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Introduction
 

L’Ordre 66 fut avant tout inéluctable : il a surgi des ténèbres pour happer tous les Jedi, ne leur laissant pour la plupart aucune chance. Boba Fett non plus n’a laissé aucune échappatoire possible aux Jedi, car par-dessus tout, il voulait avoir sa revanche. Mais même les clones peuvent connaître un destin inéluctable lorsqu’ils sont confrontés au plus puissant des Jedi…

Un Clone du Temple - Belgarion_76
 

Les clones avaient fini leur sale besogne. Ils avaient accompli ce qu’ils avaient à faire. Toutes les personnes présentes dans le Temple Jedi pendant la nuit avaient été tuées. Tous les Jedi du Temple s’étaient éteints.

Les clones n’étaient pas particulièrement fiers de ce qu’ils avaient fait mais ils n’étaient pas particulièrement tristes non plus. Ils étaient là pour effectuer les tâches qu’on leur confiait et ils s’exécutaient. Leurs sentiments n’entraient pas en compte.

Alors que le soleil se levait sur Coruscant, TKF-8-2-1 sortait du Temple. Le nouvel ordre qu’il avait reçu lui indiquait qu’il devait rejoindre les soldats clones en faction à l’entrée du Temple. On craignait que des Jedi rejoignent le Temple. On espérait que des Jedi rejoignent le Temple. Et pour s’occuper d’eux il fallait un contingent entier et prêt à l’assaut.

De très nombreux Jedi s’étaient fait tuer dans toute la galaxie. Mais certains avaient réussi à s’échapper. Un ordre avait été lancé pour les pousser à revenir au Temple. Le piège était tendu et il ne restait plus qu’à attendre qu’il s’active.

Les clones postés à l’entrée du Temple s’impatientaient. Ils étaient nerveux. C’était rare. Cela ne se produisait presque jamais. Mais la nuit qu’ils avaient vécue avait été assez longue. Ils avaient parcouru le Temple Jedi de long en large pour exterminer tous les Chevaliers de la République et de nombreux clones étaient morts. Si on leur avait appris à ne pas faire attention à la mort, les clones n’étaient tout de même pas des robots et cela entrait en compte, pour certains.

TKF-8-2-1 regardait le soleil. Il commençait à monter alors que la matinée avançait. De nombreuses zones d’ombres étaient encore présentes néanmoins. Et la fumée qui s’élevait toujours du Temple assombrissait un peu la vision qu’il avait du ciel. TKF-8-2-1 se demandait si un Jedi allait venir. Pour l’instant, personne n’avait l’air d’être tombé dans le piège.

Soudain son regard fut attiré par une zone d’ombre. L’entrée du Temple était majestueuse avec ses énormes piliers, mais c’était d’autant plus facile de se cacher. Tout à coup des tirs de blasters se firent entendre. Cela venait de sa gauche. Il se tourna pour voir un homme armé d’un sabre laser bleu en train de tuer des clones. Ses frères tombaient sous les coups du sabre de ce Jedi. TKF-8-2-1 se mit alors à tirer. Mais ses tirs furent repoussés par un autre sabre laser. Un sabre laser doté d’une lame verte, de taille plus courte. Son possesseur fut aisément identifiable. TKF-8-2-1 le reconnut, c’était le plus grand Maître Jedi de tous les temps. Non grand par sa taille mais par sa réputation et son pouvoir. Maître Yoda était venu venger les siens. TKF-8-2-1 fut pris de panique pendant une seconde, avant que le sang-froid du soldat ne reprenne le dessus. Il se mit à tirer sur la créature verte qui sautait au sol en balayant les soldats clones de son sabre laser. En un mouvement son sabre laser tua un clone. Le mouvement suivant renvoyant un laser à sa cible. Tous ses mouvements servaient à quelque chose. Il n’y avait rien d’inutile dans sa danse de mort.

TKF-8-2-1 continuait à tirer. Les clones entouraient les deux Jedi. Ils allaient les vaincre. L’Empereur Palpatine serait ravi d’apprendre la mort de son plus cher ennemi. L’ennemi qu’il craignait le plus. Cela redonna du courage aux clones présents sur le champ de bataille. Bien que les clones fussent de moins en moins nombreux, ils n’abandonnèrent pas. Mais TKF-8-2-1 se rendit compte qu’ils ne pourraient vaincre. Si seulement il n’y avait qu’un Jedi. Mais ces deux là formaient un duo beaucoup trop fort. Encore deux de ses camarades s’écroulèrent alors qu’il faisait un pas en avant, vers Yoda. Puis, il vit ce Jedi faire un bond en avant en coupant un autre clone. TKF-8-2-1 se dit alors qu’il était trop près du Jedi. Mais il fut rassuré de voir qu’il était hors de portée d’un coup de sabre. Il allait appuyer sur la gâchette de son arme, encore une fois, lorsque la lame du Maître Jedi se rapprocha rapidement. Elle avait fendu l’air avec une telle rapidité que TKF-8-2-1 n’avait guère eu le temps de comprendre ce qu’il lui arrivait. Puis il put voir que la poignée du sabre laser était à quelques centimètres de son menton. Le Maître Jedi était pourtant encore au sol. TKF-8-2-1 ressentit alors une douleur dans la poitrine lorsqu’il vit la petite créature verte lui sauter dessus pour récupérer son sabre laser. Le Maître Jedi repartit à l’assaut alors que TKF-8-2-1 s’écroulait. Il comprit que le plus petit Jedi l’avait eu. Il avait jeté son sabre avec une telle abilité qu’il avait tué sans mal un clone de plus. TKF-8-2-1 se dit qu’il avait fait de son mieux pour servir l’Empereur. Mais les Jedi méritaient bien leur réputation.

TKF-8-2-1 vit le sol se rapprocher dangereusement. Il ne pouvait rien y faire. Il avait perdu toute force de résistance et de contrôle sur son corps. La douleur se fit encore sentir. Peu avant de toucher le sol, le soldat clone ferma les yeux et l’obscurité fut remplacée par les images des quelques belles planètes où il s’était rendu, en pensant qu’il aurait aimé vivre une vie normale. Puis l’obscurité, éternelle, s’empara de lui.

La Revanche d'un Clone - Dark Solaris
 

La cible fuit, mais elle ne peut aller bien loin. Le chasseur de prime la rattrape toujours.

La cible : un simple humain, un mercenaire, un assassin. Ce n’est qu’une mission parmi d’autres.

Ce chasseur de prime a un style propre. Efficace, innovant, il ne rate jamais une occasion de gagner sa réputation.

En haut d’un des plus grands édifices d’une cité d’Ithor, il vise sa cible à plusieurs centaines de mètres au loin, dans la rue peu éclairée. Sa cible ne le remarque pas. Le chasseur est jeune, le chasseur est compétent, il se nomme Boba Fett.

Il retient sa respiration quelques secondes, puis appuie sur la détente de son fusil laser. Le coup est rapide, silencieux, et percute l’humain derrière la tête qui vient tomber lourdement sur le sol, détaché du reste du corps.

La mission est terminée, Boba retourne à son vaisseau rapidement. Il récoltera sa prime cette fois encore. Mais il lui faut encore ne pas être vu par le Jedi présent dans la cité, un togorien plutôt âgé, sans pouvoir extraordinaire : un simple Jedi. Il ne lui fait pas peur, mais il n’a pas le temps de s’en prendre à lui : la mission avant tout.

