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L'Armada Fantôme
 
Jour J


***

En orbite autour de Coruscant, l’imposante flotte de la Nouvelle République attendait que l’Armada Fantôme se matérialise devant ses yeux. Au cœur du redoutable détachement armé, le Fureur des Cieux était impressionnant avec sa coque oblongue rose coquillage parsemée de protubérances. Le puissant croiseur Mon Calamari était escorté par un contingent de corvettes d’assaut grises plus petites mais lourdement armées et au blindage renforcé. Toutefois, ces corvettes manquaient cruellement de vitesse et en avaient déjà payé le prix lors de la Guerre Civile Galactique contre les agiles et intraitables chasseurs TIE.
Dans le secteur Ouest, le Guerrier Invincible, commandé par le Général Kalespian était encore en mouvement afin de prendre sa position définitive d’attente. Long de plus d’un kilomètre, le vaisseau portait encore les stigmates de ces derniers affrontements. Toutefois, il avait déjà eu l’occasion à maintes reprises de se confronter aux redoutables destroyers impériaux. Une nuée de frégates et de patrouilleurs, tels des insectes excités, volaient tout autour, effectuant les derniers réglages avant la bataille.
Enfin, dans le secteur Est, un croiseur hors d’âge, le Triomphant, était parvenu à rentrer à temps d’une mission sur Contruum, à la différence des forces rappelées de Corulag qui se faisaient encore attendre. Lui aussi était accompagné de corvettes lourdes et de frégates. Quant à ses cales, elles regorgeaient d’Ailes X et de bombardiers prêts à en découdre. A la vue de la configuration adoptée par les troupes de la Nouvelle République, le message était clair : personne ne devait pénétrer dans l’atmosphère de Coruscant, coûte que coûte.

Sur le pont de commandement du Home One, l’Amiral Ackbar, vêtu de son fonctionnel uniforme d’un blanc immaculé, attendait avec calme le début des hostilités. Tout autour de lui, des officiers et des techniciens s’affairaient, relayant des informations ou vérifiant que tous les systèmes du vaisseau étaient parés pour l’affrontement. Alors qu’Ackbar semblait comme perdu dans ses pensées, fixant l’espace infini de ses yeux globuleux, un lieutenant engoncé dans ses habits s’approcha et lança d’une voix stressée :
- Amiral, le QG nous signale que le temps est écoulé. L’ennemi quel qu’il soit devrait déjà être arrivé.
- Alors à l’évidence, il est en retard.
- Peut-être…peut-être que tout ceci n’est qu’une mascarade ! Un plan fourbe destiné à semer la zizanie sur Coruscant ! Les Impériaux ne peuvent pas nous attaquer en masse, c’est impossible, ils n’en ont plus les ressources.
Ackbar comprit alors que le lieutenant cherchait à tout prix à se rassurer. Nier l’existence d’un ennemi effrayant était toujours un excellent moyen pour ce faire. L’Amiral aurait bien aimé être du même avis, mais quelque chose dans ses tripes lui disait qu’il s’apprêtait à vivre les heures les plus sombres de son existence. Cette simple pensée le fit frissonner, ce qui était très inhabituel pour un membre de son espèce.
Il s’approcha alors un peu plus de la grande verrière d’observation et cligna plusieurs fois des yeux, cherchant à distinguer quelque chose dans les ténèbres insondables de l’espace. En vain, tout semblait calme. Au bout de plusieurs minutes, la tension commença à redescendre sur le pont de commandement, quelques rires de soulagement ne tardèrent pas à fuser et des discussions naquirent un peu partout. Ackbar se détourna alors de la verrière, les yeux plissés par la réflexion.

C’est alors que les alarmes de proximité se mirent brutalement à hurler, baignant aussitôt le centre opérationnel dans une atmosphère rougeoyante.
- Vaisseaux en approche ! Hurla un opérateur les yeux écarquillés et rivés sur ses instruments de détection.
Ackbar fit aussitôt demi-tour, juste à temps pour voir les courbes de l’hyperespace se distendre à quinze milles kilomètres environ de sa position. Puis, une vingtaine de vaisseaux apparurent tout en ralentissant, avant d’adopter rapidement une position d’attaque en forme de flèche.
- Qu’est ce que c’est que ça ? Murmura le Mon Calamarien pour lui-même.
- Forme inconnue Amiral ! Ca ne correspond à aucun vaisseau impérial que nous avons dans nos bases de données ! S’écria un technicien comme s’il avait pu entendre son supérieur.
Les vaisseaux étaient de forme trapue, massive, aux angles taillés à la serpe. Deux immenses propulseurs tubulaires étaient intégrés de part et d’autre de la structure et de multiples tourelles lasers blindées hérissaient la coque des appareils. Leur couleur était des plus intrigantes, un noir qui brillait légèrement à la lumière des lointaines étoiles. A l’évidence, ces sortes de corvettes blindées futuristes avaient de quoi inquiéter et stupéfier.
Et c’est alors que vingt autres vaisseaux apparurent, puis d’autres encore, émergeant de l’espace profond telles des vagues obscures qui menaçaient de déferler inéluctablement sur Coruscant.
- Ennemis localisés dans le secteur Est!
En tournant la tête légèrement à droite, Ackbar vit en effet une puissante lumière se propager avant de disparaître aussitôt, trahissant la décélération brutale des vaisseaux, avant que ceux-ci n’adoptent la même position d’attaque que ceux arrivés précédemment. L’opérateur reprit une nouvelle fois la parole, tandis que de la sueur perlait dans son cou :
- Le Général Kalespian signale que d’autres vaisseaux ont surgi de l’hyperespace dans son secteur. Apparemment, ils sont prêts à nous défier frontalement !
- Projection tactique ! Cria Ackbar pour la première fois de sa voix rocailleuse.
- A vos ordres.
Aussitôt, une représentation tridimensionnelle de la bataille se matérialisa sur une grande table holographique circulaire. Les vaisseaux ennemis avançaient maintenant par grappe, prêts à fondre sur leurs opposants républicains.
- Bien, messieurs, voici le dernier cadeau de l’Empereur Palpatine. Je propose donc de nous montrer forts impolis et de le refuser.
Alors l’expérimenté Amiral releva les yeux et fit à son opérateur :
- Lancez tous les chasseurs et allons affronter cette Armada Fantôme.

***

Solidement attaché dans son harnais de sécurité, le lieutenant Connor Skell fit jaillir son aile X flambant neuve des soutes du gigantesque Fureur des Cieux. Malgré l’imminence de la bataille, Connor ne put s’empêcher d’être impressionné. D’abord parce que la vue de Coruscant à des milliers de kilomètres sous lui était subjuguante : la planète ressemblait à une grosse boule d’acier striée de décharges lumineuses. Ensuite parce qu’il se retrouva aussitôt au milieu d’un véritable déluge de chasseurs qui se regroupèrent tous en escadrons avant de voler à pleine vitesse vers la flotte ennemie. Et enfin parce que cette dernière avait quelque chose d’effrayant et de morbide. L’Armada Fantôme ressemblait à une épée aiguisée qui s’apprêtait à se planter dans le cœur de Coruscant. Une épée dont la lame emplissait la totalité du champ de vision de Connor.
La voix calme de son chef d’escadron suffit à faire sortir le jeune lieutenant de ses pensées :
- L’ennemi est en vue. Rappelez-vous des consignes, il ne faut pas le laisser s’approcher de Coruscant. Mais prenez garde, nous ne savons pas de quoi ces vaisseaux sont capables ni quelle est leur puissance de feu réelle.
- Bien reçu leader, fit Connor presque en même temps que les huit autres membres de l’escadron.
- Alors allons-y, en formation d’attaque, volets déployés, armez les missiles à protons ! Et pas de quartier…
Le chasseur de tête exécuta lui-même les manœuvres comme pour donner l’exemple, avant de virer brutalement à tribord et de prendre de la vitesse, aussitôt imité par les autres pilotes de l’escadron Lune Verte.

