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La Part des Rêves
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La Part des Rêves
 

L'heure était venue pour chacun de révéler sa vraie nature, au terme de mille ans de mensonge. Tout le monde avait menti sur sa véritable personnalité, ses véritable aspirations, c'était l'essence même de la République et des idéaux proclamés par les Jedi ; néanmoins, révéler sa véritable nature avait un sens particulier pour Darth Sidious.

Car il n'en avait pas l'air, pas encore du moins, mais Darth Sidious avait en réalité mille ans : il était né après la bataille de Ruusan, il avait été chacun des Sith qui s'étaient succédé depuis Darth Bane, chacun de ces Sith qui avaient dû rester dans l'ombre, restreindre la soif de pouvoir et de liberté qui constituait l'essence même de leur ordre pour survivre. C'était ainsi qu'il le ressentait, en tout cas. Depuis mille ans il attendait non seulement de prendre sa revanche sur les Jedi, mais aussi de se montrer tel qu'il était, un désir ordinaire auquel le Seigneur Noir des Sith n'échappait pas.

Preuve qu'il s'était superbement dissimulé pendant toutes ces années, Palpatine ne comprit pas, au début. Vieil imbécile qui se croyait maître alors qu'il n'était qu'une marionnette...

— Sate ? interrogea-t-il en le voyant entrer. Que faites-vous ici ? Il n'est plus l'heure... Ou y a-t-il une nouvelle urgente ?

L'expression que le Chancelier pouvait lire sur le visage de celui qu'il prenait pour son assistant était pourtant éloquente...

— Une nouvelle très urgente, Chancelier, énonça Sidious avec une cruauté que jamais on avait entendu dans la bouche de Sate Pestage. Les Jedi avaient raison : il y a un Sith dans votre entourage !

Palpatine blêmit soudain ; bien, il n'était pas si lent d'esprit, finalement... Suffisamment néanmoins pour s'être laissé manipuler tout ce temps.

— Sate, arrêtez ça ! Je ne sais pas quel lien vous avez avec ces gens, mais je peux vous mettre à l'abri du Conseil – si vous promettez de ne plus fomenter de troubles contre la République, naturellement. Soyez raisonnable, vous avez perdu la guerre !

Sidious rit, non sans une certaine pitié pour le vieux politicien.

— Je n'ai pas perdu, Palpatine. J'ai gagné, vous avez gagné la guerre pour moi ! Vous avez raison, j'ai aussi perdu, mon ami Darth Tyranus a perdu pour moi. La guerre, c'est moi !

Le Chancelier Suprême s'effondra sur son fauteuil ; lui que Sidious avait vu maintenir le masque du chef d'État héroïque malgré le Sénat et les Jedi se trouvait soudain incapable de réagir ! Il regardait Sidious d'un air de totale incompréhension.

— Je ne comprends pas... Sate, vous n'avez pas fait ça ? Nous sommes amis depuis tant d'années... L'un des rares amis que puisse avoir un homme politique... Vous m'avez été si dévoué...

Sidious se faisait l'effet d'un méchant de mauvais holofilm, mais il ne pouvait décidément contenir son hilarité ; ces paroles étaient si absurdes, si coupées de la réalité ! Même ce Chancelier qui avait une certaine indépendance vis-à-vis des Jedi s'accrochait à ses illusions comme eux ! Ils étaient tous pathétiques, des enfants qui avaient besoin d'une bonne correction...

-Je n'ai jamais eu d'amis, Palpatine ; et je n'en ai jamais voulu. Un Sith n'a pas besoin d'amis, seulement du pouvoir ; or, les amis sont une entrave au pouvoir. Je vous ai été dévoué parce qu'être dévoué à vous, c'était être dévoué à moi ; je vous ai amené au sommet de la République, parce que j'avais besoin d'un homme politique ambitieux pour la détruire de l'intérieur ! Je n'ai moi-même jamais su parler, jamais su donner l'impression aux gens que je pouvais être un grand dirigeant... C'est pourtant moi qui ai dirigé la République tout ce temps, à travers vous !

Ah, que c'était bon de se révéler enfin, de montrer tout le patient travail qu'il avait accompli ! Sidious n'était pas quelqu'un de particulièrement vaniteux, cependant il connaissait suffisamment bien l'histoire galactique pour savoir que ce qu'il avait accompli tout au long de ces dix dernières années était exceptionnel. Autant que quelqu'un le sache. Même si ce quelqu'un devait mourir bientôt.

— Cela suffit, Pestage ! rétorqua soudain Palpatine, se ressaisissant, en appuyant sur un bouton rouge de son bureau.

— Ne m'appelez pas Sate Pestage... grinça le Seigneur Sith. Mon nom est Darth Sidious !

— Peu m'importe, j'ai appelé les Jedi, vous êtes perdu ! Si seulement vous m'aviez écouté...