À bord de son vaisseau, il nettoie son armure mandalorienne, avec des souvenirs qui lui reviennent, en particulier son père, mort sur Geonosis trois ans auparavant, au début de la Guerre des Clones.

Le casque de Jango Fett, il en prenait le plus grand soin, comme s’il était encore là à côté de lui. Ou plutôt comme s’il était en lui. En le nettoyant, Boba dérégla quelque peu, comme d’habitude, les différentes fréquences utilisées pour recevoir ou envoyer des communications.

 

Il se fait tard sur Ithor, et dans la galaxie, une ombre plane. Un Ordre se réveille des ténèbres, un Ordre Nouveau commence à s’instaurer par un simple ordre du Chancelier : l’Ordre 66.

Dans tous les casques de clones, la même phrase est donnée : Exécutez l’Ordre 66. Tous les clones, sans exception, s’exécutent.

Et le casque de Jango Fett résonne. Boba est intrigué, il est méfiant, mais il se décide tout de même à le mettre sur la tête. Après quelques secondes, il entend une voix, lointaine mais pleine de puissance, prononcer seulement quelques mots : Exécutez l’Ordre 66.

Boba est encore plus intrigué, mais quelque part, il sait ce que cela signifie. Il réfléchit, retire son casque, se sent mal à l’aise.

 

Mon père, les clones, un ordre… que signifie tout cela ? Ordre 66, les Jedi… les clones exécutent l’Ordre 66… les Jedi sont des ennemis. Oui ils ont tué mon père… ces Jedi… des ennemis de la République… quoi ? Ça m’est complètement égal. Seules mes missions sont importantes. L’Ordre 66… alors il a été donné. Les clones tuent les Jedi. Je suis un clone. Je tue les Jedi. Oui. Je vais tuer le Jedi.

 

Telles fut les pensées déstabilisées de Boba, clone de Jango Fett malgré lui, et possédant en lui une partie du plan machiavélique de Palpatine, malgré la volonté initiale de Jango d’avoir un fils cloné non modifié.

Boba se prépare, il revêt son armure. Le Jedi mourra cette nuit, car telle est la volonté de l’Ordre 66.

Boba Fett est efficace. Grâce aux systèmes de renseignements de la cité, il découvre l’hôtel où se trouve ce togorien. Il se munit ensuite d’une bombe et de quelques grenades à fragmentation puis sort de son vaisseau.

Dehors au spatioport, il repère le vaisseau du Jedi, s’y rend rapidement et discrètement, puis commence à installer sa bombe sur la proue du petit chasseur.

 

Mais pourquoi je fais ça ? Il n’est pas intéressant à éliminer, il est trop faible. Pourquoi n’est-il pas aussi fort que l’assassin de mon père ? Mon père ? Je ne suis qu’un clone… et les clones exécutent l’Ordre 66.

 

Une fois la bombe installée, Boba se rend à l’hôtel. Grâce à son jet pack, il se rend sur la terrasse du troisième étage, juste devant la fenêtre de la chambre du jedi. Il se prépare à tirer avec son blaster puis de jeter ses grenades.

Le chasseur de prime hésite. Il est pris entre deux volontés.

Suis-je le fils de mon père ? Ou seulement un clone ? Dois-je le venger ou exécuter l’Ordre 66 ? Je dois tuer les Jedi…

 

Il tire, la vitre éclate, il lance deux grenades tout en rangeant son blaster, mais le Jedi lui saute dessus.

Ils passent par dessus la petite rambarde de la terrasse, et tandis qu’ils percutent le sol violemment, les grenades explosent dans la chambre au-dessus d’eux.

Boba se relève péniblement. Aucun doute que son armure lui ait sauvé la vie. Quant au Jedi, il s’en sort aussi sonné que le chasseur. Ils se relèvent en même temps, le Jedi empoigne son sabre laser, Boba lui donne un violent coup de poing. Le togorien aux poils bruns s’affale sur le sol, Boba s’éloigne.

 

Il est vraiment faible, tous les autres Jedi auraient évité mon coup. Je m’en vais d’ici.

 

Il se retourne et marche calmement, comme s’il n’est pas en danger. Derrière lui, il entend soudain le bruit caractéristique du sabre laser. Boba s’arrête net. Cette phrase lui revient une nouvelle fois en tête : Exécutez l’Ordre 66. Il se retourne face au Jedi qui brandit son sabre à la lame jaune. Boba sort son blaster et tire. Le jedi pare deux tirs, mais le troisième l’atteint au genou droit, et un quatrième à l’épaule gauche. Mais Il reste debout, essoufflé. Boba Fett a presque pitié de lui. Il est faible, tous ses amis adeptes de la Force meurent à travers la galaxie. Et lui, faible, n’est pas capable de se défendre contre un simple chasseur de prime.

— Tu devrais fuir, Jedi, fait le chasseur calmement.

Il se hâte ensuite de retourner à son vaisseau, malgré l’affreuse douleur à la tête, de plus en plus forte à mesure qu’il avance.

À son vaisseau, il s’affale par terre, les larmes aux yeux, des larmes de douleurs. Il retire son casque.

 

L’Ordre 66, je m’en fous, je suis Boba Fett, un chasseur de prime, pas un vulgaire clone qui ne sait qu’obéir aux ordres. Ordre ? 66 ? Tuer les Jedi… Prendre ma revanche…

 

Boba Fett ressort de son vaisseau, les yeux rouges. Il découvre en sortant le Jedi, qui se dirige lentement, haletant, vers son petit chasseur. Le mal de tête persiste encore, Boba ressort son arme, la pointe vers le Jedi, qui risque un regard, un regard plein de souffrance. Il sait qu’il est faible, il doit s’en vouloir, mais il voulait aussi vivre et retourner auprès des siens.

 

Je ne succomberai pas, je ne suis pas un clone !

 

Le mandalorien baisse son arme, le Jedi se rapproche de son chasseur, qui n’est maintenant qu’à quelques mètres. Bientôt il sera en sécurité.

 

Non il ne doit pas vivre… c’est ainsi…

 

Il tire sur le togorien, trois fois, quatre fois… le Jedi au dos calciné s’affale sur le sol, toujours vivant. Il tend la main, s’agrippe à son vaisseau, se remet péniblement debout. Boba Fett tire à nouveau une fois, sur la jambe gauche. Le Jedi chancele. Mais se hisse tout de même sur la coque de son vaisseau. La verrière s’ouvre, il s’en approche, mais regarde une nouvelle fois son ennemi.

 

Je… ne veux pas… être un clone…

 

— Tire-toi, crie Boba à l’intention du jedi avant de tomber à genoux et de hurler de douleur.

Le Jedi profite de l’occasion, il s’installe rapidement dans le cockpit de son vaisseau, démarre les moteurs et décolle.

— Je ne suis pas un clone ! Je ne suis pas comme eux ! Je ne suivrai pas tes ordres ! Je suis maître de moi-même ! Je ne tuerai pas ce Jedi !

Il hurle à nouveau, la douleur est insupportable. Dans le ciel, le Jedi s’éloigne rapidement. La main droite du chasseur de prime s’approche inexorablement de son bras gauche, là où se trouve le bouton qui peut détruire la vie d’un Jedi.

Boba Fett résiste encore. Plus que quelques instants, et il sera trop loin pour activer la bombe… quelques instants… trop longs ... trop durs… trop de douleurs.

