Quelle est vraiment la morale de cet Episode IX ?
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En principe, jusqu'ici, chaque épisode final d'une trilogie Star Wars délivrait une morale lisible et cohérente qui couronnait ou sanctionnait le ou les arcs des personnages principaux.
Dans ROTJ, Luke se voit récompenser de son éthique. Sa loyauté envers Han qu'il est allé sortir des griffes de Jabba permet à Han de mener à bien sa misson sur Endor pour faire exploser le bunker et permettre à la flotte Rebelle de détruire la nouvelle Etoile de la Mort ; sa totérance, sa patience et son refus de la violence face aux Ewoks (Luke empêche Han de tirer) permet des rallier un soutien inattendu et décisif qui fout en l'air les plans de Palpatine ; sa compassion et son amour pour son père permet de vaincre l'Empereur en ayant jeté son sabre : symboliquement, ce n'est pas la violence qui permet au héros de vaincre le Mal, mais son amour qui "tue" le Mal à travers Vader qui se retourne contre l'Empereur.
Dans ROTS, Anakin échoue pour la raison inverse. Ses émotions négatives, ses frustrations, sa soif de pouvoir et de maîtrise le détruisent, détruisent le monde qui l'entoure et celle qui l'aime. Lucas livre aussi une morale collective : il ne suffit pas de se proclamer du camp du bien pour faire le bien, la paix et la démocratie sont des choses fragiles qu'on peut mettre en péril si on n'est pas vigilant et si on cède à nos mauvais instincts.
Pour TROS, un mois après son visionnage, je suis bien en peine de dégager un véritable sens moral qui tienne la route.
► Peu importe ton sang, ce sont tes actes qui comptent ?
Sur ce point - qui tient peut-être plus du lieu commun que de la morale - les choses sont assez floues et contradictoires. D'abord la question de la filiation de Rey à Palpatine ne semble jamais réellement poser un dilemme à Rey. Ça nourrit uniquement un questionnement sur elle-même (suis-je moi aussi le mal ? Sauf qu'à ce stade de l'histoire, le spectateur sait que non, donc c'est questionnement factice), entamé avant même qu'elle apprenne cette filiation. Et ce questionnement est vite résolu/balayé par... quelqu'un d'autre, le Force Ghost de Luke, qui lui sort un discours de coach et lui sort son vaisseau de la flotte : "allez hop, cocotte, fonce, ne te prends pas la tête, on t'aime bien". On a vu mieux comme résolution d'enjeux...
Pour le reste, on ne peut même pas parler d'enjeux. Cette filiation ne change rien du regard que les autres lui portent, ni du regard qu'elle-même porte sur les autres, notamment les deux camps qui s'opposent. Palpatine ne représente à aucun moment une tentation crédible pour Rey. Rien qui ne puisse l'attirer. Elle n'a aucun lien d'attache avec lui, juste de la haine parce que papy Palpy a tué ses parents. Et c'est cette haine (et les voix des Jedi qui sortent d'on ne sait trop où) qui lui permettent de vaincre assez facilement la vieille carne. Rey se venge et venge ses parents. La haine et le désir de vengeance sont ainsi récompensés, ce qui va complètement à l'encontre des morales des deux précédentes trilogies, où la haine et l'instinct de vengeance sont présentés comme des impasses.
On est aussi dans un paradoxe car le film superpose essentialisme et anti-essentialisme. D'un côté, on nous dit que Rey pourrait être génétiquement mauvaise car petite-fille de Palpatine (et là on est strictement sur le génétique, pas sur le culturel, l'affectif, puisque Rey n'a jamais eu le moindre lien / contact avec son papy méchant) mais que finalement, non. Sans trop nous dire pourquoi et ce que Rey doit faire pour échapper à ce déterminisme.
L'autre souci c'est Ben Solo / Kylo Ren. Dont finalement, avec le recul, on a du mal à comprendre la mécanique de la rédemption. Kylo Ren, c'était a priori l'anti-Rey. Le fils des gentils qui devient méchant mais dont Lor San Tekka nous dit au début de TFA qu'il ne peut pas être méchant car il vient d'une famille de gentils. Ce que nuance Kylo Ren en le buttant, rappelant ainsi sa filiation à Vader.
Mais est-ce Ben Solo a basculé parce qu'il a "trop de Vader en lui" ? C'est ce que dit son père, Han Solo, dans TFA, avant de nous montrer à la fin du film qu'il n'en était pas finalement si convaincu que ça. Et TLJ nous dit derrière aussi que l'histoire du basculement de Kylo Ren est plus compliquée que ça, que sa famille a quand aussi bien merdé et que son oncle porte une lourde responsabilité.