— Non, je ne suis pas perdu, Palpatine, c'est vous qui l'êtes. Vous ne me croyez pas ; voulez-vous que je vous explique ce qu'il va se passer ? Les Jedi vont venir, comme vous le voulez ; le jeune Skywalker est de toute façon parti les chercher, ils seront ici d'une minute à l'autre. Mais à leur arrivée, je vais les tuer. Les tuer jusqu'au dernier, excepté si Skywalker est avec eux, mais ça m'étonnerait. Ensuite, Palpatine, c'est vous que je tuerai. Et demain matin, le Sénat, l'Holonet, la Galaxie, tous apprendront la vérité : les Jedi ont tenté de renverser le Chancelier parce qu'ils craignaient de perdre leur pouvoir militaire acquis par la Guerre des Clones ; ils ont tenté d'assassiner le Chancelier, mais celui-ci en a réchappé en faisant preuve d'un sang-froid exemplaire ; cependant, son visage a été atrocement brûlé jusqu'à le rendre méconnaissable... Vous régnerez encore longtemps, Palpatine, mais par procuration !

— Mais vous êtes fou !

— Peut-être ; mais quelle importance cela a-t-il dès lors que je suis un fou puissant ?

Sidious estima alors le moment venu d'ajouter une dernière touche dramatique, ne serait-ce que pour le plaisir de voir la tête que faisait Palpatine, de savourer sa revanche sur la République qu'il personnifiait, de montrer qui il était réellement ; il alluma son sabre-laser d'un rouge éclatant, un sourire sadique aux lèvres.

 

Comme le lui avait ordonné Maître Windu, Anakin Skywalker restait seul au Temple Jedi, immobile de surcroit ; toutefois, son esprit était loin d'être immobile, naviguant à toute vitesse entre des désirs et des pensées contradictoires, au point que le jeune homme se sentait écartelé entre l'attraction de deux mondes différents...

Il avait dénoncé le Seigneur Noir des Sith au Conseil des Jedi ; il avait abandonné le seul recours qu'il connaisse pour sauver sa femme.

Ces deux visions en apparence contradictoires découlaient d'un même acte : alors qu'il quittait l'appartement de son ami le Chancelier Suprême Palpatine, l'un de ses assistants, ce Sate Pestage dont Obi-Wan l'avait incité à se méfier, s'était approché pour lui dire que Palpatine lui avait parlé de ses craintes concernant Padmé... Subjugué, Anakin avait écouté Pestage lui expliquer lentement mais sûrement qu'il avait des connaissances qui faisaient défaut aux Jedi mais qui pourraient lui être utiles ; oh, il avait été subtil, prenant le temps de bien se présenter et d'interroger Anakin sur ce qu'il voulait et la situation qu'il rencontrait. Il avait été subtil, mais Anakin avait immédiatement su que cet homme ne lui disait rien qui vaille, et tandis qu'il l'écoutait parler, la conclusion s'était imposée à son esprit avec une force terrible : il avait affaire au Seigneur Sith dont le Conseil des Jedi soupçonnait la présence dans l'entourage du Chancelier. Il avait bafouillé au tentateur qu'il y réfléchirait, mais il n'avait réfléchi à rien, sa décision était déjà prise en son for intérieur : il avait sans attendre dénoncé le Sith à Maître Windu, lequel avait constitué un groupe de Jedi pour aller arrêter le Sith.

Si Anakin avait agi ainsi, c'était sans doute parce qu'au fond, il avait pris sa décision bien longtemps auparavant, le jour où il avait accepté de suivre Qui-Gon pour devenir le Chevalier Jedi qu'il avait toujours rêvé d'être. Il se définissait comme un Jedi ; malgré toutes ses appréhensions concernant Padmé, il ne pouvait pas changer si vite, or un Jedi se devait de dénoncer quelqu'un d'aussi dangereux pour son ordre et vraisemblablement pour toute la Galaxie.

Cependant, il ne parvenait pas à s'empêcher de se demander si ce Pestage avait réellement le pouvoir de sauver Padmé... Ce n'était pas de cauchemars qu'il voulait la sauver, Anakin avait fait la triste expérience avec sa mère de toute l'implacable réalité qu'il pouvait y avoir derrière ses rêves. Maître Yoda avait beau dire que l'avenir était toujours en mouvement, le jeune homme aimait trop Padmé pour pouvoir prendre un tel risque ! Et si, en se comportant en Jedi, Anakin avait condamné celle qu'il aimait ? Il avait toujours voulu être un Jedi, soit, mais est-ce que Padmé ne comptait pas plus que ses désirs égoïstes ? Maître Yoda voyait en l'attachement une forme d'égoïsme, pourtant Anakin était prêt à se sacrifier pour que vive quelqu'un d'aussi merveilleux que la Sénatrice Amidala. Et par conséquent, à sacrifier son désir d'être enfin le Jedi que les Maîtres attendaient. Il ne prétendait pas savoir si c'était bénéfique pour la Galaxie ou pour l'Ordre Jedi, mais il savait qu'il ne pourrait plus se regarder en face s'il abandonnait quelqu'un qu'il aimait, à commencer par Padmé, mais cela concernait aussi Obi-Wan et bien d'autres !

