Et c'est déjà la fin
.
"Mais mec t'as rien mis pendant deux mois et là tout d'un coup tu fonces". Oui c'est vrai
. En fait la rentrée est la semaine prochaine et ne voulant pas laisser cette histoire éternellement en suspens (notamment pour le respect des lecteurs), je me suis décidé à avancer un bon coup pour la terminer. J'espère avoir maintenu la qualité jusqu'au bout.
Mais prenez tout votre temps pour lire, et n'hésitez surtout pas à écrire vos retours, quels qu'ils soient ! Merci à celles et ceux qui m'auront lu, j'espère que cette histoire vous a plu
Ryloth.
Encore une parade réussie de justesse. Aayla a décidément sous-estimé son adversaire, fin duelliste. Les zébrures rougeoyantes sont de plus en plus nombreuses. Mais il n’est pas question de céder. Aayla accomplira jusqu’au bout son devoir de Jedi. Elle esquive et essaie de contre-attaquer. En vain. La lame rouge l’oppresse de ses frappes chirurgicales. Acculée dans un coin, la Jedi finit par subir une estafilade à une hanche, puis au torse. L’utilisateur du Côté Obscur la repousse violemment contre un mur d’une poussée de Force.
— Réfléchissez bien, Maître Secura. Vous pouvez encore être sûre de repartir vivante.
Aayla ne répond pas. Elle inspire puissamment. Elle n’est pas seulement une Jedi. Elle est une Twi’lek. C’est Ryloth. C’est sa planète. Plus jamais les Sith ne la menaceront. Elle se relève d’un bond, attire son arme et se jette sur son assaillant. Les lames s’entrechoquent encore et encore. C’est alors qu’Aayla écarte deux doigts. L’interrupteur du sabre rouge s’enfonce légèrement… et la lame disparaît une seconde ! Une seconde qui suffit à la Jedi pour attaquer. Son adversaire parvient à sauver sa main mais l’émetteur de son arme vole en éclats.
— Ah, Maître Secura… vous auriez dû me laisser vous tuer, dit-il avant d’écarter la main.
Au milieu de la salle, la bague de Dark Talon pivote d’un quart de tour et s’enfonce dans la console. Les écrans s’illuminent de rouge tandis qu’un bruit sourd émane des immenses générateurs. L’arme vient d’être déclenchée.
Dooku bat en retraite sur l’ascenseur et prend la fuite. Aayla, revenue de sa surprise, jure en tranchant d’un coup de sabre la console à sa base. Inutile. Elle se précipite sur les appareils, tente de comprendre les commandes afin de trouver un moyen de tout arrêter. Mais à mesure que les manipulations s’enchaînent, la peur grandit en elle. Plus d’une trentaine de minutes s’égrènent, les jauges de chaleur se remplissent et la Twi’lek doit faire une terrible constatation : il n’y a pas d’annulation possible. Dark Talon tenait à sa victoire. La Jedi recule d’un pas, se force à se calmer. Et pense à l’idée salvatrice.
Un armement assez puissant pour détruire une planète est bien peu de choses en comparaison de la Force.
Aayla s’assied en tailleur. Pose les mains sur ses genoux, ferme les yeux. Sent la Force couler en elle. Le Côté Obscur n’est pas le plus puissant et ne le sera jamais. Elle inspire, expire, gagne en harmonie et en puissance. Elle ne remarque même pas qu’elle commence à léviter légèrement.
Les alarmes et écrans ne la concernent plus. La Jedi visualise la conduite d’énergie principale menant au noyau. L’enserre de Force petit à petit. Puis ferme les poings. L’étreinte se resserre, le gigantesque conduit se déforme, se fissure inexorablement. Elle continue. Elle appuie toujours plus fort. Les couches de métal plient encore… jusqu’à éclater complètement. La salle entière est secouée par une terrible onde de choc.
Aayla expire et ouvre doucement ses yeux. Mais le retour à la réalité est brutal. Un des écrans affiche une alerte du plus haut niveau — l’alerte de surcharge. Le conduit d’injection détruit, les générateurs ne peuvent plus déverser leur production, qui s’accumule très vite. Si Ryloth est sauvée, toute cette région — heureusement inhabitée — va être transformée en boule de feu d’ici une dizaine de minutes. La Jedi se retient de jurer une nouvelle fois et se précipite à son tour sur la plateforme pour remonter. Quand elle revient à l’air libre, le sol et les rochers commencent à trembler. Elle n’a pas d’autre choix que de courir de toutes ses forces, de ne jamais s’arrêter et de s’efforcer d’ignorer ses poumons et muscles en feu. Fissures et vibrations se produisent de partout lorsque la Twi’lek atteint, hors d’haleine, le cockpit de sa navette… dont le moindre système refuse obstinément de démarrer. Aayla s’acharne encore sur les tableaux de commande inanimés quand elle subit le plus gros choc qu’elle ait jamais encaissé.
L’astronef est instantanément catapulté, avec des milliers de rochers, à plusieurs kilomètres d’altitude par la déflagration cataclysmique. Seul son lien avec la Force permet à la Jedi de rester consciente. Elle recommence à taper frénétiquement sur les boutons, jusqu’à les endommager. Toujours en vain. Passées les longues secondes de flottement dans l’air, la navette amorce sa terrible chute. Dans un ultime éclair de lucidité, Aayla se traîne dans une des minuscules capsules de sauvetage, la referme et tire désespérément la poignée de largage… le petit cylindre de métal s’éjecte. Les parachutes s’ouvrent. Trop bas, et ils sont entaillés par des débris. Dans le module balloté de partout, la Jedi perd connaissance.
