Le Réveil de la Force m'avait laissé dubitatif.
Les Derniers Jedi m'avait enthousiasmé et surtout, se terminait sur une page blanche ; le troisième volet de la postlogie pouvait tout faire, tout oser, tout tenter. Mais le retour de JJ Abrams à la réalisation dans un premier temps, ainsi que celui annoncé de Palpatine dans un second temps m'avaient rendu, non pas frileux mais assez méfiant. J'ai attendu presque une semaine avant de me décider à aller voir le film.
Et dès la première minute, je suis sorti du film, d'une façon horrible : à cause du texte déroulant d'ouverture. Voilà donc que l'Empereur Palpatine est de retour sans que jamais, non jamais, le dit-retour soit explicité. Tout au plus un des nouveaux personnages du film balance-t-il une théorie qui n'est, a priori, pas la bonne, et roulez jeunesse... C'est assez terrible à voir, car dès la première scène très réussie impliquant Kylo Ren et s'achevant sur la rencontre entre Ren et l'Empereur, Kylo perd son statut de Suprême Leader puisqu'il repasse sous les ordres du Sith...
Et c'est parti pour un film au rythme effréné, qui ne prend le temps de développer aucune intrigue puisque, pressé par la durée finale du long-métrage, il faut passer à la suite. Le scénario se perd dès lors dans des histoires de McGuffin à répétition, de carte entraînant à la recherche d'une autre carte permettant d'en trouver une troisième qui existe en deux exemplaires... C'est trop rapide et à la fois trop long. Plusieurs fois, j'ai trouvé le temps long, et des scènes censées être fortes (la révélation de l'identité de Rey, par exemple) tombent comme un cheveu sur la soupe, le film ne prend pas le temps de se poser dessus car hey coco, on n'a pas le temps, il faut aller vite. Il est vrai que par rapport au rythme parfois lent des
Derniers Jedi, le changement est brutal !
Car l'un des principaux défauts du film, c'est bien le manque de liant entre les trois épisodes de cette postlogie. On sent bien que JJ a fait ce qu'il voulait, puis que Rian Johnson a corrigé certaines choses que JJ a recorrigées derrière. Au final, l'intrigue de la postlogie est bancale, expédiée, ce dernier film se reposant plus que les autres sur du fan-service à foison. Au point d'en devenir parfois écœurant...
Pourtant, il y a d'excellentes choses dans ce dernier film de la saga Skywalker : la complicité entre Rey, Poe et Finn fait plaisir à voir tant elle donne envie de sourire, D-O est cool, le film est superbement réalisé, la musique est toujours aussi sympathique même si, à l'image de celle du précédent volet, il manque un thème fort, directeur et nouveau, Adam Driver est exceptionnel au niveau de son jeu, on a droit à un joli retour d'Harrison Ford et la résolution finale de l'affrontement entre Rey et Palpatine donne envie d'avoir le DVD ou le Blu-Ray face à soit et d'écouter distinctement tous les personnages que l'on entend intervenir et l'encourager. Même les nouveaux personnages sont intéressants, à l'image de Zorii ou de Jannah. Et on a même enfin droit à la présence des fameux Chevaliers de Ren ! JJ n'a pas non plus oublié le lien entre Rey et Ben, un lien qui continue de se développer et qui donne lieu aux plus belles scènes du film, comme celle où tous les deux s'affrontent à bord du Finalizer ou bien sur les restes de l’Étoile de la Mort, flottant sur une mer déchaînée...
Mais pour toutes ces qualités, on peut trouver autant de défauts...
La première scène exceptionnelle de virtuosité avec les ricochets hyperspatiaux du Faucon Millenium laisse bien vite la place à des mondes visuellement bien ternes. Nous avons encore le droit à une planète désertique, à tel point que cela devient franchement insupportable. Rose a été sacrifiée sur l'autel des nouveaux personnages. Le retour de Lando Calrissian n'apporte rien de particulier à l'intrigue. Kylo Ren est toujours officiellement le Suprême Leader, mais il ne joue ce rôle à aucun moment. Le Général Hux est devenu une blague, et son motif de trahison fait pitié. Les Chevaliers de Ren ne sont rien d'autre que des coquilles vides, des exécutants même pas forceux, balayés en moins de deux lorsque l'intrigue n'a plus besoin d'eux. L'émotion provoquée par l'apparente mort de Chewie ou bien l'effacement de mémoire de C-3PO est annihilée montre en main cinq minutes plus tard lorsqu'on comprend que tout va bien, merci pour eux. Et la liste est longue...
Et tout cela, c'est avant le dernier acte qui n'est rien de plus qu'une redite du
Retour du Jedi.
Alors oui, on pourra discuter sur la distinction entre hommage et reprise, mais le fait qu'on se retrouve avec un déroulement similaire où le héros du bien est invité dans son antre par le seigneur maléfique au rire machiavélique et qui a tout prévu avec sa nouvelle super-arme qui va faire disparaître tous ses amis mais, fort heureusement, le serviteur du côté obscur se rebelle contre son ancien maître, finit de se racheter avant de mourir tel un héros. Parade finale, etc, etc.
Mais non. Non, non et encore non ! Star Wars, ça n'est pas que ça ! On aurait pu imaginer, par exemple, que depuis le début Ben avait joué le jeu, basculant du côté obscur pour remonter la piste de Palpatine et « achever ce que son grand-père avait commencé » ! Que Rey n'était véritablement personne, et pas ça, tellement mal introduit que cela devient évident pour tout le monde (donc Luke était au courant, Leia aussi, a priori Finn également... qui d'autre?). Oui, la dernière scène est belle, mais fallait-il en passer par là ?
J'aurai encore beaucoup à dire, et nul doute que je vais intervenir régulièrement. Mais la coupe est pleine. JJ Abrams a, pour moi, raté sa copie. Le film n'est pas nul, loin de là, mais on est loin, très loin, de l'inventivité et de la créativité dont la saga a pu faire preuve par le passé.
Il est temps de passer à autre chose. Temps d'innover. De laisser mourir le passé, comme le disait Kylo Ren.
Là, j'ai eu l'impression de voir une saga sous perfusion. Et ça m'a fait mal au cœur.
Note : 50 %
Nul doute que, lorsque je le reverrai, je saurai voir les qualités et faire l'impasse sur une partie des défauts du film... Mais je n'en éprouve pour l'instant pas d'impatience ce qui est, hélas, assez révélateur...