Oui, mais Padmé était quelqu'un qui se souciait du reste de la Galaxie, et Anakin respectait cela, il en faisait un modèle pour lui-même ; s'il voulait rester digne d'elle, il devait dénoncer Pestage. Naturellement, il se demandait si ce Sith était si dangereux que cela, en fin de compte... Les Maîtres Jedi n'avaient-ils pas prouvé en l'envoyant espionner Palpatine, car il n'y avait pas d'autre mot, qu'ils étaient capables d'être manipulateurs ? Que savait-il des Sith, au fond ?

La réponse était pourtant claire, après trois ans de Guerre des Clones : il en savait que Dooku lui avait tranché la main, avait tenté de faire tuer Padmé et avait causé la mort de nombreux Jedi, de nombreux clones et de nombreux inconnus. Il en savait également que ce Pestage était resté dans l'ombre à orchestrer cette guerre pendant que d'autres mourraient ! S'il s'était agi de quelqu'un qui avait prouvé depuis des années son dévouement au bien commun tel que Palpatine, Anakin aurait pu réfléchir ; mais pour Pestage, il n'existait pas de bénéfice du doute.

Cela n'empêchait pas le jeune homme de trembler de peur à l'idée de perdre Padmé... Il se connaissait : il ne pourrait pas vivre après cela. Ou alors, il deviendrait fou, comme après la mort de sa mère, mais définitivement, cette fois. Il basculerait du Côté Obscur. Quitte à être irrémédiablement attaché à quelqu'un, n'était-il pas moins dangereux d'essayer à tout prix de sauver Padmé que de la laisser mourir en sachant quelles conséquences cela aurait sur lui ?

Allons, allons... Elle n'était pas condamnée. C'était le désespoir plus que la haine ou la colère qui avait mené Dooku au Côté Obscur, soupçonnaient de nombreux Jedi. Le jeune Jedi avait enfin prouvé à Maître Windu qu'il était digne de confiance ; peut-être deviendrait-il Maître Jedi, peut-être lui accorderait-on l'aide dont il avait besoin... Tout de même, au vu de la philosophie de Maître Yoda, Anakin commençait à se demander si les Jedi détenaient de si grandes connaissances sur la façon de maintenir les gens en vie. Il se demandait même si cela les intéressait vraiment, en fin de compte !

Il réalisa qu'il ne se sentait pas la force de rester là à devenir dingue pendant que les Maîtres allaient affronter le Seigneur Noir des Sith... Une voix lui murmurait qu'il devait aller sauver Pestage et envoyer balader cet Ordre et ses principes qui ne l'avaient jamais considéré qu'avec méfiance, ne l'avaient jamais récompensé comme il savait le mériter ; une autre lui rappelait qu'il était l'Élu, que ses pouvoirs avaient crû d'une façon que Obi-Wan et les autres ne comprenaient pas, que lui seul pouvait vaincre le Seigneur Noir des Sith... Oui, mais voilà, Maître Windu lui avait ordonné de rester à sa place, et c'était l'occasion d'arrêter d'aller à l'encontre de tous les ordres du Conseil.

Un souvenir lui revint à l'esprit, un souvenir d'une situation étrangement similaire : il ne voulait plus désobéir au Conseil après avoir été chercher sa mère sur Tatooine, désespéré par les remontrances de ses aînés, aussi n'osait-il plus quitter la planète pour aller sauver Obi-Wan ; Padmé avait alors décidé de partir au secours de son Maître pour le forcer à cesser de douter de lui... Elle était... miraculeuse. Elle le comprenait mieux que personne, savait le prendre par la main quand il en avait besoin.

Aujourd'hui, elle n'était pas là et elle ne le serait peut-être plus jamais, alors Anakin devait se décider seul à agir ; il savait très bien que son rôle n'était pas de rester les bras croisés pendant que Maître Windu allait affronter un monstre. Il devait faire quelque chose, même s'il ne savait pas quoi.

Cela déplairait peut-être au Conseil, mais c'était ainsi : il était Anakin Skywalker, et il préférait être rejeté pour ce qu'il était qu'apprécié pour ce qu'il n'était pas.

Il se contraignit à sortir de sa torpeur et quitta le Temple.

 

Darth Sidious laissa échapper un cri de victoire alors que tombait sous sa lame un Maître Jedi nautolan -Kit Fisto, lui semblait-il. Il était envahi du Côté Obscur comme de la pire des drogues, il se libérait enfin du carcan où il s'était lui-même enfermé tout ce temps, il montrait enfin de quoi il était capable !

Il fallait reconnaître que les Jedi avaient fait de leur mieux ; Pestage n'avait pas bénéficié de tout l'effet de surprise qu'il aurait souhaité, Skywalker l'avait probablement dénoncé, et cela faisait bien longtemps qu'on le soupçonnait... Mais au final, qu'importait, cela lui avait simplement permis de déployer ses pouvoirs : une tempête de Force inimaginable s'était abattu sur les Jedi au moment même où tous les éléments du bureau se mettaient à voler en tout sens ; tous ensemble, les Jedi auraient pu y mettre un terme sans aucun problème, mais ils n'avaient pas eu le temps de se coordonner, à peine celui de comprendre la situation, la camarde armée d'une faux rouge s'était abattue sur eux !