La décharge électrique ranime Aayla, qui se cogne brutalement contre la paroi.
— X6, tu penses pas qu’elle s’est assez cognée comme ça ?
Le droïde répond d’une série de bips.
— Teklin… j’ai jamais été aussi contente de vous voir, dit-elle encore haletante.
— Moi aussi, peut-être… répond-il un peu gêné. Et sinon, il s’est passé quoi ici ?
— L’arme ultime de Dark Talon… que j’ai détruite… Et après j’ai un peu réussi et échoué, c’est… c’est une longue histoire.
— Je connais un endroit parfait pour la raconter, alors. Vous arriverez à marcher ?
Pour toute réponse, elle sourit et se relève lentement en prenant appui sur X6.
— Vous avez fait comment pour venir ici, en fait ?
— J’ai réquisitionné un cargo. C’est pratique de voyager avec un droïde de l’Ordre Jedi. Avant qu’on y aille, vous êtes sûre qu’il n’y a rien d’intéressant à récupérer ?
Aayla éclate de rire. Et cela lui fait un bien fou.
Coruscant.
La rampe du Scimitar s’abaisse. Dooku s’avance vers son maître venu à sa rencontre.
— Bon retour, Seigneur Tyrannus.
— Merci, Seigneur Sidious.
— Alors, votre mission ?
— Je crains, monseigneur, que ce soit un échec et une réussite. Comme pour Maître Secura. J’ai réussi à récupérer les plans du complexe, mais pas à dissimuler son existence.
— Oui, j’ai lu le rapport du Conseil Jedi il y a une heure. Soyez rassuré, votre échec est minime. Vous avez pris la bonne décision en forçant Secura à tout détruire.
— Merci, monseigneur, dit Dooku, ne parvenant pas à dissimuler son soulagement.
— Vous avez en revanche parfaitement réussi à dissimuler votre véritable identité, comme je vous l’avais ordonné. Ainsi vous n’avez pas compromis mon plan et vous êtes montré digne de votre Maître. Quant à la technologie de Dame Talon, nous verrons si nous lui trouvons un jour un usage. Ce n’est jamais perdu.
— Oui monseigneur. Le futur n’est pas changé.
— Non. Tout se déroule à présent comme je l’avais prévu.
Vandor, une semaine plus tard.
Lovée dans un épais manteau de muunyak sur un coin de la terrasse du saloon de Fort Ypso, Aayla ne prête pas attention au vaisseau de classe Consulaire atterrissant à proximité. Devant elle, l’hologramme de Shaak Ti achève de résumer la situation sur Bracca.
— On vient d’embarquer tout ce qu’il y avait dans cette épave. Il reste à treuiller le Sang de Ryloth dans la soute principale et on peut rentrer à Coruscant.
— Ça marche. Et pour… l’autre truc ?
— Ça joue aussi, le Conseil t’accorde cette faveur, dit la Togruta dans un clin d’œil.
— Merci. Je finis ici avec notre ami et je vous rejoins ce soir.
— Tu « finis » ? Qu’est-ce que tu as commencé avec le beau jeune homme, Aayla ?
— Shaak !
Un membre d’équipage du croiseur républicain arrive à ce moment, tenant une mallette frappée de l’emblème d’une banque coruscantie. Il la remet à la Jedi et l’informe que l’appareil est prêt pour la ramener à la capitale. Aayla répond de l’attendre au vaisseau avant de rentrer à l’intérieur où elle retrouve Teklin. Elle s’installe en toute décontraction sur la banquette d’en face et commande une bière.
— La République tient parole, dit-elle en poussant vers lui la petite valise.
Teklin l’entrouvre, jette un œil à l’intérieur et pousse un sifflement admiratif.
— C’est même… plus que ce qui avait été convenu.
— Vous avez fait un peu plus que ce qui avait été convenu, dit-elle le sourire aux lèvres.
— On pourrait presque dire que je vous en dois une, là…
— Alors acceptez ma faveur.
— Euh… quoi ? demande-t-il surpris.
— Vous pouvez garder le Delta-7. Mais à une condition.
— C’est là que ça se gâte, d’habitude…
— Ça dépend de vous. Arrêtez les Twi’leks.
Teklin reste interloqué un instant, avant de retrouver sa contenance.
— Vous voulez que je me contente des…
— …humaines, Togrutas, Mirialans, Falleens, Zeltronnes, Theelines, Dévaroniennes, Chagriennes, Tholotiennes, Zabraks, Chiss, Dathomiriennes, entre autres ? Oui.
— Ouais, dit comme ça… je crois que je prendrais le Delta-7.
Aayla termine son verre et se lève de son siège.
— Une dernière chose, Teklin.
— Oui.
— Ne m’obligez pas à revenir vous traquer.
L’humain éclate de rire.
— Avec tout ce que vous m’avez donné, je risque pas de devoir me réabaisser à ça de sitôt. Et.. comment vous dites, déjà ? Que…
— Que la Force soit avec vous.
— Que la Force soit avec vous.