Sortant de toutes les cales à un rythme soutenu, les chasseurs de la Nouvelle République se déployèrent en une toile dense et mortelle avant de se précipiter vers les puissants vaisseaux ennemis qui ne semblaient pas prendre mesure de la menace qui fonçait sur eux. Au contraire, ils continuaient d’avancer tout droit, se dirigeant vers Coruscant avec une détermination en apparence inébranlable. Connor s’assura rapidement que tous les voyants dans son cockpit étaient au vert et que les systèmes d’armement étaient parés avant d’abaisser la visière de son casque. Puis il jeta un coup d’œil à ses ailiers qui volaient de part et d’autre de lui, l’un légèrement en dessous. Déglutissant avec peine, il expira un grand coup et se saisit de son joystick de tir.
- Que la fête commence…

A bord du Home One, une véritable effervescence s’était emparée du pont de commandement. Dans la fosse qui faisait tout le tour de celui-ci, les hommes d’équipage ne cessaient de relayer des ordres ou de prendre des informations venant des autres vaisseaux de la flotte. Assis dans son fauteuil de commandement, l’Amiral Ackbar regarda avec appréhension les appareils de la Nouvelle République prendre position et se mouvoir afin de barrer la route à l’Armada Fantôme. Le Mon Calamarien s’arrêta un moment sur le nombre vertigineux de petits points bleus, représentant les ailes X, Y et B, qui avançaient en tête de détachement, avant de relever les yeux et de lancer :
- Laissons une chance à nos visiteurs de repartir d’où ils viennent. Je veux leur parler.
Il ne fallut que quelques secondes avant que l’officier des communications ne s’exclame :
- Nous émettons sur toutes les fréquences Amiral, vous pouvez y aller.
Se redressant dans son fauteuil en cuir blanc, Ackbar déclara :
- Vaisseaux inconnus, vous entrez dans une zone interdite, sous protection exclusive de la souveraine et indépendante Nouvelle République. Faîtes demi-tour immédiatement où vous serez responsable du déclenchement des hostilités. Je répète, faîtes demi-tour où nous serons obligés d’avoir recours à la force.
L’Amiral se tut et regarda alors les vaisseaux noirs continuer leur progression, arrivant presque à distance de tir. Aucune transmission ne parvînt en retour.
- Bon, je n’en attendais pas moins d’eux.
Puis à tous ses officiers de pont :
- Ordonnez le déclenchement des combats. Et passez-moi les Généraux Kalespian et Rafelder.
- A vos ordres.

Connor n’avait pas encore pu ouvrir le feu quand tout bascula brutalement dans l’horreur. Arrivé à distance de tir, les vaisseaux de l’Armada Fantôme laissèrent tout à coup parler la puissance de leurs tourelles lasers. En un instant, un déluge d’énergie s’abattit sur les chasseurs de la Nouvelle République. Connor sentit alors ses boucliers déflecteurs être surchargés et tandis qu’un flot de lumière éblouissante engloutissait son appareil, il hurla à son droïd astromécano :
- Oriente toute la puissance vers les déflecteurs avant !
Le droïd obtempéra aussitôt. Soudain, Connor vit un de ses ailiers être littéralement déchiquetés par les tirs ennemis. Après que les boucliers eurent rendus l’âme, le cockpit fut arraché et une puissante boule de flamme consuma le reste de la structure. Des débris d’acier surchauffés furent catapultés dans l’espace et Connor dut virer brutalement sur bâbord pour les éviter.
- Nom de…
La frappe ennemie se poursuivit. Tout en maintenant leur progression vers l’atmosphère de Coruscant, les envoyés de l’Empereur continuèrent à déverser leur puissance de feu dévastatrice. Skell aperçut des dizaines de chasseurs et bombardiers exploser en un instant, illuminant l’espace de multiples lueurs orangées.
- Ripostez ! Hurla alors Leader Lune Verte sur la fréquence tactique.
Un flot de lasers partit immédiatement vers leurs cibles, croisant les tirs ennemis et créant ainsi une toile d’énergie mortelle. Les tirs de la Nouvelle République vinrent rebondir sur les déflecteurs des vaisseaux impériaux, propageant à chaque fois une aura bleutée.

A présent, les Ailes X étaient pratiquement au contact des corvettes ennemies qui maintinrent leur barrage dissuasif. Connor passa d’une aile sur l’autre pour éviter les impacts avant de partir dans une vrille maitrisée et de se jeter sur sa cible. Le jeune lieutenant vit alors les tourelles lasers dorsales pivoter sur elle-même et se pointer vers l’X Wing.
- Et merde !
Skell appuya deux fois sur son joystick et deux torpilles fusèrent aussitôt, se ruant vers le vaisseau impérial. Les missiles frappèrent leurs cibles et parvinrent à anéantir les boucliers puis à atomiser les tourelles de tir. Mais le vaisseau ne fut pas détruit pour autant, et il continua sa course folle, faisant feu de ses batteries encore intactes pour se dégager le passage.
Au moment où Skell dessinait un virage très serré qui l’enfonça dans son siège baquet, une surpuissante déflagration rattrapa son petit vaisseau et l’envoya valdinguer comme un vulgaire fétu de paille. Complètement hagard, Connor crut sa dernière heure arrivée quand il sentit cette main gigantesque retourner son appareil. Les alarmes se mirent à hurler dans le cockpit, lui vrillant les oreilles, et tout le fuselage fut secoué par de violents tremblements qui menacèrent son intégrité. Parvenant enfin à rétablir l’assiette de son engin, Skell coupa les alarmes et tenta de faire un diagnostic des fonctions principales de vol. Il comprit alors que l’explosion qui l’avait touché avait littéralement consumée tout un groupe de vaisseaux qui en décousaient auparavant à cinq kilomètres de là. A présent, des milliers de débris brûlants flottaient avec paresse dans l’espace, tandis qu’une Aile Y sectionnée en deux partait dans une ultime vrille. Et Connor se demanda ce qui avait pu provoquer une telle propagation d’énergie destructrice.

L’Amiral Ackbar était en train de discuter avec les projections holographiques des Généraux Kalespian et Rafelder quand un incroyable arc lumineux se propagea dans l’espace et éblouit le pont principal du Home One, dont les verrières se polarisèrent immédiatement. Puis, une redoutable onde de choc rattrapa l’immense vaisseau qui fut soudainement secoué.
- Qu’est ce que c’était que ça ? S’écria aussitôt l’image bleutée de Kalespian.
Ackbar jeta un coup d’œil sur la projection tactique de la bataille et vit que des escadrons entiers de chasseurs venaient de disparaître en un claquement de doigt. Un point rouge, symbolisant un vaisseau ennemi, manquait également à l’appel. Un officier confirma alors ce que l’expérimenté Amiral venait de comprendre :
- On dirait qu’un vaisseau impérial a été détruit !
- Et c’est lui qui a causé cette déflagration ? S’étonna le Général Rafelder.
- Absolument !
- Je n’aime pas du tout ça, se contenta alors de marmonner Kalespian en triturant sa barbe.

Connor accéléra encore, faisant parler la puissance de ses turbines avant d’ouvrir de nouveau le feu sur un engin ennemi qui avançait à la perpendiculaire de lui. Plusieurs tourelles latérales furent déchiquetées par les frappes précises du petit chasseur. Sentant qu’il venait de s’ouvrir une brèche, Connor expédia une nouvelle torpille qui fila vers sa cible sans que rien ne puisse la stopper. Elle pénétra comme dans du beurre dans la structure noire du vaisseau impérial avant d’exploser brutalement. Bien que ce dernier ne soit pas détruit par l’impact, une partie de sa soute fut violemment exposée au vide spatial et des débris s’éparpillèrent dans l’espace. Puis, le redoutable vaisseau commença à gîter, abandonnant sa course jusque là rectiligne.
Skell s’apprêtait à porter le coup de grâce quand la voix de son chef d’escadron retentit sur la fréquence tactique :
- A tous les chasseurs, prenez garde, ces foutus vaisseaux propagent une vague d’énergie considérable quand ils explosent. Anéantissez-les à bonne distance !
Accusant réception du message, Connor effectua une vertigineuse boucle avec son chasseur pour s’éloigner de sa cible dont l’arrière était maintenant en flammes. Le jeune lieutenant n’eut même pas à finir le travail. L’appareil se désintégra soudainement et une onde de choc prodigieuse se propagea, envoyant valdinguer plusieurs ailes B qui passaient encore trop près à ce moment là. Trois d’entre elles se télescopèrent et furent désintégrées en une fraction de seconde. Connor regarda pendant quelques instants ce qu’il restait du vaisseau impérial partir à la dérive, avant de lancer :
- Il y a quelque chose qui amplifie les explosions ! Ce n’est pas normal !

C’est alors que les immenses croiseurs de la Nouvelle République entrèrent dans la danse, déversant un flot croisé de lasers sur plusieurs vaisseaux ennemis dont les boucliers encaissèrent les impacts. Aussitôt, sentant que la menace venait surtout des plus gros bâtiments de guerre, les tourelles pivotèrent simultanément pour tirer vers ces derniers. La riposte fut violente et le Home One fut sérieusement ébranlé. Pire encore, une des frégates qui l’accompagnait fut littéralement sectionnée en deux. Ackbar vit avec horreur la structure s’écarter, exposant au vide des centaines de soldats qui furent instantanément congelés avant de dériver dans l’espace.
Le Mon Calamarien jeta un coup d’œil sur la projection tactique et vit que les impériaux continuaient leur implacable progression et qu’ils éventreraient bientôt les lignes de la Nouvelle République. Cette stratégie étonna beaucoup l’Amiral qui ne comprenait pas pourquoi son adversaire était prêt à subir de lourdes pertes pour pouvoir pénétrer dans l’atmosphère de Coruscant. Se retournant vers un de ses officiers, Ackbar fit :
- Lancez un scan de la flotte ennemie !
- Un scan mais…
- Faîtes-le !
- A vos ordres.
L’homme s’activa alors sur son ordinateur tandis que le Fureur des Cieux était de nouveau ébranlé par de multiples impacts. Enfin, l’officier releva les yeux de ses instruments et dit d’une voix étrange :
- Je…je ne comprends pas, les scans ne détectent rien. Je vais recommencer.
- Non ! Ils ne détectent rien parce qu’il n’y a rien à détecter.
- Comment ça ?
- Il n’y a personne dans ces vaisseaux. Ils sont pilotés par ordinateur, et les systèmes de défense sont également automatiques.
L’officier fit les yeux ronds :
- Mais alors…quel est l’intérêt de vouloir à tout prix atterrir sur Coruscant ?
- Ca je l’ignore. Pour l’instant.