Tout le mobilier échappa au contrôle de Sidious pour aller s'écraser contre le mur ; un seul Jedi était encore vivant, mais le Seigneur Sith le savait redoutable : c'était Mace Windu, bien sûr, et son visage arborait une expression si hargneuse qu'on aurait pu se demander qui était le Sith !

Le Seigneur Noir éclata de rire.

— On se sent seul, Maître Windu ? N'ayez crainte, il n'y a pas de mort, il n'y a que la Force !

Mace Windu hocha lentement la tête, le regard rivé sur son adversaire comme celui d'un prédateur d'Haruun Kal sur sa proie.

— Vous êtes doué, Sidious, vous devez avoir des facultés de concentration exemplaires pour arriver à manipuler tant d'éléments à la fois... Malheureusement pour vous, je vais veiller à ce que cela ne vous serve PLUS JAMAIS !

Le grand Maître Jedi à la peau sombre se jeta sur Sidious et tailla vers lui de ses coups secs et rapides caractéristiques, accélérant progressivement le rythme à mesure que Sidious les paraît ; le Seigneur Sith était satisfait, le maître du Vaapad était à la hauteur de sa réputation... Et comme par hasard, ce puissant Maître Jedi était celui qui flirtait le plus avec le Côté Obscur au combat !

Sidious devait admettre qu'il avait de plus en plus de mal à parer les assauts, la lame de Windu ne cessait de s'abattre vers lui de haut en bas avant de revenir sur les côtés, ne laissant jamais l'opportunité à Sidious de contre-attaquer, systématiquement placée de façon à occuper le plus d'espace possible ; le Jedi ne tentait probablement pas de déjouer la garde de Sidious, ses attaques n'étaient pas spécialement subtiles, en revanche il misait sûrement sur la fatigue du Sith... Celui-ci était de plus en plus agacé par cette stratégie qui ne le laissait pas déployer sa rage en une attaque puissante, si agacé qu'il peinait à attirer le Côté Obscur à lui pour prévoir les attaques...

Heureusement, il avait plus d'un tour dans son sac ; il sentait notamment qu'il avait encore une carte à jouer dans le turbo-élévateur qui approchait...

 

Anakin fut terrifié de découvrir à quel point il avait eu raison de venir en sortant du turbo-élévateur ; la pièce avait été plongée dans le chaos, Pestage avait réussi par quelque sombre miracle à tuer pas moins de trois Maîtres Jedi, Anakin reconnaissait, le sang glacé, les visages figés de Agen Kolar, Saesee Tiin et Kit Fisto.

Et il n'avait pas dit son dernier mot ! Anakin le voyait replié dans l'angle d'une vitre face à Maître Windu... Heureusement ou malheureusement, il était à présent désarmé...

— VOUS ÊTES EN ÉTAT D'ARRESTATION ! hurla rageusement Windu, sa lame violette toujours à la main.

— Non ! Non, on n'arrête pas Darth Sidious comme cela, Maître Windu ! Un Seigneur Sith n'est jamais désarmé !

Anakin vit alors jaillir ce qu'il n'aurait jamais crû possible : une véritable tempête d'éclairs bleutés qui jaillissait de nulle part pour foudroyer Maître Windu ! Il se rappelait que Dooku avait employé un maléfice comparable, mais l'éclair qu'il avait généré était ridicule comparé à ce qui s'abattait à présent sur Maître Windu, le Maître Jedi hurla de douleur et de rage, néanmoins il gardait son sabre devant lui pour s'abriter et, fort heureusement, Anakin vit que cela détournait en bonne partie les éclairs... Mieux, ou pire, Windu paraissait peu à peu se réorienter de manière à les renvoyer vers son adversaire ; néanmoins, Anakin le sentait affreusement proche du Côté Obscur, c'était tout ce qui l'empêchait d'être plus affecté par la foudre des Sith ! Il paraissait attirer les ténèbres tel un trou noir pour finalement les rejeter...

Ce fut au tour de celui qui se nommait donc Darth Sidious de hurler de douleur, en dépit du fait que Maître Windu continuait visiblement à subir lui aussi les effets des éclairs... Alors, il l'appela, la voix déformée par l'effort et la peur.

— Skywalker, aidez-moi, il veut me tuer ! Je ne peux pas me rendre, je vous assure qu'il va vraiment me tuer, il est devenu fou !

Anakin se rapprochait, se rapprochait de plus en plus de l'œil du cyclone.

— AIDEZ-MOI, je suis le seul à être vraiment avec vous, vous devez être vraiment avec moi !

Windu darda rapidement un regard vers Anakin, paraissant ne pas s'être aperçu de sa présence jusque-là.

— Aide-moi, Anakin ! Je ne sais pas si je vais y arriver tout seul ! Le destin des Jedi repose sur toi, montre que tu mérites tous les espoirs que nous avons placés en toi !

