle a été gérée, fut un énorme défi."
Mais Abrams s'estime confiant quand au résultat.
"Maintenant que je suis revenu [du tournage], la différence est que j'ai l'impression qu'on pourrait avoir réussi", dit-il. "J'ai vraiment l'impression que ce défi fou aurait pu donner une contorsion d'idées extrêmement inconfortable, une sorte de fourre-tout plein de réponses, de pansements et de choses qui auraient été désordonnées. Etrangement, on a été implacables et presque insupportablement disciplinés concernant l'histoire, et on s'est forcés à questionner et à répondre à certaines choses fondamentales, alors qu'au départ je n'avais absolument aucune idée de la manière dont on allait les aborder. J'ai l'impression qu'on en est arrivés à un point (sans vouloir porter la poisse ou paraître plus confiant que je ne mérite de l'être) où ça pourrait donner quelque chose d'incroyablement spécial."
Star Wars : Episode IX sortira en décembre.
DarkNeo a écrit:Il y a des gens qui aiment la postlogie et qui savent admettre qu'ils ont eu tort. Donc merci d'éviter les discours en mode pointage de doigt "vous voyez, on vous l'avait dit" que j'ai vu au-dessus. Ça n'avancera à rien.
Ltf a écrit:Cette interview est complètement délirante. Non en fait, elle résume à elle seule l'énorme foutoir qu'auront été les épisodes 7, 8 et 9.