Ackbar réfléchissait toujours quand la voix d’un autre officier de pont se fit entendre, surpassant à l’occasion les bruits répétés des alarmes :
- Amiral, des rapports nous indiquent que le Triomphant est en difficulté. Le général Rafelder aurait bien besoin d’aide.
Le Mon Calamarien regarda en premier lieu la projection tactique et vit que trois vaisseaux ennemis convergeaient effectivement vers l’antique croiseur. En relevant les yeux vers la verrière d’observation, Ackbar fut d’abord ébloui par une succession d’explosions, puis par les échanges constants de lasers qui striaient l’espace de vert et de rouge. Enfin, au loin, il discerna la coque massive du Triomphant, soumis à la violence des tirs des appareils en approche. Autour de lui, des essaims de chasseurs voltigeaient en tout sens, escortant des frégates qui pilonnaient leurs adversaires avec toute la puissance de feu disponible.
- On ne peut rien pour lui, il va devoir s’en sortir tout seul.

Le Triomphant fit face avec vaillance aux trois envoyés de l’Empereur qui le harcelaient de tirs, tout en se précipitant toujours vers lui. Sur le pont de commandement, le Général Rafelder écarquilla les yeux de stupeur en constatant que ses opposants n’avaient à l’évidence pas l’intention de changer de cap.
- Accentuez la puissance de feu sur le vaisseau le plus endommagé.
- A vos ordres ! Braquez les batteries trois à vingt sur l’appareil de tête ! Relaya un lieutenant.
Aussitôt, une myriade de lasers s’abattit sur le vaisseau ciblé, annihilant en deux secondes les boucliers déjà éprouvés. Les tirs suivants perforèrent la proue et dévastèrent le poste de pilotage. D’immenses flammes s’échappèrent alors du fuselage mais s’éteignirent bien vite dans le vide de l’espace. Malgré tout, une série d’explosions secoua ce qu’il restait de la structure avant qu’une ultime et prodigieuse boule de feu ne consume le vaisseau définitivement. Dans l’instant qui suivit, l’onde de choc se déploya à une vitesse vertigineuse et carbonisa plusieurs chasseurs de la Nouvelle République. Puis elle rattrapa un autre vaisseau impérial qui implosa violemment sous l’impact. Enfin, elle frappa de plein fouet le Triomphant dont la coque émit des grincements inquiétants. Le général Rafelder vacilla sur ses pieds avant de se retenir comme il le put. Mais en relevant les yeux, il eut la satisfaction de voir qu’il ne restait plus qu’un seul vaisseau ennemi en approche. Cependant, celui-ci était à présent à moins de cent kilomètres. Rafelder se retourna violemment et hurla :
- Toutes les batteries sur le dernier adversaire ! Détruisez-moi ce fumier !
Le Triomphant fit une nouvelle fois parler sa puissance de feu, quadrillant l’espace de décharges destructrices. Mais le vaisseau impérial encaissa les impacts sans dévier de sa route.
- Mais…mais il va nous éperonner ! Murmura Rafelder.
A présent, le vaisseau emplissait la verrière du Triomphant. Sentant son cœur s’emballer, le général de la Nouvelle République s’époumona :
- Dégagez de sa route ! Vecteur d’évitement !
De façon pataude, le vieux croiseur commença alors à pivoter sur lui-même pour s’écarter, mais offrant par la même occasion son flanc aux tirs ennemis. L’engin impérial n’était plus qu’à dix kilomètres à présent, et la collision devenait inévitable. Comprenant qu’il ne parviendrait jamais à éviter l’impact, Rafelder ouvrit un canal de communication avec le Home One et lança d’une voix calme :
- Amiral, j’ai bien peur que vous deviez vous passer de nous pour la suite du combat. Désolé d’avoir échoué.
Le vaisseau blindé à la coque noir heurta de plein fouet le croiseur qui faillit se retourner sous la violence du choc. L’appareil impérial continua sur sa lancée, s’enfonçant littéralement dans la structure de sa cible. L’explosion fut cataclysmique. Des gerbes de flammes fusèrent en tout sens, propulsant d’énormes plaques de métal surchauffées. Puis le Triomphant s’ouvrit en deux, la poupe chuta en arrière et des milliers de corps furent catapultés dans le vide cosmique, allant s’entrechoquer avec des caisses de matériel et même des chasseurs qui étaient restés dans les soutes. La proue quant à elle, fut dévorée par une ultime explosion, avalant au passage un escadron entier d’ailes Y.

Sur la projection tactique de la bataille, Ackbar vit avec horreur le gros point bleu représentant le Triomphant disparaître subitement, laissant une énorme brèche dans le système de défense de la Nouvelle République. Et bien que contrôlés par ordinateur, les vaisseaux ennemis comprirent l’opportunité qui se présentait à eux et se ruèrent dans la faille afin de plonger vers Coruscant.
- Interceptez-les ! Ne les laissez pas passer ! Cria Ackbar.
Analysant en une fraction de seconde les forces en présence, l’Amiral poursuivit :
- Corvettes Droit de Vengeance, Faim de Victoire et Bourreaux de l’Empire, coupez leur la route ! Escadrons Soleil Jaune, Planète Rouge et Ciel Bleu, cueillez-les par l’arrière.
- Ici le Droit de Vengeance, nous sommes confrontés à un feu nourri et nous ne sommes pas sûr de pouvoir appliquer votre ordre, Amiral !
Ackbar poussa un soupir de désespoir avant de se reprendre presque aussitôt :
- Général Kalespian, que font vos frégates ?
La voix légèrement couverte de parasites du Corellien se fit bientôt entendre :
- J’en ai perdu la moitié pour stopper la première vague d’assaut. Les autres sont engagées dans des affrontements localisés, elles tiennent pour l’instant à distance l’ennemi.
- Vous pouvez en envoyer prendre la place du Triomphant ?
- J’ai bien peur que non. Ca serait ouvrir une brèche pour en fermer une autre !
- C’est mal parti…
- Je ne vous le fais pas dire.
L’Amiral se retourna alors vers son officier de communication et dit :
- Alertez Coruscant, dîtes leur qu’ils risquent d’avoir très prochainement de la visite.

***

L’aile X de Connor Skell évita une salve ennemie et passa en rase mottes au dessus d’une corvette impériale avant de dessiner un ample virage pour revenir vers sa cible. C’est en faisant ce nouveau passage qu’il vit les escadrons Ciel Bleu, Planète Rouge et Soleil Jaune se rassembler et voltiger vers la zone où se trouvait jadis le Triomphant. Quatre vaisseaux impériaux s’étaient enfoncés dans la faille et plongeaient maintenant vers l’atmosphère de Coruscant. Les corvettes Faim de Victoire et Bourreaux de l’Empire approchaient des deux côtés à la fois, sur un vecteur d’interception, tout en faisant cracher leurs tourelles. Mais les engins automatisés ripostèrent, tentant de maintenir à distance leurs poursuivants.
Les escadrons ne tardèrent pas à se mêler à l’affrontement et expédièrent une flopé de torpilles qui transpercèrent de part en part une corvette ennemie. Celle ci disparut dans une nouvelle explosion majestueuse qui donna l’impression de se lancer à la poursuite des ailes X aventureuses, avant de se rétracter soudainement.
- Plus que trois ! Hurla quelqu’un sur la fréquence générale des combats.
Le Bourreau de l’Empire dévia alors légèrement de son cap et s’approcha dangereusement d’un vaisseau impérial, qui alloua toutes ses batteries tribord pour repousser l’assaillant. Evoluant maintenant pratiquement côte à côte, les deux vaisseaux se canardèrent sans répit, s’arrachant mutuellement d’énormes plaques de métal. Cependant, une succession de salves plus dangereuses que les autres éventrèrent le Bourreau de l’Empire, qui devenu incontrôlable, plongea brutalement, annihilant au passage une aile B égarée. Fort heureusement, le Faim de Victoire comprit qu’il n’avait plus qu’à finir le travail et s’acharna sur l’appareil ennemi déjà endommagé. Bientôt, une nouvelle explosion prodigieuse vînt illuminer l’espace et des débris de coque noirs commencèrent à chuter avec paresse dans l’atmosphère de Coruscant.
- Plus que deux ! Assura le commandant du Faim de Victoire sur la fréquence tactique. Mais les deux autres sont en train de nous échapper.
La voix grave d’Ackbar se manifesta aussitôt :
- Escadrons Ciel Bleu, Soleil Jaune et Planète Rouge, occupez-vous de la cible que vous poursuivez. Escadron Lune Verte, vous êtes les plus proches de l’autre vaisseau. Vous pouvez vous en charger ?
- C’est parti ! Répondit alors le chef d’escadron de Connor.
Et dans un mouvement parfaitement synchronisé, les ailes X virèrent de bord, voltigèrent au dessus de deux patrouilleurs qui pilonnaient sans relâche leur adversaire, avant de se ruer vers l’orbite de Coruscant.