Quels espoirs avez-vous placés en moi, Maître Windu ? se demanda cyniquement Anakin. Tous les Jedi lui avaient dit et répété qu'il était l'Élu, qu'il avait des pouvoirs exceptionnels ; pourtant, tous les Jedi à commencer par Maître Windu l'avaient traité par la méfiance, même Obi-Wan. Seul Qui-Gon avait fait exception à la règle ; lui, Padmé, Palpatine et sa mère avaient compté bien plus pour le jeune homme que l'Ordre Jedi tout entier...

— Anakin ! implora à nouveau Sidious, Sidious qui perdait du terrain, Sidious qui paraissait subir de plus en plus de brûlures. Anakin, tu dois m'aider, tu n'as pas le choix ! TU N'AS PAS LE CHOIX SI TU AIMES PADMÉ, TU N'AS PAS LE CHOIX SI TU AIMES TA FEMME !

Et voilà, il l'avait dit. Le secret que Anakin portait depuis trois ans n'en était plus un, il ne pourrait plus rester le Jedi qu'il avait toujours voulu être ; et il s'en fichait.

Maître Windu eut le mérite de parvenir à rester concentré sur l'implacable affrontement, mais Anakin était sûr d'avoir vu son expression se durcir encore lorsqu'il s'en approcha...

— Je peux sauver ce... celle que tu aimes, Anakin ! Je vais mourir si tu ne fais rien, il est trop puissant !

— Je ne vous crois pas, répondit Anakin avec la douce fermeté d'une certitude nouvelle.

La situation était urgente, Maître Windu paraissait à chaque instant sur le point de céder, cependant Anakin avait besoin de parler, besoin  d'évacuer toutes ses émotions contradictoires, de s'écouter expliquer pour se convaincre qu'il faisait le bon choix...

— Les Sith ne sont que mort et violence, mensonge et trahison ; vous l'avez montré en provoquant cette guerre et en tuant Maître Qui-Gon ! Jamais vous n'avez su sauver qui que ce soit, pas sans détruire quelque chose de plus grand encore !

Ce fut rapide, rapide parce qu'Anakin ne voulait pas se laisser le temps de s'interroger davantage autant qu'à cause de l'urgence ; il saisit son sabre-laser, en fit jaillir la lame bleue et se lança dans un féroce arc-de-cercle en direction du Seigneur Noir ! Sa lame fendit l'air, rencontra la chair et la découpa comme si elle avait aussi peu d'importance qu'un droïde de combat ; la main droite de Darth Sidious fut arrachée par la lame d'Anakin, qui ne put s'empêcher de penser au Comte Dooku... Ce n'était peut-être pas le moment de penser à la violation du Code des Jedi qu'il avait commise en tuant cet autre Sith, mais il s'était promis après cela de ne plus jamais violer les principes de l'Ordre, et ça, il avait l'intention de s'y tenir...

Pestage avait hurlé de douleur,  bien sûr, et les éclairs disparurent presque aussitôt au soulagement visible de Maître Windu ; Sidious tenait son poignet au bout duquel ne se trouvait désormais plus rien, les traits agités d'expressions intenses, Anakin ne put s'empêcher d'éprouver une certaine pitié, mais il était trop tard pour que cela influence son jugement...

— Très bien... murmurait Pestage. Très bien... puisque c'est comme cela... puisque c'est comme cela, vous mourrez tous les deux ! cria-t-il.

Anakin eut tout juste le temps de comprendre ces paroles stupéfiantes qu'il sentit approcher quelque chose d'énorme sur le côté... une étagère entière volait à leur rencontre, Anakin était stupéfait de voir qu'il restait encore suffisamment d'énergie et de concentration au Seigneur Sith pour cela ! Maître Windu ne put l'éviter, elle le renversa purement et simplement dans un sinistre fracas, et les deux seraient tombés sur Anakin s'il n'avait précipitamment reculé !

Le Jedi s'attendait à voir Sidious désarçonné par cet ultime échec, néanmoins il n'en restait pas là ; un petit objet vola à travers la pièce, et une lame rouge d'encore plus mauvais augure que celle de Dooku se déploya dans la main gauche du Sith !

N'importe quel autre Jedi n'aurait pas su réagir, mais pas Anakin, car comme lors des courses de podracers de son enfance, Anakin ne réfléchissait pas ; il se laissait entièrement guider par la Force et ses réflexes, agissait en simple serviteur du Côté Lumineux de la Force. En Élu.

À peine son ennemi s'était-il ressaisi qu'il rallumait son sabre-laser à la lame bleu et se jetait sur son ennemi, sautant par-dessus l'armoire au sol ; cette fois, Pestage commençait à se laisser gagner par la peur pour de bon, il regardait Anakin comme s'il était un dieu, la bouche ouverte...

