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Chapitre 1 : Levé du Mauvais Pied
 
Une nouvelle branche lui lacéra le visage, puis une autre. Il trébucha, le pied retenu par une racine, et tomba lourdement sur le sol. Il en profita pour reprendre son souffle, et se décida à poursuivre sa course effrénée. Au-dessus de lui, les arbres immenses de la jungle dansaient lentement dans le vent, et paraissaient se moquer de lui et de sa fuite désespérée. Le jeune homme leva la tête, puis se concentra à nouveau sur ce qu'il avait devant lui.
Il courait depuis un bon moment déjà, sans but fixe. Il avait perdu la notion du temps depuis son réveil et ne savait absolument pas depuis combien de temps il était parti. Tout ce qu'il avait à l'esprit, c'était qu'il pouvait encore entendre les vociférations de ses poursuivants. Son esprit était embrumé, et il savait bien qu'il n'avait pas les idées très claires. Il n'avait pas besoin de ça en ce moment. Ses agresseurs ne semblaient pas plaisanter, et ne lui laisseraient certainement pas le loisir de se remettre un peu en état.
La chaleur moite de la jungle épaisse ajoutait à sa fatigue, mais il n'avait pas le droit de s'arrêter. Il avait la ferme conviction que ses agresseurs n'avaient pas d'intentions amicales. Leurs cris se mêlaient aux bruissements de la végétation. Le jeune homme percevait d'autres bruits indéfinissables et pas franchement rassurants. La jungle était sauvage, et il y avait fort à parier que différents animaux peu sympathiques habitaient les lieux. Une raison supplémentaire pour se tirer au plus vite de ce guêpier…
A vrai dire, il ne savait pas grand chose. Depuis son réveil, il constatait avec stupeur et effroi qu'il ne se souvenait de rien. Il n'avait aucune idée de la planète sur laquelle il se trouvait, ni de ce qu'il faisait là, et encore moins pourquoi il se retrouvait avec trois chasseurs de primes antipathiques sur les talons. Cela n'arrangeait en rien la situation de ne pas savoir exactement de quoi il retournait. S'il avait su ce qu'on lui reprochait, il aurait peut-être pu tenter de raisonner les chasseurs de primes qui le pourchassaient.
D'ailleurs, ces derniers semblaient fatiguer à leur tour. Il les entendit converser en criant, à une centaine de mètres de lui.
– Ce fumier ne doit pas être loin, beugla une voix.
– On n'arrivera pas à le rattraper aujourd'hui, répondit un autre chasseur de primes. On finira bien par l'avoir. De toute façon, il ne peut pas quitter cette planète.
– Ouais, ajouta un autre, on l'attrapera quand il se décidera à sortir. Ou alors, une bestiole se chargera de lui.
Ils savaient que le fuyard les entendait, et cela les amusait de lui mettre la pression de la sorte. En fin de compte, les chasseurs rebroussèrent chemin, et leurs voix se perdirent dans le tumulte de la jungle. Le jeune homme poursuivi se permit de s'arrêter, tout en s'efforçant de rester à couvert. Peut-être ses assaillants essayaient-ils de le feinter, il devait être prudent. Dans tous les cas, il savait que son repos ne serait qu'éphémère. Mais il devait en profiter.
Il se laissa tomber au sol, s'adossant à un tronc d'arbre massif. Haletant, il grimaça tant ses éraflures au visage lui faisaient mal. Ses joues et son front étaient parcourus de lignes rouges, et un peu de sang coulait jusqu'à son menton. Il n'aurait jamais imaginé que la jungle passive soit aussi meurtrière. Ses cheveux étaient trempés de sueur, tout comme son front et ses tempes. Il faisait une chaleur insupportable, lourde, oppressante, et il transpirait abondamment, bien qu'il fût légèrement vêtu. Il avait juste eu le temps d'enfiler un pantalon et une chemise corellienne, réunis au pied de son lit, avant que les chasseurs de primes ne fassent irruption dans la petite mansarde où il s'était réveillé.