Un hurlement, un bouton appuyé, une explosion au loin, minuscule, un silence de mort, des larmes qui tombent, une douleur qui s’enfuit, une revanche prise…

Je n’obéirai plus à cet ordre désormais… car je suis Boba Fett, fils de Jango Fett, le meilleur chasseur de prime de cette galaxie.

L’Ennemi Invincible - Darth_Vader_2.0
 

Une planète lointaine.

La jungle. La nuit. Le ciel couvert. La pluie.

Une petite flaque d'eau sur le sol fertile. Des explosions lointaines qui créent de légères vagues à sa surface. Une botte qui éclabousse tout. Une botte de clone.

— Je veux deux équipes sur ces deux collines là-bas. On va les attendre ici. Pas la peine d'avancer plus loin.

Une escouade de clones qui avancent dans la jungle. Qui suivent leur commandant et une Jedi.

— Tu es sûr qu'ils avanceront autant ?

— J'ai étudié les cinquante-huit types de stratégies applicables dans une jungle avec lesquelles ces droides sont programmés. Toutes supposent de gagner un maximum de territoire avant de commencer l'attaque.

— Delta vert : en position.

— Delta rouge : en position.

— Bien, ils ne sont plus très loin. Je veux que...

— J'irais devant pour couvrir les tireurs avec mon sabre.

— Non, tu ne pourras pas dévier tous leurs tirs !

— Fais-moi confiance ! Je suis une Jedi quand même. Je saurais me débrouiller.

— Mais...

— Je t'en prie, fais-moi confiance. Pourquoi faut-il qu'on ait toujours ce genre de conversations ? Tu es un commandant clone Jim, fais ton travail. Je ferais le mien.

— Je suis désolé... Bon, tout le monde, couchez-vous à terre. Ne commencez à tirer que sur mon ordre.

— Pardon, je ne voulais pas être aussi dure, mais...

— Toi, LO10, monte sur cet arbre. Tu sais te servir d'un fusil de sniper ? Parfait.

— Excuse-moi...

— Comme tu l'as dit, je dois faire mon travail. KN10, installe le détecteur de proximité.

— A vos ordres.

 

Le silence. Qui précède, qui suit la bataille. Les feuilles des arbres qui tombent tout doucement, des cris lointains d'animaux invisibles, le visage tourné vers les lunes de Jim, la main de la Jedi qui se pose sur la sienne.

 

— Proximité : cent mètres.

— Combien ?

— Difficile à dire. Un millier d'unités peut être.

— Tant que cela ? On n'est qu'une centaine.

— Quatre-vingt dix mètres, approche rapide.

— Je les vois. Les super-droides. Des tas de super-droides.

— Je propose la retraite. Selon le code 216, nous devons reculer lorsque les chances de succès sont inférieures à 0.2

— On reste sur place PI12. Sniper, feu à vue !

— Bien reçu !

Quelques droides qui s'effondrent. Les autres accélèrent le pas.

— J'insiste sur la retraite. Tous nos moyens de communication ont été détruits. Et nous avons un code stratégique…

— Anakin m'a personnellement promis de nous envoyer les renforts pour demain matin. Tout ce que nous avons à faire, c'est de tenir une nuit. Nous avons pour mission de protéger le générateur, et nous le ferons.

Quatre-vingt mètres.

Des clones couchés dans l'herbe. Beaucoup de clones. Des tirs périodiques du Sniper. Les droides pensent sûrement qu'ils sont tombés sur un tireur solitaire. La Jedi debout dans l'herbe, devant tout le monde. Linèce debout dans l'herbe. Le commandant clone qui la dévisage avec stupeur. Le regard réconfortant qu'elle lui envoie discrètement. Le manche du sabre laser qu'elle serre frénétiquement. Ses yeux qui se tournent vers l'armée droide qui marche au pas, qui fait trembler la terre, qui fait trembler les cœurs, qui fera trembler des vies.

Soixante mètres.

Les clones attendent, respirent lourdement, sentent leur cœur s'emporter, vérifient pour une énième fois si leur arme est chargée, si leur doigt est bien positionné, si leur allier de toujours les servira fidèlement lorsqu'ils en auront le plus besoin.

Cinquante mètres.

— Feu !

Des droides qui tombent à terre. Des droides qui avancent. Des clones qui tirent dans le tas. Le tas qui avance. Sans montrer signe de faiblesse.

Les droides qui lèvent leurs poings. Des décharges mortelles qui en jaillissent. Des décharges mortelles stoppées par le sabre de la Jedi.

Une armée qui avance. Une armée qui semble invincible.

Des heures de bataille. Des arbres et arbustes troués par les décharges.

Une armée qui avance. Une armée qui semble infinie.

La Jedi qui fatigue. Qui laisse passer de plus en plus de tirs ennemis.

Des clones qui sont atteints les uns après les autres. Des clones qui meurent. Des clones qui tirent. Pour mourir à leur tour un peu plus tard.

Linèce rejoint le commandant. Elle a fait tout ce qu'elle a pu.

Une armée qui avance. Qui est si près désormais. Qui détruit tout sur son passage. Les clones restants ne sont plus qu'une branche à enjamber.

Une explosion. Une autre. C'est Jim qui a lancé ses deux détonateurs thermiques. L'écran de fumée qu’ils produisent va leur permette de rester invisibles des droides pour un moment. Va leur permettre de fuir. A lui et la Jedi. Les seuls qui sont encore en vie.

 

Courir vite, très vite. Les arbres, les branches, les arbustes. Les branches, les arbustes, les arbres.

Tomber, glisser sur la côte d'une colline. Linèce est tout près. La prendre par la main, continuer de courir.

— Attends, attends.

La Jedi s'arrête, essoufflée.

— Je crois qu'on les a semés. On n’entend rien. Écoute.

— Tous mes hommes. Morts. Pour rien. Ils ont tout de même réussi à passer. Et j'ai fui. Comme un lâche.

— Nous avons fui tous les deux. Parce qu'il n'y avait plus rien à faire. Nous avons fait de notre mieux pour les retenir. Tout en sachant que nous n'avions aucune chance. Tu n'as rien à te reprocher.

— Mais...

— Pas de "mais" !

— Tu adores me contredire, n'est-ce pas ?

— Ne me dis pas que cela ne te procure aucun amusement. Les clones qui exécutent tes ordres sans broncher...

— Cela devient fatiguant, oui. J'ai l'impression d'être seul avec des armes sur pieds. Enfin, pas tous. PI12, il passait son temps à critiquer mes ordres.

— Ce n'est pas normal pour un clone. Il est sûrement défectueux. Etait.

 

Une Jedi et un commandant clone dans une clairière. L'armée droide. Loin. Qui détruit le générateur. Sûrement.

Un commandant clone et une Jedi dans une clairière. L'escouade clone. Loin. Des corps sans vie dans la boue.

 

— Et que fait-on maintenant ?

— On attend les renforts.

 

La pluie continue de tomber. Le vent glacial traverse les vêtements. Mais l'aube ne devrait pas tarder. Bientôt. Dans quelques heures.

 

— Qu'est-ce que tu veux faire, quand nous partirons d'ici ?

— Nous aurons une grande, une belle maison. Je quitterai les Jedi. Je leur remettrai mon sabre laser. On sera heureux. J'en suis sûre. J'ai des parents sur Corellia, on pourra vivre là-bas quelque temps. Dis-moi que nous l'aurons cette maison.