Tandis que les Lunes Vertes rattrapaient leur cible peu à peu, les trois autres escadrons tentèrent de prendre par l’arrière le deuxième vaisseau impérial. Celui-ci avait déjà amorcé sa descente sur la planète et ne semblait pas disposé à s’arrêter. Les chasseurs se positionnèrent derrière sa poupe et ouvrirent le feu. Mais leur adversaire riposta aussitôt en faisant pivoter ses redoutables batteries. Un flot d’énergie dévasta les rangs de l’escadron Ciel Bleu. Deux petits appareils furent même stoppés par les impacts et allèrent s’écraser contre leurs congénères, créant une succession de boules de feu brillantes.
Pendant ce temps là, l’escadron de Connor se sépara en deux groupes distincts pour prendre en étau leur proie. Arrivant par des vecteurs qui les protégeaient relativement de la puissance de feu ennemi, les chasseurs s’apprêtèrent à faire feu. Le leader Lune Verte déclara alors:
- Ne lui laissons aucune chance ! Balancez vos missiles à concussion, même si ce sont les derniers !
- A vos ordres.
Dans les cinq secondes qui suivirent, dix missiles filèrent en ligne droite vers la corvette impériale dont les boucliers furent aussitôt saturés. Disparaissant dans une vague d’énergie bleutée, les déflecteurs laissèrent alors passer les torpilles suivantes, qui arrivant des deux côtés à la fois, compactèrent littéralement la structure du vaisseau. Celle-ci se déchira sur toute la longueur avant de disparaître dans une déflagration ahurissante.
- On dégage ! Cria Connor en lançant son chasseur dans une manœuvre d’esquive à donner la nausée.
Le jeune lieutenant sentit les flammes le rattraper à une vitesse prodigieuse et ses instruments de bord s’affolèrent aussitôt. Et alors que son droïd astromécano commençait à être léché par les flammes, celles-ci se rétractèrent brutalement, abandonnant la poursuite. Connor expira de soulagement avant de cligner des paupières pour se débarrasser de la sueur qui coulait dans ses yeux et menaçait de lui brouiller la vue.
- Une bonne chose de faite ! Lança alors le chef d’escadron sur la fréquence commune.
- Il nous échappe ! Hurla alors une voix.
Par réflexe, Connor regarda l’autre vaisseau impérial et vit que celui-ci était parvenu à pénétrer dans l’atmosphère, décimant pour cela la quasi-totalité des chasseurs lancés à sa poursuite.
- Et merde…



***

Airen Cracken et Joshua Tenling se tenaient toujours sur le balcon du bureau du général, au sein du Palais Impérial. Ils écoutaient avec attention tous les rapports qui émanaient des forces se battant dans l’espace, juste au dessus de leur tête. En levant les yeux, Tenling eut même l’impression de voir l’éclat lointain des décharges d’énergie que s’échangeaient les deux flottes. C’est alors qu’un caporal essoufflé déboula sur le balcon, l’air effrayé:
- Mon général, mon commandant, l’Amiral Ackbar nous informe qu’un vaisseau ennemi a réussi à franchir le périmètre de défense. Il se dirige droit sur nous !
- On a pu déterminer ses coordonnées d’arrivée ?
- Oui, les voici, déclara l’homme en tendant un filmplast à son général.
Celui-ci les regarda avant de rétorquer :
- Très bien, envoyez un détachement de soldats là bas. S’il y a des droïds dans ces vaisseaux automatisés, je ne veux pas qu’ils posent un pied sur cette planète.
- Entendu mon général, mais vous devez savoir que quelque chose cloche.
- Comment ça ?
- Le vaisseau adopte un angle d’approche parfaitement inhabituel. En fait, il descend trop vite et trop à pic.
Cracken et Tenling se regardèrent alors droit dans les yeux et une ombre tomba sur leurs visages.

Le vaisseau noir mat impérial continuait son incroyable descente dans l’atmosphère de Coruscant, sa coque chauffée à blanc par la violente friction qui en résultait. En dessous de lui, la planète était immense, recouverte d’amas de métal gris clair striés par des lignes et des cercles de lumière majestueux. Ajustant sa course folle pour emprunter précisément le cap qui lui avait été attribué des années auparavant par les ingénieurs impériaux, le vaisseau accéléra encore, sans pour autant redresser, poursuivant ainsi son approche presque à la verticale.

***

« Mesdames et messieurs, je me trouve actuellement dans le quartier des affaires, où selon toute vraisemblance, un vaisseau impérial s’apprête à débarquer ! Oui, vous avez bien entendu, nos forces ont apparemment cédé face à la puissance dévastatrice de l’ennemi, lui laissant l’opportunité de se lancer à l’assaut de Coruscant. Vous voyez sans doute derrière moi le détachement de militaires qui prend position afin de repousser les envahisseurs coûte que coûte! Il est clair que nos soldats doivent à présent tout tenter pour empêcher que les Impériaux ne se répandent dans la ville et conquièrent les points stratégiques. En tout cas, une chose est sûre, la Dernière Volonté de l’Empereur était bien réelle ! Palpatine, de par delà la mort, est en train de prendre une terrible revanche sur la déjà vacillante Nouvelle République.
Je dois vous avouer que le spectacle ici est impressionnant, des centaines de soldats lourdement armés sont en train de quadriller le quartier. On me fait d’ailleurs signe de partir mais je dois aussi préciser que…
Attendez…attendez, j’entends quelque chose ! Argwen, monte la caméra, regarde, là, le point brillant juste au dessus de nous ! Oh mon Dieu, ça y’est, ils arrivent. Mesdames et messieurs, je peux voir à présent le vaisseau impérial en approche au dessus de nos têtes. C’est étrange, il semble tomber comme une pierre et n’a pas l’air de vouloir rétablir son assiette pour amorcer son atterrissage. C’est à la fois magnifique et terrifiant, et le bruit est de plus en plus assourdissant, je ne sais pas si vous pouvez encore m’entendre, mais ici, cela devient très difficile de… »
- Dégagez, dégagez, il ne veut pas se poser ! Il veut s’écraser ! Hurla au loin une voix apeurée.
« Quoi ? Oh non…attendez, non, allez Argwen, on dégage de là, rend l’antenne ! Il faut se barrer, il ne va pas s’arrêter. Vite ! Allez, lâche cette putain de caméra, on a pu le temps, si on reste on va tous… »


Joshua Tenling vit avec ses macrobinoculaires le vaisseau impérial s’abattre avec une violence inouïe à une vingtaine de kilomètre de lui, plongeant à l’ultime moment derrière une forêt de buildings resplendissants. Retenant son souffle, le commandant fut alors surpris de n’entendre plus aucun bruit, tout devint tout à coup d’un calme surprenant et ce pendant d’interminables secondes. Puis soudain, partant du lieu précis où le vaisseau s’était écrasé, un gigantesque disque de lumière se propagea, suivit par une vague monstrueuse de fumée dévastatrice, haute comme une montagne. Tenling vit avec horreur les buildings être fauchés les uns après les autres, sciés en deux par la violence de l’attaque. L’onde de choc se déplaça à une vitesse ahurissante, dessinant un gigantesque cercle autour du point d’impact. Puis un bruit assourdissant se fit enfin entendre, un son terrible qui fit exploser toutes les fenêtres encore debout dans un rayon de dix kilomètres. Et tandis que tous les immeubles s’écroulaient les uns après les autres dans un fracas étourdissant, certains décapités, d’autres pulvérisés à la base, Tenling vit la vague d’énergie se ruer vers lui telle un monstre assoiffé de sang que rien ne pouvait stopper. Il n’eut même pas le temps de prévenir Cracken de se baisser, l’onde les frappa avec une telle violence qu’ils furent soulevés du sol et catapultés en arrière. Ils brisèrent les vitres du bureau et finirent leurs courses dans celui-ci, littéralement cloués au mur. Les tympans en sang, les muscles douloureux, les traits déformés par la douleur, Tenling sentit une vague de chaleur incommensurable envelopper le Palais Impérial. Tout trembla, les meubles furent soulevés et balancés dans tous les sens alors que les murs et les plafonds se fissuraient. Hurlant pour que cela cesse, Joshua retomba enfin sur le sol et se prit la tête dans les mains.