Il contempla un instant le décor qui l'entourait, pour essayer de déterminer la planète sur laquelle il se trouvait. Il s'agissait d'une jungle banale. Les arbres atteignaient une hauteur vertigineuse, et la lumière du soleil peinait à percer la couche de branchages. A quelques rares endroits, un rai de lumière illuminait la végétation abondante et bariolée. Mais malgré tous ses efforts, le jeune homme ne parvint pas à savoir où il se trouvait.
Il se mit donc à ressasser les événements tels qu'ils s'étaient déroulés, pour essayer d'y voir plus clair.

On ne pouvait pas dire qu'il s'était réveillé avec douceur. Un mal de crâne aigu l'avait tiré sans ménagement de son sommeil agité. Geignant de douleur, il s'était dressé sur l'étroit lit dans lequel il avait dormi. Mais combien de temps ? Il l'ignorait. Retrouvant ses esprits, il écarta les draps, et constata qu'il ne portait qu'un caleçon. Il se leva lentement, et retint un cri en sentant que tout son corps lui faisait mal. Il était blessé, mais quelqu'un l'avait visiblement soigné. Mais qui ? Des vêtements ensanglantés étaient en boule dans un coin de la pièce. D'autres, propres ceux-là, l'attendaient au pied du lit. Il enfila le pantalon et la chemise, et constata qu'ils étaient parfaitement à sa taille. Une veste était là aussi, mais il préférait l'enfiler par la suite.
Outre le lit, seule une petite commode constituait le mobilier de la chambre. La baraque était en bois, tout comme les meubles. Sur la commode, il trouva un petit cylindre, d'une trentaine de centimètres de long, orné de plusieurs petits boutons de commande. L'objet était en acier chromé, et comportait des éléments électroniques. Il l'inspecta de plus près, et remarqua une inscription sur un des flancs de l'objet, qui lui semblait familier. L'inscription, en basic standard, était "Kano". Probablement le nom du propriétaire, pensa-t-il.
Par politesse pour son hôte, il ne toucha à rien, et se mit en quête du maître des lieux. Il sortit de la petite chambre, et se retrouva face à un escalier. La chambre et une petite salle de bain à sa gauche étaient les seules pièces à l'étage. Il fit une halte à la salle de bain pour se rafraîchir un peu et se rendre présentable. Il observa son reflet dans le miroir. Il avait des cheveux bruns très courts, et des yeux vert clair. Il était assez grand, et de bonne carrure. Etrangement, le visage qu'il vit ne lui parut pas familier. Il se dit que ce malaise était passager, et descendit. Il découvrit un petit salon rustique, mais confortable. Cependant, il n'y trouva personne. Un écran holo ornait le mur du fond, entouré de fauteuils. Une table occupait la majeure partie de l'espace, et un datapad se trouvait dessus. Ces bloc-notes électroniques permettaient d'enregistrer des informations et de les consulter. Bien qu'il n'eût pas les idées claires, il savait bien qu'il n'était pas chez lui. Il cherchait donc quelqu'un qui puisse éclairer sa lanterne. Mais tout ce qu'il trouva, ce fut une petite image holo, qui représentait un être grassouillet, à côté de ce qui était probablement un trophée de chasse. Au moins, il avait une idée de ce à quoi ressemblait le propriétaire.
Ne sachant que faire, il se décida à partir. Il laissa un petit mot de remerciement sur le datapad de la cabane. Mais au moment de signer, il fut surpris de ne pas parvenir à se remémorer son propre nom. Il ne s'en inquiéta pas outre mesure, se disant qu'il irait mieux dans un moment. Il était un peu sonné, et attendrait que tout se remette en place.
Il n'osa pas se servir à manger, bien que le petit salon, pièce principale de la demeure, fût équipé d'un synthétiseur de repas et de boissons. Il se décida tout de même à remonter chercher la veste. Une fois arrivé en haut, des bruits de speeders en plein freinage lui parvinrent de l'extérieur, les crissements stridents du gravier se mêlant au soufflement des freins à répulseurs. Il se réjouit de voir revenir son bienfaiteur, et jeta un coup d'œil par la petite fenêtre.