— Nous l'aurons. La guerre sera finie. Je deviendrai civil, j'aurai un métier. Un vrai. Je sais que je peux le faire. Je ne resterai pas clone toute ma vie. Ma vie ce n'est pas la guerre, les combats éternels sur des planètes éloignées pour des causes qui m'échappent... Ma vie c'est toi. Nous serons les deux personnes les plus...

— Non, pas deux. Trois.

— Trois ? Il va falloir une maison bien plus grande.

Sourire. Elle prend sa main.

— Je ne voulais pas te le dire plus tôt. Tu devais rester concentré. Tu le devais à tes hommes. Dis-moi que cela te fait plaisir.

— Je suis très content. Je serai toujours près de toi. Je te le promets.

 

Son casque posé par terre. Son casque lui signale qu'il a reçu un message. Mettre le casque, activer le comlink. Et entendre, cette voix rauque, si lointaine, prononcer lentement ces simples mots :

— Exécutez l'ordre 66.

 

Tuer tous les Jedi. Tous. Sans exception. Amis. Ennemis. Rien ne compte. Ni ce que l'on sait. Ni ce qu'on ressent. Ni l'amitié. Ni l'amour. Ni la peine. Ni la tristesse. Car un clone est un clone. Et un ordre est un ordre. Un ordre qu'on ne refuse pas. Qu'on est incapable de refuser. Car il est là, en nous, depuis longtemps déjà, depuis le tout début.

 

— Qu'est-ce qui se passe mon chéri ? Réponds-moi !

Tu regardes celle que tu aimes de tes yeux décidés.

Tu sais désormais ce qui va se passer.

Tu sais que tu es incapable de t'y opposer.

Tu la vois apeurée, le regard sur ton arme qui se lève.

Que tu pointes sur elle.

Tout doucement.

Sur elle !

Elle !

 

— Non, je t'en prie ! Excuse-moi, si j'ai fait quelque chose de mal. Je t'aime. Pitié, qu'est-ce que je t'ai fait ? Qu'est-ce qui t'arrive ? Qu’est-ce que je t'ai fait ?!!

Une douce larme qui coule sur sa joue. La souffrance dans le regard. Des yeux morts. Déjà. Avant le corps.

 

Incapable de bouger, projetée d'un coup à genoux.

Elle te supplie de l'épargner.

Elle te supplie de lui laisser la vie.

 

Tu crois que parce que tu peux aimer, tu es mieux que les autres clones ? Que tu n'es pas comme eux ? Que ce qui les concerne ne te concerne pas ? Tu crois aux miracles, tu crois que quelque chose va se passer, va t'empêcher de le faire ?

Foutaises !!

Tu es comme eux. Que tu le veuilles ou non. Et tu vas obéir. Que tu le veuilles ou non. Tout de suite !

 

Tu résistes comme tu peux, mais tu ne gagnes que quelques secondes. Tu as l'impression de ne plus être toi-même, d'être quelqu'un d'étranger.

Quelqu'un qui te voit agir.

Qui est incapable de réagir.

Qu'est-ce qui arrive à tes doigts ? Tu ne les contrôles plus. Tu peux résister. Non tu ne peux pas. Si tu peux !

Non.

Tu comprends désormais, que tout est fini.

Tu presses la détente et le coup retentit.

Traître ! Meurtrier ! Tu l'es.

Quoi que tu fasses, tu ne pourras jamais oublier ce que tu as fait ! Jamais !

Comment as-tu pu ? Elle t'aimait, elle ne représentait aucun danger pour toi. Elle ne vivait que pour toi !

 

Pourquoi as-tu fait cela ? Pourquoi ? Pourquoi ?! Pourquoi ? !!

Tu n'avais pas le droit ! Tu le sais. Tu le sens au fond de toi. Il y avait peut-être quelque chose à faire. Quelque chose que tu n'as pas fait. Mais que tu aurais dû ! Tu aurais dû résister plus fort. Encore plus fort. Tu aurais peut-être pu la sauver contre toi-même alors. Tu aurais pu ne pas tuer froidement celle que tu aimais alors. Tu aurais pu avoir cette belle maison. Tu aurais pu avoir cette vie heureuse.

Mais elle est morte. De ta main. Tu es le seul coupable, celui qui tenait l'arme, celui qui appuyait sur la détente, celui qu'elle suppliait de l'épargner. Celui qui n'en fit rien.

 

Tes larmes qui remplissent ton casque de clone. Ton regard sur tes mains qui t'ont trahi. Tu tombes à genoux. Les genoux dans une petite flaque. Tu la vois tout près, étendue sans vie, tu la vois tout près, tuée de tes mains, tu la vois tout près. Et la pluie tombe, et tombe. Elle rebondit sur ton casque, elle brouille tes visières. Et tu soulèves ton arme de tes mains moites.

— Je serais toujours près de toi. Je te le promets.

 

Un tir de blaster. Un corps qui tombe dans la boue.

La jungle. La nuit. Le ciel couvert. La pluie.

Sur une planète lointaine.

Un Ordre comme un Autre - Gidro
 

Une planète glacée. Le froid en continu. Mygeeto. Des jours déjà que la bataille fait rage entre les droïdes Séparatistes et les clones de la République. Les combats sont rudes. Des pertes importantes des deux côtés, comme à chaque affrontement depuis le début de la guerre. Le froid se fait de plus en plus sentir au fur et à mesure que les jours s’écoulent. Les blessés sont évacués à l’arrière, les dépouilles des morts gisent à terre, et au milieu de ce décor funèbre, la bataille continue inlassablement.

 

La planète appartient aux droïds, la république est là pour la prendre. Les clones ont attaqué, profitant dans un premier temps de l’effet de surprise. Maintenant les deux groupes sont fixés. Les avancées sont peu importantes, parfois même suivies d’un repli. Partout autour des hommes des témoignages des évènements des derniers jours ou simplement des dernières heures. Tout ça pour quoi ? En partie les jedi. Depuis la destruction de la caverne à cristaux sur Ilum, les jedi cherchent un nouvel endroit où trouver des cristaux pour leurs sabres laser. Mygeeto était aussi trop importante aux yeux des Séparatistes pour que la République la leur laisse sans rien tenter. Malgré le climat insoutenable, cette planète est une grande source de revenus.

 

C’était pour cette raison qu’un grand nombre d’hommes avait été envoyé. Le blocus avait été franchi et les combats avaient commencé au sol, avec l’acharnement habituel. Des êtres mécaniques face à des « machines » de guerre. Pour stopper les mines de cristaux, il fallait s’attaquer à des tours, bâties en sécurité et très gardées. Le seul moyen, au sol, d’atteindre ces tours, était de passer par des ponts. C’est d’ailleurs sur l’un de ces ponts que la bataille prit une autre tournure…

 

Bacara repéra un ennemi au bout du pont et concentra son tir sur lui, finissant par le détruire d’un rayon bien placé. Des dizaines de ses hommes avaient déjà péri, et le massacre continuait. Leur mission était de gagner, ils le feraient ou mourraient, sauf ordre contraire. Voilà ce qui régissait la vie d’un clone, les ordres.