Tout à coup, un calme absolu s’empara de nouveau de Coruscant, et plus rien ne se produisit. Ouvrant les yeux avec difficulté, le commandant rampa d’abord sur le sol au milieu des débris de verre et de bois avant de se relever péniblement. Il essuya le sang qui coulait dans ses yeux et vit à sa droite que Cracken se redressait également, l’air hagard. Tenling sortit alors dehors en traînant les pieds et s’immobilisa sur le balcon. Devant ses yeux, il n’y avait plus rien, hormis un paysage de désolation. Aucune structure n’avait résisté, aucun building n’était encore debout. Il n’y avait plus qu’un cratère, un immense cratère dont le centre était l’endroit précis où le vaisseau s’était écrasé. Dans le ciel, des milliers de débris brûlants retombaient en une pluie mortelle. Chancelant, Tenling murmura alors :
- La Dernière Volonté de l’Empereur…il veut tous nous tuer !

Tout était parfaitement clair maintenant, l’Empereur avait construit cette Armada Fantôme dans le but exclusif d’anéantir Coruscant et tous ses habitants. Il ne voulait pas s’en servir comme d’une arme pour reconquérir la planète, il voulait bel et bien l’annihiler, la rendre inhabitable pendant des générations. C’était là l’acte d’un fou à lier, un homme qui ne pouvait supporter que le cœur de la galaxie ne soit pas entre ses mains avides de pouvoir. Et Aldwin Faraday avait été chargé de déclencher ce plan diabolique. Dès lors, Tenling comprenait mieux l’utilité de l’antenne qu’il avait trouvée dans l’appartement de Faraday. Avant sa capture, l’impérial avait transmis un signal codé qui avait réveillé l’Armada Fantôme, stationné à des milliards de kilomètres de là, probablement dans les Régions Inconnues. Cette flotte prodigieuse s’était alors mise en route avec comme seule et unique mission de s’écraser sur Coruscant, quoi qu’il arrive. Les groupuscules impériaux, formés par Faraday, avaient alors eu pour objectif de saboter les boucliers planétaires, juste avant le jour prévu de l’attaque. Ainsi, l’Armada Fantôme était censée ne rencontrer aucune résistance pour accomplir sa macabre mission. C’était un plan diabolique, implacable. Un plan de l’Empereur.
Relevant enfin les yeux vers le ciel, Tenling ne put s’empêcher d’être saisi de tremblements. Chaque vaisseau ennemi qui parviendrait à franchir le barrage de la Nouvelle République coûterait la vie à des millions de personnes.
- Que la Force soit avec nous…murmura alors le commandant.

***

Connor Skell fut subjugué par l’explosion cataclysmique qui se produisit à la surface de Coruscant. Vu de l’espace, une boule de lumière se propagea en une fraction de seconde, suivi par la formation d’un immense champignon d’énergie. Et quand la manifestation se dissipa, Connor s’aperçut que là ou quelques secondes auparavant il y avait encore des constructions métalliques et des amas de lumière, à présent il n’y avait plus rien, juste le néant, formant une terrible tâche sombre circulaire au milieu du paysage lumineux de Coruscant. La voix du général Kalespian sortit alors Skell de ses pensées :
- Cette flotte n’a que pour seul but de s’écraser sur la planète et de tous nous détruire ! Il faut absolument l’empêcher de passer.
Alors la bataille reprit ses droits avec toujours plus d’intensité. Le Home One accentua la pression en allouant la totalité de ses batteries de proue à repousser deux vaisseaux ennemis qui fonçaient sur lui. Le premier fut anéanti au bout de quelques secondes et partit en crabe avant d’exploser brutalement. Le deuxième reçut le coup de grâce par l’action conjointe de deux frégates endommagées et d’un escadron de bombardiers. Il disparut, avalée par une immense langue de flamme qui ne laissa que des cendres et des débris errants.

Connor, pour sa part, n’avait plus de missiles à concussion, mais continuait malgré tout de se battre avec ses quadlasers, harcelant tous les vaisseaux noirs qui croisaient sa route. Partout autour de lui, des chasseurs explosaient, tandis que de plus gros appareils terminaient leurs courses dans des déflagrations majestueuses. Skell était en train de slalomer entre des morceaux de métal incandescents et des lasers ennemis quand une voix affolée se fit entendre :
- Trois vaisseaux ennemis ont franchi le barrage ! Et nous ne sommes pas assez nombreux pour les retenir !
Connor tourna brutalement la tête et vit en effet trois corvettes blindées entamer leur descente dans l’atmosphère, poursuivis par un essaim de chasseurs. Skell dut bien vite se rendre à l’évidence, la catastrophe était inévitable, car ni le Home One, ni le Guerrier Invincible n’étaient en mesure de rattraper les fuyards. Et le jeune lieutenant eut une pensée pour tous les civils qui étaient encore sur Coruscant et qui s’apprêtaient à basculer en enfer.


***

Aldwin Faraday fut tiré de son profond sommeil par le hurlement répété d’alarmes au son strident. Ouvrant les yeux avec difficulté, il fut d’abord surpris de n’avoir dans son champ de vision qu’un plafond d’un blanc immaculé. Puis il se rendit compte qu’il était confortablement installé dans un lit d’hôpital. Il était seul dans la chambre et il s’aperçut bien vite que plusieurs petits tuyaux transparents avaient été enfoncés dans ses bras pour l’alimenter. A côté de son lit, un gros ordinateur bipait avec régularité.
Des cris d’effroi, suivit de lointaines explosions se firent alors entendre. Tournant la tête vers la seule fenêtre de la chambre, Aldwin Faraday se demanda ce qu’il se passait. Puis, les évènements des dernières heures affluèrent brutalement dans son esprit et ses yeux s’écarquillèrent en même temps qu’une puissante décharge d’adrénaline se répandait dans ses veines :
- Ca a commencé…Souffla t-il.
Il se leva alors avec difficulté, ressentant une vive douleur dans la poitrine, avant d’enlever les fils qui pénétraient dans ses veines. Puis, chancelant, il s’approcha de la fenêtre et s’appuya contre elle pour voir ce qu’il se tramait dehors.

D’où il était, Aldwin pouvait voir au loin d’immenses incendies qui ravageaient les alentours du quartier des affaires. Quant au ciel matinal, il était baigné par une palette de couleurs somptueuses qui allait du rose léger au rouge sang en passant par un orange délicat. Pas un seul nuage ne venait gâcher ce spectacle saisissant et apocalyptique.
Et c’est alors qu’il les vit. Trois petits points noirs qui semblaient plonger à la verticale, sans jamais vouloir redresser leurs courses.
- Noooon…Murmura Aldwin en sentant les battements de son cœur s’accélérer.
- Vous voyez, votre trahison n’y aura rien changé, fit alors une voix caverneuse et effrayante.
Aldwin pivota sur lui-même et faillit s’écrouler de stupeur quand il vit l’Empereur qui le dévisageait de ses petits yeux flamboyants. Palpatine se tenait près du lit défait, portant son habituelle tunique d’un noir absolu, ses mains d’un jaune pâle cadavérique appuyées sur sa canne tortueuse.
- Vous êtes mort, réussit à bredouiller Aldwin, les jambes flageolantes.
Un sourire hideux éclaira le visage de l’ancien maître de la galaxie :
- Mais ma Dernière Volonté est en train de s’accomplir et sans votre coopération. Je pense que pour vous punir, vous allez mourir avec tous ces êtres pathétiques que vous avez eu l’impudence de vouloir sauver.
Faraday se mit la tête dans les mains avant de marmonner :
- Non, c’est impossible…
- Mais si, regardez général le fruit de ma vengeance, regardez la démonstration de ma toute puissance.