Ce qu'il vit réveilla un étrange sentiment dans son cœur, comme un mauvais pressentiment. Trois personnes descendaient des speeders, et accouraient vers la petite maison. Il discerna un rodien, armé d'un mini-blaster. Le petit extraterrestre à la peau bleu sombre semblait donner des ordres. Il s'exprimait dans un basic pitoyable, mais compréhensible. Les différentes espèces de la galaxie parlaient chacune leur langage, mais le basic avait été créé il y a des millénaires pour servir de langue universelle. Sa syntaxe et ses sonorités étaient simples, et la plupart des êtres intelligents arrivaient à la maîtriser. Ce rodien n'avait pourtant pas l'air doué pour les langues.
Ses deux acolytes avaient une mine encore plus patibulaire. Un dévaronien, avec sa peau sombre et ses petites cornes, dégainait un fusil blaster de gros calibre. L'autre, un weequay, brandissait une vibro-hache. Ces armes étaient les favorites des membres de cette race, dont l'aspect évoquait un humain très vieux et rassis. En tout cas, aucun de ces types ne ressemblait à l'individu sur l'holo que Kano avait trouvé.
Le jeune homme n'avait pas besoin d'être devin pour voir qu'ils étaient des chasseurs de primes, et pas du meilleur acabit à en voir leur discrétion. Et il comprit facilement qu'ils ne venaient pas pour lui servir son petit déjeuner. Il voulut se défendre, mais se ravisa. Il était désarmé, et encore trop sonné pour faire des exploits. Il ignorait si ces types venaient pour lui ou pour le propriétaire, mais il savait qu'il n'avait pas intérêt à traîner dans le coin. Ces chasseurs de primes risquaient de tirer à vue. Puis il se rappela le petit cylindre sur la table, et le prit dans sa main. La poignée était parfaitement adaptée à sa morphologie. Divers boutons de contrôle étaient disséminés autour du bouton central d’activation. Un petit crochet lui permit de l'accrocher à la ceinture de son pantalon. Après tout, c'était peut-être à lui. Il comprit soudain qu'il s'agissait d'un sabre laser, l'arme des Chevaliers Jedi. Mais il ignorait s'il était habilité à la manier, et maintint sa décision d'éviter le combat. De plus, il ne se sentait pas en état de tenir tête à trois individus agressifs et lourdement armés.

Les chasseurs de primes déboulèrent avec fracas dans la cabane, enfonçant la porte qui n'était pourtant pas fermée à clé. A l'étage, le jeune homme cherchait le moyen de fuir, mais descendre par l'escalier était exclu : il se jetterait dans les bras ennemis. Il bloqua la porte avec la chaise du bureau, pour se donner un instant de réflexion. Quand il entendit les assaillants gravir l'escalier quatre à quatre, il dut se décider, et sauta tout simplement par la fenêtre.
La réception fut plutôt douloureuse, mais il devait continuer. En haut, la porte n'avait pas résisté aux brutes, qui l'avait abattue à coups de vibro-hache. Se rendant compte de la supercherie en regardant par la fenêtre, ils se mirent à jurer dans leurs langues respectives. Le jeune homme était à couvert, et ils ne parvinrent pas à faire feu depuis l'étage. Ils se précipitèrent en bas, puis à l'extérieur, se bousculant pour être le premier à tirer. Le fuyard se moqua intérieurement de ces idiots qui se disputaient leur objectif commun. Néanmoins, il n'avait pas le temps de rire : il avait la confirmation que c'était à lui qu'ils en voulaient.
Le jeune homme avait enfourché un des motospeeders, et cherchait à le faire démarrer. La carte de contrôle était restée sur le tableau de bord, et il n'eut qu'à la faire tourner pour mettre l'appareil en marche. Il commença enfin à avancer sur la petite route de terre, et écrasa la pédale d'accélération pour gagner de la vitesse. Le véhicule avait une forme effilée, et la fourche s'allongeait à l'avant, pour maintenir l'équilibre de l'engin. Le dévaronien arma son fusil, le mit en joue et fit feu. Il rata sa cible une fois, mais le second coup atteignit son but. Le laser rouge de gros calibre carbonisa le stabilisateur gauche.