Anakin asséna un coup simple et puissant pour couper la seconde main du Sith ; celui-ci parvint à s'écarter de justesse, et, manifestement paniqué, rassembla ses dernières forces pour sauter sur le côté d'Anakin... Celui-ci était retourné avant même que le Sith n'ait touché le sol, et le Seigneur Noir dut reculer précipitamment pour ne pas être atteint par un assaut qui l'aurait coupé en deux... La fois suivante fut la bonne : Anakin se rappela l'Ataro, le style manié par Qui-Gon et Maître Yoda, à l'opposé de son Djem So sec et puissant, il invoqua la Force pour se projeter au-dessus du Sith ; celui-ci l'observa les yeux écarquillés, terrifié, il n'eut le temps que d'un rapide geste de sa lame pour contre-attaquer, qui eut pour seul effet d'exposer directement son torse à la lame d'Anakin là où celui-ci visait son épaule... Anakin sentit la lame rouge frôler son bras, il savait que son attaque avait été téméraire, mais cela ne comptait pas ; les traits figés en une éternelle épouvante, une lame bleue transperçant sa cage thoracique, Darth Sidious était mort.

Anakin Skywalker éteignit sa lame et laissa le corps du monstre s'effondrer. Les victimes de la Guerre des Clones étaient vengées, les Jedi étaient sauvés, Anakin était resté celui que Padmé avait aimé.

C'était fini, tout simplement. Il lui faudrait du temps pour s'en rendre compte, il ne savait pas ce qui arriverait à Padmé et il n'avait plus sa place dans l'Ordre Jedi, mais ce n'était pas grave ; il avait fait ce qu'il fallait, la Force déciderait de ce qui lui arriverait ensuite. Il n'avait plus peur de l'avenir, même si cela ne durerait peut-être pas.

Le Jedi resta un moment le seul être debout au milieu de la pièce, comme dépossédé de sa volonté à présent qu'il avait réussi ; puis, parce qu'il le fallait, il appela à lui la main invisible de la Force pour soulever l'armoire... Un maître Windu épuisé l'observait.

— Tu étais l'Élu, souffla-t-il. Qui-Gon avait raison. Tu as eu raison de venir.

Le Maître Jedi s'évanouit.

 

Anakin trouva le Chancelier réfugié dans une pièce annexe du bureau, ayant probablement profité du combat pour s'enfuir ; il peinait à reconnaître le grand homme qui avait guidé la République dans la guerre, le Chancelier était terrifié comme n'importe quel homme ordinaire devant ces évènements... Mais il fit largement part de sa reconnaissance à Anakin, lui rappelant qu'il avait toujours cru en lui ; c'était vrai, et pour cette raison, le Chancelier Palpatine ne serait jamais un homme ordinaire pour Anakin.

Il promit que le lendemain, il annoncerait au Sénat en compagnie de son sauveur que les Jedi avaient démasqué le Seigneur Sith responsable de sa guerre, il reconnaîtrait qu'il n'avait su déceler sa présence dans son entourage ; il rendrait hommage au courage des Jedi tombés, féliciterait Anakin et Maître Windu, et surtout, rendrait ses pleins pouvoirs. Son acte suivant serait de donner sa démission – Anakin avait des doutes à ce sujet tant Palpatine paraissait rechigner à faire confiance à un autre pour assurer la fonction de Chancelier, mais ce n'était pas le problème du jeune Jedi.

Ce qui l'était, en revanche, c'était ce que l'on déciderait à son sujet... Et c'est ainsi qu'une fois de plus, dès le lendemain matin, Anakin fut confronté au Conseil des Jedi, vraisemblablement pour la dernière fois ; il se rappela de la première fois qu'il s'était trouvé avec eux ainsi, quand il avait dix ans... Mais il avait eu le temps de vivre son rêve de devenir un grand Jedi, depuis. Par conséquent, il n'avait plus peur.

— Je n'irai pas par quatre chemins, prévint un Maître Windu en mauvais état. Anakin, les assertions de Sate Pestage étaient-elles vraies ? T'es-tu marié à la Sénatrice Amidala ?

L'expression de Maître Kenobi, assis à côté de lui, était indéchiffrable ; sans doute était-il pris entre la fierté qu'il avait pour son ancien Padawan et la déception de découvrir que son meilleur ami lui avait caché quelque chose de si important...

— Je n'irai pas par quatre chemins non plus, alors : oui, je me suis marié avec elle, après la bataille de Géonosis. Elle m'avait fasciné quand j'étais enfant, et je suis tombé amoureux pour de bon en la revoyant ; je vous promets que j'ai sincèrement essayé de lutter contre mes sentiments, et elle aussi. Mais quand nous avons tous deux failli mourir sur Géonosis, nous avons compris que c'était quelque chose de trop important pour nous. Je suis désolé, mais c'est comme ça.

À l'exception peut-être d'Obi-Wan, aucun des Maîtres ne parut réellement surpris, néanmoins ils échangèrent des regards agacés, comme si ces paroles faisaient d'Anakin un Padawan immature... Eh bien tant pis, il ne changerait pas pour eux. Il jeta un regard à Maître Yoda ; celui-ci fixait Anakin en montrant plus d'empathie qu'il ne s'y était attendu.

