Pas évident de critiquer un film, d'autant plus lorsque ce film a été vu, revu, re-revu... Mais je vais tout de même m'y risquer.
Le Chancelier Suprême Palpatine a été enlevé, et Coruscant est attaquée par les légions droïdes du Général Grievous ! Au milieu de la bataille, deux Chevaliers Jedi risquent tout pour libérer le leader de la République, défenseur de la démocratie et de la paix dans la Galaxie... Mais si, justement, ce n'était pas le cas ? Si Palpatine se révélait être quelqu'un de tout autre, quelque chose d'autre, un Sith ? Tiraillé entre son devoir envers les Jedi, son amour pour sa femme Padmé Amidala et son amitié avec Palpatine, Anakin Skywalker va devoir faire le plus crucial des choix. De cette décision découlera l'avenir, non pas uniquement de ses proches, mais aussi de la galaxie toute entière...
La première fois que j'ai vu
Episode III, c'était il y a maintenant dix ans, avec des amis, au cinéma. A l'époque, j'avais été subjugué par les effets spéciaux, par la musique, bref, le film dans son intégralité était le summum du cinéma et, sans doute, on ne pourrait jamais faire mieux. J'exagère un peu, sans doute, mais à l'époque, l'idée était là. Aujourd'hui... aujourd'hui, je ne serais plus aussi catégorique.
Premier point, et non des moindres : l'aspect visuel. Et là, dix ans plus tard, ça fait mal. Ça fait mal parce qu'aussi étonnant que cela puisse paraître, le film a vieilli. Les effets spéciaux se voient : tout est trop net, tout est trop « propre », les décors sont gigantesques (comme cette vue aérienne qui se rapproche de l'entrée du Temple Jedi, ou celle du Sénat), le comble étant atteint sur Utapau. Trop d'effets spéciaux tuent les effets spéciaux. A ce titre, pour moi, l'
Episode I est moins daté visuellement que l'
Episode III, et c'est dommage ; c'est dommage parce que j'aurai aimé continuer à prétendre qu'Episode III est le meilleur film de tous les temps. On sent, on perçoit les personnages réels qui se débattent devant des fonds verts...
Au-delà de l'aspect visuel, le scénario lui aussi souffre de quelques lacunes. Le film démarre très fort, mais le rythme ralentit par la suite – notamment sur Utapau, encore une fois – pour ensuite nous délivrer un festival d'émotions dans le dernier tiers du métrage.
Plus précisément, on peut regretter le manque de caractérisation de certains personnages. Si les rôles de Palpatine ou d'Obi-Wan Kenobi sont toujours aussi réussis (sans doute grâce au talent de leurs interpètes, Ian McDirmid et Ewan McGregor
), le personnage d'Anakin Skywalker devient à certains moments détestables. Les choix sur le personnage sont discutables : si on comprend bien qu'il se sent incompris par l'Ordre, cela aurait pu être fait avec plus de subtilité, moins de caricature. Car pour moi, et George Lucas suivra cette voie avec la série
The Clone Wars par la suite, Anakin est un champion du Bien qui tombe par amour. C'est un homme trop bon pour son propre bien. Là, on a envie de le gifler lorsque, à peine âgé de vingt-deux/vingt-trois ans, il s'énerve parce qu'on lui refuse le rang de Maître. Je passerai malheureusement sous silence le cas Padmé, invisible dans le film, réduite au vulgaire rang de spectatrice impuissante...
Il y a également d'autres lacunes : le Général Grievous est un personnage intéressant, mais trop superficiellement traité, et dont l'intrigue traîne en longueur, notamment lors de la trop longue course-poursuite sur Utapau. A d'autres moments, ce sont des séquences d'anthologie qui donnent l'impression d'être « bâclées », comme la tentative d'arrestation de Palpatine, où trois des plus puissants membres de l'Ordre sont balayés comme si de rien n'était, attendant simplement que le Sith frappe pour succomber.
Cela en devient difficilement soutenable, et on se demande si Lucas n'a pas voulu trop en faire dans sa prélogie, au point d'avoir du mal à recoller les morceaux dans ce dernier volet.
Mais ouf, tout n'est pas à jeter dans cet Episode III, loin de là. Certains plans sont superbement mis en scène, comme le plan séquence d'ouverture (
), l'Ordre 66 (
bis) ou les affrontements Yoda/Sidious et Kenobi/Vador. La corruption d'Anakin est à mon sens dans la droite lignée de ce qui a été montré dans les précédents films. La musique est une nouvelle fois très aboutie et bien placée (en particulier lors de la fin à rallonge, avec le thème de
Qui-Gon's funeral pour la doublette mort de Padmé/« naisssance » de Vador), même si je ne pardonne pas au réalisateur d'avoir refusé de mettre une
Marche Impériale alors que Vador et la 501ème attaquent le Temple Jedi...
Bref,
La Revanche des Sith est assurément un bon film, qui fait un lien parfait entre les deux trilogies Star Wars. S'il est bien supérieur (et de loin) à son prédécesseur
Episode II, il n'est pour autant pas le film parfait que j'ai pu croire qu'il était il y a encore quelques années. Néanmoins, ne nous y trompons pas, c'est probablement le plus abouti scénaristiquement et visuellement de la prélogie, et les nombreuses qualités de cet opus permettent d'oublier les longueurs et autres excès visuels.
Note : 80%