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Chapitre 2 : Bienvenue sur Tabal
 
– Alors comme ça les chasseurs de primes que nous avions engagés ont raté leur proie, dit le Moff Danika au sergent qui lui faisait son rapport.
– Affirmatif monsieur. Il a fui dans la jungle.
– Quelle bande d’incapables ! Il semble que le Maître tienne beaucoup à rattraper ce jeune homme. Nous allons devoir nous salir les mains. Quand je pense à l’acompte que nous avons donné à ces idiots de chasseurs de primes pour la capture !
– Monsieur, je pense que la cible va gagner la ville. Nous aurons vite fait de le localiser. Et il sera à vous.
– Bien, sergent Tiliar. Je compte sur vous.
Le sergent impérial quitta la pièce, suivi de ses soldats, bien déterminé à satisfaire les exigences du Moff. Qui sait, peut-être serait-il promu et pourrait-il quitter cette maudite planète.

Par bonheur, ou peut-être par chance, le dormeur se réveilla en vie. Son lit improvisé s'était révélé des plus confortables, et il ne savait pas combien de temps il en avait profité. Quand il se leva, la faim se rappela douloureusement à lui. Essayant de l'ignorer, il se remit en route. Sa cheville le faisait encore souffrir, mais moins que la veille. Il avait l'impression de maîtriser la douleur, avec une technique utilisée inconsciemment. Comme un réflexe… Dans l'ensemble, ses blessures allaient mieux. Il se sentait en état de se remettre en route, bien que la faim devienne de plus en plus insupportable.
Son bonheur fut indescriptible quand, après une bonne marche, il entendit toutes sortes de bruits familiers : des témoins d'une civilisation. Des bruits de moteurs, des cris d'êtres intelligents. Il s'approcha, et se retrouva sur une colline qui surplombait une petite ville, installée au cœur de ce qui devait être une des rares clairières de la jungle. A moins que cette clairière soit artificielle, ce dont il doutait. La ville était assez moderne, mais passerait pour un trou perdu et ringard pour un être venant de planètes développées comme Coruscant, Corellia ou encore Bothawui.
Cependant, cette apparition passa pour un miracle aux yeux du pauvre jeune homme. Il n'avait qu'une idée en tête : manger. Il marcha encore un tout petit peu avant de rentrer dans la ville elle-même, qu'un panneau désignait comme étant Kaleda, capitale de la planète. Contrairement à certaines cités immenses comme Coruscant ou Nar Shaddaa, la ville était développée sur un plan horizontal, et les bâtiments les plus hauts n'atteignaient qu'une vingtaine de mètres. La circulation se faisait majoritairement à bord de speeders hors d'âge, ou de landspeeders pour les plus riches. Ceci dit, l'animation était intense, et la cité était relativement prospère. Des individus s'affairaient dans tous les sens, vaquant à leurs occupations.
Des boutiques s'étalaient des deux côtés de ce qui devait être l'artère principale de la ville. Des enseignes scintillaient, des vitrines vantaient leurs produits. Les restaurants en particulier attirèrent la vue, ou plutôt l'odorat du jeune homme. Des bâtiments plus imposants devaient être des centres administratifs. Il commença à déambuler, ravi de retrouver des êtres intelligents. La petite ville paraissait être un îlot perdu au beau milieu de cet océan vert que représentait la jungle, qui recouvrait toute la planète.
Tout autour de cette rue s'étendaient des logements plus ou moins vétustes, sur quatre ou cinq kilomètres. C'était tout de même un petit patelin, très petit pour une capitale.