 

A côté de lui, ses troupes se battaient vaillamment, avec toute l’efficacité à laquelle ils étaient habitués. Le Maître Jedi Ki-Adi-Mundi avait rejoint la bataille, et, seul en tête de groupe, il servait d’écran protecteur. Les rayons qui passaient à sa portée étaient détournés ou renvoyés à leur source, sans exception. Le pont sur lequel la bataille était arrivée semblait en ruine. La neige, les cendres, les morts et les impacts de tirs le recouvraient. La scène était à la foi surnaturelle et banale. D’ailleurs personne ne s’en souciait. Les tirs s’intensifiaient à mesure que les clones progressaient, et chaque mort contribuait à faire avancer l’armée.

 

La bataille continua ainsi pendant des longues minutes. Les soldats des deux camps avançaient, attaquaient, mourraient et étaient remplacés aussitôt. Au milieu de ce chaos, un clone faisait son travail. Placé à l’arrière, armé d’un fusil sniper, il se chargeait de détruire les ennemis à distance. Aucun risque de se faire tuer, uniquement le souci de tirer, toucher, détruire, et recommencer encore. Un ennemi à terre, recharger, viser, tirer, un second ennemi en moins. Ses camarades ne se rendaient pas compte des ennemis qu’il détruisait, mais il était bien là, et très efficace. S’il prenait le temps d’ôter son œil de la lunette de son arme, une magnifique vue d’ensemble de la bataille s’offrait à lui. Au loin les ennemis, un grand nombre de rayons venant dans sa direction, mais visant ses équipiers, armés de fusils blaster, placés à l’avant. Un Jedi, entre les deux armées, déviant le plus de tirs possibles sans jamais se faire toucher. Les rares ennemis qui arrivaient jusqu’à lui se voyaient immédiatement coupés en deux. Un peu en retrait du jedi, les simples soldats clones. Leurs rayons filaient vers le groupe ennemi avec une précision mortelle, digne de l’entraînement qu’ils avaient eu. Mais beaucoup d’entre eux allaient mourir. Ils faisaient partie de la première ligne. Peut-être la plus importante, mais malheureusement la plus exposée. Et derrière cette première ligne, d’autres clones, remplissant tous les rôles dont l’armée avait besoin lors de cette bataille. Mais pas de temps à perdre. Recharger, tirer, toucher et détruire. Et ainsi de suite.

 

Un autre endroit, une cinquantaine de mètres en avant, un autre type de combattant, une autre mission. Le clone porte un lance-roquette sur l’épaule. Sa mission ? Détruire notamment les Tri-Droïds qui causent des ravages dans les rangs Républicains, et quand l’occasion se présente, tirer dans le tas pour éliminer le plus de monde possible. Le soldat s’est placé un peu en retrait de la première ligne et s’est déporté sur la gauche pour s’ouvrir un angle de tir. Rien ne doit le faire rater. Les munitions ne sont pas illimitées pour l’arme qu’il utilise, et les dégâts qu’elle cause à l’ennemi méritent une précision chirurgicale.

 

En face, les droïdes reçoivent les images d’hommes en blancs à travers leurs photorécepteurs. Les ennemis. Les tirs pleuvent immédiatement. Les clones sont plus ou moins camouflés par la neige, alors les droïdes tirent dans leur direction sans trop viser lorsque aucun ennemi ne se distingue. Ennemi, feu, ennemi, feu. Rien d’autre. Le chargeur se vide et les balles partent vers leurs cibles. Recharger et reprendre le tir. Les droïds ont ordre de tenir la position, personne ne doit passer, alors il faut tirer sur les intrus. Nouveau chargeur, nouvelle cible. Un élément inattendu est visible. Une roquette part. Le droïde la voit, ce n’est pas un ennemi. Son tir reprend puis s’interrompt une seconde. Le droïde qui se tenait devant lui est à terre, désintégré, aux côtés de deux autres droïdes. Il avance, prend leur place, et ouvre le feu, il reste des hommes en blanc face à lui…

 

Ki-Adi-Mundi est au cœur de la bataille, sa concentration est parfaite. La Force dirige ses actions, il n’est qu’à demi conscient de ce qu’il fait. Il est l’élément important. Placé devant, il joue la cible. Les droïdes se concentrent sur lui, et quand bien même leurs tirs ne font rien au jedi et reviennent vers eux, ils continuent ; il reste une cible sous leurs « yeux », il faut tirer. Le Jedi détourne l’attention et permet aux clones de pouvoir faire leur travail en essuyant moins de tirs ennemis. Bien sûr, des centaines d’entre eux finiront par mourir, tous les droïdes ne se focalisent pas sur le Jedi, heureusement pour lui, mais son rôle permet de sauver des vies. Quoi de plus beau au milieu d’une guerre destructrice qui a déjà coûté la vie à tellement de clones ? Inutile d’y penser de toute façon, que peut-il faire de plus. S’il avait les capacités d’affronter les ennemis tout seul, il le ferait, mais ce n’est pas en son pouvoir. Alors il limite la casse et continue sa danse, toujours aussi concentré au milieu du chaos qui l’entoure.

 

Bacara, quant à lui, continue son travail. Ses hommes sont aussi coordonnés qu’on puisse l’être sur un champ de bataille. Les choses se déroulent plutôt bien, malgré les pertes la mission peut encore être réussie, les troupes avancent doucement mais elles avancent. Soudain, une voix se fait entendre dans sa tête. Il ne lui faut qu’une fraction de seconde pour lier cette phrase à un ordre bien précis, et pour le transmettre à tous ses hommes d’un bref signe de la main. Sans attendre aucune confirmation il tire à deux reprises sur le Jedi.

 

Le sniper a compris l’ordre, comme tout le monde. Son arme est prête. Il se tourne vers le Jedi déjà attaqué. Les premiers tirs des autres ne le touchent pas, et son propre rayon passe à côté du jedi. Il n’a pas été assez rapide, Ki-Adi-Mundi est déjà à terre, blessé en de nombreux endroits et sur le point de mourir.

 

Le clone a reçu l’ordre. Deux autres tombent devant lui, touchés par les rayons de Bacara renvoyés par le jedi. Il réagit aussitôt et braque son lance-roquette vers le Jedi. Mais il n’a pas agit assez vite. Ses équipiers ont déjà abattu l’ennemi.

 

Le droïde vient de tuer un clone. A la recherche d’une nouvelle cible, il se tourne vers le Jedi. Il a été tenté de le tuer puis a abandonné, mais il retente à nouveau. Le premier tir est aussitôt repoussé par le Jedi qui s’arrête deux secondes plus tard avant de se retourner vers ses hommes. Le Jedi s’écroule presque immédiatement.

 

Le droïde recharge, trouve une nouvelle cible, fait feu, tue et cherche un nouvel ennemi.

Le sniper relève son arme pour faire apparaître les droïdes dans son viseur. Une tête, un tir, un droïde détruit.

Le clone tourne la tête et vise un Tri-droïd. La roquette s’envole dans sa direction et le transforme en poussière.

 

La bataille continue…

Un Dernier Regard en Arrière - Para Emperor
 

À travers les globes oculaires de son masque noir, à l’expression éternellement impassible, il regardait la jeune femme assise en face de lui… Une humaine, de taille moyenne, avec une beauté plutôt commune, les cheveux longs et détachés. Assise avec les jambes et les bras croisés, elle essayait manifestement de se donner un air autoritaire, dur, altier, mais le résultat était loin d’être convaincant…

Pathétique…

 

Si sa respiration n’avait pas été intégralement régulée mécaniquement par un système de pompes, il aurait sûrement soupiré. Mais il se contenta de tourner la tête, regardant par un hublot la planète qui devenait de plus en plus grosse.