Dans TROS, la scène clé de la rédemption de Kylo Ren, c'est son affrontement sur les débris de l'Etoile de la Mort. Lieu symbolique de ROTJ où l'amour de Luke et l'amour retrouvé d'Anakin permettent de vaincre le Mal Absolu. Là, TROS fait subir trois chocs émotionnels à Kylo Ren :
1. la mort de sa mère dont on avait fini par oublier que le sort le préoccupait (certes il l'épargne dans TLJ, mais ne se préoccupe pas du fait qu'elle flotte dans l'espace juste derrière et semble déterminé à la tuer à la fin du film).
2. la compassion de Rey qui le soigne après l'avoir presque mortellement blessé. Mais ce geste - aussi symbolique soit-il - n'apporte finalement rien de vraiment neuf à la relation Kylo / Rey, puisqu'elle s'était déjà livrée à lui - par compassion - sur le Supremacy. Donc ce nouevau geste de compassion ne change pas vraiment la donne, à moins que ce soit les paroles de Rey : "je voulais prendre la main de Ben Solo, pas celle de Kylo Ren". Auquel cas, Kylo/Ben se repend uniquement pour accroître ses chances de conclure avec Rey si on interprète ça littéralement
3. la vision de Han qui le renvoie à sa culpabilité mais a valeur de pardon. Je suis personnellement assez ennuyé par cette scène, bien que je comprenne ce qu'Abrams et Terrio ont voulu exprimer. Le fait que la culpabilité de Kylo Ren est tellement forte qu'il s'est refusé jusqu'ici le pardon. Le tout est de savoir comment il arrive à vaincre cette culpabilité. Et là, le souci, c'est que le film résout ça par un artifice scénaristique : la vision de Han (qui est un peu le pendant du "Force Ghost" de Luke avec Rey). Le film nous dit visuellement que Han n'est pas un Force Ghost. Mais alors qu'est-ce que c'est ? Une vision que Ben se crée lui-même, qui illustre un dialogue intérieur ? Mais ça voudrait dire que Ben Solo se pardonne en fait à lui-même, ce qui est quand même un peu chelou. Est-ce que c'est vraiment l'âme de Han qui lui apparaît via la Force et Leïa ? Peut-être, mais dans ce cas, ça signifie que le film nous dit que la solution est détenue par la victime - qui doit pardonner - et non par le bourreau. Ce qui est tout aussi chelou, même si effectivement derrière Ben Solo se repend en allant aider Rey dans son combat contre le Mal.
Donc au final, mon sentiment, c'est que Ben Solo se repend tout simplement.... parce qu'il est le fils de Han et Leïa, donc le fils des gentils. Donc par essentialisme. Ce qui contredit finalement la morale supposée du parcours de Rey.
► L'amour est plus fort que le Mal ?
On en revient à la morale de ROTJ où l'amour et la compassion de Luke pousse Vader à revenir dans le droit chemin pour éliminer Palpatine, qui symbolise à la fois le Mal en lui et le Mal Absolu de la galaxie.
Est-ce que finalement on a la même morale ici ? Et bien, pas vraiment. Parce que Rey tue Palpatine par haine et par vengeance, car il a tué ses parents.
Par ailleurs, là où la rédemption de Vader venait marquer dans ROTJ l'amour qui terrasse le Mal, ce n'est pas du tout le cas de celle de Ben Solo dans TROS. Puisque lorsqu'il redonne vie à Rey, le Mal est déjà vaincu par Rey.
Après est-ce que donner sa vie pour ressusciter Rey, c'est aider à vaincre le Mal ? On n'en sait rien. A priori, c'est un geste qui sert le Bien puisque Rey se pose en héritière de Luke et Leïa, donc Rey va pouvoir perpétuer le Bien. Mais au final, ça reste lié à ce qu'accomplira potentiellement Rey dans le futur. C'est donc flou et incertain.
► L'union fait la force ?
Là aussi, on est plus dans le lieu commun que dans la morale, mais TROS nous montre bien - à travers la flotte géante de la Résistance qui vient affronter la flotte géante de Palpatine - que toute la galaxie s'est unie pour combattre le Mal. Le souci, c'est que je ne vois pas dans le film où se situe le basculement. Zori Bliss nous dit que les gens ont peur. Mais qu'est-ce qui fait alors qu'ils n'ont finalement plus peur ? Pourquoi Lando réussit là où Leïa a échoué lors des deux films précédents ? Quelle est cette fameuse étincelle dont on nous parle ? C'est complètement flou.