Alors Aldwin Faraday regarda. Il vit avec horreur les trois points noir grossir, jusqu’à adopter la forme concrète de vaisseaux trapus lourdement armés. Puis ils disparurent dans la jungle d’habitations de Coruscant. Faraday retint alors son souffle, espérant inutilement que rien n’allait se produire. Une première déflagration apocalyptique se répandit, propageant un disque d’énergie qui annihila tout sur son passage, renversant les plus hauts immeubles de Coruscant comme de vulgaires jouets. Tels de majestueux arbres abattus, les tours s’affaissèrent les unes après les autres, formant un immense nuage de fumée qui monta vers les cieux aux couleurs torturées. Tout à coup, un deuxième arc lumineux se forma plus au Nord, tout de suite suivi par un son assourdissant et suraigu qui se propagea à une vitesse vertigineuse. Tout ce qui se trouva alors sur le chemin du flot destructeur fut réduit à l’état de poussière en une fraction de seconde. Des dizaines de vaisseaux disparurent en un claquement de doigt, des monuments furent arrachés de leur fondation et réduit en bouilli de ferrobéton et d’autres buildings furent soufflés, leurs milliers de fenêtres explosant simultanément dans un incroyable son cristallin. Sur un diamètre de vingt kilomètres, toute vie fut anéantie, instantanément carbonisée et une pluie de cendres retomba alors en douceur sur le sol dévasté. Et à peine cette deuxième explosion s’était elle rétractée, qu’une troisième se déclencha plus au Sud cette fois ci. Une fois encore, le même processus destructeur se produisit. Mais cette fois ci, Aldwin Faraday put même sentir le sol trembler, les meubles se soulever et les murs se fissurer. Rapidement, le son insoutenable envahit les oreilles de l’impérial qui tomba aussitôt à genoux sur le carrelage. Se prenant alors la tête dans les mains, il cria :
- Mais qu’est ce que j’ai fait ? Qu’est ce que j’ai fait ?
Personne ne lui répondit, car il était irrémédiablement seul dans la petite pièce. Au dehors, Coruscant agonisait, exposant à la vue de tous ses profondes plaies béantes.

***

Dans les cieux surchargés de la planète, la bataille continuait de faire rage, les vaisseaux s’entredéchirant dans des déferlements d’énergie. Les explosions succédaient aux explosions, faisant de la zone de combat un capharnaüm innommable. Les chasseurs de la Nouvelle République tombaient les uns après les autres, emportant dans la mort les impitoyables vaisseaux envoyés par l’Empereur.
L’Amiral Ackbar regarda avec soulagement une de ces corvettes finir sa vie dans une déflagration éblouissante, avant qu’une voix ne se fasse entendre sur la fréquence générale des combats :
- Nous demandons des renforts ! Secteur Est débordé, nous avons besoin d’aide !
Le Mon Calamarien s’appuya alors sur la table qui projetait une simulation holographique de la bataille et vit que quelques points bleus étaient en train d’être submergés par les points rouges qui arrivaient de tous les côtés, enserrant leurs proies dans un étau mortel. En détaillant le reste de la projection, Ackbar dut se rendre à l’évidence, aucun vaisseau ne pouvait porter secours aux forces du Secteur Est. Chaque appareil était engagé dans une terrible lutte à mort et la moindre démobilisation permettrait aux impériaux de se ruer vers Coruscant. Ackbar dit alors d’une voix triste :
- Je crains…je crains que vous ne soyez obligé de résister seul. Nous ne pouvons pas vous envoyer des renforts. Pas pour l’instant du moins.
La réponse mit quelques secondes à arriver :
- Entendu…alors nous nous battrons jusqu’à la mort.
- Que le Force soit avec vous.
Ackbar releva alors les yeux vers la verrière d’observation et vit au loin les forces républicaines être prises d’assaut par l’ennemi. Les chasseurs résistèrent vaillamment mais furent bien vite éliminés par les tirs croisés des batteries adverses. Une trentaine d’explosions se matérialisèrent coup sur coup, sorte de funeste feu d’artifice se détachant de la noirceur de l’espace. Puis ce furent au tour des patrouilleurs et des frégates de se retrouver en première ligne. Elles concentrèrent leur puissance de feu sur le vaisseau ennemi le plus proche qui perdit ses boucliers avant d’être scindé en deux. L’implosion majestueuse qui suivit déploya une vague d’énergie qui anéantit deux frégates trop proches. Leurs restes commencèrent à errer dans le vide spatial, s’entrechoquant avec des milliers de corps gelés. Les corvettes de l’Armada Fantôme poursuivirent alors leur route, dévastant tout sur leur passage.
- Faille dans le secteur Est ! Annonça un officier de pont.
- Je sais, répondit Ackbar.
Le Mon Calamarien regarda une dernière corvette disparaître dans un éclat éblouissant avant de marmonner :
- Nous sommes perdus.
Dix vaisseaux impériaux s’engouffrèrent dans la faille et se lancèrent à l’assaut de Coruscant.

C’est alors qu’en parallèle à leurs courses, les lignes de l’espace et du temps se distendirent et une succession de vaisseaux de différentes tailles émergèrent de l’hyperespace. L’un d’eux n’eut pas le temps de décélérer et percuta de plein fouet une corvette ennemie. Les deux appareils fusionnèrent dans la mort en créant une explosion majestueuse. Mais les autres arrivants comprirent bien vite la situation et se mirent aussitôt en position d’attaque afin de pilonner les vaisseaux de l’Empire. A bord du Home One, un lieutenant cria de joie :
- La flotte de Contruum ! C’est la flotte de Contruum ! On peut dire qu’ils arrivent juste à temps.
Ackbar esquissa alors un petit sourire. Tout espoir n’était pas perdu et la lutte méritait d’être menée jusqu’au bout.

Mais pour la première fois depuis le début de la bataille, les vaisseaux de l’Armada Fantôme adoptèrent une stratégie différente. Sur les dix qui se précipitaient vers Coruscant, trois modifièrent brutalement leur cap pour faire face aux nouveaux arrivants. Les renforts de Contruum étaient constitués de deux croiseurs datant de la Guerre des Clones et de quatre patrouilleurs lourds Mon Calamariens. Rapidement, une flopée de chasseurs de combats sortit des soutes des deux immenses vaisseaux pour en découdre. Les corvettes impériales déversèrent un flot ininterrompu de lasers sur ces renforts qui durent se résoudre à adopter une position défensive. Pendant ce temps là, les sept autres envoyés de l’Empereur pénétrèrent dans l’atmosphère de Coruscant, leurs coques s’enflammant instantanément.

***

Se tenant debout devant une fenêtre sale de son appartement miteux, Azel Skell était pétrifié par ce qu’il voyait. A une trentaine de kilomètres de sa position, des champignons de fumée se répandaient inlassablement, toujours plus alimentés par l’effondrement des bâtiments anéantis par la Dernière Volonté de l’Empereur. Un chaos indescriptible régnait dans ces quartiers dévastés. Des individus courraient en tout sens en criant, tandis que des explosions résiduelles finissaient de les terroriser. Des vaisseaux de secours volaient en tout sens, avant d’être abattu par des débris qui retombaient violemment où par des langues de flammes prodigieuses qui se projetaient tout à coup vers le haut suite à l’explosion d’une conduite de gaz. Des spirales de fumée noires montaient vers le ciel rouge sang, telles des géants de poussière défiant les cieux. Azel vit même passer devant sa fenêtre un speeder enflammé qui alla s’écraser quelques centaines de mètres plus loin dans un fracas métallique. Plus au Nord, un autre building s’écroula, se tassant sur lui-même avant d’être englouti par les flammes.
Azel déglutit avec difficulté devant ce paysage apocalyptique. Ainsi donc son fils lui avait dit la vérité. L’Empereur avait ourdi un terrible stratagème pour détruire Coruscant et rayer de la carte la jeune et inexpérimentée Nouvelle République. Et Faraday avait été l’élément déclencheur de tout ceci. Azel vacilla sur lui-même avant de se retenir à un rideau élimé. Comment tout cela était-il possible ? Comment un monde qui venait d’être libéré de l’oppresseur pouvait-il de nouveau basculer dans les ténèbres absolues ?
Azel Skell comprit alors qu’en ce terrible instant, il aurait du être avec son fils, comme toutes les familles. Ils auraient du s’entraider et trouver ensemble un moyen de lutter contre la folie vengeresse de Palpatine. Au lieu de cela, Azel avait été à deux doigts de tuer son seul enfant pour assouvir une vendetta, qui de toute façon, ne lui aurait pas ramenée sa défunte femme. Il s’était laissé envahir par la colère, consumer par la haine et il en payait à présent le prix. Et tandis qu’au dehors un aérotrain devenu incontrôlable voyait ses wagons s’enflammer les uns après les autres avant de dérailler, Skell se mit à pleurer.

***

Joshua Tenling, le visage en sang, les mains écorchées, regarda avec horreur sept vaisseaux de l’Armada Fantôme descendre vers Coruscant, leur couleur noire se détachant de celle du ciel. Telle une pluie d’enfer, les corvettes allèrent s’écraser sur des cibles bien précises, s’abattant à intervalles réguliers en martelant le sol.
Devant les yeux effrayés du commandant, les disques d’énergie brute se propagèrent les uns après les autres, baignant Coruscant pendant d’interminables secondes dans une aura de lumière aveuglante. Puis le grondement des explosions se fit entendre, inlassablement, alors que des centaines de constructions étaient anéanties, toutes avalées les unes après les autres par la fureur des flammes. Vu du ciel, les impacts blancs étincelants se succédèrent pendant près d’une minute, avant de se répandre à la surface de Coruscant, telle de la lave en fusion. Et pendant ces secondes épouvantables, des millions de vie furent anéanties, fauchées sans aucune compassion.
Le sol de Coruscant frémit sous les impacts puis sous les tremblements de terre dévastateurs qui séparèrent des routes, créèrent des falaises et creusèrent des gouffres dans lesquels disparurent des buildings entiers. Et quand la dernière manifestation de la terrible vengeance de l’Empereur se calma enfin, Tenling eut l’impression d’avoir sombré dans les abysses. Partout autour de lui, il n’y avait plus que des flammes gigantesques et des murs de fumée impénétrables.