Cette femme – quel était son nom, déjà ? Darys… Ameesa Darys… Elle avait été chevalier Jedi, mais n’en avait jamais vraiment eu la carrure ; maintenant, elle était membre de l’Inquisitorius, une organisation parajudiciaire créée par son maître dans le but de l’assister, lui, dans la traque de tous les Jedi survivants… Comme s’il avait besoin de cette aide !

 

Dark Vador, lui, était un Seigneur Noir des Sith, un vrai, apprenti personnel et unique de l’Empereur ! Mais Palpatine avait à peine pris le pouvoir et déclaré les Jedi ennemis publiques à exterminer, qu’il avait commencé à s’entourer d’êtres sensibles à la Force corrompus par le Côté Obscur. Le code des Sith, millénaire, était très strict, et sa règle fondamentale était qu’il ne pouvait y avoir plus de deux Sith ; mais depuis que Palpatine avait pris le pouvoir sur la République galactique millénaire, et entamé l’extermination totale des Jedi, il considérait l’objectif de l’Ordre Sith atteint, la vengeance du Seigneur Bane accomplie, et s’était permis des libertés. Il n’était pas allé jusqu’à choisir d’autres apprentis en plus de Vador, heureusement ; mais il avait d’abord épargné et pris à son service une partie de l’organisation très secrète des Prophètes du Côté Obscur, une confrérie au moins aussi ancienne que l’Ordre Sith lui-même, mais que l’Empereur avait refaçonné au service de son Ordre Nouveau ; puis il s’était mis dans l’idée qu’il pourrait lui être utile de corrompre les Jedi ratés, tous ces membres de l’Ordre qui n’avait jamais atteint la chevalerie… En effet, l’Ordre n’était pas composé uniquement de Chevaliers et de Maîtres : parmi tous les êtres sensibles à la Force recueillis enfants par l’Ordre, un grand nombre se révélaient en fin de compte avoir un potentiel insuffisant pour devenir chevalier ; ils continuaient à servir l’Ordre, certains comme personnel du temple (cadres administratifs, techniciens des vaisseaux, coursiers, cuisiniers, infirmiers, etc.), d’autres comme envoyés du Corps Agricole, dont la mission était de conseiller les habitants des nouvelles colonies et postes pionniers dans leur conquête de planètes inhabitées et souvent inhospitalières. Ceux du temple avaient été éliminés en même temps que tous les habitants du lieu ; mais pas les délégués du Corps Agricole. Palpatine avait donc utilisé le côté obscur pour en faire des esclaves, les habitants de la planète Byss, fief personnel de l’Empereur ; mais il avait ensuite formé un peu mieux ceux qui avaient le meilleur potentiel, et avait fondé l’Inquisitorius… Puis il s’était fait des “Mains de l’Empereur”, agents secrets à qui étaient confiées toutes les tâches d’espionnage ou d’assassinat dont ni Vador ni l’armée ne pouvait se charger, ces opérations devant rester dans l’ombre… À chaque fois, l’Empereur les présentait à son apprenti comme de simples adeptes, des esclaves destinés à suppléer les Seigneurs Sith ; mais Vador n’y voyait qu’un affront, une manière de plus de lui rappeler qui des deux Sith était le maître, et combien peu indispensable était l’apprenti… Vador était loin de faire confiance à son maître : il avait pris la place de Dooku, peut-être un jour l’Empereur, qui se croyait éternel, tenterait de le remplacer : c’était là la voie des Sith, basée non sur la confiance, mais sur la méfiance mutuelle, l’apprenti cherchant à surpasser son maître, le maître cherchant à rester le plus puissant ; jusqu’à ce que l’équilibre se brise…

 

Il retourna la tête vers la jeune femme, la fixant de ses yeux vides, et sentant croître son malaise… Non, elle ne serait jamais plus qu’un pion de l’Empereur, comme tous les autres… Non, pire que des pions ; Vador suspectait que Palpatine, qui savourait par tous les moyens possibles sa victoire ultime sur les Jedi, n’avait maintenu cette parodie d’Ordre d’utilisateurs de la Force que pour son amusement personnel… Des bouffons, voilà ce qu’ils étaient… Tous…

Mais pas lui. Vador sourit sous son masque, chose qui arrivait rarement. Et il retourna son regard vers la planète. Maintenant que la navette s’en était approchée, on distinguait mieux les quelques vallées profondes, remplies de végétation tropicales, qui striaient les hauts glaciers. Des vallées rendues habitables, dans ce monde à l’atmosphère si froide, par l’abondante vapeur sulfurée émise par des sources chaudes d’origine volcanique. Et dans l’une d’elles, au moins un Jedi dont il faudrait abréger les souffrances. Bien que la navette fût encore éloignée de la surface, Vador tenta de se concentrer, de percevoir les êtres qui y vivaient, cherchant la présence de la Force. Combien pouvait-il y avoir de Jedi ? Ce lieu ne pouvait qu’être devenu un lieu de refuge pour Jedi, lorsque la grande purge avait débuté ; depuis plus d’un siècle, il avait constitué un lieu de paix, de repos, pour de nombreux membres de l’Ordre, en particulier les enfants. Belsavis était devenu un havre presque sacré parmi les Jedi, depuis que le très sage horticulteur et guérisseur Ho’Din Plett y avait construit sa demeure ; si Anakin enfant n’y était jamais allé lui-même, il en avait beaucoup entendu parler, car c’est là qu’étaient envoyés tous les padawans convalescents de longue durée, ou ceux qui avaient subi de graves traumatismes psychologiques… Les brebis galeuses du troupeau. Aucun de ses padawans n’était devenu un Chevalier extraordinaire, quand bien même ils avaient atteint ce rang, et la guerre des clones avait eu raison d’eux avant même que la purge ne commence. Palpatine avait lui aussi connu, depuis très longtemps, l’existence de cette place idyllique ; prévoyant qu’elle pourrait devenir un centre d’accueil de réfugiés Jedi lors de la purge, il avait fait construire un immense vaisseau automatisé, du temps où il n’était encore que Chancelier Suprême, destiné à détruire la planète. Mais inexplicablement, le vaisseau entier avait disparu, sans pouvoir accomplir sa mission. Un peu de temps avait passé, l’attention de l’Empereur confiant dans son arme automatique s’étant détournée de la planète ; c’est pourquoi les réfugiés les plus anciens avaient largement eu le temps de s’installer, de se remettre de leurs émotions, faire leurs travaux de deuil, et repartir vers des cachettes moins repérables. Vador avait peu d’espoir de trouver encore grand monde, et de toute façon le refuge n’avait d’après ses sources pas abrité de Chevaliers, seulement les familles de ceux des chevaliers qui en avaient eu…

 

Les familles… Vador sentit son cœur se serrer, preuve que sa blessure ne s’était pas encore totalement refermée ; peut-être ne guérirait-elle plus jamais… Les Jedi n’avaient en théorie pas le droit de s’attacher, donc un membre de l’Ordre ne devait pas fonder de famille. C’était la règle. Comme toute règle, elle avait ses exceptions : d’une part, la tradition des Jedi corelliens, plus vieille que la forme moderne du temple, puisqu’un Ordre Jedi corellien avait existé, avant la découverte des voyages hyperspaciaux par les habitants de ce système, ordre qui avait été au centre de la création du Nouvel Ordre, celui qui devait soutenir la République Galactique, et prospérer avec elle ; d’autre part, de manière individuelle, le Conseil pouvait statuer pour autoriser un Jedi à procréer s’il appartenait à une espèce particulièrement peu féconde, naturellement ou bien à cause d’une stérilité endémique. Mais pour tous les autres, avoir une famille était proscrit, à moins de se retirer de l’Ordre, de renoncer à toutes ses prérogatives de Chevalier ou de Maître. C’était le choix de certains, comme cette femme qu’Anakin avait rencontrée lors de sa première mission hors de Coruscant, Thracia Cho Leem ; mais ce n’était pas le sien : Anakin savait qu’il devait être un Grand Maître, un membre éminent du Conseil, qu’il devait être parmi les dirigeants de l’Ordre ; il avait donc enfreint les règles pour suivre son amour en parallèle de l’Ordre, dans le secret et le mensonge.