Mais ce qui surprit le plus le jeune homme à son arrivée, ce fut les soldats vêtus d'armures blanches qui déambulaient en ville. Il reconnut vite les stormtroopers de l'Empire. Visiblement, il se trouvait sur l'une des rares planètes encore occupées par les impériaux. Depuis la Bataille d'Endor il y a vingt ans, l'Empire n'avait cessé de perdre du terrain. Depuis la signature du Traité de Paix, l’Empire restait dans les mondes du Noyau qui l’acceptaient, entretenant des rapports amicaux avec la Nouvelle République. Enfin, c’était la version officielle. Certains Moffs refusaient l’échéance, et restaient maîtres de certains mondes, comme Tabal. Le Traité stipulait que tout système impérial souhaitant rejoindre la Nouvelle République était libre de le faire, et réciproquement. Le Moff local n’avait pas dû laisser ce choix aux habitants. L'Empire déchu disposait de tant de planètes que certaines avaient été oubliées et restaient indépendantes, conservant les méthodes traditionnelles impériales, avec leurs propres troupes. Ces Moffs rebelles (qui se donnaient ce titre sans justification) désobéissaient à l’autorité de l’Amiral Pellaeon et à ses projets de paix durable.
Le jeune homme avait eu la chance de tomber sur l’un de ces rares mondes perdus ! Il remarqua immédiatement que les armures des stormtroopers ne rutilaient pas autant qu'à l'accoutumée. Il y avait du relâchement… Jadis, les soldats étaient recrutés de force et étaient conditionnés pour servir l'Empereur. Mais les Moffs indépendants ne disposaient pas des même moyens, et les soldats devaient être recrutés n’importe comment. De toute façon, ils n’étaient même pas reconnus officiellement par le Nouvel Empire, ou les Vestiges comme on les appelait souvent.

Quoi qu'il en soit, les impériaux représentaient l'autorité locale. Mais à part eux, rares étaient les humains, et les étrangers en général. Le jeune homme identifia vite la population locale, majoritaire. Les teebooz étaient de petites créatures sombres d'à peine un mètre cinquante en moyenne. Leur peau noire était translucide et lisse, tout comme leurs os, et laissaient voir leurs organes. Pour les teebooz, laisser voir leurs organes était indécent, et donc seule leur tête n'était pas couverte de vêtements. D'ailleurs, on voyait le cerveau de ceux qui avaient le moins de cheveux. Ces cheveux étaient d'un blanc laiteux, très épais, et translucides eux aussi. Le jeune homme fut persuadé de n'en avoir jamais vu auparavant, ils devaient rarement quitter la planète. Ils avaient un aspect plutôt sympathique, et couraient dans tous les sens pour s'occuper de leurs affaires.
Ils s'exprimaient dans ce qui devait être leur langue, une série de petits sons graves en polhopopolhopopo. Le touriste improvisé ignorait s'ils parlaient le basic, et décida donc, non sans répugnance, de s'adresser aux stormtroopers qui patrouillaient. Il n'avait pas d'argent pour acheter à manger, et comptait s'expliquer pour obtenir de l'aide. Après tout, les impériaux étaient humains et pourraient lui donner un coup de main.
Il s'approcha alors du soldat le plus proche de lui.
– Excusez-moi monsieur, dit-il, j'aimerais rencontrer le Gouverneur local. Pourriez-vous me dire où le trouver ? Je suis un peu perdu, j'ai besoin d'être orienté.
Il s'était efforcé d'être poli. Il se souvenait avoir toujours méprisé l'Empire.
– Bien sûr, répondit le soldat. Veuillez me suivre.
Le jeune homme constata que le soldat le toisait de façon assez soupçonneuse. Ce qui était compréhensible, vu l'état vestimentaire et d'hygiène dans lequel il se trouvait.
Le stormtrooper l'emmena d'abord voir son supérieur. En chemin, le jeune homme se renseigna sur la présence d'un astroport.
– Il y a un astroport impérial près d'ici, expliqua l'impérial. Mais il est interdit d'accès. Ne vous avisez pas de vous en approcher, les règles sont strictes, et j'imagine que vous les connaissez.
Le jeune homme se demanda ce que ça voulait dire, mais il fut interrompu dans ses pensées, arrivant près du chef d'escouade, reconnaissable à son épaulette, de leader de troupes des jungles.
– Que voulez-vous ? demanda sèchement l'officier. Vous n'êtes pas d'ici, il me semble ?
– Eh bien, il se trouve que …
Le leader l'interrompit de la main. Il venait de voir le pommeau du sabre laser attaché à la ceinture de l'homme. De toute évidence, il savait ce que c'était.
– Veuillez décliner votre identité, ordonna-t-il froidement.
Le suspect tenta de rester calme. Il préférait ne pas avouer son amnésie. Tout le monde savait que les impériaux n'étaient pas dignes de confiance. Il décida de jouer en finesse.
– Kano, monsieur, répondit-il enfin. Non, je ne crois pas être d'ici. Pourquoi ?
Soudainement, l'officier impérial leva une main.
– Attrapez cet homme ! aboya-t-il à ses hommes.
Par réflexe, le jeune homme se mit à courir en se baissant, alors que les premiers tirs de laser crépitaient autour de lui. Apparemment, les impériaux n'étaient pas plus doués que les chasseurs de primes. L'Empire n'était plus ce qu'il était autrefois… Ils visaient comme des wampas aux yeux bandés, probablement en raison de leur manque d'entraînement. Il courait en zigzaguant, et les lasers rougeâtres dansaient autour de lui sans jamais le toucher. Un seul d'entre eux lui effleura la joue, et il sentit la chaleur du rayon mortel.
– A toutes les unités, ici le sergent Tiliar ! Cible repérée, il se dirige vers le centre. Par le trône de Palpatine, ne le laissez pas filer !
Tiliar exultait. Il tenait ce petit morveux de Jedi qui avait osé se poser sur la planète. Il avait survécu au crash, aux chasseurs de primes, mais il n’échapperait pas au sergent Tiliar.

