Et un nouveau
Star Wars story, un ! Après le carton de
Rogue One, premier spin-off de la franchise, Lucasfilm remet le couvert et nous sert ce qui, a priori, était sans risques : un film dérivé consacré à l'un des personnages les plus populaires de la saga : Han Solo. Encore que, sans risques, c'est vite dit : vous ne trouverez aucune bataille spatiale dans ce film (ou si pu), aucun sabre-laser, aucune référence à la Force... Le film repose entièrement sur le parcours du jeune Han, et va nous délivrer tout ce à quoi nous pouvons nous attendre.
Le film aligne ainsi les scènes attendues : la rencontre avec Chewbacca, la formation du jeune Han, son recrutement au sein de l'Empire suivi de sa désertion, la découverte du
Faucon Millenium, LA partie de sabacc, un bien beau team-up avec Lando Calrissian et le raid de Kessel en 12 parsecs... le tout dans une intrigue ma foi fort sympathique à base de gangs, de contrebandiers, de « qui double qui ». Le film a de quoi séduire et est extrêmement rythmé. Pas un moment, je n'ai regardé l'heure, pas un moment je n'ai senti de longueurs, pas une fois je ne me suis dit qu'une scène ne servait finalement à rien.
C'est en fait un bel exploit qu'ont réussi les équipes de Lucasfilm/Disney : réussir à nous fournir un film satisfaisant tant pour les novices que pour les fans, tout en ayant changé de réalisateur en cours de route !
Au niveau des satisfactions (et elles sont nombreuses), on saluera la prestation de l'ensemble des acteurs, parmi lesquels Emilia Clarke et surtout Donald Glover, qui vole littéralement la vedette à Alden Ehrenreich ! Son Lando Calrissian est absolument parfait : joueur, séducteur, vantard, tricheur, lâche... on reconnaît le Lando de Billy Dee Williams. Il s'agit sans nul doute du même personnage, certes plus jeune et donc plus excentrique encore, mais c'est bien lui. Quel plaisir de voir Lando être ainsi mis en avant, lui qui est un peu le grand oublié de la postlogie. A quand
Lando – a Star Wars story ?
Emilia Clarke s'en sort également plutôt pas mal. Tout comme le toujours très bon Paul Bettany, manifestement ravi d'être là, et qui semble s'amuser comme un fou dans le rôle du leader de l'Aube Écarlate.
Comme je le disais plus haut, le rythme est trépidant, et on ne s’ennuie pas une seconde. Le début du film est extrêmement motivant, entre le début sur Corellia, la scène avec l'infanterie Impériale d'une rare dureté (plus encore que
Rogue One et Scarif, c'est dire!) ou l'attaque du train contenant le coaxium, on est immédiatement plongé avec Han dans les ennuis jusqu'au cou. C'est d'ailleurs l'une des caractéristiques du personnage qui est ici formidablement bien reprise : le fait qu'il veuille bien agir mais qu'il commette des erreurs, erreurs qu'il ne va pas cesser de vouloir corriger, ce qui va en entraîner d'autres, et ainsi de suite.
La bande originale est elle aussi une source de satisfactions : le thème original de Han (composé par John Williams lui-même!), la reprise des thèmes de la saga ou bien celui de Enfys Nest, suffisamment original pour marquer les esprits dès la première écoute.
Enfin, les décors et les références à l'Univers Étendu : voilà, plus encore que
Rogue One, un film pensé, conçu pour les fans ! Pullulant de références, le plus souvent superbement amenées,
Solo contentera les amoureux des deux univers de la licence. Le revers de la médaille, c'est que l'une des scènes finales, supposément les plus marquantes, passera au-dessus de bon nombre de spectateurs, qui se demanderont bien ce que le personnage concerné fait dans cette affaire, d'autant plus que son attitude n'est pas forcément cohérente avec les propos qu'il tient. Mais pour les « connaisseurs », c'est un grand moment : personnellement, j'ai eu la bouche ouverte tout au long de cette scène !
Les décors, enfin, sont à nouveau variés et comme pour
Rogue One, ils sont presque plus originaux que ceux de la postlogie ! Le chantier naval de Corellia est à ce titre une réussite totale ! On pourra en revanche regretter un certain côté « brumeux » de certains environnements... destinés à dissimuler un manque de finition peut-être ? Ou encore la dernière planète, encore sur une plage (certes, l'océan n'est pas loin, mais comme il ne s'y passe rien...).
Ce manque de finition n'est certes pas le seul problème du film. Le fameux raid de Kessel manque un peu « d'ambition » et n'occupe que trop peu de temps dans le film, ne donnant finalement pas l'impression d'être si exceptionnel que cela, ce qui est un peu dommage. Un certain nombre de personnages sont également sous-exploités (Thandie Newton?) tandis que d'autres le sont un peu trop (L3?). Et enfin, le cœur du problème de
Solo pour moi, le personnage principal, Han Solo lui-même.
Gros coup de cœur pour Alden Ehrenreich ! On sent que l'acteur a étudié le jeu et les mimiques de Harrison Ford, et il livre une très bonne prestation. Comme pour Donald Glover, je n'ai eu aucun problème pour retrouver le Solo « traditionnel » et c'est une excellente chose. Ce qui coince, c'est la caractérisation de Solo lui-même dans ce film.
Car là où
Solo se loupe, pour moi, c'est bien dans l'évolution du personnage principal et donc, par extension, dans la pertinence même du film. Au-delà du fait que Han Solo ne s'appelle pas Han Solo et que son patronyme lui est attribué par un fonctionnaire impérial (admettons, d'autant plus que cela se justifie), le personnage ne sort jamais grandi des situations auxquelles il fait face, et ne développe jamais par lui-même ce qui fait de lui une icône : son blaster fétiche lui est donné, il copie le mouvement circulaire pour le rengainer, il parle déjà le wookie (pourquoi ? comment ?), on le découvre déjà pilote… en bref, le personnage subit un peu trop les événements. Il prend rarement les devants, et évolue finalement très peu entre le début et la fin du film.
La fin, justement, du moins la conclusion de l'intrigue avec Enfys Nest me gêne particulièrement. Pas tellement parce que Han a indirectement contribué à une fondation de l'Alliance, du moins à son approvisionnement en hyper carburant à l'insu de son plein gré, mais bien la gentillesse qui est la sienne… Sauf que le Han Solo de
Un nouvel espoir n'est peut-être un mauvais bougre, mais ce n'est clairement pas quelqu'un de bien. Et ça coince ! Comment imaginer le Han de Solo abandonner Luke avant la bataille de Yavin ?
Dommage donc sur ce point, qui est quand même important et qui empêche le film d'être un excellent long-métrage… Mais pour moi, c'est une réussite, qui valide totalement la stratégie des spin-offs. Espérons seulement que le film trouvera son public (cela semble assez mal parti) et que Disney continuera dans cette voie.
Ah, et je veux revoir Qi'ra et son patron d'une façon ou d'une autre, bien entendu !
Note : 80 %