Tout ça pour… perdre les deux. L’Ordre Jedi n’existait plus, lui qui s’était montré si aveugle, si incapable de sortir de l’apathie de sa routine millénaire, si… anachronique. Et Padmé était morte, pire que ça : elle s’était éloignée de lui, l’avait repoussé, l’esprit contaminé par les mensonges d’Obi-Wan… Vador revit soudain le visage de sa bien-aimée, et il sut qu’il aurait senti une larme couler sur sa joue si ses yeux en avaient encore été capables ; puis l’image se changea, et il ne vit plus que Theed en flammes. Cet événement datait de plusieurs mois maintenant, mais son souvenir était encore frais dans l’esprit du jeune Sith. À peine devenu Dark Vador, il s’était rendu sur Naboo, en ce lieu qui avait été leur lieu, qui avait abrité leur amour, là où s’étaient déroulés les plus beaux moments de sa vie. Mais tout était fini. Il n’avait trouvé que la tombe de Padmé, au milieu du Parc du Souvenir de Theed ; elle était tellement aimée du peuple de Naboo, comme la Reine qui avait reconstruit la démocratie avait les temps corrompus de Veruna, comme celle qui avait rétabli la concorde entre les humains Naboo et les Gungans, mettant fin à plusieurs siècles d’inimitié, et enfin comme celle qui avait sauvé sa planète de l’invasion de la Fédération du Commerce ! Ce n’était donc pas une sépulture ordinaire qu’on lui avait offert, mais un mausolée en plein centre de ce Parc du Souvenir qui n’abritait que les héros nationaux, un monument construit par les artisans les plus doués de la planète, alliant l’harmonie architecturale des Naboos à la pureté biologique des Gungans ; jamais Vador n’avait contemplé un bâtiment aussi finement ciselé, au point que la pierre semblait aussi fine que de l’étoffe, aussi fragile que du cristal, mais en même temps assez solide pour résister éternellement. Et tout cet art, pour glorifier la mort de celle qu’il aimait ! Vador n’avait pas supporté une telle beauté, lui qui avait échoué sur tous les tableaux, à sauver sa mère, à sauver sa femme et l’enfant qu’elle portait, à faire comprendre à l’Ordre Jedi combien ils se trompaient sur leur rôle dans la galaxie ! Il avait détruit le monument, non d’un geste de sabrolaser, ou en le faisant sauter au plastique, mais en le disloquant intégralement, atome par atome, à l’aide de la Force ; puis il avait laissé le côté obscur se déchaîner, libérant des énergies qu’il ne contrôlait pas, détruisant toute la Cité de Theed, au prix de milliers de vies, avant d’oblitérer la demeure où Padmé et lui s’étaient avoué leur flamme, puis mariés, dans la contrée des Lacs. Jamais plus Naboo ne serait cette beauté parfaite qu’elle avait été.

 

Une secousse tira Vador de sa réflexion… Une secousse qui correspondait à l’atterrissage de la navette… Belsavis… La mission… Tuer tous les Jedi encore présents, puis faire “nettoyer” le manoir de Plett par l’escadron de TIE qui avait accompagné sa navette.

 

Devant eux s’élevait une tour en vieilles pierres, couvertes de nombreuses plantes grimpantes, d’au moins quatre étages à en juger par la hauteur. La tour était entourée d’une enceinte de pierre, mais qui ne lui donnait pas un air de forteresse, car elle s’ouvrait en son centre par une large arcade voûtée, en ogive, dont l’encadrure était sculptée de motifs courbes, sûrement floraux. Entre l’enceinte et la tour s’étendait un jardin d’une grande beauté, parfaitement équilibré, associant côte à côte des espèces venues des quatre coins de la galaxie, qu’on devinait toutes très fragiles, mais qui pourtant ici cohabitaient en parfaite harmonie ; çà et là, des bassins d’eau claire trouaient le jardin, mais sans paraître le meurtrir le moins du monde, bien que construits par la main de l’homme. Ameesa sur ses talons, Vador continua d’avancer, vers la porte de la tour qui était ouverte, et malgré lui il ne parvint pas à dévier du sentier de graviers blancs, pourtant sinueux, qui traversait ce paradis végétal.

Lorsqu’il arriva à la porte, sur le qui-vive, la main sur la poignée de son sabrolaser, il s’arrêta un instant, le temps que ses yeux s’habituent à l’obscurité, et sonda la pièce qui s’offrait à lui, tout en la scrutant intégralement d’un regard circulaire. Tout ici respirait le calme, la vie. Des plantes fines poussaient dans les anfractuosités de la muraille, mais pas comme des parasites : au contraire, elles agrémentaient la pièce de plus de fraîcheur. Le mobilier était des plus simples, fait de bois et de métal mat, avec des formes lourdes et arrondies, très chaleureuses. Si le concept d’accueil pouvait être représenté par un lieu, aucun doute, c’était ici. Au milieu de la pièce, posée sur une plaque métallique qui devait recouvrir un puit, se dressait une table, sur laquelle étaient posées, bien en évidence, trois tasses remplies de stim-thé parfumé, qui fumaient, tout juste préparées. Et derrière la table, un vieil Ho’Din était assis. Vador sursauta lorsqu’il croisa son regard : comment avait-il pu ne pas sentir sa présence, alors qu’il se tenait bien en vue pile en face de lui ? Puis il comprit : le Ho’Din lui aussi était une composante du lieu, en harmonie parfaite avec son environnement, au point qu’on ne l’en distinguait pas dans la Force. Vador sentit, derrière lui, que son « adjuvante » se détendait, se relâchait, abandonnant toute attitude agressive. Lui-même n’avait jamais ressenti un tel confort, un tel… apaisement. Mais en même temps que son corps redevenait plus vivant, il sentit avec d’autant plus d’acuité combien il était souffrant, agressé par ses multiples prothèses que Palpatine avaient fait construire pour une plus grande efficacité, sans aucun égard pour la compatibilité avec la vie biologique qu’elles devaient suppléer ou remplacer. Puis le vieux maître Plett leur fit un grand sourire, et il parla.

 

Vador avait affronté un grand nombre de Jedi ces derniers temps. D’abord dans le Temple, du temps où il avait encore l’apparence d’Anakin. Certains n’avaient pas compris qu’il n’était plus Anakin, et il les avait assassinés en traître ; d’autres, la plupart, l’accusaient ; ou bien, ils lui lançaient des remarques cyniques, ironiques, acerbes. Dernières fanfaronnades de Jedi inconscients qui croyaient pouvoir lui échapper. Mais ce que dit ce Ho’Din, il ne s’y était certes pas attendu.