Les sept soldats de l'escouade prirent Kano en chasse, tandis que le leader alertait les autres escouades. Une véritable course-poursuite s'ensuivit dans les étroites ruelles d'un des faubourgs de la ville. Les impériaux devaient profiter de cette rare occasion pour se défouler un peu. Malheureusement pour eux, ils s'étaient un peu embourbés en restant coincés des années sur cette planète.
Le jeune homme comptait semer ses poursuivants dans ce dédale de ruelles, quand il aperçut une porte ouverte. Il s'y engouffra, et la referma derrière lui. Mais les impériaux le virent et enfoncèrent la porte sans autre forme de procès. Ivres de violence, les sept soldats se ruèrent à l'intérieur sans même prévenir leurs collègues qui fouillaient la ville.
Pris au piège, le fugitif préféra se battre plutôt que de se laisser capturer. Les stormtroopers déboulaient devant lui, blaster au poing. Pour se défendre, il brandit le sabre laser. Le geste lui parut naturel, instinctif, et il en fut le premier surpris. Comme s’il avait fait ça toute sa vie. Les impériaux étaient à quelques mètres de lui, il n'avait plus le temps de chercher une solution. Le sabre laser était sa seule arme. Il effleura du doigt ce qui devait être la commande d'activation de l'arme. Quand les impériaux le mirent en joue, il se décida.
Il pressa le bouton d'activation. La lame d'énergie pure se déploya en un éclair. L'arme vint à la vie. Sa lueur violacée éclaira la pièce, et le bourdonnement de l'arme fit hésiter les impériaux un instant. Ils restèrent interloqués. S'ils pensaient avoir affaire à un Jedi, ils auraient dû s'attendre à rencontrer ce genre de difficultés. Quant au jeune homme, il sentait un certain réconfort en tenant cette arme puissante et légendaire entre lui et ses adversaires. Encore fallait-il qu'il sache s'en servir sans se mutiler lui-même…
Puis les soldats se décidèrent à ouvrir le feu. Sans comprendre comment, le jeune homme interposa son arme entre lui et les lasers mortels, avec une précision surhumaine, et un bon nombre d'entre eux ricochèrent dans la pièce, ravageant le mobilier. Un des tirs fut même renvoyé à son propriétaire, qui s'écroula au sol, son armure carbonisée au niveau de la poitrine. L'étrange scène dura un moment, pendant lequel le jeune homme resta solidement campé sur ses positions, à se protéger de la multitude de lasers qui l'entouraient. Le sabre devenait comme une extension de son corps. Il exerçait une danse frénétique, déviant sans relâche les lasers, au plus grand désarroi des impériaux. Puis il se décida à passer à l'assaut, profitant d'une courte pause de la fusillade, pendant laquelle les impériaux rechargeaient leurs blasters.