Le stabilisateur prit feu, et l'appareil, privé de cette pièce vitale, vit sa direction altérée. Le speeder était fichu. Le jeune homme ne parvint plus à contrôler son véhicule, donnant de vigoureux coups de guidon pour tenter de maintenir sa direction. En vain. Le speeder touché se mit en vrille, et son pilote se laissa tomber à temps, avant que sa monture ne percute un tronc d'arbre. L'engin explosa alors, soulevant d'impressionnantes gerbes de flammes. Les poursuivants se protégèrent un instant les yeux de la lumière aveuglante et de la chaleur, puis se remirent en quête de leur proie, comprenant qu'elle avait survécu à son accident
Reprenant ses esprits, le jeune homme se redressa, et choisit de partir à l'aveuglette dans la jungle épaisse qui s'étendait devant lui. Là au moins, ses poursuivants ne pourraient pas le suivre en speeder au milieu des arbres massifs, à moins d'être suicidaires ou pilotes d'élite. En course à pied, il avait une petite chance de les semer. Malheureusement, il ne connaissait absolument pas les lieux, ce qui n'était peut-être pas le cas de ses poursuivants.
Il se mit donc à courir de toutes ses forces. Sa tête lui faisait encore mal, son saut par la fenêtre avait endolori ses chevilles, et sa cascade avec le speeder lui avait occasionné une blessure à l'épaule gauche. Mais il réussit tout de même à maintenir une bonne allure. Derrière lui, ses poursuivants étaient à distance respectable. Comme il l'avait prévu, ils avaient renoncé à prendre leurs speeders. Et ils ne tiraient pas, craignant probablement de manquer leur cible et d'accroître leur retard pour rien. De toute façon, la végétation luxuriante de la jungle offrait une protection relative au fuyard.
Il entendit le dévaronien grogner dans sa langue maternelle. Il était facile de deviner qu'il se plaignait de la perte de son speeder. Le jeune homme se prit à penser que, s'il avait eu affaire à de vrais professionnels, il ne serait certainement plus en vie à cette heure-ci. Il reprit un peu de courage, et recommença à courir à travers les branchages du taillis qu'il traversait, ne se souciant pas des branches qui tranchaient sa peau.


A présent, les abrutis qui le poursuivaient avaient renoncé, et il les entendit démarrer leurs speeders pour partir, alors que le dévaronien se plaignait toujours que ce soit son appareil qui ait dû être abattu.
Mais ce petit retour en arrière ne lui avait pas apporté grand chose. Une fois reposé, il réfléchit de plus belle. Et il commença à se faire du souci en constatant que son nom lui était toujours inconnu. Pour se rassurer, il entreprit de se rappeler quelques éléments. Il se souvenait que la Nouvelle République remplaçait l'Empire depuis une vingtaine d'années, que sa capitale était Coruscant, que les Chevaliers Jedi resurgissaient. Il se fit un bilan historique, politique et géographique de la galaxie dans laquelle il vivait. Bref, il n'était pas devenu complètement ignare.
Mais il fut effrayé de voir que, pour tout ce qui le concernait lui, il était parfaitement amnésique. Il ignorait son nom, son âge, sa planète d'origine, il ignorait tout. Il n'avait aucun souvenir de ses parents, ses amis, son travail, sa femme peut-être et ses enfants. Il n'avait pas non plus la moindre idée du nom de la planète sur laquelle il se trouvait, ni pourquoi. Il fouilla son esprit de fond en comble, mais un mur semblait l'empêcher d'accéder aux informations qu'il désirait. Au moins, il avait la sensation que ses souvenirs n'avaient pas totalement disparu. Ils étaient juste inaccessibles pour le moment.
Il n'avait aucune pièce d'identité sur lui, rien que ce sabre laser qu'il n'osait utiliser. Il avait entendu que seuls les Jedi pouvaient bien le manier, sans risquer de se blesser. Il préféra donc s'abstenir. Après tout, son hôte était peut-être un Jedi, et dans ce cas il lui avait volé sa précieuse arme. Drôle de façon de remercier …
L'inscription "Kano" était tout ce qu'il avait comme information.