Ce fut Obi-Wan qui prononça la sentence, d'une voix douloureuse :

— Anakin, nous sommes tous désolés, mais tu dois quitter l'Ordre Jedi.

— Je sais.

— Mais avant, nous allons te nommer Maître Jedi. 

Anakin écarquilla soudain les yeux ; ça, ce n'était pas prévu dans le scénario... et ça n'avait aucun sens...

— Anakin, reprit Obi-Wan, c'est toi qui, par ce que nous avons interprété comme des faiblesses, a amené Sate Pestage à se montrer ; c'est toi qui l'a dénoncé à Maître Windu ; suivant ton entêtement habituel, tu es venu lui prêter main-forte bien qu'il t'ait donné des ordres contraires, et il avait vraiment besoin de toi, c'est toi qui l'as sauvé, et toi qui a finalement tué le dernier des Sith.

— Disparus, les ennemis millénaires de l'Ordre Jedi ont, renchérit Maître Yoda. Et grâce à toi, cela est. Le titre de Maître, mérité tu as, quels qu'aient été tes errements.

Pour une fois, Maître Windu sourit.

— Nous sommes tous fiers de toi, parce que tu as montré que ta loyauté était plus forte que ta peur, contrairement à ce que nous avons toujours craint – moi le premier, et je m'en excuse. Nous interdisons de manifester de l'attachement aux Jedi parce que nous craignions que cela ne les affaiblisse, mais toi, tu as montré que tu étais plus fort que cela. Aujourd'hui, nous devons te faire part de notre reconnaissance et de notre admiration.

Alors se produisit quelque chose d'incroyable : le Conseil des Jedi dans son ensemble se mit à applaudir, à applaudir Anakin ! Celui-ci en eut le souffle coupé... Il attendait cela depuis tant d'années... Il réalisait maintenant que ce n'était pas si important que cela, au fond, mais il n'avait plus à avoir peur de l'avis de ses pairs...

— Mais alors pourquoi... suffoqua-t-il. Pourquoi dois-je partir...

— Tu n'as plus ta place au sein de notre Ordre parce que tu ne respectes pas nos enseignements, expliqua posément Maître Windu. C'est comme cela. Ce n'est pas une sanction, nous savons que tu n'as pas basculé du Côté Obscur et tu as définitivement gagné notre respect ; mais comprends que nous ne puissions pas continuer à te considérer comme un membre de notre Ordre... Il faut que tu partes, et il est aussi simple pour tout le monde que tu le fasses de ta propre volonté. N'y as-tu jamais pensé ?

— Si, avoua Anakin.

Bien sûr qu'il y avait pensé, il était même déterminé à le faire alors qu'il rendait visite à Padmé, quelques mois avant le siège de Coruscant... Il ne pouvait simplement pas mettre cette idée à exécution avant la fin de la Guerre des Clones.

— Alors nous pouvons nous séparer d'un commun accord, lui rappela Windu.

— C'est vrai, conclut Anakin, dont le visage retrouvait des couleurs. Dans ce cas, je ferai bientôt part de ma décision de quitter l'Ordre et je ne cacherai plus mon mariage avec Padmé... Elle en vaut la peine. Mais... je ne sais pas ce que je vais devenir, j'ai toujours voulu être un Jedi, et rien d'autre...

— De la peine à en parler, j'ai, commença Maître Yoda, car c'est l'histoire d'une vieille dispute au sein de l'Ordre... Cependant, un Jedi tu peux toujours être, d'une certaine façon. De Maître Djinn Altis, te rappelles-tu ?

— En effet... Lui et ceux qui l'ont suivi permettent les liens amoureux.

— Oui. Jamais son enseignement une bonne solution ne sera à mes yeux, mais sans doute mieux que le nôtre il te conviendra.

— Très bien... Je vous remercie, c'est... est-ce exceptionnel dans l'histoire de l'Ordre Jedi ?

— Pas vraiment, admit Ki-Adi Mundi, un mince sourire sur sa longue figure ridée. Revan a également bénéficié d'un statut à part, après avoir vaincu Darth Malak en dépit de son amour pour Bastila Shan.

— D'accord. Je suis honoré d'avoir toujours votre estime, en ce cas.

— Nous espérons la reddition des dirigeants séparatistes, à présent que Sidious a rejoint Dooku et Grievous dans la tombe, affirma Plo Koon. Sinon, nous réglerons la question. Ce n'est plus de votre ressort, Maître Skywalker, vous avez fait ce que vous aviez fait à faire.

— Exactement, confirma Obi-Wan. Tu devrais prendre du repos, Anakin, tu l'as mérité, et Padmé aussi. Par ailleurs, tu as quelque chose à lui annoncer qui devrait lui faire plaisir.

Obi-Wan n'imaginait pas à quel point ! Anakin songea qu'il n'aurait de toute façon pu rester un Jedi avec la grossesse de Padmé...

— Par ailleurs, ajouta l'ancien Maître d'Anakin, sache que rien de tout cela ne nous empêchera de rester amis.

Anakin eut un sourire éclatant.