Avec une déconcertante habileté, il fit un petit geste du poignet, et la lame se mit en mouvement en vrombissant. Il s'approcha de ses adversaires, tenant fermement la poignée de son arme, leva son sabre et l'abattit, en frappant de toutes ses forces. La lame crépita, et rencontra de la matière, qu'elle trancha comme si ce fût du beurre. Il entendit des hurlements, et ferma les yeux un instant. Quand il parvint à comprendre ce qui s'était passé, trois autres impériaux gisaient sur le sol ensanglanté. Certains avaient perdu un membre, d'autres avaient été purement et simplement coupés en deux. Il marcha sur un bras encore recouvert de l'armure blanche. Les blessés poussaient des gémissements. Quant aux tués, il en émanait une écœurante odeur de brûlé. Enfin, les trois survivants contemplaient la scène, consternés et effrayés.

Le responsable de cette boucherie aussi restait tétanisé. Il abaissa son arme, sans cesser de fixer les cadavres. Il avait fait ça, lui ? Pourtant, cela ne lui avait demandé aucun effort. Les Jedi étaient-ils tous des bouchers, ou faisait-il une erreur ? Il se rassura : il n’avait fait que se défendre. Un des impériaux voulut en profiter pour faire feu. Mais à peine avait-il épaulé son arme qu'une sphère d'énergie bleutée balaya le petit espace où étaient réunis les impériaux. Les cris reprirent. Le jeune homme, un peu à l'écart, fut projeté en arrière par la puissance de la déflagration, qui se propagea un moment, avant que le calme revienne. De la fumée s'échappait du sol calciné. Cette fois-ci, aucun des sept stormtroopers n'avait survécu. Le fuyard savait bien que ce coup-ci, il n'y était pour rien. Tout ce qu'il avait compris, c'était qu'on lui avait certainement sauvé la vie.
Il fouilla la pièce ravagée du regard. Enfin, il discerna une silhouette qui s'avançait lentement.
– Rien de cassé, monsieur ? demanda une voix forte.
Il ne fournit pas de réponse préférant attendre de voir à qui il avait affaire. L'homme se rapprocha. Il tenait à la main un fusil à concussion, une arme particulièrement destructrice. Apparemment, il savait très bien s'en servir, les impériaux pouvaient en témoigner.
– Pardonnez la violence de mon intervention, reprit son sauveur. Mais ce bon vieux fusil est la première arme qui me soit tombée sous la main.
Un petit bruit de servomoteurs se fit entendre, et un petit droïd fit son apparition à son tour. D'un petit mètre de haut, le robot était constitué d'un étroit cylindre chromé. Autour de ce tronc, quatre bras mécaniques s'agitaient. Il se déplaçait à l'aide de répulseurs, qui le faisaient flotter à quelques centimètres au-dessus du sol. L'homme s'adressa à lui.
– Edo, tu veux bien me faire un peu de ménage ?
– Mais bien sûr monsieur.
Le droïd s'agita, ramassant les objets cassés par la bataille. Il nettoya le sol, les murs, sortit et revint avec un tapis qu'il plaça sur le lieu de l'explosion. Peu après, on peinait à deviner la violence de la bataille qui venait de se dérouler. Le robot devait avoir une sacrée programmation. L'homme le regardait faire. Il s'approcha de la porte, et demanda au droïd de la réparer au plus vite.
– Je ne veux pas que les Imps viennent me poser des problèmes, maugréa-t-il.