Pour l'heure, il devait survivre. Il était totalement perdu dans cette jungle inconnue, et ses petits copains n'avaient pas l'air d'avoir envie de jouer. Il ne pouvait revenir à la cabane : on l'y attendrait, c'était évident. Il se mit donc en tête de trouver une ville, un village, ou de préférence un astroport qui lui permettrait de quitter ce monde perdu. Plus que tout, il désirait s'informer.
Il s'était levé assez tard dans la matinée, mais ne savait de combien de temps il disposait avant que la nuit ne tombe. Il ne connaissait pas la durée standard des journées de cette planète. La jungle épaisse l'empêchait de voir clairement où étaient le ou les soleils de ce système. Quoi qu'il en soit, il devait trouver un endroit où passer la nuit. Et vite.
Il se remit donc en marche. Il avait faim, soif, et sa carcasse refuserait bientôt de continuer à se traîner. La jungle avait l'air plutôt calme, mais il préférait ne pas s'amuser à dormir à la belle étoile. Il ne connaissait pas la faune locale, et des prédateurs pourraient très bien le dévorer alors qu'il dormait comme un bébé. Par ailleurs, les chasseurs de primes pourraient aussi, une fois n'est pas coutume, le tirer de son sommeil sans ménagement. Et là, il n'aurait pas de fenêtre par laquelle s'échapper.
En attendant, il faisait encore jour, et il marchait depuis un temps incalculable. A plusieurs reprises, il fut tenté de se frayer un chemin à travers les broussailles à l'aide du sabre laser. Mais, par prudence, il se ravisa.
Les arbres gigantesques s’agitaient lentement sous la pression du vent, et leurs longues branches balayaient le sol. Des bosquets multicolores égayaient le site, qu’il savait pourtant être des plus dangereux. Des petits animaux qui lui étaient inconnus se poursuivaient entre les taillis, émettant de petits piaillements aigus et se chamaillant. Il distingua une race majeure, des petits rongeurs bleutés, longs d’une vingtaine centimètre et dont les trois yeux inspectaient le voyageur. Leurs huit pattes leur permettaient de se mouvoir rapidement, et ils détalèrent prestement quand il s’approcha d’eux. Il estima qu’ils n’étaient pas dangereux.

Quelques heures plus tard, le crépuscule commença à tomber. La jungle s'emplit de bruits bizarres. Des grognements, des jappements, tout un vacarme menaçant. Le marcheur se mit à se faire du souci. Depuis combien de temps n'avait-il pas mangé ? Il avait certes pu se désaltérer grâce à une rivière providentielle, mais il avait choisi de ne pas toucher aux fruits offerts par les arbres qu'il rencontrait. Ils pouvaient se révéler toxiques, et il n'avait vraiment pas besoin de ça maintenant.
Il lui fallait dormir. Heureusement, un tronc d'arbre creux, à quelques mètres de lui, semblait offrir son confort au marcheur éreinté. Il se décida à s'y installer, après avoir bouché l'entrée avec des branchages. Avec un peu de chance, les éventuels prédateurs le laisseraient en paix. Sinon, il serait dégusté comme un biscuit apéritif. Quant aux chasseurs de primes, ils étaient bien trop maladroits pour le débusquer.
La nuit arriva lentement, et les sons de la jungle devenaient de plus en plus menaçants. Ces bruits ajoutaient au malaise du jeune homme. Il espérait que l'arbre le dissimulerait aux prédateurs qui ne manqueraient pas de rôder en quête de leur dîner. Il s'efforça de se détendre. Il fallait dormir, coûte que coûte. Il pensait trouver des habitations le lendemain : les chasseurs de primes ne devaient pas venir de bien loin s'ils avaient pu venir en speeder. Par ailleurs, la cabane devait bien être à proximité d'un point de ravitaillement.