"L'union fait la force", ça pourrait être aussi la leçon de la dyade Ben/Rey qui se retrouve réunie pour affronter Palpatine. Sauf que cette union.... renforce le Mal. Et Rey ne peut vaincre Palpatine, qu'une fois Ben jeté dans le trou. Donc littéralement, pour gagner, Rey doit affronter Palpatine sans son binôme. Elle n'est pas vraiment seule puisque soutenues par les voix des anciens Jedi. Mais là encore, pourquoi se manifestent-ils à ce moment-là ? Pourquoi ne se sont-ils pas manifestés avant ? Qu'est-ce que Rey a fait de particulier pour qu'ils se manifestent ? On n'en sait rien. On voit juste que Rey s'entraîne et cherche à leur parler. Ce qui ne nous dit pas comment elle y parvient.
Les voix des Jedi symbolisent la mémoire, les leçons du passé, qui nous aident à avancer. Mais tout ça tombe quand même un peu du camion.
Donc, sur tous ces points, je trouve que TROS échoue quand même à poser une morale et à donner un sens moral global à cette postlogie. Et c'est regrettable. Après ça ne veut pas dire que les films de cette postlogie n'ont aucune morale. Sur ce plan, TLJ sauve un peu les choses, puisqu'il posait une morale à son échelle et donnait du sens aux arcs de ses personnages.
Ainsi dans TLJ, Rey apprend à ne pas se laisser submerger et piéger par sa compassion face à Kylo Ren, Finn apprend qu'il ne doit se laisser seulement guider par sa peur et sa haine ce qui le détruira et affaiblira ce qu'il tient à défendre, Poe apprend à écouter les autres, à ne pas suivre seulement son ego et à ne pas croire qu'il peut sauver l'univers à lui tout seul.
Mais il s'agissait d'une morale ou de leçons de morale intermédiaires, propres au second acte d'une trilogie. Malheureusement, je trouve que TROS échoue à poser une morale s'ensemble et à l'incarner, et donne surtout le sentiment de brasser des lieux communs.
Dans ROTJ, Luke se voit récompenser de son éthique. Sa loyauté envers Han qu'il est allé sortir des griffes de Jabba permet à Han de mener à bien sa misson sur Endor pour faire exploser le bunker et permettre à la flotte Rebelle de détruire la nouvelle Etoile de la Mort ; sa totérance, sa patience et son refus de la violence face aux Ewoks (Luke empêche Han de tirer) permet des rallier un soutien inattendu et décisif qui fout en l'air les plans de Palpatine ; sa compassion et son amour pour son père permet de vaincre l'Empereur en ayant jeté son sabre : symboliquement, ce n'est pas la violence qui permet au héros de vaincre le Mal, mais son amour qui "tue" le Mal à travers Vader qui se retourne contre l'Empereur.
Dans ROTS, Anakin échoue pour la raison inverse. Ses émotions négatives, ses frustrations, sa soif de pouvoir et de maîtrise le détruisent, détruisent le monde qui l'entoure et celle qui l'aime. Lucas livre aussi une morale collective : il ne suffit pas de se proclamer du camp du bien pour faire le bien, la paix et la démocratie sont des choses fragiles qu'on peut mettre en péril si on n'est pas vigilant et si on cède à nos mauvais instincts.
Pour TROS, un mois après son visionnage, je suis bien en peine de dégager un véritable sens moral qui tienne la route.
► Peu importe ton sang, ce sont tes actes qui comptent ?
Sur ce point - qui tient peut-être plus du lieu commun que de la morale - les choses sont assez floues et contradictoires. D'abord la question de la filiation de Rey à Palpatine ne semble jamais réellement poser un dilemme à Rey. Ça nourrit uniquement un questionnement sur elle-même (suis-je moi aussi le mal ? Sauf qu'à ce stade de l'histoire, le spectateur sait que non, donc c'est questionnement factice), entamé avant même qu'elle apprenne cette filiation. Et ce questionnement est vite résolu/balayé par... quelqu'un d'autre, le Force Ghost de Luke, qui lui sort un discours de coach et lui sort son vaisseau de la flotte : "allez hop, cocotte, fonce, ne te prends pas la tête, on t'aime bien". On a vu mieux comme résolution d'enjeux...