A présent, le jeune homme put voir et étudier les traits de l'homme. Celui-ci était plutôt vieux, bien qu'il lui fût impossible de lui donner un âge. Parmi tous les humains de la galaxie, ceux de certaines planètes vieillissaient mieux que d'autres. Cet homme avait un visage dur et déterminé, qui dénotait d'une bonne expérience de la vie et de ses difficultés. Sa longue chevelure et sa barbe blanches lui donnaient un air de vieux sage un peu fou. Mais à en voir sa carrure et sa précision au tir, il devait être assez entraîné. Son visage fin, ses rides délicates et ses yeux gris perçants lui apportaient un air sympathique et charismatique.
– Vous parlez le basic ? demanda-t-il en articulant, craignant de ne pas recevoir de réponses.
– Je vous remercie pour votre soutien, monsieur, se reprit le jeune homme.
– Y a vraiment pas de quoi fiston ! Vous savez, entre un Chevalier Jedi et des impériaux de pacotille, le parti est facile à prendre. D'ailleurs, je ne comprends pas trop ce qui vous a pris. Pourquoi ne les avez vous pas balayés avec votre sabre ou vos pouvoirs ?
– Monsieur, je ne suis pas un Jedi, répondit-il, pas vraiment sûr de lui. Monsieur comment au fait ?
– Marvic Sanaka. Appelez-moi Marvic. Et vous, c'est comment ?
– Kano. Kano tout court, répondit-il vite, pour ne pas paraître suspect.
– Tout court ? Vous venez d'une de ces planètes où on n'a pas de nom de famille ?
– A vrai dire, j'ignore d'où je viens. J'ai été adopté enfant, improvisa-t-il, en ne mentant qu'à moitié.
– Eh bien Kano, laissez-moi vous dire que pour un non-Jedi, vous maniez drôlement bien le sabre laser ! Permettez-moi de vous présenter mon fidèle droïd, Edo 27. C'est moi qui l'ai conçu, il est unique, fit-il avec une note de fierté dans la voix.
– Salutations monsieur Kano, fit le droïd de sa voix mécanique. Au fait, je préfère que vous m'appeliez Edo tout court. Je suis un droïd multifonctions, demandez-moi n'importe quoi et je le ferai pour vous ! A la perfection !
– Alors, qu'est-ce que vous faites ici, Kano ? demanda le vieil homme, habitué aux scènes d'autosatisfaction de son droïd. Et qu'est-ce que vous avez fait à nos bons vieux copains impériaux ?
– C'est une longue histoire. Merci pour tout, Marvic. Je ne veux pas vous déranger plus longtemps. Je suis sincèrement désolé pour les dégâts.
– Ho ho ho, où allez-vous comme ça ? Vous allez bien rester manger dans mon humble demeure ! Je pense que les autres impériaux ignorent où vous vous êtes caché. Je leur sortirai un bobard sur cette porte enfoncée. Ils me connaissent … Ils sont naïfs, je leur dirai que j'ai percuté la porte avec mon speeder !
Le jeune homme fixa le vieux de ses yeux verts.
– Pourquoi faites-vous tout cela ? Vous prenez de gros risques …
– J'ai connu autrefois un Jedi. Ca fait une éternité, avant le massacre orchestré par Palpatine et Vader. C'était un ami. Vous me faites penser à lui. De plus, je hais l'Empire. Et pour finir, je tiens à vous présenter ma fille, conclut-il avec un sourire malicieux.
Finalement, il accepta de rester un moment chez ce brave homme. Il se prit à rêver d'un bon repas, d'une douche et d'un gros dodo dans un lit douillet.
Il faisait confiance à ce type qu'il n'avait jamais vu. Il se félicita également de sa chance. Il s'était réfugié au bon endroit. Tout d'abord, Marvic lui avait sauvé la vie. Ensuite, il aurait très bien pu tomber sur un fidèle à l'Empire. Enfin, la famille de Marvic était une des rares familles humaines sur la planète. Il aurait certainement eu des petits problèmes de communication avec des teebooz.

Il suivit le vieil homme dans les couloirs de sa maison. La demeure était confortable, sans que Sanaka ne soit particulièrement aisé. Il lui montra ce que serait sa chambre. Kano n'eut même pas le temps de protester. Marvic voulait le faire dormir chez lui. L'envie ne lui en manquait pas, et sinon qu'aurait-il fait d'autre sans un sou en poche, avec l'Empire à ses trousses ? Ce dont Kano rêvait, c'était d'un bon repas, d'une douche et d'une nuit paisible dans un bon lit. Sanaka pouvait certainement lui offrir ça, il avait l'air de vouloir insister.
Marvic Sanaka n'avait même pas posé la moindre question à son protégé. L'invité ne s'en soucia même pas. De toute façon, il serait mieux ici que dans une prison impériale ou abattu par un chasseur de primes quelconque. Néanmoins, il eut un instant de doute : et si le vieil homme essayait de le piéger, pour encaisser la prime ? Mais une sensation au fond de lui disait qu'il pouvait avoir confiance.
Ce qui était plus inquiétant, c'était que la mémoire ne lui soit pas revenue. Il préféra ne pas en parler pour l'instant à son hôte. Il verrait par la suite s'il n'était pas trop risqué de se mettre à nu devant un inconnu. En fait, Marvic pourrait peut-être l'aider à se mettre sur la bonne voie. Il décida donc de se cacher ici et de profiter de l'hospitalité de son hôte.