Une fois installé confortablement, le sommeil s'empara de lui sans la moindre difficulté. Bien que la faim lui fasse mal au ventre, il s'assoupit rapidement. C'est alors qu'un flash illumina son esprit. Pas encore un rêve, il en était certain. Mais certainement une vision du passé. De son passé. Les images l'assaillaient. Il avait déjà vécu dans une jungle. Celle là ou une autre, il ne pouvait pas le dire. Mais il avait la conviction que ce décor lui était familier.
Il se voyait, marchant à travers une autre jungle. Cette fois, il n'était pas blessé, et paraissait en forme. Il courait à présent, évitant avec agilité les obstacles sur son chemin. Tout l'inverse de sa course de la journée. En fait, cette scène faisait penser à un entraînement volontaire. Un autre jeune homme était à ses côtés, courant de la même manière. Il se vit arriver à son but, et discerna au-dessus de lui une gigantesque planète géante gazeuse orangée, dont il ignorait le nom. Enfin, son image dans sa vision se dirigea vers un bâtiment qui dépassait les arbres. Un immense temple en pierre antique. Il reprit sa course, et disparut dans la jungle.
Sa vision s'acheva, et il ne dormait toujours pas. Ce n'était pas un rêve, cela avait semblé si réel qu'il était prêt à parier qu'il avait aperçu son passé. C'était bon signe, et il se rassura en se disant que sa mémoire lui revenait peu à peu, bien qu'il ne soit pas capable d'expliquer ses visions.
Il n'eut pas le temps de chercher à mieux comprendre ce curieux fait. Les ténèbres s'emparèrent de lui en un clin d'œil, et il sombra dans un sommeil bien mérité.

Le weequay ne s’arrêta pas une seconde de rouspéter pendant le trajet du retour. Il avait été désigné pour transporter son collègue dévaronien, privé de son speeder. Les deux chasseurs de primes avançaient lentement sur l’appareil, qui n’était pas conçu pour supporter un tel poids. Les répulseurs bourdonnaient, et l’appareil touchait presque terre. Le rodien, quant à lui, avait pris de l’avance, et ses deux compères s’en réjouissaient : il encaisserait la première salve d’insultes du patron.
Mais en fait, ils avaient tous plutôt honte. La prime était alléchante, et la cible leur avait été servie sur un plateau d’argent. Un type seul, perdu, à qui il aurait dû suffire de loger un laser en pleine tête pour s’en débarrasser. Et voilà que le gamin leur avait filé entre les doigts, sans même avoir à utiliser la moindre arme. Les trois chasseurs de primes seraient la risée du milieu pendant des décennies !

– Il a quoi ? hurla le patron.
– Il s’est enfui, monsieur, bredouilla le rodien. Il nous a surpris. Je crois…que c’est un Jedi.
– Et alors ! Vous croyez que ça vous excuse ? Ce type était seul, endormi, vous étiez trois, et vous l’avez loupé ! Par le casque de Boba Fett, mais d’où est-ce que je sors des abrutis pareils ! Vous ne devez pas être très malins sur vos planètes respectives...
Les deux autres chasseurs venaient d’arriver, et firent vite pâle figure en voyant l’humeur du patron.
– J’ai un contrat avec quelqu’un de particulièrement important, on n’avait pas le droit à l’erreur. Notre contact nous avait dit exactement où le trouver, et les impériaux nous ont laissés venir exprès pour la chasse ! Mon employeur va me faire la peau !
– Monsieur, se risqua le dévaronien, tout n’est pas perdu. Ce type est seul dans la jungle. Soit il va y rester, soit il gagnera la ville et on n’aura plus qu’à le cueillir !
– Il y a intérêt. Sinon je vous livrerai moi-même au Maître. Toi, fit-il à l’un de ses chasseurs, surveille les rapports impériaux. Toi, espionne en ville. Et toi…trouve-toi un nouveau speeder.
Les chasseurs de primes rompirent prestement, trop heureux que l’orage soit déjà passé.
– Une dernière chose, acheva le patron, il semblerait que notre informateur ait omis de nous signaler qu’il s’agissait d’un Jedi. C’est à vérifier, même si ceux qui l'ont déjà vu affirment que c'est vrai. Mais si vous le repérez, je m’en occuperai personnellement. J’ai horreur qu’on me provoque.
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