Pour le reste, on ne peut même pas parler d'enjeux. Cette filiation ne change rien du regard que les autres lui portent, ni du regard qu'elle-même porte sur les autres, notamment les deux camps qui s'opposent. Palpatine ne représente à aucun moment une tentation crédible pour Rey. Rien qui ne puisse l'attirer. Elle n'a aucun lien d'attache avec lui, juste de la haine parce que papy Palpy a tué ses parents. Et c'est cette haine (et les voix des Jedi qui sortent d'on ne sait trop où) qui lui permettent de vaincre assez facilement la vieille carne. Rey se venge et venge ses parents. La haine et le désir de vengeance sont ainsi récompensés, ce qui va complètement à l'encontre des morales des deux précédentes trilogies, où la haine et l'instinct de vengeance sont présentés comme des impasses.
On est aussi dans un paradoxe car le film superpose essentialisme et anti-essentialisme. D'un côté, on nous dit que Rey pourrait être génétiquement mauvaise car petite-fille de Palpatine (et là on est strictement sur le génétique, pas sur le culturel, l'affectif, puisque Rey n'a jamais eu le moindre lien / contact avec son papy méchant) mais que finalement, non. Sans trop nous dire pourquoi et ce que Rey doit faire pour échapper à ce déterminisme.
L'autre souci c'est Ben Solo / Kylo Ren. Dont finalement, avec le recul, on a du mal à comprendre la mécanique de la rédemption. Kylo Ren, c'était a priori l'anti-Rey. Le fils des gentils qui devient méchant mais dont Lor San Tekka nous dit au début de TFA qu'il ne peut pas être méchant car il vient d'une famille de gentils. Ce que nuance Kylo Ren en le buttant, rappelant ainsi sa filiation à Vader.
Mais est-ce Ben Solo a basculé parce qu'il a "trop de Vader en lui" ? C'est ce que dit son père, Han Solo, dans TFA, avant de nous montrer à la fin du film qu'il n'en était pas finalement si convaincu que ça. Et TLJ nous dit derrière aussi que l'histoire du basculement de Kylo Ren est plus compliquée que ça, que sa famille a quand aussi bien merdé et que son oncle porte une lourde responsabilité.
Dans TROS, la scène clé de la rédemption de Kylo Ren, c'est son affrontement sur les débris de l'Etoile de la Mort. Lieu symbolique de ROTJ où l'amour de Luke et l'amour retrouvé d'Anakin permettent de vaincre le Mal Absolu. Là, TROS fait subir trois chocs émotionnels à Kylo Ren :
1. la mort de sa mère dont on avait fini par oublier que le sort le préoccupait (certes il l'épargne dans TLJ, mais ne se préoccupe pas du fait qu'elle flotte dans l'espace juste derrière et semble déterminé à la tuer à la fin du film).
2. la compassion de Rey qui le soigne après l'avoir presque mortellement blessé. Mais ce geste - aussi symbolique soit-il - n'apporte finalement rien de vraiment neuf à la relation Kylo / Rey, puisqu'elle s'était déjà livrée à lui - par compassion - sur le Supremacy. Donc ce nouevau geste de compassion ne change pas vraiment la donne, à moins que ce soit les paroles de Rey : "je voulais prendre la main de Ben Solo, pas celle de Kylo Ren". Auquel cas, Kylo/Ben se repend uniquement pour accroître ses chances de conclure avec Rey si on interprète ça littéralement
![Transpire :transpire:](https://www.starwars-universe.com/forum/images/smilies/transpire.gif)
3. la vision de Han qui le renvoie à sa culpabilité mais a valeur de pardon. Je suis personnellement assez ennuyé par cette scène, bien que je comprenne ce qu'Abrams et Terrio ont voulu exprimer. Le fait que la culpabilité de Kylo Ren est tellement forte qu'il s'est refusé jusqu'ici le pardon. Le tout est de savoir comment il arrive à vaincre cette culpabilité. Et là, le souci, c'est que le film résout ça par un artifice scénaristique : la vision de Han (qui est un peu le pendant du "Force Ghost" de Luke avec Rey). Le film nous dit visuellement que Han n'est pas un Force Ghost. Mais alors qu'est-ce que c'est ? Une vision que Ben se crée lui-même, qui illustre un dialogue intérieur ? Mais ça voudrait dire que Ben Solo se pardonne en fait à lui-même, ce qui est quand même un peu chelou. Est-ce que c'est vraiment l'âme de Han qui lui apparaît via la Force et Leïa ? Peut-être, mais dans ce cas, ça signifie que le film nous dit que la solution est détenue par la victime - qui doit pardonner - et non par le bourreau. Ce qui est tout aussi chelou, même si effectivement derrière Ben Solo se repend en allant aider Rey dans son combat contre le Mal.