Toutes ses réflexions furent coupées court quand il sentit le doux fumet d'un repas qui mijotait. Il s'en lécha les babines d'avance. Semblant comprendre sa réaction, Marvic prit la parole.
– Depuis la mort de ma femme il y a une bonne vingtaine d'années, c'est ma fille qui fait la cuisine. Avec elle, plus besoin de synthétiseurs de repas. Croyez-moi, elle vaut n’importe quel chef d’Alderaan ! Vous verrez, je suis sûr qu'elle va vous plaire !
Edo 27 arriva derrière eux, après avoir fini de remettre en état le hall d'entrée.
– Monsieur, protesta-t-il, ma programmation fait également de moi un excellent cuisinier !
– Mais oui Edo, le railla Marvic, et tu fais même la vaisselle et la ménage ! Ce droïd n'est pas des plus modestes, souffla-t-il à Kano. Mais c'est vrai qu'il est utile, si on supporte son narcissisme et ses blagues douteuses.
– Je vous ai entendu, Monsieur, dit Edo. Souvenez-vous, c'est vous qui m'avez installé ces senseurs de pointe, qui me permettent d'entendre votre cœur battre si j'en ai envie ! Alors arrêtez de me critiquer ou j'irai servir un maître plus digne !
Marvic ignora son robot pour continuer à parler à Kano, qui semblait amusé par l'attitude d'Edo. Certains droïds développaient une personnalité unique, et celui-ci avait l'air d'être un sacré cas.
Edo s'éloigna en continuant à marmonner électroniquement, et le bruit de ses répulseurs se perdit dans les couloirs de la maison.
– Vous verrez, plaisanta Marvic, Edo met un peu d'animation. Mais je ne l'ai pas programmé pour ça !
Kano s'était déjà dirigé vers la cuisine où le repas mijotait. L'appel du ventre… Mais finalement, ce fut autre chose dans cette pièce qui attira son attention.

– Monsieur, ce n’est qu’un malheureux contretemps ! Il a disparu dans les ruelles. Un des ces teebooz a dû l’héberger, et nous l’aurons bientôt localisé, vous pouvez me faire confiance.
– Je ne sais pas, sergent, rétorqua le Moff Danika. Vous aviez à votre disposition toutes les unités de la ville, et il a disparu tout de même. Et par dessus le marché, vous m’annoncez qu’une de vos escouades s'est volatilisée !
– J’ignore ce qui s’est passé, mais ce Jedi ne va pas s’en tirer comme ça.
– Je l’espère, dans votre intérêt. Si vous ne voulez pas finir comme amuse-gueule pour le Rancor d’un Hutt…
Tiliar se retira, hors de lui. Ces Jedi, il ne les portait pas dans son cœur. Heureusement, il y a des décennies, l’Empereur Palpatine les avait tous fait éradiquer en arrivant au pouvoir. Mais un enfant avait survécu, Luke Skywalker, qui avait précipité la chute de l’Empire. Depuis, l’Ordre renaissait, et cette classe maudite réapparaissait, luttant contre les indépendantistes impériaux.
Du temps de Darth Vader, le supérieur de Tiliar avait été exécuté par Vader pour avoir laissé filer le jeune Skywalker. Depuis, Tiliar était monté en grade et gardait à cœur de faire payer ces maudits Jedi. Ce jeune homme qui était arrivé sur Tabal serait le bouc émissaire. Tous les soldats et les chasseurs de primes de la planète seraient sur son dos. Et lui le premier.