— Entrez, mes amis, je vous attendais. Tous vos tourments sont finis, maintenant, je vous guérirai, je vous aiderai à retrouver la paix, dans la lumière !

Ce n’était pas de la naïveté ; Vador voyait dans le regard du vieil être qu’il savait parfaitement tout ce que Vador était devenu, tout ce qu’il avait fait ; mais pourtant il lui pardonnait, tout, il lui offrait son aide… non, lui imposait son aide… il ne lui proposait pas de rejoindre le côté lumineux, il affirmait que ce retour était déjà en cours.

Mais c’était impossible. Dark Vador n’était plus Anakin Skywalker, n’était définitivement plus un Jedi adepte du côté lumineux. Il était un Sith, seul le Côté Obscur le faisait encore vivre, et il servirait l’Ordre Nouveau de Palpatine, celui qui rétablirait l’harmonie dans la galaxie à terme, même au prix de sacrifices énormes ; aucun accouchement ne se déroulait sans dérouleur, et un monde parfait n’était pas cette illusion éphémère de vitalité, de chaleur, que Plett lui offrait. Les Jedi étaient d’un autre temps, qui avait été merveilleux, mais qui ne pouvait plus marcher. La galaxie était entrée dans un autre âge. Derrière lui, Ameesa s’effondra à genoux, en larmes, tremblante de tout son corps… Et c’était cela un Inquisiteur impérial ? Un agent dont la seule raison d’exister était de traquer toute trace subsistante de l’ordre ancien ? Vador, lui, ne fléchit pas. Il alluma son sabre, et attendit une réaction du Jedi. Mais celui-ci ne bougea pas, continuant à le fixer de ses yeux généreux, emplis de tendresse, le visage toujours illuminé par ce sourire radieux, si naturel… Vador avait déjà exécuté sans sommation des enfants, dès le premier jour, dans la salle du conseil du temple Jedi ; si le vieux ne réagissait pas, il n’hésiterait pas non plus à l’abattre ; après tout, peut-être ce Jedi-là avait-il compris qu’il n’était plus de ce temps, et s’était-il résigné à son sort ; le tuer en douceur n’en serait que plus facile, et Vador était même disposé à le faire souffrir le moins possible… Pourtant, plusieurs secondes s’écoulèrent, tendues, comme si le temps s’était arrêté. Puis le Ho’Din, lâcha un long soupir, et reprit la parole :

— Le mal a échoué face à moi. J’ai donné vie à ce monde. J’ai protégé, soigné, éduqué, chéri, sauvé tous ceux qui m’avaient été confiés au cours de mon existence. Je ne suis qu’une des multiples incarnations de la Force unificatrice, qui relie toutes choses dans l’univers pour leur donner sens, pour les placer dans l’harmonie, tâche sans cesse à refaire. Je suis la vie. J’ai accompli mon rôle ici, maintenant je m’apprête à quitter ce niveau de conscience, à m’abandonner à la Force. Je le ferai lorsque je serai prêt, lorsque je l’aurai décidé, et seulement alors.

 

Aucune peur dans cette voix ; aucune autre émotion, d’ailleurs. Seulement une puissance, la puissance de celui qui sait ce qu’il dit. Mais Vador y vit tout de suite la faille : si effectivement le vieux sage avait raison, pourquoi était-il encore là ? Il les avait attendus, eux, pour essayer de les reconvertir contre l’Empereur ? Non, ce n’était pas cela : que le choix de Vador fût irréversible, cela aussi, il le savait. Vador étendit sa perception, au-delà de la tour… Il y avait des tunnels, c’est là que les réfugiés s’étaient cachés… Se cachaient ? Oui, ils n’étaient pas tous partis… Une poignée d’enfants demeuraient, parce qu’il n’y avait plus d’adulte pour les emmener autre part… Ismaren… Vador se permit un sourire. Le vieux fou avait presque réussi à les convaincre qu’il n’était plus une menace, et à les faire partir. Mais Vador ne laisserait pas ces enfants vivres, éduqués par cet Ho’Din qui avait été un des maîtres les plus puissants des derniers siècles, peut-être même du niveau de Yoda lui-même !

Cette fois, il n’hésita plus, et sans avancer, il se contenta de lancer son sabre en avant, dans un mouvement parfaitement horizontal, et de le guider avec la Force ; le sabre fit trois tours sur lui-même tout en traversant l’espace, avant de traverser le corps du Jedi, le décapitant net, sans aucune goutte de sang, avant de continuer son chemin vers le mur opposé. Ameesa sursauta, toujours prostrée au sol, mais Vador ne sentit qu’une vague déception. Ainsi, c’était tout. Il rappela le sabre dans sa main, grâce à la Force. Devant lui, le Ho’Din était parfaitement immobile, au point que sa tête même coupée était demeurée en place, parfaitement en équilibre sur la base du cou. Le Jedi souriait toujours, et fixait toujours Vador de ses yeux morts. Il entendit à nouveaux les paroles du Jedi…  Lorsque je serai prêt, lorsque je l’aurai décidé, et seulement alorsQuitter ce niveau de conscience... Ces paroles revenaient en boucle dans l’esprit de Vador, le hantaient.

 

Et puis le corps ne fût plus là, comme s’il n’y avait jamais été. Vador cligna des yeux, malgré la souffrance que ce geste infligeait à ses yeux secs. Il s’aperçut alors qu’il était épuisé, plus même que s’il avait eu à combattre ; comme si toute envie de vivre s’était tue en lui. Il regarda autour de lui, et eut l’impression que les murs de la pièce étaient plus gris, plus poussiéreux ; les végétaux dans les interstices étaient secs, morts ou peu s’en faut. La pièce était aussi plus sombre, et paraissait maintenant menaçante, alors que des ombres anguleuses s’étiraient à partir de tous les meubles. Ce n’était pas seulement le Jedi qui était mort, c’étaient toute la vie, toute la chaleur de ce lieu.

Lèvres crispées, muscles raidis, Vador se retourna. La femme derrière lui sanglotait, n’osant le regarder. Il n’avait pas pitié d’elle, seulement du mépris. Elle osa enfin lever ses yeux vers lui, sans prononcer aucun mot. Il ne l’aida pas à se relever. Il se contenta de faire irruption dans son esprit avec la Force, lui imposant la sensation qu’il avait eue tantôt, la certitude qu’il y avait encore des enfants ici, quelque part, et ce nom, Ismaren. Puis il parla, de sa voix rauque, métallique, uniforme. « Trouvez les enfants, et disposez d’eux ». Et il partit. Il savait que les Inquisiteurs avaient la fâcheuse habitude, pour augmenter leur propre nombre, d’essayer de convertir les Jedi qu’ils traquaient, et il savait qu’un enfant survivrait, destiné à servir l’Empereur. Qu’importe. Seul le Ho’Din comptait pour lui. Sans se retourner, Vador rejoignit sa navette.

 

Sur New Holstice, doucement, une petite mite-mémoire sort de son cocon… Elle prend son envol, éclairant faiblement l’air autour d’elle, comme attirée vers cette colonne de lumière, où vivent ses semblables, au loin… Elle ne s’est approchée d’aucun être parlant, et pourtant, ses ailes sont naturellement, par la volonté de la Force, imprégnées d’un certain son, un nom que la mite “prononce” chaque fois qu’elle bat des ailes…

Anakin Skywalker

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