Un film inégal, que j'ai pourtant adoré voir dans une salle de ciné (mais bon, peut-être était-ce l'ambiance complètement dingue de la salle en question). Je ne crois pas que l'on puisse apprécier la qualité et la portée de "L'Attaque des Clones" avant de le comparer à l'Episode III. De nombreuses intrigues restent en suspens, sinon incompréhensibles, ce qui, à la manière des pires épisodes des X-Files (série que j'aime beaucoup, cependant), ne fait qu'embrouiller le spectateur et gâche un peu le plaisir. Le complot galactique mené par Dark Sidious devient certes complexifié mais perd en crédibilité. Les autres films bénéficiaient d'un scénario relativement simple et épuré (notamment "L'Empire contre-attaque", qui restera le modèle du genre) : ici, l'on sent comme une lourdeur qui pèse sur l'ensemble du film. La mise en place de l'intrigue générale, à savoir le déclenchement de la Guerre des Clones et la subversion d'Anakin par le Côté obscur, prend beaucoup trop de temps.
L'histoire d'amour entre Padmé et Anakin y est évidemment pour quelque chose. Si les deux acteurs sont excellents (comme leurs collègues, particulièrement Ewan McGregor et Christopher Lee, sublime en salopard sombre mais "so british"), les dialogues sont insipides, les répliques à pleurer (de honte)... Ce n'est pas ce développement romantique qui, en soi, pose problème (voir la manière remarquable dont ce développement s'est accompli entre Leia et Yan dans "L'Empire contre-attaque"), mais son modus operandi : en dépit de scènes très belles sur Naboo, les dialogues plombent ce qui pouvait justement apparaître comme une excellente idée. Le personnage de Padmé est mal exploité, et en dépit du talent et de la beauté de Nathalie Portman, part parfois sur les sentiers du ridicule, comme lors de la fameuse séquence au cours de laquelle elle reprend connaissance sur une dune de sable de Geonosis. Sa déclaration d'amour à Anakin avant d'être envoyée accomplir un remake de "Gladiator" et de "Quo Vadis" dans l'arène reste pourtant un très beau moment.
La scène de baston finale est bien sûr l'une des plus grandes scènes de bataille de l'histoire du cinéma. Mais là encore, elle nous laisse sur notre faim : elle intervient beaucoup trop tard, et elle est beaucoup trop courte. Je n'aurais pas été contre l'ajout de dix à quinze minutes, histoire de vraiment voir les Républicains en action contre les Séparatistes. D'ailleurs, on ne nous explique pas comment le comportement (décisif) de Yoda sur Kamino... De même, le personnage du Comte Dooku est insuffisamment exploité, bien qu'il se soit agi d'une excellente trouvaille susceptible de faire le pont entre Maul et Vador. Son combat avec Yoda restera cependant un pur moment de bonheur, qui éclate les duels au sabrolaser des autres films, particulièrement ceux, complètement dépassés, de la Trilogie.
En bref, Lucas nous a davantage concocté un polar qu'un véritable conte galactique, et c'est sur ces critères qu'il faut juger "L'Attaque des Clones". L'ambiance de paranoïa est bien rendue et Samuel L. Jackson est doué lorsqu'il s'agit de froncer les sourcils. Quelques clins d'oeil à l'univers de Tarantino, à "X-Files", à la Guerre du Vietnam (et du coup, à "JFK" ?) également ainsi qu'à "Gladiator" et "Quo Vadis" résonnent assez agréablement et indiquent une nette volonté de Lucas de prendre quelques distances avec son oeuvre plutôt qu'un manque d'imagination que certain(e)s lui ont reproché.
Pourquoi que je mets 70 %, alors, si je me montre aussi critique ? Parce que les nouveaux personnages sont excellents (Jango Fett, Dooku), parce que malgré tout, je ne me suis pas ennuyé en le regardant, et que je l'ai revu, parce qu'il complète bien l'univers Starwars même s'il ravage l'
UE (mais bon, ce n'est que l'
UE, et ce que le Seigneur a fait, Il peut le défaire), et surtout parce qu'il comprend une magistrale BO de John Williams, toujours au mieux de sa forme. Le thème musical du Côté obscur (le choeur de "Confrontation with Count Dooku and Finale") est magnifique, de même que le thème de la bataille de Geonosis ("Love Pledge and the Arena"), ainsi que, dans une bien moindre mesure, le thème amoureux, assez lourdingue et trop rempli de cuivres, et qui ne vaut pas le thème de Leia et de Yan qui fait son apparition dans "L'Empire contre-attaque".
En bref (et enfin) : un film inégal, qui ne vaudra peut-être pas un Episode III que je redoute décevant, mais à l'égard duquel on aurait tort de bouder notre plaisir.