Depuis Coruscant : L’Empire est déjà bien ancré dans nos vies, mais songez que nous n’en sommes qu’aux balbutiements de son ère de paix millénaire ! Certains, pourtant, soumettent déjà l’idée d’y mettre un terme. Auteur du mémorable essai « Le déterminisme spéculé de la Première Puissance Impériale comme concordance administrative et légitimation idéologique ou comme caution égalitaire d’une autocratie avérée : définition trop simpliste » Jayke Link est depuis devenu le porte-parole du Parti Nouvelle République (PNR). Entretien avec l’enfant terrible du régime impérial.

TRIBUNE IMPERIALE : Nos lecteurs ne vous connaissent pas encore. Pouvez-vous vous présentez ?
JAYKE LINK : Avec plaisir. D’abord, je vous remercie de m’offrir une estrade dans votre Tribune. Si je devais me présentez brièvement, je préfèrerais qu’on retienne de moi mon statut de pamphlétaire et d’homme politique plutôt que ma modeste carrière dans le génie civil, ou ma sommaire contribution au monde de l‘haltérophilie. J’ai 43 ans, et j’ai déjà servi ma galaxie sous la République en tant que membre de la Congrégation Régionaliste dans ma jeunesse. J’avais alors publié « Les tentatives antifédéralistes sous la République : réel exercice séparatiste ou apprentissage pragmatique d’un processus spontané d’atomisation de la bureaucratie centralisée ? » qui avait eu son petit succès chez la ménagère. J’avais 20 ans, je ne connaissais que mon Malastare natal, et la perspective d’une République décentralisée m’excitait.
A mes 25 ans, j’avais une licence de sciences économiques en poche et je me suis rapproché du milieu financier. Je découvrais la vie trépidante de Coruscant, et décrochais un poste de conseiller auprès du Chancelier Valorum, j’étais Secrétaire de la Chancellerie à la Jeunesse. J’ai alors publié une thèse d’État, « La remise en cause de la préséance républicaine comme symbole générationnel d’une métempsycose post-républicaine résultant d’une révolution didactique généralisée à la sphère politique » parue aux éditions Petite Enfance.

TI : Vous y préconisiez déjà une révolution administrative dû à la vétusté du régime républicain. N’étiez-vous pas un précurseur impérial ?
JL : Un avant-coureur révolutionnaire, sûrement. Mais n’y voyez pas une prémonition despotique : je prévoyais une réelle avancée démocratique par rapport à l’oligarchie républicaine. Le Chancelier Valorum a fait avancé le régime dans une perspective plus égalitaire, et plus porté sur le suffrage populaire que la pression des lobbys. Le projet de révision constitutionnelle a avorté, et Palpatine, devenu chancelier, n’a pas jugé bon de le remettre sur les rails…

TI : Sous « l’Ère Palpatine », avant la Guerre des Clones, vous avez d’ailleurs été élu Sénateur de Malastare.
JL : Sénateur-suppléant, pour être exact. J’avais trente ans, je travaillais alors sur une nouvelle constitution avec mes camarades du Parti Nouvelle République, qui a même survécu à la proclamation de l‘Empire. Nous pensions à un régime à deux chambres, un Sénat lié au Région et un Forum lié aux idéologies politiques, contrôlée par une Direction élu au suffrage universel et des concours administratifs. Mon troisième livre, « La réactualisation du courant fondamentaliste : prérogative évidente à une nouvelle réflexion de la Constitution comme caution d’un économat sous pression élective ou comme contrainte systématique dans la logique d’une opposition rédigée régulatrice » qui a eu droit à son adaptation au cinéma. La Guerre des Clones a remis à l’ordre du jour la défense de la Galaxie et non une révision constitutionnelle. Je me suis occupé exclusivement de la protection de Malastare.