***

Dans l’espace, au prix d’un combat acharné, la flotte de Contruum parvînt à détruire les trois vaisseaux qui étaient restés pour lui faire face. Et c’est dans un océan de métal fondu que les appareils de la Nouvelle République naviguèrent afin de rejoindre un autre secteur où la bataille faisait rage.
Toutefois, à présent, le nombre de vaisseaux, ennemis comme alliés avait considérablement diminué. Mais il en restait assez pour causer des dommages considérables sur Coruscant. Alors la Nouvelle République se battit avec l’énergie du désespoir, jetant toutes ses forces dans la bataille, s’acharnant avec courage et détermination sur l’ennemi impérial qui lui rendit coup pour coup.
Et bientôt, quelque chose d’incroyable se produisit. Les deux flottes, à l’origine dispersées sur plusieurs centaines de kilomètres se regroupèrent quasi simultanément, formant une force compacte prête à enfoncer l’adversaire. Mieux, elles adoptèrent la forme d’une flèche, parée à se planter dans le cœur de l’ennemi. Et c’est ainsi que les forces en présence se lancèrent dans un ultime assaut.

Voltigeant autour de l’armada de la Nouvelle République, Connor se trouvait près de la pointe de l’attaque, voyant venir vers lui les derniers ennemis impériaux bien décidés à les enfoncer pour en finir. Skell tourna la tête et vit à un kilomètre de lui à peine, l’immense structure du Home One, qui avec le Guerrier Invincible, menaient la révolte. Les frégates restantes s’étaient positionnées de part et d’autre de la pointe, prête à tout pour repousser les envahisseurs. Alors Connor expira lentement pour se concentrer au maximum et jeta un coup d’œil sur ses instruments de bord. Ses déflecteurs n’étaient plus chargés qu’à vingt pour cent.
- Espérons que cela suffira, marmonna le jeune homme en voyant les engins impériaux grossir à vue d’œil.

Les deux flottes rassemblées furent rapidement à distance de tir, et un déluge de laser fut déversé, créant un malstrom d’énergie infranchissable. Le Home One et le Guerrier Invincible encaissèrent de puissantes décharges mais tinrent bon et maintinrent le cap tout en répliquant. Leurs salves eurent raison de l’opposant qui était le plus proche d’eux et qui se désintégra en milliards de particules. Les autres vaisseaux réajustèrent leur formation et poursuivirent leur avancée.
A bord du Home One, Ackbar vit les impériaux se ruer vers son vaisseau. Comprenant qu’ils ne s’écarteraient pas, le Mon Calamarien hurla pour couvrir le bruit des alarmes de proximité :
- Transmettez l’ordre suivant. Je veux que tous les vaisseaux s’écartent au dernier moment, et laissons les impériaux s’engouffrer dans le corridor. Il sera alors temps d’en finir une bonne fois pour toute !
- A vos ordres.
L’instruction eut juste le temps d’être relayée avant que les impériaux n’arrivent. A l’instant fatidique, le Home One et le Guerrier Invincible modifièrent leurs courses, chacun s’écartant dans un sens. Les vaisseaux de l’Empereur poursuivirent sur le même cap. Puis ce fut toute la flotte de la Nouvelle République qui se scinda en deux pour laisser passer leurs ennemis. Alors, des tirs croisés canardèrent ces derniers qui ripostèrent sans tarder avec leur artillerie bâbord et tribord. C’est dans un tout petit périmètre que les derniers instants de la bataille de Coruscant eurent lieu. Dans une apogée de violence, des centaines de vaisseaux disparurent les uns après les autres, une boule de feu étant instantanément remplacée par une autre. Des milliers de débris, de caisses de matériel et de cadavres envahirent rapidement le champ de bataille. Et tandis que les impériaux remontaient toujours le corridor formé par les troupes de la Nouvelle République, des moitiés de vaisseaux carbonisées se retrouvèrent à errer sans but en s’entrechoquant. L’une après l’autre, les corvettes impériales succombèrent, martelées inlassablement par les tirs des croiseurs et des chasseurs républicains.

Dans cet ultime affrontement, le Guerrier Invincible perdit un réacteur et la quasi-totalité de ses batteries bâbord rendirent l’âme. Quant au Home One, sa coque rose pâle fut rapidement striée de noir de suie. Une ultime déflagration emporta deux escadrons entiers de chasseurs, dont les explosions secondaires vinrent alimenter la principale. Celle-ci rattrapa et dévora un patrouilleur en bien piètre état. Sa verrière principale fut brisée sous la violence du choc et les flammes s’engouffrèrent dans la structure, la consumant de l’intérieur. Puis, les deux flottes finirent enfin de se croiser.

Sur le pont principal du Home One, les lumières clignotèrent, s’éteignirent brutalement avant de revenir quelques secondes plus tard. Ackbar écouta la structure de son croiseur grincer avec insistance. Priant pour qu’elle tienne bon, le Mon Calamarien demanda alors :
- Rapport ?
- Amiral, notre vaisseau n’a plus de déflecteur. Les batteries quatre à trente quatre sont inutilisables. On nous signale des avaries dans les compartiments deux, trois et quatre. Le pont Est serait exposé au vide spatial. Mais nos réacteurs ont tenu le choc.
- Et l’ennemi ?
- Il a été totalement dét…attendez ! Non, il en reste un !
Ackbar pivota aussitôt sur lui-même et s’écria :
- Quoi ?
- Je ne sais pas comment c’est possible, mais il a réchappé au dernier assaut et il file vers Coruscant.
L’Amiral regarda alors la projection tactique et son cœur fit un raté quand il vit un point rouge qui filait dans le sens opposé aux points bleus restants.
- Non, c’est impossible.
- Amiral, nous ne sommes pas en mesure de le rattraper, lança un officier en baissant les yeux.
- Le Guerrier Invincible ?
- Nous venons de recevoir le rapport du général Kalespian. Il a perdu un réacteur et il ne peut plus se déplacer rapidement. Il a besoin de faire des réparations d’urgence.
- Et nos chasseurs ?
- Ils ne résisteraient probablement pas à une entrée dans l’atmosphère.
Ackbar frappa alors avec violence sur la table de projection holographique et ferma les yeux. Il ne pouvait tolérer qu’un nouveau désastre ne frappe Coruscant. Pas encore. Et soudain, il rouvrit les yeux. Une idée folle venait de germer dans son esprit génial.

***

Sur le balcon branlant du bureau du général Cracken au sein du Palais Impérial, Joshua regardait encore Coruscant brûler un peu partout autour de lui. Un nombre incalculable de vaisseaux pompiers circulaient dans le ciel, déversant des tonnes d’eau sur les incendies les plus violents. Tenling sentit une présence à côté de lui et vit Cracken s’approcher lentement en se tenant le bras. Pire encore, une grande tâche de sang était apparue sur son flanc droit.
Joshua n’eut même pas le temps de prononcer le moindre mot. Il entendit tout à coup un rugissement familier et leva aussitôt les yeux vers le ciel. Un petit point noir était en train de grossir à vue d’œil et se dirigeait tout droit vers le quartier du Palais Impérial. Et Cracken dit tout haut ce que le commandant pensait à cet instant précis tout bas :
- Celui là, il est pour nous.
Le bruit devint de plus en plus assourdissant, tandis que le vaisseau approchait à une vitesse folle de sa cible.
Tenling regarda alors pendant un instant le splendide soleil qui se levait enfin sur Coruscant avant de déclarer d’une voix lasse :
- Au moins, c’est une magnifique journée pour mourir.
Et les deux hommes attendirent l’inéluctable.

***

A bord du Home One, le chargé des machines fit les yeux ronds en entendant les ordres de l’Amiral Ackbar :
- Mais Amiral, les propulseurs hyperspatiaux ne sont pas faits pour ça, ils pourraient ne pas tenir.
- Mais théoriquement, c’est possible ?
- Et bien…oui, je suppose.
- Alors je suis prêt à prendre le risque.
Un lieutenant approcha alors et assura :
- Amiral, tenter une telle chose est de la folie, nous pouvons tous mourir si nous échouons.
- Je ne laisserai pas ce vaisseau s’écraser.
- Mais…
- Nous perdons du temps. Faîtes ce que je vous dis. Et ayez confiance en moi, ça va marcher.
L’Amiral fit une petite pause avant de terminer :
- Calculez les coordonnées de saut. Et ne commettez pas d’erreur.
Un officier de pont se mit alors à tapoter fébrilement sur son clavier avant de regarder des données défiler sur son écran de contrôle. Enfin, il se retourna vers son supérieur et dit d’une voix craintive :
- Coordonnées entrées. On peut…on peut y aller.
Ackbar s’approcha alors de la verrière d’observation qui lui offrait une vue splendide sur l’espace, avant de se camper bien droit sur ses jambes et de crier :
- Exécutez le saut !
Tout à coup, le Home One bondit dans l’hyperespace pour en ressortir aussitôt. La noirceur de l’espace fut alors remplacée par le bleu du ciel. Dans la fraction de seconde qui suivit le saut en atmosphère, toutes les alarmes se déclenchèrent simultanément et la coque du vaisseau se mit à se contracter de toutes parts.
- On tombe comme une pierre ! Hurla quelqu’un
- Mais où est-il bon sang ? S’écria Ackbar en retour.
C’est alors que le vaisseau impérial apparut dans le champ de vision de l’Amiral. Sentant l’espoir revenir, le Mon Calamarien lança :
- Abattez-le !