Donc au final, mon sentiment, c'est que Ben Solo se repend tout simplement.... parce qu'il est le fils de Han et Leïa, donc le fils des gentils. Donc par essentialisme. Ce qui contredit finalement la morale supposée du parcours de Rey.
► L'amour est plus fort que le Mal ?
On en revient à la morale de ROTJ où l'amour et la compassion de Luke pousse Vader à revenir dans le droit chemin pour éliminer Palpatine, qui symbolise à la fois le Mal en lui et le Mal Absolu de la galaxie.
Est-ce que finalement on a la même morale ici ? Et bien, pas vraiment. Parce que Rey tue Palpatine par haine et par vengeance, car il a tué ses parents.
Par ailleurs, là où la rédemption de Vader venait marquer dans ROTJ l'amour qui terrasse le Mal, ce n'est pas du tout le cas de celle de Ben Solo dans TROS. Puisque lorsqu'il redonne vie à Rey, le Mal est déjà vaincu par Rey.
Après est-ce que donner sa vie pour ressusciter Rey, c'est aider à vaincre le Mal ? On n'en sait rien. A priori, c'est un geste qui sert le Bien puisque Rey se pose en héritière de Luke et Leïa, donc Rey va pouvoir perpétuer le Bien. Mais au final, ça reste lié à ce qu'accomplira potentiellement Rey dans le futur. C'est donc flou et incertain.
► L'union fait la force ?
Là aussi, on est plus dans le lieu commun que dans la morale, mais TROS nous montre bien - à travers la flotte géante de la Résistance qui vient affronter la flotte géante de Palpatine - que toute la galaxie s'est unie pour combattre le Mal. Le souci, c'est que je ne vois pas dans le film où se situe le basculement. Zori Bliss nous dit que les gens ont peur. Mais qu'est-ce qui fait alors qu'ils n'ont finalement plus peur ? Pourquoi Lando réussit là où Leïa a échoué lors des deux films précédents ? Quelle est cette fameuse étincelle dont on nous parle ? C'est complètement flou.
"L'union fait la force", ça pourrait être aussi la leçon de la dyade Ben/Rey qui se retrouve réunie pour affronter Palpatine. Sauf que cette union.... renforce le Mal. Et Rey ne peut vaincre Palpatine, qu'une fois Ben jeté dans le trou. Donc littéralement, pour gagner, Rey doit affronter Palpatine sans son binôme. Elle n'est pas vraiment seule puisque soutenues par les voix des anciens Jedi. Mais là encore, pourquoi se manifestent-ils à ce moment-là ? Pourquoi ne se sont-ils pas manifestés avant ? Qu'est-ce que Rey a fait de particulier pour qu'ils se manifestent ? On n'en sait rien. On voit juste que Rey s'entraîne et cherche à leur parler. Ce qui ne nous dit pas comment elle y parvient.
Les voix des Jedi symbolisent la mémoire, les leçons du passé, qui nous aident à avancer. Mais tout ça tombe quand même un peu du camion.
Donc, sur tous ces points, je trouve que TROS échoue quand même à poser une morale et à donner un sens moral global à cette postlogie. Et c'est regrettable. Après ça ne veut pas dire que les films de cette postlogie n'ont aucune morale. Sur ce plan, TLJ sauve un peu les choses, puisqu'il posait une morale à son échelle et donnait du sens aux arcs de ses personnages.
Ainsi dans TLJ, Rey apprend à ne pas se laisser submerger et piéger par sa compassion face à Kylo Ren, Finn apprend qu'il ne doit se laisser seulement guider par sa peur et sa haine ce qui le détruira et affaiblira ce qu'il tient à défendre, Poe apprend à écouter les autres, à ne pas suivre seulement son ego et à ne pas croire qu'il peut sauver l'univers à lui tout seul.
Mais il s'agissait d'une morale ou de leçons de morale intermédiaires, propres au second acte d'une trilogie. Malheureusement, je trouve que TROS échoue à poser une morale s'ensemble et à l'incarner, et donne surtout le sentiment de brasser des lieux communs.