TI : Vous aviez voté contre l’arrivée du Sénateur Palatine la Chancellerie, contre ses pleins pouvoirs, puis signé la Pétition des 2000. Après la Guerre des Clones, vous vous retrouvez à nouveau dans les rangs de ses contradicteurs. Est-ce une réelle préoccupation politique ou un ressentiment personnel à son égard ?
JL : Pourquoi pas les deux ? Je n’ai pas aimé les manœuvres de Palpy pour continuer à exercer ses pleins pouvoirs, pas plus que l’arrivée de l’Empire qui est à mille lieux de mes attentes démocratiques.

TI : Justement, que reprochez-vous à l’Empire ?
JL : Que c’est une dictature. Que la galaxie est aux mains d’un despote raciste et sanguinaire, et que la censure vient étayer l’absence totale de liberté d’expression. La preuve, je sais que vous ne publierez pas, ou que vous me ferez passé pour un horrible criminel, ou un fanfaron marginal. Je reproche à l’Empereur de s’être servi d’une guerre et de la peur citoyenne pour s’ériger un régime personnel. D’ailleurs, j’enquête sur les origines de la Guerre des Clones et j’y trouve des faits probants sur ses origines.

TI : On vous dit justement très près des milieux criminels ? Certains murmurent que vous comptez des Jedi et des anciens séparatistes parmi vos indics ?
JL : Toutes les volontés sont bonnes à prendre. Je ne fais rien qui ne sortent du cadre légal de mes investigations. J’ai demandé plusieurs fois un rendez-vous avec l’Empereur mais tout m’est fermé, même les archives républicaines qui officiellement sont libres d’accès !

TI : Rien ne vous fait peur, alors ?
JL : Je veux la vérité. J’ai reçu des menaces de mort, plusieurs contrôles fiscaux, j’ai été cambriolé deux fois. Cela prouve la pertinence de mes enquêtes.

TI : Le Parti Nouvelle République fait l’objet de plusieurs actions en justice. Tentative de corruption d’un fonctionnaire, Soutenance de thèses révisionnistes, Trouble de l’Ordre Moral, Non-Croyance en l’Empire, Tentative d’assassinat spirituel de l’Empereur, Stationnement Gênant… Comment paraître crédible avec un casier de la taille d’un bantha ?
JL : Nous sommes un Parti ouvert - les citoyens peuvent assister à nos réunions n’importe quand. Nous avons des idées neuves, des projets concrets quand à un changement radical des structures politiques. J’invite les partisans de l’Empire, ceux qui en doutent et ceux qui n’ont pas d’avis à participer à nos forums.

TI : Quels sont vos projets ?
JL : Le mois prochain, nous allons ouvrir un large forum d’une semaine sur les thèmes de la démocratie et des excès de l’Empire. Nous avons beaucoup de mal à le mettre en place, car l’administration nous met des bâtons dans les roues - je ne peux même pas certifier que le colloque aura lieu. Quelques sénateurs, comme Mothma, Kirk ou Organa, seront présent et celle de l’Empereur est requise, même si je doute fort qu’il ne viendra pas. Il a pourtant des comptes à rendre à la nation !

TI : Le message est passé !


Nous l’annonçons à nos lecteurs en exclusivité : l‘Empereur sera présent au Forum Démocrate, n‘en déplaise à Jayke Link qui le pensait loin des préoccupations « démocrates » (certains diront anarchistes) de son milieu. Nous laissons l’intelligence de nos abonnés plein de malice juger de la démocratie participative promise par notre Empereur. A noter que notre Empereur nous a fait parvenir une dépêche peu avant le bouclage de notre numéro :
« J’ai un amour inconsidéré pour la démocratie. Elle coule dans mes veines. Je ne peux supporter qu’un de mes citoyens, un de mes enfants, ait le moindre doute sur mon intégrité, et, au-delà, de l’intelligence du peuple de la galaxie. Ce jeune Jayke Link a des questions à me poser. J’ai des réponses à donner.
« Je souhaite à chaque citoyen, petits et grands, d’avoir le même esprit civique que ce petit filou. Le doute, l’investigation, la responsabilité citoyenne, sont le fondement même de la démocratie. Et la bonté, la vérité, et l’amour sont les bases de mon gouvernement. Que la paix de l’Empire soit avec vous. A jamais."