Joshua Tenling et Airen Cracken n’en crurent pas leurs yeux, quand à plusieurs kilomètres au dessus de leur tête, le Fureur des Cieux se matérialisa comme par enchantement. A peine apparu, le croiseur entama une chute vertigineuse que rien ne semblait pouvoir arrêter, victime de l’attraction de Coruscant. Puis, le vaisseau étendard de la Nouvelle République ouvrit le feu sur la corvette impériale qui encaissa les premiers coups. Mais une succession répétée de salve finit par transpercer le fuselage de part en part.

- Il va exploser, on dégage de là ! Hurla Ackbar.
- Saut à l’aveugle ! reprit un officier en se ruant sur ses instruments.
Tout à coup, dans un affreux déchirement métallique, le Fureur des Cieux s’arracha violemment à l’attraction de Coruscant et bondit dans l’hyperespace, pour une fois encore, en ressortir aussitôt. Une succession d’explosions ébranla alors le croiseur qui se mit à tanguer dangereusement. Enfin, tout se calma et Ackbar parvînt à se redresser pour constater qu’ils avaient atterri en plein milieu d’un immense champ de débris qui orbitait à présent autour de la planète. Brusquement, toutes les lumières s’éteignirent et un chuintement désagréable se fit alors entendre.
- Rapport des dégâts ? Demanda Ackbar tandis que son vaisseau gîtait de plus en plus.
- L’intégrité de la coque a été durement éprouvée, Amiral. Nous n’avons plus d’énergie et les systèmes de survie ne resteront pas opérationnels pendant bien longtemps.
Le Mon Calamarien se gratta alors le menton avant de s’exclamer :
- Bien, il est donc temps que l’on abandonne le vaisseau.




***

Le dernier représentant de l’Armada Fantôme se désintégra dans le ciel de Coruscant, produisant un disque majestueux de lumière qui se développa sur une vingtaine de kilomètres. Mais fort heureusement, à cette altitude il ne causa aucune destruction ou perte. Et tandis qu’une pluie de cendres retombait sur le Palais Impérial et ses alentours, Joshua Tenling s’autorisa à sourire :
- Je crois qu’on l’a échappé belle.
- Je crois surtout que je vais devoir payer un coup à Ackbar! Assura Cracken en retour.
Et les deux hommes se congratulèrent chaleureusement.

***

Quand Joshua et Connor s’arrêtèrent tout deux devant la porte de la chambre d’hôpital dans laquelle se trouvait Aldwin Faraday, deux jours s’étaient écoulés depuis le déclenchement de la Dernière Volonté de l’Empereur. Souriant, Tenling fit à son subordonné :
- Je suis sincèrement heureux que vous ayez survécu à cette bataille. Il paraît que ça a été l’enfer là haut.
Connor sourit à son tour avant de répondre :
- Je n’aurai donné ma place pour rien au monde. Je suis fier d’avoir participé à cet affrontement, même si beaucoup des nôtres sont morts.
- Je crois qu’à présent, vous allez pouvoir prendre un repos bien mérité.
Cette fois ci, Skell afficha un air espiègle :
- Je n’en suis pas si sur ! Après tout, le procès de Faraday ne s’est pas encore achevé, je suis donc toujours chargé de lui coller aux basques. Et puis…
Le jeune homme s’arrêta et une once d’incertitude se lut alors dans son regard. Ayant perçu ce changement d’humeur, Tenling dit d’une voix douce :
- Votre père ?
- Ouais…je ne sais pas quoi faire.
- Je vous dirai bien que c’est un terroriste qui doit être traduit en justice pour ce qu’il a fait, mais je sais qu’il est surtout dévoré par la colère et le chagrin.
- Mais…si je le croise de nouveau, que devrais-je faire ? Après avoir perdu ma mère, je ne vais quand même pas envoyer la seule famille qui me reste en prison !
Le commandant posa alors une main compatissante sur l’épaule de son lieutenant :
- Quand ce moment viendra, vous prendrez une décision. Et je suis certain que ce sera la bonne.
Puis se tournant vers la porte de la chambre, Tenling poursuivit :
- Bon, allons voir notre impérial préféré. Vous entrez ?
- Euh non…je dois retourner à la caserne, j’ai des affaires à régler. On se voit plus tard !
- Entendu.
Joshua frappa avant d’entrer dans la petite pièce aux murs et au plafond blanc. La chambre était meublée au minimum, avec un lit, une table de chevet et un petit fauteuil. Un garde armé, parfaitement immobile se tenait dans ce dernier. Faraday, quant à lui, était assis dans son lit, son dos reposant contre deux oreillers moelleux. En entendant la porte s’ouvrir, il releva les yeux de sa lecture et déclara :
- Commandant, je ne m’attendais pas à votre visite.
Tenling s’arrêta au bout du lit et fourra les mains dans ses poches :
- Oui…je…je me demandais comment vous alliez.
- Pas trop mal pour un homme qui a failli une nouvelle fois mourir. Et rassurez-vous, je serai apte pour assister au dénouement de mon procès, si c’est ça qui vous inquiète.
Tenling se gratta l’arrière de la tête avant de répondre :
- Non en fait, j’étais venu vous…remercier.
Faraday écarquilla les yeux :
- Je ne comprends pas.
- Vous avez fait le bon choix, vous vouliez empêcher la Dernière Volonté de l’Empereur de s’appliquer.
- Mais je n’ai même pas eu le temps de vous en parler ! Et si j’avais avoué plus tôt, vous…
- Ce que vous m’avez dit a suffit pour nous préparer.
Un silence pesant tomba alors entre les deux hommes, avant que Faraday ne reprenne d’un ton innocent :
- Vous savez qu’il y a deux jours à peine, l’Empereur se tenait exactement au même endroit que vous en ce moment !
Joshua souleva les sourcils de surprise avant de demander :
- Général, vous êtes sûr que vous allez bien ? L’Empereur est…
- Mort, oui je sais.
- Et vous avez contribué à rendre sa vengeance impossible. Son plan a échoué…
- En êtes-vous si sûr ? Le coupa alors Aldwin en désignant la fenêtre.
Au dehors, des incendies localisés ravageaient encore certains quartiers de la planète et le ciel d’un bleu magnifique était toujours quadrillé par les vaisseaux de secours. Un nombre incalculable de personnes avait perdu la vie et il faudrait certainement des années avant de pouvoir établir un décompte exact. Tenling déglutit avant de lancer :
- Disons que nous sommes parvenus à sauver des millions de vies. Et la Nouvelle République est toujours debout. Donc Palpatine a bel et bien failli.
Faraday hocha lentement la tête après plusieurs secondes d’intense réflexion. Puis il déclara d’une voix ferme :
- Vous savez, je crois qu’à présent je suis disposé à vous dire où se trouvent les cachettes des groupuscules impériaux qui ont détruit les boucliers planétaires.
- Vraiment ?
- Oui…je dois avouer que vous avez réussi là ou d’autres ont échoué, commandant. Vous m’avez ouvert les yeux.
- Oh…
- Bien sûr, ils ne resteront pas longtemps ouverts, assura l’impérial sur un ton résigné.
- Comment ça ?
- Le dénouement du procès…
- Ah…oui, répondit Tenling gêné.
Un nouveau silence s’imposa alors entre les deux hommes, avant que l’impérial ne déclare :
- J’ai tué des milliers de personnes, n’ayez surtout pas pitié d’un homme tel que moi.
Tenling, ne trouvant rien à rétorquer, préféra changer de sujet :
- Bien, je vais vous laisser vous reposer.
- Vous avez raison, je dois être en forme pour affronter la sentence du tribunal.
Joshua tourna alors les talons et sortit promptement de la petite chambre. Faraday fixa alors la porte pendant d’interminables secondes, les yeux dans le vague. Puis il les ferma, avant d’expirer doucement, plein de lassitude. Enfin, il s’endormit.

Et dans son sommeil, il revit une fois de plus la même petite fille, blottissant son adorable peluche contre son cœur. Et pour la première fois depuis des années, elle lui sourit.


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