— J'en ai bien l'intention ; et même si ce n'était pas le cas, je n'ai pas pour habitude de suivre les ordres. Que la Force soit avec vous tous, Maîtres.

— Que la Force soit avec toi, Anakin Skywalker.

À présent qu'il n'y avait plus de guerre, plus de crise, plus de trahison, Anakin avait du temps à rattraper auprès de celle qu'il aimait ; il ne savait pas pourquoi, mais il n'avait plus peur de la perdre, c'était un risque qui s'était présenté à un moment donné, mais la façon dont il avait évolué l'avait fait disparaître. Il pourrait dormir sans crainte, ce soir.

 

Le Jedi se réveilla Sith, l'homme se réveilla machine, Anakin Skywalker se réveilla Darth Vader. Darth Vader, à bord de l'Étoile Noire, la plus grande machine de guerre de la Galaxie. Il n'y avait plus de Padmé avec lui depuis bien longtemps, il ne s'efforçait plus de protéger la vie mais de semer la mort. Il était devenu tout ce qu'il détestait.

Prisonnier de son armure, le Seigneur Sith soupira. Ce n'était pas la première fois qu'il faisait ce rêve pour s'en réveiller pris d'une intarissable mélancolie... C'était comme cela que les choses auraient dû se passer. C'était ce qu'il aurait dû faire, c'était ce qu'il aurait dû être.

Et au lieu de ça... il avait tout gâché. Il avait cru sauver Padmé, il l'avait tuée. Il avait cru aider un ami doublé d'un grand homme d'État, il était devenu le bras droit du plus grand tyran que la Galaxie ait connu. Il avait cru se libérer du carcan dans lequel les Jedi emprisonnaient ses pouvoirs, il était devenu le prisonnier de lui-même, de Darth Vader.

La plupart du temps, il ne se rendait pas compte, parce qu'il ne ressentait plus rien. C'était normal, il avait tout fait pour : suite à son geste désespéré qui avait sauvé Palpatine, il était accablé par des sentiments trop forts pour lui, il se rendait compte qu'il avait basculé et toute la Galaxie avec lui ; alors il avait voulu ne plus jamais rien ressentir, ne plus être qu'un simple pion au service de Palpatine pour ne plus jamais souffrir comme sa peur pour Padmé et sa rancœur à l'égard des Jedi l'avaient fait souffrir. Il avait accepté d'aller massacrer les Jedi avec l'espoir de tuer une fois pour toutes ce qui restait du fragile Anakin Skywalker en lui. Il voulait devenir si mauvais qu'il ne pourrait plus éprouver de regrets ni de peur à l'égard de la mort qui attendait tout ce qu'il aimait. Tout le mal qu'il avait fait à la Galaxie, il se l'était d'abord infligé à lui-même. Et cela avait marché, il s'était coupé de tout sentiment humain pour ne plus laisser la place qu'au Seigneur Sith avide de pouvoir et de sang.

Sauf en des moments comme celui-là, sauf lorsqu'il se rappelait que les choses auraient pu se passer autrement.

Darth Vader savait qu'il était trop tard pour changer, ce qu'il avait fait était trop grave, et il ne restait rien à sauver qu'il ait aimé. Il ne ressentait plus d'empathie pour personne de vivant, de toute façon, il était devenu trop différent, il ne comprenait plus les gens. L'Empire était devenu sa seule famille, une famille coulée dans le duracier et le ferrobéton, où la vie n'avait pas sa place, et donc la peur et la douleur non plus. Et qui pourrait lui réapprendre à aimer à présent que Padmé était morte et qu'il était devenu Darth Vader ?

Le voulait-il, seulement ? Quoi qu'en aient pensé certains, Anakin n'était pas idiot, il comprenait bien des choses ; ce n'était pas sa tête qui l'avait empêché d'être un véritable Jedi, mais son cœur. Or, toutes ces faiblesses avaient disparu à présent qu'il était un Seigneur Sith, son cœur s'était fait de duracier, imperméable à l'attachement, alors même qu'il avait toujours constitué son seul point faible. D'une certaine façon, il était plus fidèle aux règles Jedi que jamais ! Quoi qu'il en soit, savoir que plus jamais une tempête émotionnelle surgie de son attachement ne viendrait le dévaster et le pousser à agir contre ses principes était indéniablement rassurant.

Ainsi, il avait conscience d'être engagé dans une voie sans issue ; demain, il aurait sûrement oublié son rêve et ces sentiments qui lui venaient parfois, il ne serait à nouveau plus que Darth Vader. Pourtant, il jugeait important de conserver ses rêves malgré cela, de se rappeler qu'il voulait être autre chose ; les rêves, c'était ce qui lui avait permis de tenir le coup lorsqu'il avait été esclave sur Tatooine, bien que l'Ordre Jedi ne se soit pas montré à la hauteur de ses attentes. Surtout, c'était tout ce qui le séparait encore de la machine en lui, tout ce qui l'empêchait d'appartenir entièrement à l'Empereur et à son propre côté obscur.

Il essaya de se rendormir ; Padmé l'attendait.